2 novembre 2012

Transformation


Passage à vide 
 
Parfois un trou se crée au beau milieu de la vie quotidienne, comme lorsqu’on lance une grosse pierre dans une baie vitrée. Mais au lieu d’un trou physique, il y a un «trou», vide de sens, qu’on ne peut pas à définir mais qui fait très mal. Même si les gens n’arrivent à analyser les répercussions de ce vide dans leur vie, ils le ressentent; et la grave tristesse qui s’ensuit peut peser lourdement sur les choses, même les meilleures.
 
Combien de personnes vivent l’amour, la liberté, la foi ou la dévotion avec la profondeur qu'ils souhaiteraient? Combien de personnes n’arrivent jamais à vivre ces choses, en ressentent de la culpabilité et s’en blâment?
 
L’un des phénomènes les plus étranges de la culture postmoderne est cette perception optimiste de la mort : médecins et thérapeutes nous poussent à faire de la mort une expérience positive, voire, l'ultime expérience d’une vie.
 
La maladie inclut toujours un élément symbolique d’évasion. Quand nous étions enfants, nos mères nous soignaient au moindre digne de fièvre, et les adultes gravement malades reçoivent toujours des «soins intensifs». Mais, si l’on perçoit une maladie en phase terminale comme l’ultime évasion, on ne peut que se demander : «La vie est-elle terrible au point que la fuite devienne la plus grande récompense d’une vie?»
 
Je ne veux nullement minimiser le problème, étant moi-même convaincu que la peur de la mort est très invalidante et qu’elle doit être surmontée à un niveau profond. Mais il est troublant de penser que notre culture nous offre si peu de moyen d'affronter la signification fondamentale de la vie dont la maladie et la mort ont rempli le vide en devenant des expériences de conversion.
 
Nous sommes plus faibles lorsque nous sommes malades, et ainsi moins aptes à rassembler les ressources nécessaires à une transformation réelle. Si les gens ne se transforment pas avant la crise, ils risquent de ne pas avoir assez de temps pour profiter de la vie qui leur paraitra soudainement digne d’intérêt.
 
Deepak Chopra
Unconditional Life: Discovering the Power to Fulfill Your Dreams
 
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Quelques à-côtés
 
La sagesse de l’incertitude
 
L’incertitude de la vie exige des efforts permanents qui mettent à contribution nos mécanismes d’adaptation. Il existe en gros deux façons de faire face à l’incertitude : l’acceptation et la résistance. L’acceptation veut dire que vous laissez les évènements survenir autour de vous et que vous y réagissez spontanément et sans retenue aucune. La résistance signifie que vous tentez de modifier les évènements afin de pouvoir y réagir de manière familière et rassurante. L’acceptation est saine en ce sens qu’elle vous permet de supprimer tout stress aussitôt qu’il surgit; la résistance est malsaine parce qu’elle entraine l’accumulation de résidus de frustrations, de fausses espérances et de désirs inassouvis.
 
Dans son ouvrage Emotionally Free (Émotionnellement libre), l’éminent psychiatre David Viscott assimile les sentiments accumulés à un déficit émotionnel, qu’il relie directement au vieillissement :
«Le chagrin vous fait prématurément vieillir. Lorsque vous présentez un déficit émotionnel, vous devenez pessimiste par rapport à l’avenir et, même si vous êtes dans la force de l’âge, vous ne pensez qu’à revenir en arrière afin de remédier au manque d’amour et de chance qui vous a fait souffrir. Parfois, vous aspirez à plus de sollicitude, à passer plus de temps avec quelqu’un qui n’est plus là, à la possibilité de dire ce que vous pensez et de vous décharger ainsi de votre fardeau émotionnel, ou simplement à dissiper votre confusion en découvrant enfin ce qui vous est véritablement arrivé.»
 
Un nombre incalculable de gens souffrent d’un déficit émotionnel qui va en s’aggravant au fil des ans. Vieillir est un état psychologique dans lequel ce déficit s’alourdit jusqu’à ce que les mécanismes d’adaptation du corps ne soient plus capables d’affronter de manière appropriée le stress ambiant. Le résultat en est l’infirmité, la maladie et la mort. Ne pas tomber dans ce piège exige un travail conscient. Bien que chaque moment nouveau soit inconnu, et donc potentiellement menaçant, il n’y a aucune réelle sécurité à recourir au passé. Ainsi que l’écrit Viscott :
«Vous pouvez spéculer, vous pouvez vous lamenter, vous pouvez aspirer à tout et n’importe quoi, mais si vous voulez remonter le temps pour contrebalancer votre expérience émotionnelle, vous n’y parviendrez jamais. Votre vraie place est ici, dans le présent. Il est fait pour agir, pour réaliser, pour devenir et pour grandir.»
 
