11 juin 2014

Télé-dysfonction

Reconnectée… espérant un peu de permanence J

«Je vous déclare maintenant mari et femme!
Vous pouvez mettre à jour votre statut Facebook!»

Les interruptions de connexion Internet involontaires m’ont fait réfléchir. Qu’arriverait-il si tout le système s’effondrait soudainement? Pourrions-nous continuer à vivre? Ce serait difficile car toute l’organisation sociale est désormais entièrement soumise à cette technologie. 1984 was not supposed to be an instruction manual”, me disait une amie.  
       En dépit de ses aspects très négatifs, Internet demeure un outil formidable pour garder contact avec des amis éloignés, pour le travail, le dépannage, la solidarité, etc. Pour moi, c’est aussi la plus fantastique des bibliothèques. J’ai découvert des auteurs et des ouvrages qu’autrement je n’aurais jamais lus. Une passion : j’aime entrer dans la créativité, l’imaginaire, l’émotion, la pensée des écrivains, et je ne m’en prive pas. Sans parler des sites magnifiques qu’on peut trouver par hasard. Comme en toute chose, l’important est de cultiver la maîtrise de soi pour éviter le piège de la cyberdépendance*.

Malheureusement, beaucoup d’internautes restent branchés 24/24 sans réaliser les dommages que cela peut leur causer. L’auteur de l’article ci-après suggère donc aux cyberdépendants de pratiquer l’interruption volontaire, d’éteindre les machines ou de s’en éloigner ne serait-ce qu’une heure par jour.

Pour survivre à la maladie de l’information, montez dans le canot de sauvetage
Par George Michelsen Foy

Dans notre culture, la télé-dysfonction (teledysfunction) menace tout le monde. Mais il y a un remède.

Impossible de vous séparer de votre Smartphone? Vous vérifiez sans cesse vos courriels? Gardez-vous toujours votre cellulaire à portée de main, même la nuit? Une étrange compulsion vous pousse-t-elle à lire les blogues de Psychology Today durant plusieurs heures d’affilée? Vous sentez-vous bizarre si vous n’êtes pas en train de chatter par email, SMS ou Twitter, de scanner des textes et des tweets, de jouer en ligne, de regarder Youtube, d’avoir du sexe via Skype, de télécharger des séries HBO, d’écouter la radio et la télé?

Ne lâchez pas. Vous souffrez de télé-dysfonction : une dépendance à la pollution interconnective (interconnective noise). Il s’agit d’une maladie moderne ayant des séquelles émotionnelles, psychologiques et physiques tangibles, souvent graves.

Les sociétés modernes développées ne reconnaissent pas cette maladie parce que les immenses entreprises qui gèrent le commerce en ligne vendent des Smartphones, fournissent des services d'accès Internet, conçoivent des jeux vidéo, ou investissent à fond dans la télédistribution; du branchement 24/7. Elles veulent aussi que leurs employés soient disponibles en tout le temps et exécutent cinq tâches différentes simultanément. Le multitâche, bien sûr, est inefficace, mais ces grandes entreprises s'en fichent car la plupart des tâches se résument à de la simple saisie de données.

Si les employés ne sont pas en train de travailler, alors, les méga-entreprises veulent qu’ils regardent les publicités, achètent des Smartphones et des jeux vidéo, et contribuent aux profits à titre de consommateurs «hyper branchés».

Quiconque observerait rationnellement cet état de choses pourrait croire que nous sommes des naufragés : d’infortunés passagers en train de se noyer dans une tempête données inutiles et d’angoisses.

Mais il y a un canot de sauvetage accessible à tous. Un bateau solide sur lequel il est facile de monter et d’être à l'abri de la tempête.

Ce canot de sauvetage s’appelle «éteindre». C’est trouver un équilibre entre l’absorption d’information et l’abstinence d’information, avec lequel vous pourrez composer. C'est refuser de se soumettre à l’info-tyrannie, au smog des données, au message socioculturel qui dit que si nous ne sommes pas branchés tout le temps aux périphériques les plus récents, nous sommes probablement hors circuit, passés date et non concurrentiels : un autre item de consommation périmé à jeter au dépotoir de l'histoire.

Par où commencer? À chaque jour, pendant une heure, éteignez tout ce qui peut être éteint : Smartphone, ordinateur portable, téléphone, lecteur MP3, téléviseur et radio. Trouvez un endroit tranquille où vous serez seul (ou avec la famille ou des amis prêts à tenter l’expérience).

