Ah le
temps. Moi ce qui me dégoûte c’est le
départ des oiseaux, la disparition des fleurs et la grisaille qui s’annonce.
Crédit gif -- Marinus, Head like an orange :
Crédit gif -- Marinus, Head like an orange :
Les rhododendrons
La façon
dont le temps s'en va, vraiment ça me dégoûte.
L'instant
qu'on croit vivre on dirait l'avoir vécu déjà,
Et ceux
qu'on a cru vivre, qui nous les désagrégea
Si bien
qu'il n'en reste qu'une ombre? On vit coûte que coûte,
Mais où,
mais quand, comment, puisque tout ce que l'on ajoute
Est
aussitôt soustrait? À quoi bon poursuivre? Qu'ai-je à
M'agiter
de la sorte? À me jeter comme un goujat
Sur
chaque minute qui passe et me laisse en déroute
Entre une
espérance déçue et le prochain regret?
Je suis
sûr cependant qu'il existe un endroit secret,
Jusque
dans cette ville où tout sans arrêt change et bouge,
Où le
temps s'est mangé lui-même. – Alors nous reviendrons
Pour le
trouver peut-être à la Butte du Chaperon Rouge,
En mai
sous les massifs éclatants de rhododendrons.
~ Jacques
Réda, La course : nouvelles poésie
itinérantes et familières (1993-1998), Gallimard, 1999.
La pensée
Je pense
qu'en ce moment
personne
peut-être ne pense à moi dans l'univers,
que moi
seul je me pense,
et si
maintenant je mourais
personne,
ni moi, ne me penserait.
Et ici
commence l'abîme,
comme
lorsque je m'endors.
Je suis
mon propre soutien et me l'ôte.
Je
contribue à tapisser d'absence toutes choses.
C'est
pour cela peut-être
que
penser à un homme
revient à
le sauver.
~ Roberto
Juarroz, Poésie verticale, trad. de
l'espagnol (Argentine) et présenté par Roger Munier, coll. Points, p. 24
Source :
Bris des mots http://brisdemots-amaryllis.blogspot.com/
La
première version de L’Homme Invisible, d’après le roman de H.G. Wells, fut réalisée
par James Whale en 1933.
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