Ramenez votre conscience à un état d’acceptation, de telle sorte que vivre dans le temps présent vous comble autant que possible. Mais auparavant, vous devez vous faire une idée de votre capacité de résistance. Nos défenses psychologiques sont expertes dans l’art de la rendre invisible à nos yeux; par définition, les émotions non exprimées sont celles que nous ne pouvons ressentir. Cependant, la résistance donne naissance à un comportement révélateur – le contrôle. Vouloir contrôler à tout prix la situation est une contrainte enracinée dans la peur et la menace. Même si vous n’allez pas jusqu’à la menace, votre comportement autoritaire révèlera sa présence. 
 
Conscience atemporelle 
 
Être détaché signifie que vous êtes libéré des influences extérieures qui voilent votre moi réel. La passion et l’engagement, l’amour et le dévouement, l’estime de soi et la plénitude sont tous issus de l’être – ce sont les qualités du moi essentiel qui s’épanouissent lorsque vous êtes libre de tout attachement restrictif.
 
Pour ce qui me concerne, j’ai trouvé que les moments de non-attachement se caractérisent de la manière suivante :
- J’ai établi un rapport de présence avec mon corps.
- Ma respiration devient très lente, allant presque jusqu’à s’arrêter.
- Mon activité cérébrale s’est calmée.
- Je ne ressens aucune menace; j’éprouve la certitude d’appartenir à quelque chose.
- Je perçois le monde intérieur qui est en moi comme un espace ouvert et sans frontières; La conscience s’étend dans toutes les directions au lieu d’être concentrée sur des pensées spécifiques.
- L’acceptation de mon être s’écoule dans l’environnement. Les objets « extérieurs » me paraissent proches, comme un prolongement de moi-même.
 
Cette expérience de l’unité est également ma définition «pratique» de l’amour. L’essence de l’amour n’est pas un sentiment – c’est un état d’être. Ou, pour être plus exact, c’est l’état dans lequel vous entrez en contact avec l’être. Une personne éprouvant vraiment ce sentiment se sent terriblement réelle et vivante, sans aucun autre désir que d’exister dans la plénitude de l’amour. La plus grande gloire de l’amour est d’exister – ce qui n’est pas du ressort de l’action. C’est la raison pour laquelle l’amour est un état suprême de non-attachement en même temps que l’état le plus satisfaisant.
 
Être amour ou être amoureux
 
Encourager l’amour. Considérez qu’il est de votre devoir d’offrir à tous ceux qui vous entourent la permission d’aimer. Encouragez leur affection en manifestant le vôtre et sans vous demander ce que vous pourriez recevoir en retour. L’amour véritable est pleinement comblé par le simple fait de jaillir vers la personne aimée; s’il vous revient, cela constitue une joie supplémentaire, mais ce n’est pas obligatoire ni indispensable. Un amour sans arrière-pensée est rare – toutes les théories psychologiques basées sur l’amour égoïste trouvent certainement confirmation dans tout ce que nous observons autour de nous. Mais l’amour le plus exigeant et le plus égoïste reste de l’amour. C’est une goutte dans l’océan et, si vous le nourrissez, il pourra s’amplifier jusqu’à devenir l’océan. L’apprentissage de l’amour débute dans l’instant et finit dans l’éternité.
 
Utilisez l’amour comme miroir de l’immortalité; laissez-le nourrir la certitude que vous éprouvez d’être au-delà du changement, au-delà du souvenir d’hier et du rêve de demain. Il existe un nombre infini de manières de découvrir votre être véritable, mais c’est l’amour qui porte le flambeau le plus éclatant. Si vous le suivez, il vous guidera par-delà les limites de la vieillesse et de la mort. Sortez du cercle du temps et retrouvez-vous dans celui de l’amour.
 
Deepak Chopra
Extraits de : Esprit éternel et corps sans âge
 
COMMENTAIRE
 
La force de la vulnérabilité. Ce mot évoque fragilité, faiblesse, défaut, lacune, etc. Mais aussi «sensibilité». Et, c’est cette sensibilité même qui permet aux humains de combler leurs besoins de connexion, d’amour, d’authenticité et d’appartenance.
 

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