Alan Lightman relie le monde de l'art et de la science. Le physicien de MIT, également nouvelliste, parle du processus créatif et scientifique; du rôle de l'intuition et de l'imagination; des travaux d'Einstein; de la réunion de la science et de la foi; de l'émerveillement et de la fragilité de la nature humaine, et de ce que signifie le fait d'être en vie. Dans son essai* intitulé The Temporary Universe, il explore le paradoxe de cette quête de permanence dans un univers en constant changement.
«Je ne sais pas pourquoi nous désirons la permanence, pourquoi la nature éphémère des choses nous trouble tant. Avec futilité, nous nous accrochons au vieux portefeuille même s’il est depuis longtemps éculé. Nous visitons et revisitons le vieux quartier où nous avons grandi, cherchant le bosquet d'arbres et la petite clôture de nos souvenirs. Nous nous cramponnons à nos vieilles photos. Dans les églises, les synagogues et les mosquées, nous prions pour l'immortel et l’éternel. Pourtant, dans tous ses coins et recoins, la nature crie de toutes ses forces que rien ne dure, que tout meurt. Tout ce que nous voyons autour de nous, y compris notre propre corps, se transforme, se dissout et disparaît un jour. Où se trouve le milliard de personnes qui vivaient et respiraient en 1800, il y a à peine deux siècles?
Le message de la nature est pourtant sans ambiguïté - les éphémères apparaissent par milliards et disparaissent vingt-quatre heures après leur naissance, les glaciers rongent lentement mais sûrement les terres, de la même façon, notre propre chair s’affaisse lentement et sûrement avec l’âge. L’ordre si réconfortant aboutit régulièrement dans le chaos. C’est une des lois de l'univers.
Les physiciens appellent la seconde loi : thermodynamique. On l’appelle aussi «la flèche du temps». Oublieux de nos aspirations humaines de permanence, l'univers s’use sans relâche, se désintègre, se dirigeant lui-même vers un état de désordre maximal. C'est une question de probabilités.»
«Le changement est la composante fondamentale de la masse d'ADN. (…) À un certain moment dans le futur, il n’y aura plus de nouvelles étoiles. Lentement mais sûrement, les étoiles de notre univers s’éteignent. Le jour viendra où le ciel sera totalement noir jour et nuit. Des systèmes solaires deviendront des planètes en orbite autour d’étoiles mortes. D'après des calculs astrophysiques, dans environ un million de milliards d'années, plus ou moins, même ces systèmes solaires morts seront perturbés par le hasard gravitationnel et percuteront d'autres étoiles. Dans environ dix milliards de milliards d'années, même les galaxies seront perturbées. Les sphères glacées qui avaient été des étoiles auront été projetées en solo dans l’espace vide.»
«Dans le Bouddhisme, anicca est l'un des trois signes de l'existence, les autres étant dukkha, la souffrance, et anatta, la non-individualité. Selon le Mahaparinibbana Sutta, lorsque le Bouddha est décédé, le dieu-roi Sakka aurait murmuré : L’impermanence est la composante de toutes choses. Les choses apparaissent et disparaissent, c'est leur nature : elles naissent et meurent. Nous ne devrions pas ‘fixer’ les choses dans ce monde, disent les bouddhistes, parce que toutes les choses sont temporaires et seront bientôt passées. Toutes les souffrances, disent les bouddhistes, découlent de l’attachement.»
«À mon avis, vouloir l'immortalité est l’une des contradictions profondes de l'existence humaine, c’est-à-dire croire avec ferveur que quelque chose doit être immuable et permanent alors que tous les éléments de preuve de la nature sont contre nous.»
«Si, contre tous nos désirs et nos espoirs, nous sommes coincés avec la mortalité, la mortalité n’a-t-elle pas une beauté et une grandeur qui lui sont propres? Même si nous nous battons et hurlons contre la brièveté de nos vies, pourrions-nous trouver quelque chose de majestueux dans cette brièveté? Pourrait-il y avoir quelque chose de précieux, cette existence aurait-elle une valeur du fait même de sa durée temporaire? Et je pense à ce cactus ‘Belle de nuit’ qui ressemble à une mauvaise herbe la plupart de l'année. Or une fois par été, durant la nuit, sa fleur s'ouvre pour révéler des pétales blancs soyeux encerclant des filaments jaunes d'où émerge une autre fleur comparable à une minuscule anémone de mer. Au matin, la fleur a flétri. Une nuit par année, aussi fragile et éphémère qu'une vie dans l'univers.»
* Troisième essai de la série The Accidental Universe : The World You Thought You Knew.
Citations tirées d'un article en anglais : http://www.brainpickings.org/
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De la naissance à la mort raconté en 3 minutes à l’aide de clips extraits de 150 films. Épique!
Par TRAILERS
Birth to Death as told by Cinema - A Life in Film Mashup
The journey of life captured in under three minutes utilizing over 150 movies. This video is interactive: Turn on Annotations and Click!
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