5 décembre 2019

Souvenons-nous du 6 décembre 1989, c’est essentiel

Ce que nous faisons à la nature et aux animaux, nous le faisons à nos semblables.

Comme disait mon bien-aimé Mark Twain (antiracisme, féministe, et militant pour les animaux avant l’heure) : «Les humains commettent des atrocités que les animaux ne font même pas, l’espèce humaine étant la plus haineuse qui ait jamais existé sur terre. Au cours de mes expériences, j’ai acquis la conviction que de tous les animaux, l’homme est le seul qui a recours aux insultes et aux injures, les rumine, attend qu’une occasion se présente, et se venge. L’indécence, la vulgarité et l’obscénité sont strictement spécifiques à l’homme; il les a inventées.» (Extrait de Letters from the Earth, Damned Human Race, 1909)

Photo : Mark Twain et John T. Lewis

Si Mark Twain vivait aujourd’hui, on peut imaginer sa consternation en voyant se métastaser les tendances sociales et politiques malignes dont il avait observé les développements initiaux. Que de cibles il trouverait : les hypocrites et menteurs richissimes de la Maison-Blanche et du Congrès, les avaricieux compulsifs de l'aristocratie corporative, les éditeurs patriotiques justifiant la réémergence du colonialisme et du racisme, les prédicateurs évangéliques millionnaires, les journalistes de Fox News et leur propagande mensongère, les experts corrompus de la «croissance économique», et tous les autres détrousseurs de la population «tous mûrs – dans les mots de Twain – pour un enclos chauffé en enfer». 

Caricature : Jonathan Schmock (satiriste politique américain)

Le lien suivant inclut la satire de Mark Twain sur la nature humaine où il fait la démonstration que les animaux sont supérieurs aux humains. On peut en rire, mais son côté «téléréalité» laisse pantois :

Depuis 30 ans, on a cherché à comprendre, expliquer, rationnaliser et psychanalyser de toutes les façons possibles la tuerie perpétrée par Marc Lépine. En réalité, l’unique motif de ce crime était la haine. Le gène de Caïn ne disparaîtra qu’avec l’extinction de l’espèce humaine. Lépine aurait pu assouvir sa rage contre n’importe quel groupe – les musulmans, les homosexuels, les anglophones, etc. – les choix ne manquent pas. Mais il a choisi les femmes, en particulier les féministes (1).
   La domination masculine sur les femmes s'est imposée dans toutes les grandes traditions historiques. Quand on étudie la misogynie qui suinte dans les textes religieux, on constate que pendant les millénaires qui nous ont menés jusqu’au 21e siècle, tous les prétextes furent bons pour soumettre la femme à la volonté de l’homme. La «culture du viol» est en lien direct avec les cultures religieuses, superstitieuses et politiques transmises de génération en génération. Monothéismes comme polythéismes n’ont jamais accepté que les femmes occupent un rang égal aux mâles dans leurs sociétés. Les accuser sournoisement des perversions masculines fut le meilleur rempart contre l’aspiration à leurs droits légitimes.
   Nos démocraties ont encore du chemin à faire car à l’heure actuelle, on remarque une propagande masculiniste haineuse qui se répand comme la gangrène. Nous ne pouvons pas sous-estimer leur influence néfaste. Diable, de quoi ont-ils peur? Au Canada des politiciennes de toutes tendances sont de plus en plus victimes de menaces, d’attaques personnelles et de commentaires misogynes sur les plateformes en ligne, en particulier Twitter. Plusieurs en reçoivent aussi par la poste ou se font même apostropher en public, comme l’a été Mme McKenna à la sortie d’un cinéma en compagnie de ses enfants. La police a même cru nécessaire de renforcer pendant un temps la sécurité autour d’elle. En Grande-Bretagne, plus d’une quinzaine de députées ont décidé de ne pas se représenter aux élections du 12 décembre prochain. Plusieurs ont invoqué l’anxiété que leur causent les menaces et la violence en ligne : insultes, harcèlement, commentaires sexistes, voire menaces de mort. La politique reste un milieu essentiellement dominé par les hommes. Certes, les femmes sont davantage présentes dans les parlements, assemblées élues, organes gouvernementaux et partis politiques, mais tandis qu’elles avancent et défient les normes de genre qui les ont historiquement exclues de la politique, elles sont confrontées à des actes d'hostilité et de violence au sein même de ces institutions.

