Comme disait mon
bien-aimé Mark Twain (antiracisme, féministe, et militant pour les animaux
avant l’heure) : «Les humains commettent des atrocités que les animaux ne
font même pas, l’espèce humaine étant la plus haineuse qui ait jamais existé
sur terre. Au cours de mes expériences, j’ai acquis la conviction que de tous
les animaux, l’homme est le seul qui a recours aux insultes et aux injures, les
rumine, attend qu’une occasion se présente, et se venge. L’indécence, la
vulgarité et l’obscénité sont strictement spécifiques à l’homme; il les a
inventées.» (Extrait de Letters from the
Earth, Damned Human Race, 1909)
Photo : Mark Twain et John T. Lewis
Si Mark Twain vivait aujourd’hui,
on peut imaginer sa consternation en voyant se métastaser les tendances
sociales et politiques malignes dont il avait observé les développements
initiaux. Que de cibles il trouverait : les hypocrites et menteurs richissimes
de la Maison-Blanche et du Congrès, les avaricieux compulsifs de l'aristocratie
corporative, les éditeurs patriotiques justifiant la réémergence du
colonialisme et du racisme, les prédicateurs évangéliques millionnaires, les
journalistes de Fox News et leur propagande mensongère, les experts corrompus de
la «croissance économique», et tous les autres détrousseurs de la population «tous
mûrs – dans les mots de Twain – pour un enclos chauffé en enfer».
Caricature : Jonathan
Schmock (satiriste politique américain)
Le lien suivant inclut la satire
de Mark Twain sur la nature humaine où il fait la démonstration que les animaux
sont supérieurs aux humains. On peut en rire, mais son côté «téléréalité»
laisse pantois :
Depuis 30
ans, on a cherché à comprendre, expliquer, rationnaliser et psychanalyser de
toutes les façons possibles la tuerie perpétrée par Marc Lépine. En réalité, l’unique motif de ce crime était la
haine. Le gène de Caïn ne
disparaîtra qu’avec l’extinction de l’espèce humaine. Lépine aurait pu assouvir
sa rage contre n’importe quel groupe – les musulmans, les homosexuels, les anglophones,
etc. – les choix ne manquent pas. Mais il a choisi les femmes, en particulier
les féministes (1).
La domination masculine sur les femmes s'est
imposée dans toutes les grandes traditions historiques. Quand on étudie la
misogynie qui suinte dans les textes religieux, on constate que pendant les
millénaires qui nous ont menés jusqu’au 21e siècle, tous les
prétextes furent bons pour soumettre la femme à la volonté de l’homme. La «culture
du viol» est en lien direct avec les cultures religieuses, superstitieuses et
politiques transmises de génération en génération. Monothéismes comme polythéismes
n’ont jamais accepté que les femmes occupent un rang égal aux mâles dans leurs
sociétés. Les accuser sournoisement des perversions masculines fut le meilleur
rempart contre l’aspiration à leurs droits légitimes.
Nos démocraties ont encore du chemin à faire
car à l’heure actuelle, on remarque une propagande masculiniste haineuse qui se
répand comme la gangrène. Nous ne pouvons pas sous-estimer leur influence
néfaste. Diable, de quoi ont-ils peur? Au Canada des politiciennes de toutes
tendances sont de plus en plus victimes de menaces, d’attaques personnelles et
de commentaires misogynes sur les plateformes en ligne, en particulier Twitter.
Plusieurs en reçoivent aussi par la poste ou se font même apostropher en
public, comme l’a été Mme McKenna à la sortie d’un cinéma en compagnie de ses
enfants. La police a même cru nécessaire de renforcer pendant un temps la
sécurité autour d’elle. En Grande-Bretagne, plus d’une quinzaine de députées
ont décidé de ne pas se représenter aux élections du 12 décembre prochain.
Plusieurs ont invoqué l’anxiété que leur causent les menaces et la violence en
ligne : insultes, harcèlement, commentaires sexistes, voire menaces de
mort. La politique reste un milieu essentiellement dominé par les hommes.
