5 octobre 2018

Mouvement #metoo : des gains et des pertes

La tournure de l’affaire Kavanaugh me déçoit au plus haut point. Et si par malheur cet homme est nommé à vie, je plains de tout mon cœur les personnes ou les groupes qui feront appel à la Cour suprême si leur cause va à l’encontre des croyances religieuses fondamentalistes, socioculturelles et économiques de Brett Kavanaugh et des autres juges ayant la même idéologie.

«La justice est une si belle chose qu'on ne saurait trop l'acheter.» 
~ Lesage (Crispin rival de son maître)  

Photo : Katarina Bialasiewicz

Comment l'agression sexuelle nuit à la santé de la nation   
Par Michelle Schoffro Cook | Le 28 septembre 2018 | Care2

Au début des années 90, je me suis inscrite à un cours de Women’s Studies à une université voisine. Faire cela à ce moment-là semblait presque un acte de révolution silencieux. Je l'ai rarement mentionné pour ne pas risquer de me soumettre à des blagues sexistes et humiliantes, à des regards injurieux ou à des insultes qui semblaient banales chez ceux qui découvraient mon secret. Ce n'était pas le cours facile («bird» course) comme la plupart des gens le prétendaient; au contraire, il a changé ma vie pour toujours.

Dans l'une des premières conférences, l'une des titulaires a remis un document qui décrivait les différentes formes d'abus. Il était long et, étant plutôt jeune et ignorante en la matière, je fus assez choquée (surprise) à l'époque. Bien sûr, il y avait des formes de violence apparemment bien comprises comme le viol et l'agression physique, mais il y avait aussi d'autres formes comme la violence verbale et la négligence. Cela m'a choquée parce que je me suis retrouvée dans la position surprenante et embarrassante de découvrir des formes d'abus auxquels j'avais été soumise dans cette liste, même si je me considérais forte et indépendante et pas du tout une probable candidate. J'ai découvert que la violence ne concernait pas la victime, mais l'agresseur, et que n'importe qui pouvait être victime de violence.

Cette simple feuille de papier dans un cours non conventionnel, typiquement négligé à ce moment-là, m'a fait réexaminer ma vie sous le regard objectif de quelqu’un de l’extérieur, comme si je m'étais temporairement retirée de mon corps, en dehors des années de conditionnement social, pour en venir à une nouvelle vision de la façon dont je vivais et comment je choisirais de vivre dans l’avenir. Bien que toutes les formes de violence ne soient pas faciles à stopper, je me suis rendu compte que je pouvais être informée au sujet de la violence, m'exprimer contre elle et, ce qui est peut-être le plus important, de me responsabiliser et aider les autres dans la mesure du possible.

Dans un esprit de responsabilisation et à la lumière des nouvelles alarmantes concernant les allégations d'agression sexuelle et de viol portées contre le juge Brett Kavanaugh de la Cour suprême et le récent témoignage courageux du Dr Christine Blasey Ford, il est important de comprendre la violence et ses nombreuses manifestations.

Je suis bien consciente que les hommes sont aussi fréquemment victimes de harcèlement sexuel et d'agression sexuelle, ce qui est tout aussi tragique, mais cet article est destiné à aborder la masculinité toxique et ses effets sur les femmes.

Qu'est-ce que L'agression sexuelle et le harcèlement sexuel?

Selon le Département de la Justice des États-Unis, l'agression sexuelle est tout type de contact ou de comportement sexuel qui se produit sans le consentement explicite du destinataire. Certaines des allégations d'agression sexuelle contre Brett Kavanaugh peuvent sembler évidentes, comme le fait de maîtriser une femme et tenter de la violer, mais beaucoup de gens ne semblent pas réaliser que les allégations selon lesquelles il a mis ses organes génitaux dans le visage d'une femme constituent également une agression sexuelle, ou que peloter une personne ou écraser quelqu'un correspond également à la définition d’un acte criminel.

Tout type de pénétration dans un corps avec un objet ou une partie du corps sans consentement préalable constitue une agression sexuelle. De plus, l'agression sexuelle désigne tout contact avec les seins, les fesses, les organes génitaux ou les parties intimes du corps sans consentement préalable. L'agression sexuelle peut également comprendre l'exposition des organes génitaux, des seins, des fesses ou d'autres parties intimes du corps devant une personne sans son consentement préalable. Oh, et une personne peut retirer son consentement à tout moment, même lors d'actes sexuels. Et, chaque fois que la coercition est utilisée ou que la capacité d'une personne à consentir à des relations sexuelles est compromise par l'influence de l'alcool ou de drogues, la procédure devient un acte de violence et d'agression sexuelle contre elle.