«La société est toujours plus dure envers les femmes que les hommes – encore plus celles racisées. Il n’y a pas d’exception sur Internet, quelle que soit la plateforme», déclare Mélanie Millette, de l’Institut de recherches et d’études féministes à l’UQAM et professeure au Département de communication sociale et publique. «Les critiques visant les femmes sont plus violentes, s’attaquant à leur personnalité et leur physique. Une politicienne qui fait une annonce se fera traiter sur les médias sociaux de grosse, de moche, de stupide ou d’hystérique. Un homme qui fait la même annonce se fera juger sur les mots utilisés ou sur le sujet de son annonce. C’est inquiétant parce que ces femmes ont un rôle important pour la démocratie, soit parce qu’elles représentent le peuple ou bien parce qu’elles sont les chiens de garde de la démocratie.» (Le Devoir, 18 décembre 2018)

C’est pourquoi, il importe d’en parler et de dénoncer sans relâche, car rien n’est jamais acquis – l’histoire ne se répète pas, elle continue...

Photo : Bernard Brault / Archives La Presse

Commémoration du 6 décembre 2019 : Faisceaux lumineux sur le Mont-Royal par le Comité Mémoire et Polytechnique Montréal

Le 6 décembre 2019 | Belvédère Kondiaronk, Parc du Mont-Royal, à Montréal
À 17 h 10, heure où les premiers coups de feu ont été tirés, 14 faisceaux illumineront le ciel au-dessus du Mont-Royal (création de Moment Factory). Les faisceaux seront allumés un à la fois, à quelques secondes d’intervalle, à l’appel du nom des 14 victimes.
   Après une minute de silence, un chœur composé de 150 personnes interprétera deux pièces de musique pour clore la cérémonie.
   Pour ce 30e anniversaire, 14 universités d’ingénierie de Vancouver à Halifax allumeront également chacune un faisceau pour cet hommage.

Très touchant ce documentaire. De la tristesse, oui, mais aucune amertume.

Polytechnique : un documentaire pour passer du déni collectif à la réconciliation

Angie Landry
ICI Radio-Canada. 3 décembre 2019

Il y a 30 ans, 14 jeunes femmes tombaient sous les balles de Marc Lépine. Le 6 décembre 1989, ce sont aussi des batailles gagnées et l’idée d’une paix sociale qui ont basculé. S’il a fallu près d’un quart de siècle pour parler haut et fort de l’événement comme d’un féminicide, c’est qu’il fallait collectivement sortir du déni, dit la documentariste Judith Plamondon, qui présente Polytechnique : ce qu'il reste du 6 décembre.
   «On dit que la tuerie de Polytechnique, c’est comme le 11 septembre 2001. Chacune se souvient où elle était au moment du cataclysme», raconte la comédienne Karine Vanasse, qui assure la narration de ce documentaire dirigé par Judith Plamondon.
    Ce sont des images de gens patinant candidement sur une glace extérieure qui ouvrent le film de la réalisatrice de 31 ans. Un peu comme si on voulait montrer le paisible «avant» pour être capable de parler de l’indicible «après».
   Polytechnique – le drame, pas le film sorti en 2009 –, Judith Plamondon n'en avait entendu parler que partiellement, au fil des années ou des commémorations seulement. En fait, lors des événements du 6 décembre 1989, elle avait tout juste 1 an. «Je savais que 14 femmes étaient mortes cette journée-là et que le tueur était Marc Lépine, mais je n’en savais pas plus.»
   C’est un désir de comprendre davantage les tenants et les aboutissants de l'attentat qui l’a poussée, pour ce film, à rassembler différentes personnes touchées par l’événement : des survivantes, des étudiants témoins, un professeur, un policier et des journalistes.
   Francine Pelletier et Monique Simard, toutes deux visées par l’auteur de la tuerie dans sa lettre de suicide, ont d’ailleurs accepté de témoigner.

