Transcription
(adaptation non textuelle) d’un segment :
«Ce sont
littéralement des hécatombes d’oiseaux. Parce qu’on leur a trouvé une fonction,
qui peut être décorative par exemple. Prenons le Calao, un oiseau qui fait
penser au Toucan, mais africain. Il a un grand bec; c’est un oiseau
qui me fascine. Et, il y a une autre espèce de Calao qu’on est en train d’exterminer,
vraiment il n’en reste que quelques spécimens. Parce qu’avec le grand bec en
question, je suis obligé de le dire, les Chinois en font des sculptures. Donc
on tue l’oiseau pour prélever le bec et le vendre aux Chinois. Comme on a fait,
et fait toujours, pour l’ivoire des éléphants.
Mais qui tue ces oiseaux-là? Ce sont des
gens pauvres. Comme je l’ai dit, la pauvreté a un rôle important. Si vous avez
une famille de quatre ou cinq enfants et que vous capturez un éléphant, vous
gagnerez peut-être 1000 $ par année. Mais si tu me tues un éléphant et que tu m’apportes
les deux défenses, je vais t’en donner 5000 $, je vais t’en donner 10 000 $.
Qui va résister à ça?
Tant qu’il n’y aura pas une balance plus
équilibrée des revenus, tant qu’il y aura de la pauvreté à outrance, c’est
évident que la conscience environnementale ne sera pas là. Quand on regarde dans
les reportages le nombre de multimillionnaires en Afrique, en Asie, il y en a
partout, on constate qu’ils poussent le monde à vivre de façon misérable. Quand
pour faire vivre ta famille t’es obligé de tuer un perroquet, ou une autre bestiole
pour faire manger ta famille, c’est dommage mais la conscience environnementale,
tu l’as pas. Moi, par rapport au demain écologique de la planète, je suis un
peu pessimiste, surtout si on regarde la politique.»
Calao à bec rouge. Habitats : Afrique
subsaharienne – Somalie, Angola, Namibie, Mozambique, Natal, Sénégal, corne de
l'Afrique, Tanzanie, Niger, Éthiopie, Mauritanie, Namibie, Malawi. Classé préoccupation
mineure par les organismes ornithologiques.
Calao bicorne. Habitats : sud et sud-est de
l’Asie, sud-ouest de l’Inde, sud de l’Himalaya, nord-centre du Myanmar, sud de
la Chine, Vietnam, Péninsule Malaise, Sumatra. Considérée comme menacée, l’espèce
décline dans beaucoup d’endroits. Causes : déforestation, fragmentation et
dégradation de l’habitat. Mais aussi, ces magnifiques oiseaux sont tués ou
piégés pour leur chair, le commerce et l’utilisation dans les médecines locales.
Leurs casques sont considérés comme des trophées.
C’est
probablement cette espèce que visent les sculpteurs chinois. Plus j’en apprends
sur les comportements politiques et mercantiles des Chinois (tous
secteurs confondus – pillage technologique, industriel, minier, immobilier, agroindustriel et
maritime -- ce sont de grands porcivores, piscivores et canivores
--, etc.), plus ils me répugnent.
Ils ont du front tout le tour de la tête et ne respectent rien. Leur Route de
la soie est une route de destruction environnementale sans précédent; c'est le massacre de la place Tiananmen à l'échelle planétaire. Quand t’as
pollué et vidé ton pays de ses ressources, tu vas saccager ailleurs. Considérant
leur démographie, il y de quoi figer d’horreur... Je trouvais les Américains épouvantables, mais
les Chinois sont mille fois pires. Et nous les laissons s’emparer du monde
entier, même qu’au Canada nous les invitons à bras ouverts. Nous allons payer
la facture. Quand tous nos ports seront leurs propriétés, bondés de containers de
produits dont on ne veut pas, à l’exemple du Pirée en Grèce, il sera trop tard
pour faire quoi que ce soit, sinon rire jaune. Cela dit, critiquer les
comportements d’un psychopathe, d’un tueur en série ou d’un voleur n’est pas du
racisme, c’est simplement contester l’inacceptable. C'est normal d'éprouver une aversion purement instinctive.
Revenons à
notre ami ornithologue...
Le printemps sans oiseaux de Pierre
Gingras
Chaque
nouveau printemps émerveille toujours le dynamique chroniqueur horticole et
ornithologue Pierre Gingras. La saison du renouveau a cependant un goût amer
cette année. «Pour la première fois, c'est un printemps un peu triste»,
raconte-t-il dans une longue entrevue avec Stéphan Bureau où il revient sur ses
longues années de carrière. L'impact des nombreuses espèces disparues récemment
est particulièrement marqué, selon lui.
«Moi qui ai toujours été un optimiste
inébranlable, là-dessus je pense que je suis pessimiste », raconte-t-il. «Je
suis inquiet, à plus forte raison pour mes petits-enfants.»
La fin des hirondelles
Depuis près
de cinq ans, les hirondelles ne nichent plus dans sa grange et ont disparu du
paysage au Québec. De nombreux autres oiseaux ont aussi disparu depuis.
L’absence des chants d’oiseaux est
particulièrement frappante cette année, selon Pierre Gingras. Il a donc
l’impression d’être de plus en plus près de la réalité du livre Printemps silencieux de la biologiste
américaine Rachel Carson. Cet ouvrage a contribué à lancer le mouvement
écologiste occidental au début des années 1960. Le titre de cet essai
scientifique et environnementaliste fait justement référence aux oiseaux
décimés par la pollution humaine.
«Je regarde le nombre d’oiseaux disparus
depuis 10 à 30 ans au Québec, c’est incroyable.» (Pierre Gingras)
Un groupe d'experts de l'ONU sur la
biodiversité (IPBES) annonçait d’ailleurs dernièrement qu’un million d’espèces
animales et végétales étaient désormais menacées d’extinction en raison de
l’activité humaine. Pour éviter l’hécatombe et mobiliser une véritable
conscience environnementale planétaire, on doit cependant d’abord lutter contre
les inégalités et la pauvreté, selon Pierre Gingras.
Du béton à la forêt
Le
journaliste horticole a grandi à Hochelaga, à Montréal, mais il passait ses
étés «dans le bois» au chalet familial sans électricité ni eau courante. Loin
du béton de la métropole, il y a découvert l’univers enchanteur de la faune et
de la flore. De retour à Montréal, il a même déjà mis en place un mini-zoo dans
la maison familiale pour ses camarades de classe avec, entre autres, un
alligator nain et des lapins.
«J’ai nagé dans le plaisir toute ma vie»,
raconte-t-il. La nature est époustouflante, selon lui, en particulier durant le
court printemps du Québec.»
«En ce moment, les plantes bulbeuses
émergent du sol à une vitesse phénoménale, ajoute-t-il. Dans certains cas,
c’est émouvant. Même aujourd’hui, je n’ai pas l’impression de travailler.»
Chez lui, dans une ancienne région agricole
en périphérie de Montréal, il a aussi déjà eu des poules, des pintades, des
cailles et des abeilles. «J’ai eu tellement de plaisir! C’est peut-être du
plaisir, mais c’est du travail aussi, précise-t-il tout de même. Les heures, je
ne les compte pas vraiment.»
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