«N’oubliez pas : le prix qu’il faut payer pour la liberté diminue à mesure qu’augmente la demande.» ~ Stanislaw Jerzy Lec
Hier, c'était la Journée internationale pour les droits des animaux. Une date choisie intentionnellement pour coïncider avec la Journée internationale des droits de l’homme. Cette journée dédiée aux animaux sert à dénoncer «l'hypocrisie» qui consiste à ne pas reconnaître les droits fondamentaux des animaux : droit à la vie, à la liberté et à l’épanouissement naturel. Elle vise également à instaurer un débat public sur la manière dont les animaux sont traités et une prise de conscience de leur droit légitime à ne pas être exploités.
Revendiquer des droits pour les animaux semble dérisoire à l’heure où ceux des humains n’ont jamais été autant bafoués partout sur terre. Mais comme le disait si justement Marguerite Yourcenar : «la protection de l’animal c’est au fond le même combat que la protection de l’homme».
Quand on vit en société, certaines lois civiles nous empêchent de causer du tort à autrui (physique et psychologique) – vu notre tendance innée à faire le contraire. Toutefois, si nous avons appris à révérer la VIE, cette tendance à nuire à nos semblables, aux animaux et à la nature diminue considérablement. La révérence aide à protéger la vie; le manque de considération initie généralement des cycles de destruction et de violence en boucle.
«Nous sommes à la fois citoyens de différentes nations et d’un seul monde où le local et le mondial sont interdépendants. Nous partageons tous la responsabilité de garantir le bien-être présent et futur de la grande famille humaine et de toutes les autres formes de vie.» (La Charte de la Terre)
Situation juridique de l’animal : l’animal n’est plus un «bien meuble» – À la suite de l’adoption de la Loi visant l’amélioration de la situation juridique des animaux, le Code civil du Québec a été modifié. Désormais, les animaux sont considérés légalement comme des êtres doués de sensibilité ayant des impératifs biologiques à respecter.
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L’«inhumanité» de l’homme envers les humains n’est surpassée que par son inhumanité envers les animaux. Elle est excusée, et même approuvée par plusieurs, et fondée sur l’idée que «les animaux sont différents», c’est-à-dire le spécisme. Et le spécisme se situe au niveau du racisme et du sexisme.
La majorité des gens se disent contre le racisme qui consiste à traiter différemment les gens en raison de leur race; ou contre le sexisme qui consiste à discriminer les gens en raison de leur sexe. Alors, quelle excuse morale peut-on avoir pour traiter des groupes d’êtres vivants avec rudesse, indifférence et même cruauté parce qu’ils appartiennent à des espèces différentes?
[...] C’est seulement lorsque les humains perçoivent les autres animaux comme des êtres vivants dignes de respect, qu’ils commencent à changer leur attitude, et conséquemment, leurs comportements envers eux.
La pensée humaine semble avoir atteint un niveau de polarisation considérable. D’un côté, il y a ceux qui voient les animaux comme des «personnes» dans le sens où ils sont dotés de personnalités individuelles et capables de ressentir et de souffrir tout comme nous, de sorte qu’ils ont certains droits de base. De l’autre côté, il y a ceux qui ont l’impression que la supériorité cérébrale et la connaissance technologique de l’homme l’élève bien au-dessus des autres espèces de ce monde, c’est-à-dire à un niveau différent, non seulement de pensée mais de sentiment aussi.
Plusieurs personnes de cette dernière catégorie se sont persuadées qu’étant donné que les animaux ne pensent pas comme nous, ils n’ont pas la capacité d’éprouver des sentiments ni de ressentir de la souffrance émotionnelle. «Mais les animaux ne ressentent pas les choses comme nous!» disent-ils, avec une froide suffisance qui excuse tout. Comment le savent-ils?
Le développement intellectuel, ou son absence, n’a rien à voir avec la capacité de souffrir physiquement. Sinon, pour être logique, il faudrait considérer que les bébés et les handicapés intellectuels sont incapables d’éprouver de la souffrance.
Les animaux, tant mieux pour eux, ne semblent pas avoir la même capacité d’anticipation que nous – c’est-à-dire qu’ils ne pensent pas à leur prochaine visite chez le vétérinaire comme nous pensons à notre prochain rendez-vous chez le dentiste. Mais selon toute probabilité, un animal pourrait ressentir la même chose que nous s’il était témoin de tortures infligées à d’autres. Par exemple, le fait que [ma chienne] Cindy panique de peur en voyant le vétérinaire préparer une seringue en est une preuve.
Aucun animal ne présente d’indices que sa mémoire serait plus courte que la nôtre. En fait, après plusieurs années, ils montrent des signes de peur et d’appréhension s’ils sont confrontés à une personne, une action ou un ensemble de circonstances, qui éveille le souvenir aigu d’une expérience douloureuse passée.
Cela fait maintenant cinq and que Cindy vit dans un foyer aimant où elle ne connaît rien d’autre que la tendresse. Mais elle bondit et s’éloigne rapidement si un membre de la famille assis près d’elle bouge soudainement le pied. Il n’est pas très difficile de deviner qu’elle a reçu des coups de pied pendant les huit mois précédant l’adoption.