Parce qu’elles étaient des femmes

Judith Plamondon l’avoue d’emblée : pour ce documentaire, elle voulait éviter de tomber dans le venin d’un débat d’idées autour de la question féministe ou de rendre trop larmoyants les témoignages bouleversants des intervenants. Mais elle soutient fermement l’importance – voire la nécessité – qu'elle ressentait de revenir sur cette lente prise de conscience par rapport à la dénomination des crimes perpétrés par Marc Lépine.
   Entre autres, Monique Simard, vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) en 1989, appuie cette notion pendant le film. «L’interprétation publique du geste m’a heurtée personnellement, parce que dans les médias, [dans] les voix officielles de la société, on ne voulait pas dire que c’était contre les femmes.»
   Catherine Bergeron, la sœur de Geneviève Bergeron (morte à 21 ans dans cette tragédie antiféministe), va dans le même sens. Elle croit qu’il faut continuer à parler de ce qui s’est passé – même après 30 ans, et peu importe la douleur – pour nommer les choses comme il se doit.
   «Ma sœur est décédée parce que c’était une femme, alors qu’on s’était toujours fait dire que tout était possible.» Catherine Bergeron
   «Je voulais parler de ce déni, mais sans le juger», ajoute la réalisatrice Judith Plamondon. Elle le fait en donnant la parole aux personnes de tous azimuts, mais intimement liées par la tragédie, pour passer du désaveu collectif à la résilience d’un peuple. «Je ne soupçonnais pas à quel point ça avait été un événement douloureux pour la société en général», avoue-t-elle.
   C’est donc dans un esprit de réconciliation qu’a été construit Polytechnique : ce qu'il reste du 6 décembre. À la fois en revoyant les interprétations de la tragédie et en tendant la main à des témoins de la tuerie, comme Stéphane Chayer ou Jean-Pierre Lalonde. Tous deux étudiants à l'École polytechnique en 1989, présents dans cette classe où Marc Lépine a tiré à bout portant sur leurs consœurs, ils représentent des voix encore peu entendues depuis la tragédie, estime la réalisatrice.
   «C’était important de donner la parole aux hommes. Pour atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes, il faut travailler ensemble.» Judith Plamondon

Après le déni, le devoir de mémoire

Le documentaire s’amorce en mentionnant que «le 6 décembre 1989, le Québec est un endroit où il fait bon vivre». En entrevue, la réalisatrice fait remarquer que «1989» peut facilement être remplacé par « 2019 ». Parce que, selon elle, les acquis du féminisme – ces droits qui semblaient pourtant être à portée de main à l’aube des années 1990 – se sont envolés en un claquement de doigts lors de la tuerie de Polytechnique. Et que les choses basculent quand on s'y attend le moins.
   «On vient de revivre des débats entourant l’avortement cet été, aux États-Unis, mais aussi pendant la campagne fédérale. On n’aurait pas cru ça. Mais on n’aurait pas cru ça, non plus, tout juste avant Poly, avec Chantal Daigle et sa victoire pour l’avortement. Le message, au fond, c’est qu’il faut demeurer vigilants.»
   Figure importante de cette part d'histoire du Québec, Nathalie Provost, survivante de Polytechnique, se fait d’ailleurs la gardienne de cette prudence tout au long du film. «C’est fragile. Ça prend une personne qui bascule. Il faut donc se le rappeler pour ne pas être obligés de se rendre à l’hécatombe.»


POLYTECHNIQUE
Ce qu’il reste du 6 décembre
Diffusé sur ICI Tou.tv (série Grands reportages).
Réalisatrice : Judith Plamondon
Narratrice : Karine Vanasse
Production : Nathalie Brigitte Bustos, Entourage Télévision IV Inc.
Pays : Canada


Au fil des ans, les roses blanches sont devenues les symboles des activités de commémoration de la tragédie.

