"Si, à quatre-vingts ans vous n'êtes pas infirme ou invalide, si vous êtes en santé, si vous appréciez encore la marche, un bon repas (avec toutes les garnitures), si vous pouvez dormir sans d'abord prendre une pilule, si les oiseaux et les fleurs, les montagnes et la mer vous inspirent toujours, vous êtes un individu des plus chanceux et vous devriez vous agenouiller matin et soir pour remercier le bon Dieu d'avoir 'économisé' et 'sauvé' l’énergie. Si vous êtes jeune mais déjà épuisé mentalement, en voie de devenir un automate, ça pourrait vous faire du bien de dire à votre patron (tout bas, bien sûr) : «Va te faire foutre, Jack! Je ne t’appartiens pas!» … Si vous pouvez tomber en amour encore et encore, si vous pouvez pardonner à vos parents le crime de vous avoir mis au monde, si vous êtes content d’aller nulle part, de prendre chaque jour comme il vient, si vous pouvez pardonner et oublier, si vous évitez de devenir aigri, rébarbatif, amer et cynique, Ami, c’est presque du tout cuit."
"Avec l’âge, peut-être que la chose la plus réconfortante est la capacité croissante de ne pas prendre les choses trop au sérieux. L'une des grandes différences entre le véritable sage et le prédicateur est la gaieté. Le sage rit avec ses tripes; le prédicateur rit du mauvais côté de la bouche."
"En vieillissant, mes idéaux, que je nie posséder généralement, se sont définitivement modifiés. Mon idéal est d'être libre d'idéaux, libre de principes, libre de «ismes» et d’idéologies. Je veux prendre l'océan de la vie comme le poisson prend la mer…
Je n'essaie plus de convertir les gens à ma vision des choses, ni à les guérir. Je ne me sens pas supérieur non plus s'ils semblent manquer d'intelligence."
"Ma devise a toujours été : «Toujours joyeux et vif». C'est peut-être pour cela que je ne me lasse pas de citer Rabelais : «Pour tous vos maux je vous donne le rire». Quand je pense à ma vie, remplie de moments tragiques, je la vois comme une comédie plus qu'une tragédie. L’une de ces comédies où tandis que vous riez aux éclats, vous sentez votre coeur se briser à l’intérieur. Y a-t-il meilleure comédie? L'homme qui se prend au sérieux est condamné…"
"En soi, il n'y a rien à redire de la vie. C'est l’océan dans lequel nous nageons, et, soit nous nous adaptons, soit nous coulons à pic. Mais il est en notre pouvoir, en tant qu'êtres humains, de ne pas polluer les eaux de la vie, de ne pas détruire l'esprit qui nous anime.
La chose la plus difficile pour un individu créatif est de ne pas s’efforcer de changer le monde à sa convenance et d’accepter son frère humain tel quel, qu’il soit bon, mauvais ou ni l’un ni l’autre."
~ Henry Miller (On Turning Eighty)
Source des citations :
http://www.brainpickings.org/index.php/2014/06/26/henry-miller-on-turning-eighty/