Passage à vide
Parfois un trou
se crée au beau milieu de la vie quotidienne, comme lorsqu’on lance une grosse pierre
dans une baie vitrée. Mais au lieu d’un trou physique, il y a un «trou», vide
de sens, qu’on ne peut pas à définir mais qui fait très mal. Même si les gens
n’arrivent à analyser les répercussions de ce vide dans leur vie, ils le
ressentent; et la grave tristesse qui s’ensuit peut peser lourdement sur les
choses, même les meilleures.
Combien de
personnes vivent l’amour, la liberté, la foi ou la dévotion avec la profondeur
qu'ils souhaiteraient? Combien de personnes n’arrivent jamais à vivre ces
choses, en ressentent de la culpabilité et s’en blâment?
L’un des
phénomènes les plus étranges de la culture postmoderne est cette perception
optimiste de la mort : médecins et thérapeutes nous poussent à faire de la mort
une expérience positive, voire, l'ultime expérience d’une vie.
La maladie
inclut toujours un élément symbolique d’évasion. Quand nous étions enfants, nos
mères nous soignaient au moindre digne de fièvre, et les adultes gravement
malades reçoivent toujours des «soins intensifs». Mais, si l’on perçoit une
maladie en phase terminale comme l’ultime évasion, on ne peut que se
demander : «La vie est-elle terrible au point que la fuite devienne la
plus grande récompense d’une vie?»
Je ne veux
nullement minimiser le problème, étant moi-même convaincu que la peur de la
mort est très invalidante et qu’elle doit être surmontée à un niveau profond.
Mais il est troublant de penser que notre culture nous offre si peu de moyen
d'affronter la signification fondamentale de la vie dont la maladie et la mort
ont rempli le vide en devenant des expériences de conversion.
Nous sommes plus
faibles lorsque nous sommes malades, et ainsi moins aptes à rassembler les
ressources nécessaires à une transformation réelle. Si les gens ne se
transforment pas avant la crise, ils risquent de ne pas avoir assez de temps
pour profiter de la vie qui leur paraitra soudainement digne d’intérêt.
Deepak Chopra
Unconditional
Life: Discovering the Power to Fulfill Your Dreams
***
Quelques à-côtés
La sagesse de
l’incertitude
L’incertitude de
la vie exige des efforts permanents qui mettent à contribution nos mécanismes
d’adaptation. Il existe en gros deux façons de faire face à
l’incertitude : l’acceptation et la résistance. L’acceptation veut dire
que vous laissez les évènements survenir autour de vous et que vous y réagissez
spontanément et sans retenue aucune. La résistance signifie que vous tentez de
modifier les évènements afin de pouvoir y réagir de manière familière et
rassurante. L’acceptation est saine en ce sens qu’elle vous permet de supprimer
tout stress aussitôt qu’il surgit; la résistance est malsaine parce qu’elle
entraine l’accumulation de résidus de frustrations, de fausses espérances et de
désirs inassouvis.
Dans son ouvrage
Emotionally Free (Émotionnellement
libre), l’éminent psychiatre David Viscott assimile les sentiments accumulés à
un déficit émotionnel, qu’il relie directement au vieillissement :
«Le chagrin vous fait prématurément
vieillir. Lorsque vous présentez un déficit émotionnel, vous devenez pessimiste
par rapport à l’avenir et, même si vous êtes dans la force de l’âge, vous ne
pensez qu’à revenir en arrière afin de remédier au manque d’amour et de chance
qui vous a fait souffrir. Parfois, vous aspirez à plus de sollicitude, à passer
plus de temps avec quelqu’un qui n’est plus là, à la possibilité de dire ce que
vous pensez et de vous décharger ainsi de votre fardeau émotionnel, ou simplement
à dissiper votre confusion en découvrant enfin ce qui vous est véritablement
arrivé.»
Un nombre
incalculable de gens souffrent d’un déficit émotionnel qui va en s’aggravant au
fil des ans. Vieillir est un état psychologique dans lequel ce déficit
s’alourdit jusqu’à ce que les mécanismes d’adaptation du corps ne soient plus
capables d’affronter de manière appropriée le stress ambiant. Le résultat en
est l’infirmité, la maladie et la mort. Ne pas tomber dans ce piège exige un
travail conscient. Bien que chaque moment nouveau soit inconnu, et donc
potentiellement menaçant, il n’y a aucune réelle sécurité à recourir au passé.