Certes, les femmes sont davantage présentes dans les parlements, assemblées
élues, organes gouvernementaux et partis politiques, mais tandis qu’elles
avancent et défient les normes de genre qui les ont historiquement exclues de
la politique, elles sont confrontées à des actes d'hostilité et de violence au
sein même de ces institutions.
«La société
est toujours plus dure envers les femmes que les hommes – encore plus celles
racisées. Il n’y a pas d’exception sur Internet, quelle que soit la plateforme»,
déclare Mélanie Millette, de l’Institut de recherches et d’études féministes à
l’UQAM et professeure au Département de communication sociale et publique. «Les
critiques visant les femmes sont plus violentes, s’attaquant à leur personnalité
et leur physique. Une politicienne qui fait une annonce se fera traiter sur les
médias sociaux de grosse, de moche, de stupide ou d’hystérique. Un homme qui
fait la même annonce se fera juger sur les mots utilisés ou sur le sujet de son
annonce. C’est inquiétant parce que ces femmes ont un rôle important pour la
démocratie, soit parce qu’elles représentent le peuple ou bien parce qu’elles
sont les chiens de garde de la démocratie.» (Le Devoir, 18 décembre 2018)
C’est
pourquoi, il importe d’en parler et de dénoncer sans relâche, car rien n’est
jamais acquis – l’histoire ne se répète pas, elle continue...
Photo : Bernard
Brault / Archives La Presse
Commémoration
du 6 décembre 2019 : Faisceaux
lumineux sur le Mont-Royal par le Comité Mémoire et Polytechnique Montréal
Le 6 décembre
2019 | Belvédère Kondiaronk, Parc du Mont-Royal, à Montréal
À 17 h 10, heure où les premiers coups de
feu ont été tirés, 14 faisceaux illumineront le ciel au-dessus du Mont-Royal
(création de Moment Factory). Les faisceaux seront allumés un à la fois, à
quelques secondes d’intervalle, à l’appel du nom des 14 victimes.
Après une minute de silence, un chœur
composé de 150 personnes interprétera deux pièces de musique pour clore la
cérémonie.
Pour ce 30e anniversaire, 14 universités
d’ingénierie de Vancouver à Halifax allumeront également chacune un faisceau
pour cet hommage.
Très touchant
ce documentaire. De la tristesse, oui, mais aucune amertume.
Polytechnique : un documentaire pour
passer du déni collectif à la réconciliation
Angie Landry
ICI
Radio-Canada. 3 décembre 2019
Il y a 30
ans, 14 jeunes femmes tombaient sous les balles de Marc Lépine. Le 6 décembre
1989, ce sont aussi des batailles gagnées et l’idée d’une paix sociale qui ont
basculé. S’il a fallu près d’un quart de siècle pour parler haut et fort de
l’événement comme d’un féminicide, c’est qu’il fallait collectivement sortir du
déni, dit la documentariste Judith Plamondon, qui présente Polytechnique : ce qu'il reste du 6 décembre.
«On dit que la tuerie de Polytechnique,
c’est comme le 11 septembre 2001. Chacune se souvient où elle était au moment
du cataclysme», raconte la comédienne Karine Vanasse, qui assure la narration
de ce documentaire dirigé par Judith Plamondon.
Ce sont des images de gens patinant
candidement sur une glace extérieure qui ouvrent le film de la réalisatrice de
31 ans. Un peu comme si on voulait montrer le paisible «avant» pour être capable
de parler de l’indicible «après».
Polytechnique – le drame, pas le film sorti
en 2009 –, Judith Plamondon n'en avait entendu parler que partiellement, au fil
des années ou des commémorations seulement. En fait, lors des événements du 6
décembre 1989, elle avait tout juste 1 an. «Je savais que 14 femmes étaient
mortes cette journée-là et que le tueur était Marc Lépine, mais je n’en savais
pas plus.»
C’est un désir de comprendre davantage les
tenants et les aboutissants de l'attentat qui l’a poussée, pour ce film, à
rassembler différentes personnes touchées par l’événement : des survivantes,
des étudiants témoins, un professeur, un policier et des journalistes.
Francine Pelletier et Monique Simard, toutes
deux visées par l’auteur de la tuerie dans sa lettre de suicide, ont d’ailleurs
accepté de témoigner.
