Évasion
Esther Granek
Et je serai face à la mer
qui viendra baigner les galets.
Caresses d’eau, de vent et d’air.
Et de lumière. D’immensité.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera que ciel léger.
Et je serai face à la mer
qui viendra battre les rochers.
Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera ciel tourmenté.
Et je serai face à la mer,
statue de chair et coeur de bois.
Et me ferai désert en moi.
Qu’importera l’heure. Sombre ou claire...
De la pensée aux mots – 1997
Cueilli sur https://www.poetica.fr/
Il est de plus en plus difficile de s’évader à la
mer car les hôtels et condos pour «clubs de parvenus» et les mégapoles côtières
ont défiguré les plages autrefois bucoliques. Ce qui restait de valable, le 1 %
des plus riches s’en est emparé et l’a privatisé. En outre, les grotesques Titanic
modernes envahissent les plus belles villes portuaires et les îles les plus reculées.
Un
jour pas si loin, pour voir la mer, il faudra aller camper sur les continents de
plastique.
C’est dur, dur, dur pour les gens de mon âge de
voir la terre se salir, s’enlaidir et se déglinguer de telle sorte. Alors en effet, il faut se
faire un «cœur de bois», sinon de pierre, pour ne pas pleurer tout l’temps. C’était
un monde d’une immense beauté. Et je ne dis pas ça par romantisme nostalgique, c’est
un fait.
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