Mais, qu’est-ce que le harcèlement sexuel? De nombreux hommes, dont Donald Trump, tentent de minimiser le dénigrement des femmes par les hommes en le qualifiant de «discours de vestiaires» et cela ne constitue peut-être pas une activité criminelle, mais parfois ce comportement constitue du harcèlement sexuel. Tout aussi important, il contribue toujours à la culture du dénigrement des femmes, entraîne souvent le harcèlement sexuel des femmes, et contribue également à la normalisation de la «culture du viol» une chose qui ne devrait jamais être considérée comme normale et qui touche à la fois les hommes et les femmes.

Le harcèlement sexuel comprend ce que l'on appelle le «harcèlement de genre», qui inclut : la sollicitation à des fins sexuelles, la pornographie en milieu de travail, les gestes obscènes, les commentaires sexistes ou le harcèlement et l'intimidation en ligne – autant d'outils utilisés par certains hommes pour «garder les femmes à leur place» ou les soumettre. Alors que n’importe quelle femme peut être harcelée, les femmes qui s'affirment, qui ont des rôles ou des emplois non traditionnels, ou qui ont des postes de supervision, se trouvent souvent soumises à ce comportement inacceptable.

Le fait demeure : même si cela ne va pas jusqu'à l'activité criminelle, les femmes sont blessées par ce qu'on appelle les «conversations de vestiaires», et cela pourrait surprendre plus d’un homme que nous ne sommes pas des costumes de chair mis sur la planète pour leur plaisir. Cette forme d'hostilité sexuelle déguisée en plaisanterie et amusement a pour effet de banaliser l'agression sexuelle et conduit souvent à blâmer ou à humilier la victime de harcèlement ou d'agression.

L’effet Donald Trump

Depuis la diffusion en 2016 de la bande sonore de Donald Trump où il déclare :
«Je l'ai draguée comme une salope, mais je n'ai pas pu y arriver. Et elle était mariée. Tu sais que je suis automatiquement attiré par la beauté je commence juste à les embrasser. C'est comme un aimant. Juste un baiser. Je n'ai même pas attendre. Et quand tu es une star, elles te laissent faire. Vous ne pouvez rien faire. Saisissez-les par la chatte.», le réseau Rape, Abuse, Incest National Network (RAINN) indique que l'organisation a vu une augmentation choquante de 33 % des appels d'urgence signalant le harcèlement sexuel ou l'abus sexuel. La National Sexual Assault Hotline a enregistré une augmentation de 201 % des appels au cours de l'audience de Kavanaugh, jeudi.

Selon une étude publiée dans la revue Personnel Psychology, 58 % des femmes déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel en milieu de travail. Cela n'inclut pas les femmes qui n'ont pas signalé de harcèlement sexuel ou celles qui ont été harcelées par des amis, des connaissances, des propriétaires ou d'autres hommes.

Comment la violence et l'agression sexuelles détruisent la santé et le bien-être

Les recherches publiées dans la revue médicale Trauma, Violence, and Abuse montrent que le viol et l'agression sexuelle ont souvent pour effet de causer aux victimes l'anxiété à long terme, la dépression, l'abus de drogues ou d'alcool, le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), ou des pensées ou des tendances suicidaires. Bien que les effets à long terme du harcèlement sexuel sur la santé physique et émotionnelle soient rarement étudiés, j'ai personnellement été témoin d'effets similaires.

Bien qu'il puisse être commode pour certaines personnes de supposer que je dois être une féministe qui déteste les hommes, je ne le suis pas. Je déteste tout simplement la culture de la violence que tant d'hommes (et de femmes) appuient, tolèrent ou promeuvent. J'ai beaucoup d'excellentes amitiés et relations professionnelles avec des hommes et je suis mariée depuis près de 21 ans à l'homme le plus étonnant que j'ai jamais rencontré. Non seulement il est grandement intelligent, confiant et fort, mais il se trouve qu'il est aussi la personne la plus gentille et la plus attentionnée que je connaisse. Nous nous décrivons tous les deux fièrement comme des féministes, et nous le ferons jusqu'à ce que les femmes jouissent d'une pleine égalité, y compris la fin de la violence à leur égard.

Tandis que beaucoup de gens associent encore à tort machisme et bravade à force et confiance, ces attitudes ne sont ni masculines ni fortes. Machisme et bravade sont les outils de la brute et du criminel qui, lâchement et artificiellement, renforce leur faible estime de soi au détriment des femmes, soit par des «conversations de vestiaires», soit par des actions criminelles comme le harcèlement sexuel ou l'agression. Le temps est venu pour ces hommes toxiques de réfléchir à leurs propres défauts et faiblesses en tant qu'êtres humains et de trouver un moyen de corriger ces comportements dominateurs et venimeux, sans le faire au détriment des femmes.

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