29 juillet 2014

Le rien à l’origine de tout


Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain. ~ Friedrich Schiller

J’ignore si vous éprouvez un sentiment d’impuissance devant tous ces marchands de guerres. Moi oui, parfois. Si l’homme ne perturbait pas tout pour arranger les choses à son goût, le monde se porterait sans doute mieux.
       Tantôt, je regardais un écureuil en train de grignoter et je me disais : il ne sait pas que des bombes explosent partout, qu’elles tuent des enfants et tout le vivant, et polluent l’air de la planète; il s’occupe de ses affaires et vit sa vie d’écureuil pour le temps qu’elle durera. Il ne fantasme pas sur des probabilités qui ne se réaliseront jamais. J’en conclue que je devrais l’imiter.

Conduis-toi sur la terre comme un voyageur et comme un étranger que les affaires du monde ne regardent aucunement. ~ G. De Groote

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Le naturel

D’instant en instant, tout sort de rien. Ceci est la vraie vie.

L’idée de naturel fait l’objet d’un grand malentendu. La plupart des gens qui viennent nous voir croient à une certaine liberté, ou naturel, mais leur compréhension est ce que nous appelons jinen ken gedo : le naturel hérétique – c’est juste une sorte de «laisser-aller», de négligé. Voilà le naturel pour la plupart des gens. Mais ce n’est pas le naturel au sens où nous l’entendons. C’est assez difficile à expliquer, mais le naturel est, je pense, une certaine sensation d’indépendance par rapport à tout, ou une certaine activité fondée sur le rien. Quelque chose qui vient du rien est naturel, comme une plante qui sort de la terre. La graine n’a pas idée qu’elle est une plante particulière, mais elle a sa propre forme et elle est parfaitement en harmonie avec le sol, avec ce qui l’entoure. Au fur et à mesure de sa croissance, elle exprime sa nature. Rien n’existe sans forme ni couleur. Tout possède une certaine forme, une certaine couleur, et celles-ci sont en parfaite harmonie avec les autres êtres. Et tout va bien. C’est ce que nous entendons par «le naturel». 
       Pour une plante ou une pierre, être naturel ne pose pas de problème. Mais pour nous cela pose problème, et un gros problème. Être naturel nous demande un certain travail. Quand ce que vous faites vient simplement du rien, vous éprouvez une sensation toute neuve. Par exemple, quand vous avez faim, prendre de la nourriture est naturel. Vous vous sentez naturel. Mais quand vous attendez trop de ce repas, prendre de la nourriture n’est pas naturel. Vous n’éprouvez pas de sensation neuve. Vous ne savez pas l’apprécier. 
       On boit de l’eau quand on a soif. On fait un petit somme parce qu’on a sommeil. Vous n’avez pas à vous forcer à boire de l’eau quand vous n’avez pas soif. En fait, la question n’est pas de s’imposer ou non quelque chose. (…) 
       Si cela vient du rien, tout ce que vous faites est naturel, et c’est la vraie activité. Tout vient de rien, d’instant en instant. 
       Sans le rien, il n’y a pas de naturel – pas de véritable être. Le véritable être vient du rien, d’instant en instant. Le rien est toujours là, et tout surgit de lui. Mais, d’habitude, vous oubliez complètement le rien et vous vous comportez comme si vous possédiez quelque chose. Ce que vous faites est fondé sur une idée possessive, sur une idée concrète, et ce n’est pas naturel. Lorsque vous écoutez une conférence, par exemple, vous ne devriez avoir aucune idée personnelle. Vous ne devriez pas avoir votre propre idée quand vous écoutez quelqu’un. Oubliez ce que vous avez dans la tête et écoutez simplement ce qui est dit. Ne rien avoir dans votre esprit, c’est le naturel. Vous comprendrez alors ce qui est dit. Lorsque vous agissez, vous devriez être entièrement engagé dans votre action. Vous devriez vous y consacrer entièrement. Alors, vous n’avez rien. Ainsi, si la vraie vacuité n’est pas dans votre activité, celle-ci n’est pas naturelle. (…) 
       Quoi que vous fassiez, cette attitude est nécessaire. Nyu nan shin signifie «esprit doux, souple», esprit égal, naturel. Quand vous avez cet état d’esprit, vous avez la joie de la vie. Quand vous le perdez, vous perdez tout. Vous n’avez rien. Même si vous pensez avoir quelque chose, vous n’avez rien. Mais quand tout ce que vous faites vient du rien, alors vous avez tout. C’est ce que nous entendons par le naturel.

Shunryu Suzuki
Esprit zen, esprit neuf
Éditions du Seuil; Points, Sagesses, 1977

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Je me sens toujours heureux, vous savez pourquoi? Parce que je n’attends rien de personne. Les attentes font toujours mal. ~ W. Shakespeare

L’homme heureux est celui qui, acceptant d’être malheureux, ne l’est plus. 
~ J. Lemaître
 
La clef du bonheur :
trouvez des ami(e)s qui ont la même déficience mentale que vous…

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