25 septembre 2018

«Grillons atomiques et cigales hertziennes»

Keith Kouna : le doigt sur le bobo...

«[...] Il ne passe pas par quatre chemins et tire sur tout ce qui peut ressembler à un semblant d’institution : le gouvernement, la droite radicale (La meute, Éric Duhaime et autres crétins du genre) et la religion. [...]
   Entre les salves contre les travers de notre société occidentale, il y a quelques moments de repos. Dans cette catégorie, on peut ranger Doubidou, une pièce aux influences jazz qui chante notre amour de l’argent et de cet asservissement qu’on accepte volontiers. Oui, même dans les moments plus légers, Kouna trouve le moyen de nous rappeler ce qui ne tourne pas rond. Bonsoir Shérif est un album contestataire. [...] Mais c’est bien fait. Et c’est écrit d’une plume qui réussit à créer de la poésie à travers les déchets.»

Louis-Philippe Labrèche | Le Canal Auditif



À la fin du monde
Au silence des âges
Il n’y aura qu’une montre
Sur le carrelage

Elle tournera sa langue
Et roulera des aiguilles
Les pupilles absentes
Et les deux pieds dans le vide

Au milieu des décombres
Et des restes anonymes
Où ronronnent les ondes
Dans les ténèbres tranquilles

Les grillons atomiques
Et les cigales hertziennes
Chantant l’Apocalypse
Dans le Jardin D’Éden

Entre les somnifères
Et l’envie de tout détruire
Les orgasmes et la bière
Et les hormones en délire

Les instincts qui s’évadent
Comme des animaux
Ou qui rasent les vagues
Et courbent courbent le dos

Plouf les sirènes
Et pouffes à magazines
Aux lèvres en meringue
À la sortie de l’usine

Minets et écolières
Étendus dans le sable
À la morgue à la mer
À la guerre ou à la plage

Graisse la manivelle
Et le manège à bobines
Qui repasse les chaînes
Et les mêmes chemises

L’horizon rend les armes
Et accepte l’inutile
Le cul dressé dans l’espace
Et la langue dans la flaque d’huile

En caressant ses jouets
En écoutant ses machines
En achetant sa paix
Et en pensant être libre

Et passent les hirondelles
Perdues dans le firmament
Qui vont et vont et viennent
En attendant le beau temps

Entre les prières
Et le chant des garagistes
Les parfums de civières
Et les valets de service

Princes et coqs-à-ciel
Aux parades d’émeraude
Bâfrent le banquet du soleil
Et crachent les restes dans l’auge

En attendant l’enfer
Et les nains du paradis
Les trompettes dernières
Et les cavaliers de la nuit

Le Christ et Lucifer
Se font les bons apôtres
Se partagent la Terre
En s’échangeant les pauvres

En remontant mon verre
Comme une ruse de sans abri
Derrière l’horloge grand-père
Qui grince dans la pharmacie

Qui radote sa haine
Et sa vieille berceuse
Aux oreilles en peine
Et aux épaves heureuses

Sa connerie militaire
Et ses bondieuseries
Ses idoles et ses prêtres
À l’autel de l’économie

J’égraine ma mélodie
Dans son engrenage
Et moissonne la nuit
En pelletant ses nuages

Crédits : album Bonsoir shérif, paru le 6 octobre 2017
© Tous droits réservés


Note biographique
Keith Kouna, de son vrai nom Sylvain Côté, est un auteur-compositeur-interprète né à Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec, en 1974.    
   Il commence son parcours musical en chantant dans les rues, les tramways, les bars et les squats en Europe de 1997 à 1999 et voyage beaucoup. C’est au cours de ces deux années qu’il écrit en majeure partie les chansons de son premier disque qui paraîtra en 2008. Il revient au Québec, travaille comme intervenant social de rue et fonde le groupe Les Goules avec des amis. Le premier album du groupe paraît en 2002, suivi de deux autres en 2005 et 2007. Le groupe prend ensuite une pause et revient en 2016 avec un quatrième disque.
   Entre-temps il lance trois albums : Les Années Monsieur, Du Plaisir et des Bombes et Le Voyage d’Hiver, une réécriture originale du dernier cycle de lieders de Franz Schubert Winterreise.
   À cheval entre le punk et la chanson, reconnu pour la qualité de ses textes, son audace, sa voix atypique et son énergie scénique, il a récolté une multitude de prix et de nominations, tant avec Les Goules qu’avec son projet solo.  En octobre 2017, il lance un quatrième disque solo Bonsoir Shérif. 
(Source : Wikipédia)

De sorte que la «question de l'urne» reste :

Que voulons-nous? 

Ça (sables bitumineux, Alberta) :


Ou ça (Bonaventure / Percé, Gaspésie) :


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