L’ancien pasteur
devenu un athée pur et dur, Dan Baker, a écrit : «En fait,
dans le quotidien, il n’y a pas de grand mystère à la moralité. C’est une
simple affaire de respect, de gentillesse, de bon sens. Dans des situations
exceptionnelles où l’on est confronté à un dilemme (intervenir en voyant un
homme frapper sa femme, aider une personne en détresse, etc.), la foi ne change
rien. La moralité naturelle consiste à éviter et minimiser autant que possible
le mal qu’on peut causer aux autres. La moralité est dans notre conscience,
notre raison est dans notre conscience. On parle ici de «conscience» comme d’une
fonction de notre cerveau, de notre intelligence. Si votre seule motivation à
aider les autres, c’est la promesse du paradis, ça montre à quel point vous
n’avez pas une haute estime des autres.»
«Croire que la morale est commandée par Dieu vient
corrompre notre moralité. Ça remplace nos motifs profonds (sens du devoir et de
la justice, sentiment de générosité, d’empathie, etc.) par un égoïste calcul de
la personne qui agit bien dans le but d’obtenir une récompense divine et d’éviter
une punition.»
~
J. L. Mackie (The Miracle of Theism:
Arguments For and Against the Existence of God, 1982)
Je dédie ce
texte aux dirigeants des religions «organisées» de toutes confessions, tout à
fait comparables aux organisations criminelles dans leur façon de manipuler les gens par la peur et les menaces, ici, de damnation éternelle.
Je le dédie aussi à Brett Kavanaugh, désormais juge à la Cour suprême des
États-Unis, et fidèle représentant des États de la Bible Belt.
"La constitution américaine fut rédigée par des hommes ouvertement sceptiques et affichant une méfiance se confinant au mépris pour la religion. Entre autres, Thomas Jefferson qui a déclaré : «Le christianisme est le système le plus perverti qui ait jamais terni l'homme.» Benjamin Franklin, quant à lui, a eu ce mot d'esprit qui en dit long sur son appréciation des curés : «Les phares sont plus utiles que les églises.» Les pères de la nation américaine seraient anéantis de constater que le pays de liberté dont ils ont rêvé est devenu le royaume des télévangélistes, des lobbys de chrétiens de droite et des sectes de tous genres." (Michel Morin, Ne dites pas à ma mère que je suis athée)
À des journalistes de robe courte
Victor Hugo (1802-1885)
Recueil :
Les châtiments (1853).
Parce
que, jargonnant vêpres, jeûne et vigile,
Exploitant
Dieu qui rêve au fond du firmament,
Vous
avez, au milieu du divin évangile,
Ouvert
boutique effrontément;
Parce que
vous feriez prendre à Jésus la verge,
Cyniques
brocanteurs sortis on ne sait d'où;
Parce que
vous allez vendant la sainte vierge
Dix sous
avec miracle, et sans miracle un sou;
Parce que
vous contez d'effroyables sornettes
Qui font
des temples saints trembler les vieux piliers;
Parce que
votre style éblouit les lunettes
Des
duègnes et des marguilliers;
Parce que
la soutane est sous vos redingotes,
Parce que
vous sentez la crasse et non l'œillet,
Parce que
vous bâclez un journal de bigotes
Pensé par
Escobar, écrit par Patouillet;
Parce
qu'en balayant leurs portes, les concierges
Poussent
dans le ruisseau ce pamphlet méprisé;
Parce que
vous mêlez à la cire des cierges
Votre
affreux suif vert-de-grisé;
Parce
qu'à vous tout seuls vous faites une espèce
Parce
qu'enfin, blanchis dehors et noirs dedans,
Criant
mea culpa, battant la grosse caisse,
La boue
au cœur, la larme à l'œil, le fifre aux dents,
Pour
attirer les sots qui donnent tête-bêche
Dans tous
les vils panneaux du mensonge immortel,
Vous avez
adossé le tréteau de Bobèche
Aux
saintes pierres de l'autel,
Vous vous
croyez le droit, trempant dans l'eau bénite
Cette
griffe qui sort de votre abject pourpoint,
De dire :
Je suis saint, ange, vierge et jésuite,
J'insulte
les passants et je ne me bats point!
Ô pieds
plats! votre plume au fond de vos masures
Griffonne,
va, vient, court, boit l'encre, rend du fiel,
Bave,
égratigne et crache, et ses éclaboussures
Font des
taches jusques au ciel!
