Photo : Michael Charles Cole, Radio-Canada
Dans certains refuges pour sans-abri, on
n’admet pas leurs chiens. Cruel. J’imagine qu’ils ont leurs raisons... Mais la
personne va-t-elle abandonner son fidèle compagnon d’infortune, son meilleur
ami? Par contre, cette année, l’hôpital Victoria (à Montréal) admet les chiens.
Chapeau!
La Fête des neiges
débutait aujourd’hui au Parc Jean-Drapeau (Montréal). Vu le froid intense
(moins 30°C), on a prévu des endroits où les familles peuvent se réchauffer
entre les activités. On comprend, le tourisme du divertissement c’est bon pour
l’économie (le festival accueille en moyenne 100 000 visiteurs). Alors,
laissons les OSBL et les bénévoles s’occuper des itinérants... Nous avons un
bloc de glace à la place du cœur.
Photo : Muriel Draismaa, CBC News (Toronto)
Photo : John Schults, Reuters
Pire scénario demain : même froid, plus 15 à 20 cm de neige, des vents de 40/60 km/h, et poudrerie bien sûr. Pf!
Combattre l’itinérance en période de
grand froid
Par Ismaël
Houdassine
RCI Net,
vendredi 18 janvier, 2019
Photo : Mike Albans, La Presse canadienne (Ce matin, on a dû amputer la main d'un homme itinérant à Mtl)
Pendant
l’hiver, les centres d’hébergement sont pris d’assaut. C’est encore le cas
cette année avec des records de fréquentations. Les programmes d’urgence
destinés aux itinérants doivent trouver des réponses pour loger, mais aussi
pour soigner les personnes en situation de vulnérabilité.
Les activités de la Mission Bon Accueil ont
commencé dès le mois de novembre avec le froid. À Montréal, l’organisme est
capable de réagir aux différentes périodes hivernales, mais avec la réalité des
situations d’itinérance, les semaines sont très occupées.
«Le phénomène de l’itinérance dans la
métropole est un phénomène qui touche les 365 jours de l’année, explique Sam
Watts en entrevue. Dans les périodes de grands froids, on va voir un peu plus
de monde, mais honnêtement, la plupart
du temps on fonctionne déjà à pleine capacité.» [...]
L’omelette des gilets jaunes :
La grasse matinée
Jacques Prévert
Il est
terrible
le petit
bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est
terrible ce bruit
quand il
remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
elle est
terrible aussi la tête de l'homme
la tête de
l'homme qui a faim
quand il se
regarde à six heures du matin
dans la glace
du grand magasin
une tête
couleur de poussière
ce n'est pas
sa tête pourtant qu'il regarde
dans la
vitrine de chez Potin
il s'en fout
de sa tête l'homme
il n'y pense
pas
il songe
il imagine
une autre tête
une tête de
veau par exemple
avec une
sauce de vinaigre
ou une tête
de n'importe quoi qui se mange
et il remue
doucement la mâchoire
doucement
et il grince
des dents doucement
car le monde
se paye sa tête
et il ne peut
rien contre ce monde
et il compte
sur ses doigts un deux trois
un deux trois
cela fait
trois jours qu'il n'a pas mangé
et il a beau
se répéter depuis trois jours
Ça ne peut
pas durer
ça dure
trois jours
trois nuits
sans manger
et derrière
ces vitres
ces pâtés ces
bouteilles ces conserves
poissons
morts protégés par les boîtes
boîtes
protégées par les vitres
vitres
protégées par les flics
flics
protégés par la crainte
que de
barricades pour six malheureuses sardines.
Un peu plus
loin le bistrot
café-crème et
croissants chauds
l'homme
titube
et dans
l'intérieur de sa tête
un brouillard
de mots
un brouillard
de mots
sardines à
manger
oeuf dur
café-crème
café arrosé
rhum
café-crème
café-crème
café-crime
arrosé sang!...
Un homme très
estimé dans son quartier
a été égorgé
en plein jour
l'assassin le
vagabond lui a volé
deux francs
soit un café
arrosé
zéro franc
soixante-dix
deux tartines
beurrées
et vingt-cinq
centimes pour le pourboire du garçon.
Il est
terrible
le petit
bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est
terrible ce bruit
quand il
remue dans la mémoire de l'homme qui a faim.
~~~
Assis sous un arbre, il parabolait «Heureux les pauvres
d'esprit, ceux qui ne cherchent pas à comprendre, ils travailleront dur, ils
recevront des coups de pied au cul, ils feront des heures supplémentaires qui
leur seront comptées plus tard dans le royaume de mon père.» Il guérissait
aussi les hydropiques, il leur marchait sur le ventre en leur disant qu'il
marchait sur l'eau, et l'eau qu'il leur sortait du ventre il la changeait en
vin; à ceux qui voulaient bien en boire, il disait que c'était son sang.
Jacques Prévert
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