Entrevue avec Judith Plamondon :

Le vendredi 6 décembre marquera les 30 ans de la tuerie de Polytechnique, geste antiféministe que la collectivité a mis beaucoup de temps à nommer ainsi, affirme Judith Plamondon, réalisatrice du documentaire Polytechnique : Ce qu’il reste du 6 décembre. La Presse l’a rencontrée.
   Durant ses recherches pour le tournage d’un documentaire sur Polytechnique, Judith Plamondon a constaté que la collectivité avait longtemps qualifié la tragédie de «geste isolé» et Marc Lépine de «tireur fou» au lieu d’évoquer un féminicide, un geste antiféministe et politique.



(1) Lettre de Marc Lépine. Cette lettre datée du 6 décembre a été retrouvée dans l'une des poches de chemise de l'assassin. Son message ne portait pas à équivoque.

Excusez les fautes. J'avais 15 minutes pour l'écrire

Veillez noter que si je me suicide aujourd'hui 89/12/06 ce n'est pas pour des raisons économiques (car j'ai attendu d'avoir épuisé tout mes moyens financiers refusant même de l'emploi) mais bien pour des raisons politiques. Car j'ai décidé d'envoyer Ad Patres les féministes qui m'ont toujours gaché la vie. Depuis 7 ans que la vie ne m'apporte plus de joie et étant totalement blasé, j'ai décidé de mettre des bâtons dans les roues à ces viragos.
   J'avais déjà essayés dans ma jeunesse de m'engager dans les Forces comme élève-officier, ce qui m'aurais permit de possiblement pénétrer dans l'arsenal et de procédé Lortie dans une rassia. Ils m'ont refusé because associàl. J'ai donc attendu jusqu'a ce jour pour mettre à exécution mes projets. Entre temps, j'ai continué mes études au grès du vent car elles ne m'ont jamais intéressée sachant mon destin à l'avance. Ce qui ne m'a pas empécher d'avoir de très bonnes notes malgré ma théorie de travaux non remis ainsi que la carence d'étude avant les examens.
   Même si l'épitète Tireur Fou va m'être attribué dans les médias, je me considère comme un érudit rationnel que seul la venu de la Faucheuse on amméné à posé des gestes extrèmistes. Car pourquoi persévéré à exister si ce n'est que faire plaisir au gouvernement. Etant plûtot passéiste (Exception la science) de nature, les féministes ont toujours eux le dont de me faire rager. Elles veulent conserver les avantages des femmes (ex. assurances moins cher, congé de maternité prolongé précédé d'un retrait préventif, etc.) tout en s'accaparant de ceux des hommes.
   Ainsi c'est une vérité de la palice que si les Jeux olympiques enlevaient la distinction Homme/Femme, il n'y aurait de Femmes que dans les compétitions gracieuses. Donc les féministes ne se battent pas pour enlever cette barrière. Elles sont tellement opportunistes qu'elles ne négligent pas de profiter des connaissances accumuler par les hommes au cours de l'histoire. Elles essai toutefois de travestir celles-ci toute les fois qu'elles le peuvent. Ainsi l'autre jour j'ai entendu qu'on honoraient les canadiens et canadiennes qui ont combattus au front pendant les guerres mondiales. Comment expliquer cela alors que les femmes n'étaient pas autorisés à aller au front??? Va-t-on entendre parler des légionnaires et galériennes de César qui naturellement occuperont 50% des effectifs de l'histoire malgré qu'elles n'a jamais exister. Un vrai Casus Belli.

Désoler pour cette trop compendieuse lettre.

Marc

La dernière page de son document était une «liste rouge» de 19 noms de femmes suivie de ces mots : «Ont toutes Failli disparaître aujourd’hui. Le manque de temps (car je m’y suis mis trop tard) à permis que ces féministes radicals survives. Alea Jacta Est.»
Toutes ces femmes étaient reliées au monde politique, policier, syndical et des communications.

Gamil Rodrigue Liass Gharbi, alias Marc Lépine, était né d’une mère québécoise et d’un père algérien. Il avait changé de nom à l’âge de 14 ans, pensant pouvoir s’éviter d’être la cible de remarques racistes, et souhaitant également s’affranchir d’un géniteur dangereux, qui le violentait depuis ses plus jeunes années.

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