Votre
immonde journal est une charretée
De
masques déguisés en prédicants camus,
Qui
passent en prêchant la cohue ameutée
Et qui
parlent argot entre deux oremus.
Vous
insultez l'esprit, l'écrivain dans ses veilles,
Et le
penseur rêvant sur les libres sommets;
Et quand
on va chez vous pour chercher vos oreilles,
Vos
oreilles n'y sont jamais.
Après
avoir lancé l'affront et le mensonge,
Vous
fuyez, vous courez, vous échappez aux yeux.
Chacun a
ses instincts, et s'enfonce et se plonge,
Le hibou
dans les trous et l'aigle dans les cieux!
Vous, où
vous cachez-vous? dans quel hideux repaire?
Ô Dieu!
l'ombre où l'on sent tous les crimes passer
S'y fait
autour de vous plus noire, et la vipère
S'y
glisse et vient vous y baiser.
Là vous
pouvez, dragons qui rampez sous les presses,
Vous
vautrer dans la fange où vous jettent vos goûts.
Le sort
qui dans vos cœurs mit toutes les bassesses
Doit
faire en vos taudis passer tous les égouts.
Bateleurs
de l'autel, voilà quels sont vos rôles.
Et quand
un galant homme à de tels compagnons
Fait cet
immense honneur de leur dire : Mes drôles,
Je suis
votre homme; dégaînons!
– Un
duel! nous! des chrétiens! jamais! – Et ces crapules
Font des
signes de croix et jurent par les saints.
Lâches
gueux, leur terreur se déguise en scrupules,
Et ces
empoisonneurs ont peur d'être assassins.
Bien,
écoutez : la trique est là, fraîche coupée.
On vous
fera cogner le pavé du menton;
Car
sachez-le, coquins, on n'esquive l'épée
Que pour
rencontrer le bâton.
Vous
conquîtes la Seine et le Rhin et le Tage.
L'esprit
humain rogné subit votre compas.
Sur les
publicains juifs vous avez l'avantage,
Maudits!
Judas est mort, Tartuffe ne meurt pas.
Iago
n'est qu'un fat près de votre Basile.
La bible
en vos greniers pourrit mangée aux vers.
Le jour
où le mensonge aurait besoin d'asile,
Vos cœurs
sont là, tout grands ouverts.
Vous
insultez le juste abreuvé d'amertumes.
Tous les
vices, quittant veste, cape et manteau,
Vont se
masquer chez vous et trouvent des costumes.
On entre
Lacenaire, on sort Contrafatto.
Les âmes
sont pour vous des bourses et des banques.
Quiconque
vous accueille a d'affreux repentirs.
Vous vous
faites chasser, et par vos saltimbanques
Vous
parodiez les martyrs.
L'église
du bon Dieu n'est que votre buvette.
Vous
offrez l'alliance à tous les inhumains.
On
trouvera du sang au fond de la cuvette
Si
jamais, par hasard, vous vous lavez les mains.
Vous
seriez des bourreaux si vous n'étiez des cuistres.
Pour vous
le glaive est saint et le supplice est beau.
Ô
monstres! vous chantez dans vos hymnes sinistres
Le
bûcher, votre seul flambeau!
Depuis
dix-huit cents ans Jésus, le doux pontife,
Veut
sortir du tombeau qui lentement se rompt,
Mais vous
faites effort, ô valets de Caïphe,
Pour
faire retomber la pierre sur son front!
Ô cafards!
votre échine appelle l'étrivière.
Le sort
juste et railleur fait chasser Loyola
De France
par le fouet d'un pape, et de Bavière
Par la
cravache de Lola.
Allez,
continuez, tournez la manivelle
De votre
impur journal, vils grimauds dépravés;
Avec vos
ongles noirs grattez votre cervelle
Calomniez,
hurlez, mordez, mentez, vivez!
Dieu
prédestine aux dents des chevreaux les brins d'herbes
La mer
aux coups de vent, les donjons aux boulets,
Aux
rayons du soleil les parthénons superbes,
Vos faces
aux larges soufflets.
Sus donc!
cherchez les trous, les recoins, les cavernes!
Cachez-vous,
plats vendeurs d'un fade orviétan,
Pitres
dévots, marchands d'infâmes balivernes,
Vierges
comme l'eunuque, anges comme Satan!
Ô saints
du ciel! est-il, sous l'œil de Dieu qui règne,
Charlatans
plus hideux et d'un plus lâche esprit,
Que ceux
qui, sans frémir, accrochent leur enseigne
Aux clous
saignants de Jésus-Christ!
Septembre
1850.
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