17 décembre 2016

It’s a goal!


Le facteur courant d'air   

Les trois premières dimensions

(Chapitre Logique et quatrième dimension; p. 132-137) 

L’éducation scientifique du public lui permet aujourd’hui d’accéder à des régions de la connaissance qui lui étaient naguère interdites. 
    Il apparaît bien (mais il apparaît seulement)  que la partie de l’homme que nos sens identifient sur la terre est une créature à trois dimensions. 
    Celle-ci ne connaît que trois aspects de l’espace; longueur, largeur, hauteur, ce qui lui permet d’avoir la compréhension des solides. L’homme terrestre peut donc comprendre, a fortiori, le monde de la deuxième dimension, c’est-à-dire la surface (longueur X largeur) et celui de la première dimension, c’est-à-dire la ligne (qui est une simple longueur). 
    Par contre notre intelligence mentale à trois dimensions est incapable de comprendre le monde de la quatrième dimension, celui des hyper-solides (longueur X largeur X hauteur X x). 
    Force est donc à l’esprit qui veut imaginer la quatrième dimension de recourir à un artifice. Et pour expliquer l’attitude et le comportement de l’être à quatre dimensions vis-à-vis de l’être à trois dimensions qu’il est lui-même, il examine son attitude et son comportement vis-à-vis d’un être à deux dimensions.

Raisonnement à deux dimensions

Cet être à deux dimensions que Hinton appelle «microbe» et Maurice Maeterlinck plus justement «l’extra-plat» ne connaît que les surfaces et son mental est rigoureusement prisonnier des notions de longueur et de largeur. Aucune idée de la hauteur ou épaisseur ne peut lui venir; il se meut exclusivement dans deux directions; il se meut exclusivement dans deux directions et l’idée même d’un volume est complètement en dehors de la connaissance qu’il a du monde. 
    Si on suppose le microbe d’Hinton doué de la faculté de raisonner comme nous, la seule hypothèse d’un monde à trois dimensions (la nôtre) le fait sourire. Comme il n’a aucune possibilité mentale (1) de se représenter un volume, il est persuadé que l’univers entier est exclusivement à deux dimensions. C’est ainsi que nous raisonnons nous-mêmes en ce qui touche la quatrième dimension. Nous décrétons, non pas que notre univers est de trois dimensions seulement, ce qui serait exact mais que tout l’univers n’a d’autres dimensions que les nôtres. Exemple de cécité désarmante que l’évolution se chargera de dissiper. 
    Imaginons, à présent, une intervention de l’être à trois dimensions (l’homme terrestre) dans l’univers de l’être à deux dimensions. Celui-ci (le microbe d’Hinton) enregistrera les résultats sans rien y comprendre. N’y comprenant rien, il les déclarera incompréhensibles et décidera que le hasard mène son univers.

Interprétation des dimensions

Mais ceci nous amène à une autre série de réflexions tirées de «l’emboitage» des dimensions différentes et nous permet de considérer la même idée sous plusieurs aspects. 
    Si une grande part de l’homme inconnu se meut en dehors de l’homme à trois dimensions, de même une grande part de l’être à deux dimensions (l’extra-plat) doit se mouvoir dans le monde à trois dimensions et donc être à la portée de notre connaissance. 
    Dès lors, est-il interdit de supposer que si les êtres de l’hyper-espace quadridimensionnel sont notre prolongement dans les mondes supérieurs nous sommes ici, dans notre espace tridimensionnel, le prolongement des créatures inférieures et, en quelque sorte, le supérieur de la deuxième dimension? 
    Ainsi nous interpénétrerions pratiquement tout l’univers, de haut en bas, en solidarité totale et complexe avec tous les êtres. Tiré, tirant, l’homme serait un géant qui a les pieds dans la nuit des profondeurs et la tête dans les régions du ciel. 
    La métamorphose de l’insecte peut être la représentation matérielle d’une aussi incompréhensible évolution. On peut disséquer une jeune larve ou un cocon de  chrysalide sans y trouver l’esquisse de la chrysalide ou de l’adulte. 
    L’œuf qui vient d’être fécondé contient tout l’oiseau en puissance et cependant nul microscope ne permettra de le découvrir dans son vitellus.

~ George Barbarin

VOYAGE AU BOUT DE LA RAISON 
Éditions de l’Âge d’Or;1962

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(1) Mais non matérielle. En fait si nous ne comprenons que trois dimensions nous nous mouvons constamment dans la quatrième dimension et dans les dimensions supérieures.

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