Parce qu’elles étaient des femmes
Judith
Plamondon l’avoue d’emblée : pour ce documentaire, elle voulait éviter de
tomber dans le venin d’un débat d’idées autour de la question féministe ou de
rendre trop larmoyants les témoignages bouleversants des intervenants. Mais
elle soutient fermement l’importance – voire la nécessité – qu'elle ressentait
de revenir sur cette lente prise de conscience par rapport à la dénomination
des crimes perpétrés par Marc Lépine.
Entre autres, Monique Simard,
vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) en 1989,
appuie cette notion pendant le film. «L’interprétation publique du geste m’a
heurtée personnellement, parce que dans les médias, [dans] les voix officielles
de la société, on ne voulait pas dire que c’était contre les femmes.»
Catherine Bergeron, la sœur de Geneviève
Bergeron (morte à 21 ans dans cette tragédie antiféministe), va dans le même
sens. Elle croit qu’il faut continuer à parler de ce qui s’est passé – même
après 30 ans, et peu importe la douleur – pour nommer les choses comme il se
doit.
«Ma sœur est décédée parce que c’était une
femme, alors qu’on s’était toujours fait dire que tout était possible.» Catherine
Bergeron
«Je voulais parler de ce déni, mais sans le
juger», ajoute la réalisatrice Judith Plamondon. Elle le fait en donnant la
parole aux personnes de tous azimuts, mais intimement liées par la tragédie,
pour passer du désaveu collectif à la résilience d’un peuple. «Je ne soupçonnais
pas à quel point ça avait été un événement douloureux pour la société en
général», avoue-t-elle.
C’est donc dans un esprit de réconciliation
qu’a été construit Polytechnique : ce
qu'il reste du 6 décembre. À la fois en revoyant les interprétations de la
tragédie et en tendant la main à des témoins de la tuerie, comme Stéphane
Chayer ou Jean-Pierre Lalonde. Tous deux étudiants à l'École polytechnique en
1989, présents dans cette classe où Marc Lépine a tiré à bout portant sur leurs
consœurs, ils représentent des voix encore peu entendues depuis la tragédie,
estime la réalisatrice.
«C’était important de donner la parole aux
hommes. Pour atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes, il faut travailler
ensemble.» Judith Plamondon
Après le déni, le devoir de mémoire
Le
documentaire s’amorce en mentionnant que «le 6 décembre 1989, le Québec est un
endroit où il fait bon vivre». En entrevue, la réalisatrice fait remarquer que
«1989» peut facilement être remplacé par « 2019 ». Parce que, selon elle, les
acquis du féminisme – ces droits qui semblaient pourtant être à portée de main
à l’aube des années 1990 – se sont envolés en un claquement de doigts lors de
la tuerie de Polytechnique. Et que les choses basculent quand on s'y attend le
moins.
«On vient de revivre des débats entourant
l’avortement cet été, aux États-Unis, mais aussi pendant la campagne fédérale.
On n’aurait pas cru ça. Mais on n’aurait pas cru ça, non plus, tout juste avant
Poly, avec Chantal Daigle et sa victoire pour l’avortement. Le message, au
fond, c’est qu’il faut demeurer vigilants.»
Figure importante de cette part d'histoire
du Québec, Nathalie Provost, survivante de Polytechnique, se fait d’ailleurs la
gardienne de cette prudence tout au long du film. «C’est fragile. Ça prend une
personne qui bascule. Il faut donc se le rappeler pour ne pas être obligés de
se rendre à l’hécatombe.»
POLYTECHNIQUE
Ce qu’il reste du 6 décembre
Diffusé sur
ICI Tou.tv (série Grands reportages).
Réalisatrice :
Judith Plamondon
Narratrice :
Karine Vanasse
Production : Nathalie
Brigitte Bustos, Entourage Télévision IV Inc.
Pays : Canada
Au
fil des ans, les roses blanches sont devenues les symboles des activités de
commémoration de la tragédie.
Entrevue avec Judith Plamondon :
Le vendredi 6
décembre marquera les 30 ans de la tuerie de Polytechnique, geste antiféministe
que la collectivité a mis beaucoup de temps à nommer ainsi, affirme Judith
Plamondon, réalisatrice du documentaire Polytechnique
: Ce qu’il reste du 6 décembre. La Presse l’a rencontrée.
