Claude Vallières
Album Souffles *
1
Mon dernier
rendez-vous
T’avais mis tes ch’veux d’artifice
Tes jolies boucles d’oreiller
Y avait des délits de délice
Qui trottaient fort dans nos pensées
J’avais les mains pleines de rivières
Prêtes à couler sur tes contours
Comme de l’eau douce qui danse sur les pierres
Et s’attarde à chaque détour
Mon don du ciel, mon émissaire
Mon double, mon autre hémisphère
J’aurais brûlé ma vie par les deux bouts
Ma buissonnière, ma brise légère
L’air trop rare de mon atmosphère
J’aurais fait de toi mon dernier rendez-vous
Les jours trop longs, les mots trop courts
Velours aux yeux et dans la voix
Les nuits qu’on déroule à rebours
Le trouble au beau milieu de soi
Je sais reconnaître l’amour
Même en hiver, même à cent ans
Nos vies étaient au même carrefour
Il fallait en arriver là
Mon don du ciel, mon émissaire
Mon double, mon autre hémisphère
J’aurais brûlé ma vie par les deux bouts
Ma buissonnière, ma brise légère
L’air trop rare de mon atmosphère
J’aurais fait de toi mon dernier rendez-vous
Mon don du ciel, mon émissaire…
***
***
2
Un peu de cendre
Il se rappelle encore des premières prières
Qu’il a apprises sur les genoux de sa mère
Mais à la dernière minute, il redoute
Que le ciel ne soit qu’un doute
Il espère qu’elle s’ra là au dernier jour
Pour l’accueillir après le grand détour
Et sa pipe quelquefois déverse
Un peu de cendre sur sa veste
Il attend la mort en solitaire
Les yeux voilés par ses trop lourdes paupières
Toujours assis devant la télévision
Qu’il n’écoute pas de toute façon
Et il s’endort là, sur sa chaise
En oubliant d’éteindre la braise
De sa pipe qui quelquefois déverse
Un peu de cendre sur sa veste
Il a passé sa vie à n’en faire qu’à sa tête
En se disant qu’au fond, on n’en meurt pas plus bête
Il a appris tout seul dans les champs, dans les rues
Par les caresses au cœur et les coups de pied au cul
Que la vie est meilleure pour ceux qui sont venus
Y faire bien autre chose que ce qu’il a connu
Et sa pipe quelquefois déverse
Un peu de cendre sur sa veste
Et son pas fatigué, plein de maladresses
Réveille les regrets des frasques de jeunesse
Et ce vieux petit homme, voûté par les blessures
Qui craint la chute comme un fruit trop mûr
Au jour du grand silence, des vaines prières
Partira en pensant à sa mère
Et la vie quelquefois déverse
Un peu de cendre
Un peu de cendre
* «J’aime le mot souffles. Pour tout ce qu’il évoque. Le souffle qu’on retient, celui que l’on reprend et l’autre que l’on prête aux créateurs en disant de l’un d’eux : il a du souffle. Il y a aussi ce beau déplacement d’air qui porte la voix ou cette petite brise que la personne qu’on aime dépose dans notre coup. Et puis il y a les tempêtes qui bouleversent le paysage et nos vies, aussi; parfois si fortement que l’on croirait avoir… un souffle au cœur. Cet album-là, c’est un peu tous ces souffles à la fois et d’autres encore, j’espère. Les miens. Les vôtres.»
«La matière première de ces chansons, c’est l’émotion. J’aime croire qu’une émotion, ça se ressent, ça se partage, ça s’achète (c’est ce que vous avez peut-être fait avec ce disque), mais ça ne se copie pas.»
Poète chaleureux et sympathique rencontré en concert privé. Beaucoup de tendresse dans ses écrits, de la mélancolie, mais pas d’aigreur – du moins de ce que j’ai entendu. Il dit que l’écrivain Jacques Poulin l’inspire, en particulier parce qu’il accorde une grande importance à la bonté dans ses romans. Je crois que Claude Vallières suit le même sentier.
Bio compositeur/chanteur : http://www.claudevallieres.com/Biographie.html
Bio écrivain : http://www.claudevallieres.com/bibliographie.html
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Le coeur ouvert
Par Michelle Larivey*
Octobre 2000
[Inspiré par
l’expérience de contact réel en amour]
Je longeais l’horizon de ma vie
l’espoir en poche
en dépit d’une montagne d’échecs
comme jardinier du coeur.
Tu m’as souri
j’ai ouvert pour ce sourire
même si ma dernière plaie n’était pas encore tout à fait
close.
Tu as plongé l’oeil dans le mien
je n’ai pas sourcillé
plutôt laissé descendre la larme jusqu’au coeur.
Larme fine
douce
cette fois sans fiel.
Mon coeur se réjouit comme une biche au pré
et l’abondance m’envahit sans que je vacille.
OUI
je sèmerai sur cette planète rubiconde
le coeur ouvert
la parole juste
l’oreille rivée à ta voix
mais aussi à mon pouls
pour sarcler
les embûches et les erreurs pendant qu’elles sont encore
vivantes
et ainsi garder fertile
ma nouvelle étoile.
* Psychologue et écrivaine – 1944-2004 – Michelle Larivey utilisait parfois son talent de poète pour mieux exprimer sa compréhension de certaines situations qui, malgré leur caractère tragique, correspondent à des moments de plénitude. Souvent, le langage imagé semble plus approprié pour rendre avec justesse les nuances, les subtilités, les éclats et l'intensité des drames humains. Autres poèmes humanistes :
Source : http://www.redpsy.com/images/index.html#menu
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Fragilité
Par Nadine
Mars 2002
[Dédié à
l'ange qui veille sur elle...]
J’ai rêvé de la vie d’un peu plus de caresses
De douceur aux matins de mes nuits agitées
Où condamnée par la peur, le coeur en ivresse
Je m’éveille fragile, sans pouvoir avancer
Prête-moi ton épaule, je me sens immobile
Figée par les mots que je ne peux exprimer
La beauté du langage qui me met en péril
Me propose un refrain maintes fois entamé
On me dit d’être forte, je voudrais m’écrouler
Ressentir les angoisses du passé qui m’habitent
Me permettre d’être libre, accepter d’être aimée
M’attendrir de ta voix qui jamais ne me quitte
Offre-moi ton sourire, j’ai besoin de rêver
Les nuages sont si doux pour mon âme en exil
Ils m’accordent le droit, de crier, de pleurer
De revenir au pays d’une époque plus fragile
Seuls les anges dans le ciel m’accompagnent dans le noir
Illuminent ma conscience de cette force qui sommeille
Me font vivre l’amour, me redonne l’espoir
Effacent de ma mémoire les souffrances de l’éveil
Effleure-moi de ta main, j’ai besoin de sentir
La présence immortelle d’un courage partagé
Pour qu’au loin j’aie la force de ne jamais revenir
Aux racines d’une vie, de peur et de fragilité
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