Ainsi que l’écrit Viscott :
«Vous pouvez spéculer, vous pouvez vous
lamenter, vous pouvez aspirer à tout et n’importe quoi, mais si vous voulez
remonter le temps pour contrebalancer votre expérience émotionnelle, vous n’y
parviendrez jamais. Votre vraie place est ici, dans le présent. Il est fait
pour agir, pour réaliser, pour devenir et pour grandir.»
Ramenez votre
conscience à un état d’acceptation, de telle sorte que vivre dans le temps
présent vous comble autant que possible. Mais auparavant, vous devez vous faire
une idée de votre capacité de résistance. Nos défenses psychologiques sont
expertes dans l’art de la rendre invisible à nos yeux; par définition, les
émotions non exprimées sont celles que nous ne pouvons ressentir. Cependant, la
résistance donne naissance à un comportement révélateur – le contrôle. Vouloir
contrôler à tout prix la situation est une contrainte enracinée dans la peur et
la menace. Même si vous n’allez pas jusqu’à la menace, votre comportement
autoritaire révèlera sa présence.
Conscience
atemporelle
Être détaché
signifie que vous êtes libéré des influences extérieures qui voilent votre moi
réel. La passion et l’engagement, l’amour et le dévouement, l’estime de soi et
la plénitude sont tous issus de l’être – ce sont les qualités du moi essentiel
qui s’épanouissent lorsque vous êtes libre de tout attachement restrictif.
Pour ce qui me
concerne, j’ai trouvé que les moments de non-attachement se caractérisent de la
manière suivante :
- J’ai établi un
rapport de présence avec mon corps.
- Ma respiration
devient très lente, allant presque jusqu’à s’arrêter.
- Mon activité
cérébrale s’est calmée.
- Je ne ressens
aucune menace; j’éprouve la certitude d’appartenir à quelque chose.
- Je perçois le
monde intérieur qui est en moi comme un espace ouvert et sans frontières; La
conscience s’étend dans toutes les directions au lieu d’être concentrée sur des
pensées spécifiques.
- L’acceptation
de mon être s’écoule dans l’environnement. Les objets « extérieurs »
me paraissent proches, comme un prolongement de moi-même.
Cette expérience
de l’unité est également ma définition «pratique» de l’amour. L’essence de
l’amour n’est pas un sentiment – c’est un état d’être. Ou, pour être plus
exact, c’est l’état dans lequel vous entrez en contact avec l’être. Une
personne éprouvant vraiment ce sentiment se sent terriblement réelle et
vivante, sans aucun autre désir que d’exister dans la plénitude de l’amour. La
plus grande gloire de l’amour est d’exister – ce qui n’est pas du ressort de
l’action. C’est la raison pour laquelle l’amour est un état suprême de
non-attachement en même temps que l’état le plus satisfaisant.
Être amour ou
être amoureux
Encourager l’amour. Considérez qu’il est de votre devoir
d’offrir à tous ceux qui vous entourent la permission d’aimer. Encouragez leur
affection en manifestant le vôtre et sans vous demander ce que vous pourriez
recevoir en retour. L’amour véritable est pleinement comblé par le simple fait
de jaillir vers la personne aimée; s’il vous revient, cela constitue une joie
supplémentaire, mais ce n’est pas obligatoire ni indispensable. Un amour sans
arrière-pensée est rare – toutes les théories psychologiques basées sur l’amour
égoïste trouvent certainement confirmation dans tout ce que nous observons
autour de nous. Mais l’amour le plus exigeant et le plus égoïste reste de
l’amour. C’est une goutte dans l’océan et, si vous le nourrissez, il pourra
s’amplifier jusqu’à devenir l’océan. L’apprentissage de l’amour débute dans
l’instant et finit dans l’éternité.
Utilisez l’amour
comme miroir de l’immortalité; laissez-le nourrir la certitude que vous
éprouvez d’être au-delà du changement, au-delà du souvenir d’hier et du rêve de
demain. Il existe un nombre infini de manières de découvrir votre être
véritable, mais c’est l’amour qui porte le flambeau le plus éclatant. Si vous
le suivez, il vous guidera par-delà les limites de la vieillesse et de la mort.
Sortez du cercle du temps et retrouvez-vous dans celui de l’amour.
Deepak Chopra
Extraits
de : Esprit éternel et corps sans
âge
COMMENTAIRE
La force de la vulnérabilité. Ce mot évoque fragilité, faiblesse,
défaut, lacune, etc. Mais aussi «sensibilité». Et, c’est cette sensibilité même
qui permet aux humains de combler leurs besoins de connexion, d’amour,
d’authenticité et d’appartenance.
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