Durant ses recherches pour le tournage d’un
documentaire sur Polytechnique, Judith Plamondon a constaté que la collectivité
avait longtemps qualifié la tragédie de «geste isolé» et Marc Lépine de «tireur
fou» au lieu d’évoquer un féminicide, un geste antiféministe et politique.
(1) Lettre de Marc Lépine. Cette lettre datée
du 6 décembre a été retrouvée dans l'une des poches de chemise de l'assassin. Son
message ne portait pas à équivoque.
Excusez les
fautes. J'avais 15 minutes pour l'écrire
Veillez noter
que si je me suicide aujourd'hui 89/12/06 ce n'est pas pour des raisons
économiques (car j'ai attendu d'avoir épuisé tout mes moyens financiers
refusant même de l'emploi) mais bien pour
des raisons politiques. Car j'ai décidé d'envoyer Ad Patres les féministes qui m'ont toujours gaché la
vie. Depuis 7 ans que la vie ne m'apporte plus de joie et étant totalement
blasé, j'ai décidé de mettre des bâtons dans les roues à ces viragos.
J'avais déjà essayés dans ma jeunesse de
m'engager dans les Forces comme élève-officier, ce qui m'aurais permit de
possiblement pénétrer dans l'arsenal et de procédé Lortie dans une rassia. Ils
m'ont refusé because associàl. J'ai donc attendu jusqu'a ce jour pour mettre à
exécution mes projets. Entre temps, j'ai continué mes études au grès du vent
car elles ne m'ont jamais intéressée sachant mon destin à l'avance. Ce qui ne
m'a pas empécher d'avoir de très bonnes notes malgré ma théorie de travaux non
remis ainsi que la carence d'étude avant les examens.
Même si l'épitète Tireur Fou va m'être
attribué dans les médias, je me considère comme un érudit rationnel que seul la
venu de la Faucheuse on amméné à posé des gestes extrèmistes. Car pourquoi
persévéré à exister si ce n'est que faire plaisir au gouvernement. Etant plûtot
passéiste (Exception la science) de nature, les féministes ont toujours eux le dont de me faire rager. Elles
veulent conserver les avantages des femmes (ex. assurances moins cher, congé de
maternité prolongé précédé d'un retrait préventif, etc.) tout en s'accaparant
de ceux des hommes.
Ainsi c'est une vérité de la palice que si
les Jeux olympiques enlevaient la distinction Homme/Femme, il n'y aurait de
Femmes que dans les compétitions gracieuses. Donc les féministes ne se battent
pas pour enlever cette barrière. Elles sont tellement opportunistes qu'elles ne
négligent pas de profiter des connaissances accumuler par les hommes au cours
de l'histoire. Elles essai toutefois de travestir celles-ci toute les fois
qu'elles le peuvent. Ainsi l'autre jour j'ai entendu qu'on honoraient les
canadiens et canadiennes qui ont combattus au front pendant les guerres
mondiales. Comment expliquer cela alors que les femmes n'étaient pas autorisés
à aller au front??? Va-t-on entendre parler des légionnaires et galériennes de
César qui naturellement occuperont 50% des effectifs de l'histoire malgré
qu'elles n'a jamais exister. Un vrai Casus Belli.
Désoler pour
cette trop compendieuse lettre.
Marc
La dernière
page de son document était une «liste rouge» de 19 noms de femmes suivie de ces
mots : «Ont toutes Failli disparaître
aujourd’hui. Le manque de temps (car je m’y suis mis trop tard) à permis que
ces féministes radicals survives. Alea Jacta Est.»
Toutes ces
femmes étaient reliées au monde politique, policier, syndical et des
communications.
Gamil
Rodrigue Liass Gharbi, alias Marc Lépine, était né d’une mère québécoise et
d’un père algérien. Il avait changé de nom à l’âge de 14 ans, pensant pouvoir
s’éviter d’être la cible de remarques racistes, et souhaitant également
s’affranchir d’un géniteur dangereux, qui le violentait depuis ses plus jeunes
années.
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