L’album «Il» : un superbe cadeau des Fêtes. Une
diversion bienvenue aux jingles de Noël qu’on nous impose dès qu’on met les
pieds dans une quelconque boutique.
Pu capabe.
Un aperçu : Piano
Day 2016 performance CBC Music
In
honour of Piano Day, Montreal-based pianist Jean-Michel Blais performs
compositions from his forthcoming debut album “Il” live in CBC Music Studio
211.
Biographie
Source : Bondsound
Jean-Michel Blais, 31 ans, est un pianiste
montréalais. Ses compositions envoutantes conjuguent la sensibilité pop de Yann
Tiersen et de Chilly Gonzales à la maîtrise technique de pianistes classiques
minimalistes comme Philip Glass et Erik Satie. Né à Nicolet, le jeune
Jean-Michel grandit dans un milieu éloigné des arts et n’a chez lui, pour toute
lecture, qu’une gigantesque encyclopédie qu’il passe des heures à dévorer. À
l’âge de 9 ans, il commence à pianoter sur l’orgue familial, improvise des
mélodies et, à 11 ans, écrit ses premières compositions. Il débute aussi à ce
moment des leçons de piano. Véritable talent naturel, il est invité, à 16 ans,
à entrer au Conservatoire de musique de Trois-Rivières, où il commence des
études en piano classique. Mais Jean-Michel, alors en pleine adolescence, se
rebelle rapidement contre cette formation qu’il trouve contraignante et rigide.
Il veut expérimenter et n’aime pas qu’on lui dise comment jouer, ni qu’on
l’empêche d’improviser et de composer.
Quelques
années plus tard, il attire l’attention de l’auteur et metteur en scène Robert
Lepage, qui le présente au gratin du milieu artistique québécois. Sans plan de
carrière bien précis en tête, le pianiste se retire promptement et décide de
poursuivre ses explorations.
Dans la
mi-vingtaine, il part vivre à Berlin et passe plusieurs mois en Amérique du
Sud. Il compose de la musique, mais traverse aussi de longues périodes sans
même toucher à un piano. De retour à Montréal, il redécouvre son amour pour la
composition et attire à nouveau l’attention, cette fois de l’étiquette Arts
& Crafts. Composé sur deux ans au fil d’improvisations quotidiennes «Il»
premier album de Jean-Michel Blais, a été lancé le 8 avril 2016.
http://www.bonsound.com/fr/artiste/jean-michel-blais/
Le pianiste
classique Jean-Michel Blais sort de l’ombre et souhaite que ses publics
soient constitués à la fois de hipsters et de grand-mères.
Par Valérie Thérien
Magazine VOIR
Jean-Michel Blais est un nom qui ne vous est sans
doute pas familier. Depuis quelques années, en fait, il gagne sa vie en tant
que professeur au Cégep en éducation spécialisée. Mais la musique classique a
fait partie de sa vie assez longtemps et c’est aujourd’hui qu’il sort de
l’ombre, à l’occasion de la sortie du très bel album de solo piano Il sur la
maison de disques canadienne Arts & Crafts.
C’est
un artiste au parcours intriguant donc on va vous en tracer le portrait. Ayant
grandi à Nicolet, Jean-Michel est assoiffé de découvrir le monde et plonge dans
la musique. Doué, il est admis au Conservatoire de musique de Trois-Rivières,
mais son tempérament est un peu trop réactionnaire pour l’établissement. «Avant
de présenter les pièces, j’expliquais aux gens ce que j’allais jouer, ce qui
mettait ma prof sans dessus dessous. J’allais jouer en pantoufles aussi. Je
disais : «la musique c’est pour les aveugles! C’est pour les oreilles!» Avec
des amis on faisait des reprises des années 1980. Bref, j’ai toujours voulu
sortir de ce cadre-là. Pour enfreindre une limite, il faut qu’il y ait une
limite, donc le cadre est créatif. Les limites sont parties prenantes de la
créativité dans mon cas.»
Autour
du Cégep, il sent qu’il manque de vision et décide d’aller se chercher ailleurs,
en voyageant et en s’accompagnant des mots de grands philosophes. Si le métier
de professeur rend sa vie relativement confortable et qu’il avait un peu mis sa
musique de côté, il se trouve maintenant à être sous contrat chez l’un des plus
importants labels indépendants au Canada, Arts & Crafts.
«Je
sais qu’un jour je vais avoir une décision à prendre», admet-il. «Musicalement,
c’est un timing qui ne pourrait ne pas se reproduire. Je pourrais pas dire à
l’étiquette de disque : «revenez me voir dans 5 ans»… J’ai envie de me lancer
et voir comment ça se passe. Je vais essayer d’allier les deux. Peut-être qu’à
16 ans j’aurais dis : «oui, je veux faire de la musique dans la vie», mais
aujourd’hui y’a un côté ben rationnel-réaliste.»
