Mike
Brooks, psychologue
Psychology
Today | 28 février 2019
Photo :
BBC
À
mesure que nous approcherons du printemps et que la température se réchauffera,
vous verrez probablement des papillons de nuit et d'autres insectes sur votre
porche ou près de votre feu de camp. Ils semblent flotter inutilement autour de
ces lumières pendant des heures et des heures. Ils meurent souvent à cause de
la chaleur de ces lumières ou d'épuisement. Ils gaspillent leur courte vie à voleter
autour de ces lumières.... pourquoi ? Quel est le but de ce comportement? Tout
cela semble plutôt inutile, n'est-ce pas?
L'autre
soir, tandis que je regardais des papillons de nuit et des éphémères sur mon
porche, j'ai commencé à penser que nous étions un peu comme des papillons
attirés par la flamme (ou la lumière du porche) avec les médias sociaux. Bien
que nous soyons certainement beaucoup plus évolués que les papillons de nuit et
les éphémères, il existe des parallèles intéressants qui méritent d'être
explorés.
Comme
plusieurs, je me demandais pourquoi les papillons de nuit sont irrésistiblement
attirés par les flammes et les sources de lumière artificielle. Alors, bien
sûr, je l'ai googlé! Considérant que Live
Science est une source de bonne réputation, j'ai vérifié ce qu'on avait à
dire sur le sujet. Bref, on ne sait toujours pas pourquoi les papillons de nuit
et d’autres insectes sont attirés par les sources de lumière. Une des hypothèses
est que de nombreux insectes utilisent le clair de lune et d'autres sources de
lumière céleste pour s’orienter. Les lumières brillantes des feux de camp, les
lampadaires et les lumières de porche les confondent. Ce qui est assez clair,
c'est que ces sources de lumière artificielle détournent beaucoup d'insectes
«de leur trajectoire». Ils ont besoin des sources de lumière réelles, celles
que la nature leur fournit, mais ne peuvent s'empêcher d'être attirés par les
sources de lumière artificielles. Ainsi, même si ces lumières artificielles
entraînent des pertes de temps, des souffrances et même leur disparition, elles
ne semblent tout simplement pas pouvoir s'éloigner de ces lumières
artificielles et se réorienter vers les sources de lumière naturelles.
La
cause profonde de l'attraction destructrice des papillons de nuit et d'autres
insectes pour les sources de lumière artificielle est un exemple d'inadéquation
évolutionnaire. Bien que nous ne sachions pas avec certitude pourquoi les
insectes sont attirés par les sources de lumière, nous savons qu'elle doit
servir à une certaine évolution. Cependant, les technologies ont évolué
rapidement et elles devancent largement l'évolution biologique. Notre
environnement a changé si rapidement que les adaptations biologiques qui ont
mis des millions d'années à évoluer sont inadaptées dans notre nouveau monde,
plus technologique. Les animaux ne peuvent tout simplement pas s'adapter assez
rapidement à ces changements. Les papillons de nuit et autres insectes qui sont
«câblés» pour être attirés par les sources de lumière naturelle se retrouvent à
courir après des sources de lumière artificielle, même si cela signifie leur
mort.
Nous
pouvons également considérer les sources de lumière artificielle comme des
stimuli supranormaux [tendance évolutive à l'exagération provenant d'un biais
sensoriel; ces traits qui attisent les réactions comportementales comme des
stimuli supranormaux sont dits hypertéliques]. Ainsi, les organismes qui sont
câblés pour être attirés par certains stimuli choisiront souvent des versions amplifiées
de ces stimuli plutôt que leurs équivalents naturels. Par exemple, les humains
sont naturellement attirés par le sel, le sucre et le gras parce que, d'un
point de vue évolutif, elles étaient de bonnes sources d'énergie. Mais nous
avons évolué dans un monde où ces sources naturelles de nourriture étaient
relativement rares. Il était difficile d'en abuser et, même quand nous le
pouvions, cela ne durait pas longtemps (par exemple, les pommes n'étaient plus
de saison).
Nous
avons maintenant une exubérance d'aliments salés, sucrés et gras sous forme de
frites, de biscuits, de chips, de pizza, de sodas et de poulet frit.
Habituellement, ces aliments raffinés et transformés sont bon marché, faciles à
acheter et disponibles en tout temps. L'attrait pour les stimuli supranormaux
explique en partie pourquoi nous choisissons des aliments malsains et
transformés plutôt que les fruits et légumes crus. Cette préférence contribue à
l'épidémie d'obésité en Amérique. On pourrait penser que nous serions attirés
par des aliments sains plutôt que par des aliments malsains parce que manger sainement
nous aide à prospérer. Le pouvoir des stimuli supranormaux explique pourquoi
nous continuons de choisir les chips au lieu des légumes crus.
Avez-vous
déjà vu un concours de malbouffe? Par exemple, un gagnant aura englouti 120
Twinkies en six minutes! Vraiment malade. Et ces gens-là ont le droit de voter... (Photo via Sympatico)
L'attrait pour les médias sociaux
Les
humains sont des créatures sociales. Nous n'avons jamais vécu dans l'isolement.
Historiquement, nous vivions dans de petites tribus nomades composées d'environ
100-150 personnes. Les liens sociaux solides étaient essentiels à notre survie.
Ils le sont toujours. En effet, des études ont révélé que les liens sociaux solides
contribuent à notre bonheur, à notre santé et à notre longévité.
Ainsi,
sommes-nous naturellement attirés à nous connecter les uns aux autres. À ce point
de vue, l'attrait pour les médias sociaux est facile à comprendre. Pourtant, se
connecter à travers les écrans et les médias sociaux est très différent de ce
que faisaient nos ancêtres su cours de leur évolution. Historiquement, toutes
nos relations sociales se déroulaient en personne. Sur l’échelle évolutive,
même le langage écrit est un développement relativement récent. Les médias
sociaux représentent une version amplifiée, une flamme, si vous voulez,
comparée à la «lumière» naturelle de nos relations en personne. Ainsi, tout
comme nous sommes attirés à manger des aliments malsains, nous sommes attirés à
interagir les uns avec les autres à travers les médias sociaux.
C'est
une comparaison un peu injuste parce que la malbouffe est toujours malsaine.
Contrairement à la malbouffe, les médias sociaux ne sont pas toujours malsains.
En fait, lorsqu'ils sont utilisés de façon stratégique et consciente, ils peuvent
enrichir nos relations. Cependant, il est prouvé que plus nous les utilisons,
moins nous nous sentons heureux.
Lorsqu'il s'agit de communiquer avec les autres, la vraie relation (le
thème sous-jacent), ce sont nos relations sociales en personne.
Quelle leçon en tirer?
Nous
ne pouvons pas laisser la «lumière artificielle» des médias sociaux éclipser la
vraie lumière de nos relations en personne. Dans la mesure où nous utilisons
les médias sociaux pour améliorer nos relations sociales en personne, nous
avons une longueur d'avance en matière de santé et de bonheur. Mais, comme le
papillon de nuit qui flotte inutilement autour de la lumière du porche, nous
gaspillons nos vies sur les médias sociaux si nous confondons cela avec la
vraie lumière de nos connexions sociales en personne.
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