Rappel : L’expression «sixième grande
extinction» est souvent utilisée pour décrire la disparition d’un grand nombre d’espèces en raison des activités
humaines. On l’emploie par analogie aux cinq extinctions massives qui ont
marqué les temps géologiques. Celle du Crétacé, il y a 65 millions d’années,
est la plus connue : 70 % des espèces vivantes avaient alors disparu, dont les
dinosaures, après la chute d’un astéroïde sur la Terre. L’homo gazien ne lâchera pas
le pétrole à moins d’y être contraint par des bouleversements terrestres
incontrôlables ou un bombardement d’astéroïdes. Ne nous décourageons pas, les
dinosaures ont fini par disparaître et cela n’a pas empêché la terre de
tourner. La Nature est notre drapeau rouge, notre baromètre, elle nous donne un
aperçu du sort qui nous attend. Si nous n’appliquons pas les freins d’urgence,
c’est-à-dire si nous ne faisons pas la transition de plein gré maintenant,
garanti que la terre nous sortira du décor les pieds devant. Quand de grands
prédateurs disparaissent, la nature se porte mieux...
Photo : iStock
L’humain
représente 0,01 % de la vie sur Terre,
mais que dire de son impact?
mais que dire de son impact?
Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné
ICI Radio-Canada | Le 2 juin 2018
Pour la
première fois, des chercheurs ont réussi à mettre en chiffres la masse que
représente la vie sur Terre. Leurs résultats montrent non seulement la petite
place qu'y occupe l'humanité, mais surtout l'immensité de son impact.
En comparant l’humanité à l’ensemble de la vie sur
Terre, notre espèce ne fait littéralement pas le poids. Malgré nos 7,6
milliards de personnes, nous ne représentons, en masse, que 0,01 % de la vie
sur la planète. Pourtant, malgré notre apparente insignifiance, notre influence
sur le reste de la vie terrestre est indéniable.
Changements
climatiques, déforestation et surpêche sont tous des exemples cités couramment.
Il est malgré tout difficile de réaliser l’ampleur de notre impact avant de le
chiffrer. Une étude parue dans la revue PNAS (1) nous donne un premier aperçu
de la distribution de la vie sur Terre durant l’Anthropocène.
Estimer la
vie
Pour parvenir à ces chiffres, les chercheurs ont
estimé l’ensemble de la biomasse terrestre. Il y a plusieurs façons de la
mesurer, mais ces derniers ont opté pour la masse de carbone, qui est l’élément
sur lequel toute la vie terrestre est basée et qui a l’avantage d’éviter la
variabilité de la teneur en eau.
Pour
arriver à leurs estimations, ils ont compilé des centaines d’études sur la
présence d’êtres vivants à grande et à petite échelle. Ce genre de recensement
est fait par observation à l’aide de satellites ou par l’analyse de l’ADN
présent dans des cours d’eau ou dans le sol; il permet d’estimer les espèces
présentes ainsi que leur nombre.
Leur
premier résultat est astronomique : l’ensemble de la biomasse composée des
êtres vivants sur Terre serait d’environ 550 gigatonnes de carbone (une
gigatonne représente 1 milliard de tonnes). De ce nombre, 86 % se retrouve sur
la terre ferme, 13 % est enfouis sous terre et seulement 1 % se retrouve dans
les océans.
Les
championnes incontestées sont les plantes qui représentent, en poids, 82 % de
toute la vie sur notre planète. Elles sont suivies des bactéries, qui
représentent quant à elles 13 % de la vie.
Les 5 %
restants regroupent donc toutes les autres formes de vie, des insectes
jusqu’aux mammifères. C’est ainsi que les chercheurs ont pu affirmer que 0,01 %
de la vie terrestre est humaine, soit trois fois moins que la masse de
l’ensemble des virus ou de l’ensemble des vers.
Sur cette
même lancée, la masse de l’humanité est aussi 12 fois plus petite que celle des
poissons, 17 fois plus petite que celle des insectes ou 200 fois plus petite
que celle des champignons.
La vie réarrangée
pour nos besoins
Photo : iStock. Environ 96 % de tous les
mammifères sur Terre sont des humains ou des animaux d’élevages. Les mammifères
sauvages ne représentent plus que 4 % de la vie sur la planète.
Même si ces
chiffres sont étourdissants, ils révèlent
à quel point l’humanité a modifié la vie sur Terre pour la mettre au service de
ses besoins de consommation.
Seulement
avec les mammifères, la masse de l’humanité passe soudainement à 36 %. Le
groupe qui occupe le premier rang est… notre bétail! Environ 60 % des mammifères sur Terre sont des animaux d’élevage, tels
que le bœuf, le porc et les autres animaux de la ferme. Cela signifie donc
que les 4 % restants représentent l’ensemble des mammifères sauvages de la
planète.
La
situation n’est guère mieux pour les
oiseaux, dont 70 % sont destinés à notre consommation. Les oiseaux sauvages
forment les 30 % restants. Ces deux
données montrent à quel point nos habitudes de consommation ont changé le cours
de la vie sur Terre.
Les
chercheurs ont aussi pu estimer que la masse de la vie a grandement diminué
depuis l’arrivée de l’humanité. Jusqu’à 83 % des mammifères terrestres
pourraient s’être éteints depuis les débuts de notre civilisation. Il en va de
même pour 80 % des mammifères marins, 50 % des plantes et 15 % des poissons.
Selon ces
chercheurs, l’ampleur de la tâche ne leur permet pas de donner des chiffres
précis. Il s’agit toutefois de la première évaluation globale de l’importance
de la vie sur Terre, qui sert aussi de base pour évaluer l’impact
environnemental de nos activités.
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