L’Oreille
du hipster moyen
L’association avec Arts & Crafts est
intéressante puisqu’elle met en lumière une certaine ouverture d’un label qui
propose habituellement de l’indie-rock (Feist, Timber Timbre, Ra Ra Riot etc.).
Avec l’ajout de Jean-Michel, l’étiquette plonge vers de nouveaux défis la
musique classique et plus «de niche».
Jean-Michel
a été repéré par Cameron Reed d’A&C un peu par hasard alors qu’il cherchait
des nouveaux artistes intrigants à mettre sous contrat. Questionné à propos de
cette signature avec un pianiste classique chez Arts & Crafts, Cameron Reed
dit qu’il n’y voit là rien de bien spécial. «On veut avant tout sortir de bons
disques, tout simplement», dit-il. Cameron a tout de suite vu le potentiel du
pianiste et c’était réciproque pour Jean-Michel.
«Ce qui
m’a allumé, dit Jean-Michel, c’est que Arts & Crafts a soutenu beaucoup
Chilly Gonzales dans les dernières années donc je me suis disais: «Même si on
n’a pas du tout la même attitude sur scène ou le genre de son, y’a du piano
solo. Je pense que ma musique est un complément intéressant aux artistes qui
sont là.»
L’album
Il était déjà sorti en ligne, de façon indépendante, quand Cameron Reed a pris
connaissance du travail de Jean-Michel. L’étiquette de disque le sort donc à
nouveau avec son sceau d’approbation. L’oeuvre
est intimiste et chaleureuse, dotée de bonnes mélodies, de passages émouvants
et il nous fait voyager. Il est aussi comme un petit cocon. On y entend sur
l’enregistrement ici et là un plancher qui craque, des enfants qui s’amusent
dans la ruelle ou un klaxon de voiture. Ce sont tous des bruits naturels de
l’environnement dans lequel il a choisi d’enregistrer le disque : sa chambre.
«Quand je suis arrivé pour enregistrer
l’album, j’ai eu mon réflexe classique : j’avais une belle église avec un beau
piano à queue et un beau son et j’ai dit : «c’est pas ce que je veux. Ces
pièces-là sont composées chez nous au piano. J’ai un petit zoom qui enregistre
mes trucs et qui capte tout. Je me suis dit : «on va prendre l’auditeur et on
va l’asseoir sur le divan à côté et il va se laisser aller». On entend mes colocs, ou un klaxon, ce qui
fait partie de la vie. Quand je fais des shows aussi c’est comme ça et c’est ça
qui est le fun : les gens bougent, t’as des bruits de gens qui parlent et ça
fait partie de la musique. C’est une forme de musique aussi.»
Le
classique décomplexé
Jean-Michel et son label croient que son offre est
assez accrocheuse pour agir à titre de porte d’entrée vers la musique classique
pour les jeunes mélomanes friands de découvertes mais néophytes (ou presque) du
genre.
«J’ai l’impression que depuis quelques
années il y a une ouverture qui fait que l’approche classique n’est plus
réservée juste aux têtes grises. Moi, c’est un peu mon idéal aussi. Si dans une
salle j’ai une grand-mère, mais j’ai des enfants et deux hipsters dans le coin,
j’ai l’impression que je fais à la limite un travail de restructuration de
classes sociales. Je pense que ma musique est accrocheuse et simple, mais
quelqu’un qui connait la musique va être capable d’aller repérer d’autres
éléments qui sont là mais qui sont pas nécessairement imposants : ok, là y’a un
contrechamp, ok là le thème revient… Mais si tu connais pas, tu peux quand même
l’apprécier. J’ai toujours voulu que ça puisse être lu à plusieurs niveaux. Et
je pense que Arts & Crafts a compris ça.»
Et si
l’on se fie au succès du premier simple de «Il» Nostos, qui s’est retrouvé dans
les palmarès de Spotify et Hypemachine lors de sa sortie, le pari d’élargir les
horizons que se sont donné Jean-Michel et Arts & Crafts porte fruit.
«C’est
excitant de pas trop savoir qui va répondre, avoue Jean-Michel. Ça va-tu
marcher ou pas? On le sait pas. C’est l’avenir qui va nous le dire. Tout est à
repenser. Le public classique est hyper silencieux, assis, et n’applaudit pas
entre les tounes quasiment.»
VOIR:
«Ça va peut-être changer».
Jean-Michel:
«Ben oui, j’espère!»
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