10 décembre 2019

«Le mot peut lui aussi être un bâillon.» ~ Stach

«À force de réfléchir on s'abîme dans le piège des vitres. À force de penser vivre ou de se penser vécu, on ne termine pas ses phrases. La perte de la parole est l'implacable rançon de l'entrée en langue. La bulle crève et le souffleur se creuse. Turbulences derrière le bâillon. L'orgueil et le vide s'enlacent, bouillonnent de concert.» (Nourrir querelle, Éd. Obsidiane)

Traite d'enfants (photographe inconnu) 

«C'est seulement dans le regard que nous posons sur le monde qu'est la lumière. Ce n'est peut-être pas de là qu'elle procède physiquement, mais c'est bien là qu'elle tremble ou non. [...] Si le regard est vif, tout peut être lumière.» (Pour personne, Éd. L’Atelier contemporain)

«Tant mieux si je suis perdu. Rien ne sert de s'y retrouver. Comme rien ne sert d'arriver. Ça dessert au contraire. Une fois arrivé on a l'air de quoi. [...] Non, rien ne sert d'arriver. Ni même de partir à point. [...] Non que l'inutile soit beau comme on l'a dit en d'esthètes époques. Mais il est lumineux – autant dire presque vrai. Alors inutilement, mais par l'exercice d'une volonté qui est elle-même le produit d'une joie de l'inutile, aller. Rien ne sert au récit, rien ne sert à la vie d'arriver.» (Pour personne)

~ Cédric Demangeot

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XII
Tu n’as pas aujourd’hui de pouvoir sur demain;
L’anxiété du lendemain est inutile.
Si ton cœur n’est pas insensé, ne te soucie
même pas du présent;
Sais-tu ce que vaudront les jours qu’il te reste à vivre?

~ Omar Khâyyam, poète persan 1048-1131 (Quatrains, Éd. Mille et une nuits)  

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Il voudrait être
la page nue,
la marge blanche,
l'espace entre les lettres,
le repos du lecteur.
Il voudrait être
des millions de lettres qui se pressent,
des phrases rythmées,
des tourbillons d'histoires enchevêtrés,
le rêve du lecteur.  

~ Rolande Causse (Mots perdus mots retrouvés, Actes Sud Junior)

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Lumière
qui déverrouille les portes du non-dit
qui se lave dans l'eau des fontaines
où vient boire la mémoire
qui grimpe l'échelle du temps
dont elle cueille les fruits
Lumière
invitant les merles
sur l'arbre de la haute vie
maquillant ses nids
pour le passage du possible
[...]
Elle accroche des soleils
aux cimaises du hasard

(Démesurément la lumière, Éd. L'arbre à paroles)  

Changer le monde, j’y passe un de ces temps.
Fermer les centrales, donner plus d’ailes au vent,
parler à une étoile, qu’elle reste au levant,
protester dans la rue, rire partout ailleurs,
changer le monde avant
que se comptent les heures, que je devienne grand.
En fait, ça m’arrangerait
que vous changiez le monde avec moi.

(D’îles en ailes, Éd. Couleur livres)

~ Anne-Marielle Wilwerth

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