8 avril 2016

C’est le suspense qui tue (suite)

Notre gouvernement vient de proposer un virage au gaz naturel pour réduire la consommation de produits pétroliers et diminuer notre dépendance aux énergies fossiles :
   Les industries minière et pétrolière du Québec accueillent favorablement les orientations présentées jeudi par le gouvernement Couillard dans le cadre de sa politique énergétique pour les 15 prochaines années. Elle vise notamment à soutenir un virage vers l'utilisation du gaz naturel comme énergie de transition. 
   Pour sa part, l'entreprise québécoise Pétrolia estime que les orientations présentées par Québec «envoient un signal fort» à l'industrie des hydrocarbures. ... «L'accent sur la transition énergétique est en soi une bonne nouvelle, puisque celui-ci reconnaît l'importance des hydrocarbures dans le portrait énergétique québécois», explique la société par voie de communiqué. (Radio-Canada, 7 avril 2016)

Génial barguignage.

Le gaz naturel est un combustible fossile également obtenu par fracturation hydraulique :   
   Le gaz naturel et le pétrole brut sont souvent associés et extraits simultanément des mêmes gisements, ou encore des mêmes zones de production. Les hydrocarbures liquides proviennent du pétrole brut pour une proportion moyenne de l'ordre de 80 %; les 20 % restants, parmi les fractions les plus légères, le propane et le butane sont presque toujours liquéfiés pour en faciliter le transport. L'exploration (recherche de gisements) et l'extraction du gaz naturel utilisent des techniques à peu près identiques à celles de l'industrie du pétrole. Une grande partie des gisements de gaz connus à travers le monde a d'ailleurs été trouvée au cours de campagnes d'exploration dont l'objectif était de trouver du pétrole.
(Wikipédia)

Le côté positif : s’endormir au gaz avec séance de vibration sismique sous le matelas, c'est mieux que mourir de démence sénile.

Blague à part, comment fait-on pour croire que les nouvelles méthodes de fracturation hydraulique gazières et pétrolières, respectueuses de l'environnement, n’ont pas d’impact majeur sur l’eau potable?

Forons le sujet un peu plus









Faites-vous partie des 7 millions d’Américains menacés de séismes causés par l’activité industrielle?

Si vous vivez sur la faille de San Andreas en Californie, où la croûte terrestre se déplace naturellement assez régulièrement, vous savez qu'un tremblement de terre peut survenir n’importe quand.

Mais si vous vivez au Kansas? Ou en Oklahoma? Ou au Colorado, au Nouveau-Mexique, en Arkansas ou au Texas?

Croyez-le ou non, même si vous vivez au centre du pays, vous pourriez aussi faire face à des séismes fatals dans l’avenir. Pas à cause de l’instabilité des  plaques tectoniques qui glissent, s'écrasent les unes contre les autres et créent de graves fissures à la surface du continent. Non. Plutôt à cause des exploitations pétrolières et gazières qui injectent d'énormes quantités d'eaux usées dans le sous-sol où elles peuvent pousser sur la croûte terrestre, augmenter la pression sur les failles déjà existantes et causer de puissants grondements qui feraient tomber votre magnifique bahut chinois – ou pire.

Une étude récente de l’agence U.S. Geological Survey (USGS) http://www.usgs.gov/ a évalué les risques de séismes résultant de l’exploitation pétrolière et gazière. L'agence s’est penchée sur les tremblements de terre déclenchés par les eaux usées injectées sous terre, comme ce fut le cas lors de la fracturation hydraulique dans les Montagnes Rocheuses et à l'ouest de la rivière Mississippi.

Ce qu'ils ont découvert a créé une onde de choc dans les services de presse, les médias sociaux et bien sûr, les foyers à proximité de ces installations : «Le rapport mentionne qu'environ 7 millions de personnes vivent et travaillent dans des zones potentiellement menacées par des secousses sismiques provoquées par la fracturation hydraulique, au centre et dans l’est des États-Unis (CEUS).»

«Les conséquences de ces secousses sismiques sont les mêmes que celles encourues avec les tremblements de terre naturels des zones à risque en Californie», avertit l'USGS.

L'USGS a noté que le centre des États-Unis avait subi les augmentations les plus spectaculaires en matière de secousses sismiques, avec quelque 1010 incidents en 2015. Déjà à la mi-mars 2016, 226 séismes d'une magnitude de 3,0 ou plus sont survenus dans cette région du pays. Le plus important est survenu près de Prague, en Oklahoma, là où se trouvent les puits d'injection souterraine d’eaux usées les plus actifs.

Les séismes ne sont pas l’unique source de préoccupation soulevée par la fracturation hydraulique. Le processus d'accès aux énormes réserves de gaz naturel est également tenu responsable de la contamination de la nappe phréatique et de l’eau potable. Les citoyens et les chercheurs en santé publique ont étudié les déversements de produits chimiques autour des exploitations de fracturation, et ont conclu que ces activités affectaient aussi la qualité de l'air et augmentaient la pollution sonore et lumineuse nocturne. Le paysage est également détruit puisque les forêts et les milieux sauvages sont rasés pour faire place aux perceuses, foreuses et autres installations spécifiques de l’industrie. Le film «Gasland», qui a reçu un Academy Award, illustre particulièrement bien le problème de la contamination de l’eau potable.

L'USGS et divers organismes gouvernementaux continuent de surveiller l'activité sismique liée aux activités pétrolières et gazières, mais ils n’ont pas le pouvoir de les faire cesser. Le pouvoir décisionnel relève des états et du gouvernement fédéral. Déjà les états du Maryland et de New York ont banni la fracturation hydraulique à la grandeur de leur territoire, et le Missouri, le Texas, l’Ohio et la Californie ont emboîté le pas. Les organismes fédéraux américains et le président Obama subissent également des pressions visant à établir un moratoire sur la fracturation hydraulique; mais ces efforts n'ont pas encore gagné suffisamment de terrain.

Entre-temps, si vous êtes préoccupé par la fracturation hydraulique et l’augmentation des séismes qu’elle occasionne, vous pouvez appuyer des organismes tels que Americans Against Fracking http://www.americansagainstfracking.org/ une coalition nationale regroupant Rainforest Action Network, Greenpeace, Breast Cancer Action, Democracy for America et 350.org – filiale française : http://350.org/fr/.

Source :
http://www.care2.com/greenliving/are-you-one-of-the-7-million-americans-threatened-by-man-made-earthquakes.html

Un à-côté

Réaction locale au rapport révisé de l'Environmental Protection Agency (EPA) : 
   La remise en question des scientifiques n'a guère ébranlé l'Association pétrolière et gazière du Québec. Son président, Michael Binnion, estime que les scientifiques ont accordé trop d'importance à une poignée d'incidents isolés - et rapidement contenus. 
   «C'est comme dire que parce que des gens à l'entrepôt de Walmart laissent parfois tomber des boîtes, ça prouve qu'il y a un problème avec le système des entrepôts Walmart», illustre-t-il. (La Presse, 8 janvier 2016)

J'adore leurs comparaisons d'une logique sans faille... en effet rien ne les ébranle. 

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