Plus nous connaissons les animaux, plus nous les comprenons. Et plus nous tenons compte des aspects inhérents de la vie et des sentiments, plus nous réalisons qu’il y a peu de différences, voire pas du tout, entre eux et nous. Ce qui rend l’excuse «Mais les animaux ne ressentent pas les choses comme nous!» totalement inacceptable, et le spécisme encore plus; c’est un mot inventé par des fanatiques. [...]
Nous devons, en tant qu’humains, reconnaître les similitudes entre les animaux et nous, et cesser de mettre l’emphase sur les différences. Tant que nous refuserons d’admettre que tous les êtres, humains et animaux, font partie d’un formidable et fantastique ensemble qu’on appelle la vie, alors le spécisme, le racisme et le sexisme continueront, et les humains continueront d’exploiter les autres espèces.
Presque tous les actes cruels commis par les gens envers les animaux, des petits actes individuels aux pires actes barbares comme la vivisection, sont la conséquence directe de notre refus de voir et d’accepter le fait que les animaux éprouvent des émotions et des souffrances.
Les arguments d’aujourd’hui pour justifier notre façon de traiter les animaux sont les mêmes qui servaient autrefois d’excuse à l’esclavage et à la violente exploitation des travailleurs (les noirs primitifs ne ressentent pas comme les blancs!). «Les classes inférieures ne souffrent pas comme nous», affirmaient les classes supérieures et moyennes des siècles derniers. [...]
Dans l’hypothèse que la cruauté engendre la cruauté, tout comme l’amour engendre l’amour, privilégier l’amour, la compassion et la compréhension envers les autres espèces serait un bénéfice pour eux et pour nous.
Ann Walker (Talk with the Animals, Thomas Nelson Australia; 1983 – out of print)
Si ce genre de sujet vous intéresse, visitez les libellés Zoofriendly et Végétarisme (blogue Situation planétaire).
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Les Fêtes sont une période de bombance et d’excès de toutes sortes. Les lecteurs et lectrices qui me suivent depuis le début savent ce que j’en pense. En résumé c’est une arnaque commerciale qui pousse les gens se ruiner, à s’empiffrer, à visiter des tas de gens qu’ils n’ont pas envie de voir et à leur donner des cadeaux. Je suis pour les rencontres festives spontanées, organisées au moment opportun. Mais le pire, c’est la surproduction d’animaux de consommation comme les dindons, les oies, les canards, les porcs, etc., et le gaspillage qui s’ensuit tandis que des millions d'humains crèvent de faim et n'ont pas de toit.
Gavage. Ça me fait penser au gavage infligé aux
détenus (à Guantanamo ou ailleurs) pour les empêcher de faire la grève de la faim. Un journaliste s'était soumis à cette forme de torture pour "voir"; c'est quelque chose!
Même si le gavage est interdit dans plusieurs
pays d’Europe, il se perpétue ailleurs – «ne privons pas les pauvres gastronomes».
Le foie gras, un met luxueux, indigeste à plusieurs niveaux...
Le gavage des oies et des canards consiste à administrer de force à l'aide d'un tuyau de 20 à 30 cm, enfoncé de l'oesophage au jabot de l'animal, des aliments très énergétiques et non équilibrés en énormes quantités : en 45 à 60 secondes, ou, grâce à des techniques plus «modernes» par pompe pneumatique, en 2 ou 3 secondes. L'animal ingurgite ainsi, deux fois par jour, plus de 450 g d'aliments, soit, pour un homme de 70 kg, deux fois 7 kg de pâtes en quelques secondes.
Le canard mulard et l'oie ont des particularités physiologiques liées au caractère migratoire. Ils ont une capacité naturelle à faire des réserves et sont ainsi plus gras. Aujourd'hui, on les gave à l'extrême jusqu'à ce qu'ils présentent une grave pathologie hépatique. Pour produire du foie gras, on doit rendre ces palmipèdes malades.
L'acte de gavage implique de nombreuses souffrances :
– les organes internes sont comprimés : la taille du foie est multipliée par 10;
– les palmipèdes souffrent de difficultés respiratoires, halètements, diarrhées;
– les oiseaux sont épuisés et ont des difficultés à se déplacer.
(Source : clicanimaux.com)
Un problème moral de plus en plus intenable
Continuer à légitimer des actes de cruauté sur des êtres sensibles, dans certaines circonstances, au nom d’une tradition locale ou de la gastronomie, pose un problème moral de plus en plus intenable à l’heure où on qualifie un orang outan de personne non humaine, et où l'existence de cultures animales est officiellement reconnue. C’est donc une décision de culpabilité qu’espèrent les défenseurs des animaux dans ce procès du foie gras, pour qu’elle fasse jurisprudence et qu’en condamnant le gavage, les juges épargnent la vie de 80 millions de canards et oies sacrifiés chaque année pour un plaisir gustatif de quelques secondes. (Source : L’OBS, 23.01.2015)
En passant, personne ne force les humains à se gaver, ils le font de leur plein gré! Alors pas de problème.
(Artiste inconnu)
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