Vous pouvez faire n’importe quoi dans ce canot de sauvetage, mais vous ne devez pas utiliser de machines. Réfléchissez, rêvez, parlez à votre entourage, cuisinez, reposez-vous, câlinez, jouez aux cartes, reproduisez l'Empire State Building avec des allumettes.

Sortez et assoyez-vous dans le jardin ou au parc. Écoutez les oiseaux, les chiens, les enfants qui jouent.

Au début, les gens ont beaucoup de difficulté à rester dans le canot en raison de la dépendance. Baigner constamment dans l’information drogue une partie de notre cerveau et nous empêche de réfléchir à des questions et des problèmes à plus long terme. Ces questions sont souvent terrifiantes. Des questions «vitales» comme : suis-je heureux? les gens que j'aime sont-ils heureux? y a-t-il quelqu'un que j'aime et qui m'aime? est-ce que je veux réellement numériser des données à haute vitesse dans une petite boîte jusqu'à ma retraite?  

Tenez le coup. Montez dans le canot une fois par jour pendant une heure (ou même une demi-heure). Réfléchissez. Vous pouvez ajouter des activités comme la marche, le jogging ou l’exercice (mais sans ouvrir l’écran devant le tapis roulant). Mais les activités plus calmes sont préférables. J'hésite à recommander le yoga ou la méditation comme moyen de résister au fascisme techno parce que notre culture les a balancés dans la boîte «nouvel âge» ou pratiques «orientales». Mais en vérité, n’importe quelle forme de méditation consciente est propice au genre de réflexion dont la télé-dysfonction nous prive.

Bien sûr, cela ne veut pas dire quitter votre travail, déménager au Népal, divorcer de votre conjoint hyper branché, éviter les amis en désaccord avec vous, ni faire quoi que ce soit de particulier, il suffit d’interrompre votre propre télé-dysfonction quelques heures par semaine.

Le 10 mai 2014 (Shut Up and Listen!)
http://www.psychologytoday.com/blog/shut-and-listen/201405/survive-information-sickness-board-lifeboat

George Michelsen Foy est nouvelliste et journaliste; il enseigne l’écriture créative à NYU. Son dernier livre : Zero Decibels: The Quest for Silence, publié chez Scribner.

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* Quand l'utilisation d'Internet et des technologies devient un problème

Le 30 juin 2012, l'Amérique du Nord comptait près de 274 millions d'usagers d'Internet, ce qui représente 78% des nord-américains (www.internetworldstats.com). Force est de constater qu'avec une si grande popularité, Internet peut entraîner des difficultés chez certaines personnes.

Cyberdépendance, dépendance à Internet, usage pathologique, abusif, excessif ou problématique d'Internet sont des appellations fréquemment utilisées pour décrire ces difficultés. Le site Cyberdependance.ca a pour objectif de fournir des informations sur les différents usages problématiques d'Internet et des nouvelles technologies, en plus de fournir des pistes de solution.

Qu'est-ce que la cyberdépendance?

L'usage problématique d'Internet et des nouvelles technologies, communément appelé cyberdépendance, se traduit par une utilisation persistante et récurrente des technologies ou des moyens de communications offerts par Internet qui engendre des difficultés chez l'individu. La cyberdépendance amène un sentiment de détresse et des problèmes au niveau psychologique, social ou professionnel (Caplan, 2002; Young, 1998, 2004).

Des critères sont importants à considérer lorsque l'interaction entre l'humain et la technologie devient un problème (Griffiths, 1998).

Prédominance : le comportement ou l'activité occupe une place prédominante.

Modification de l'humeur : conséquences du comportement ou de l'activité (p. ex. impression d'apaisement, d'être engourdi).

Tolérance : besoin d'augmenter les quantités pour obtenir les mêmes effets (p. ex. heures consacrées à l'activité, montant d'argent plus élevé pour les gageures).

Symptômes de manque : sensations désagréables ressenties lorsqu'il y a cessation ou réduction dans la fréquence, la durée ou la quantité (p. ex. irritabilité).

Conflits : p. ex. entre le milieu de travail, le réseau social, la vie familiale et l'individu.

Rechute : Revenir aux mêmes comportements après avoir tenté de les réduire ou de les cesser.

http://www.cyberdependance.ca/

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