18 mars 2019

Les forêts : des sanctuaires, pas des réserves à papier-cul

Nos forêts sont précieuses, et celles-ci ne devraient finir en papier de toilette doux et luxueux pour torcher le cul nos voisins américains. Depuis 1996, 28 % de notre forêt boréale, l’équivalent de l’état de la Pennsylvanie, a été rasé à cet effet. Dégueulasse.
   «L’amour des Américains pour le papier de toilette de luxe tue la forêt canadienne. Deux organisations américaines ont publié un rapport conjoint qui illustre à quel point la forêt boréale canadienne est affectée par l’amour inconditionnel des Américains pour le papier de toilette plus doux. En fait, le rapport du Natural Resources Defense Council et de StandEarth explique que l’impact de cette habitude sur la forêt boréale canadienne «est dramatique et irréversible», contribuant en même temps au réchauffement du climat, résume le Guardian.
   L’ingrédient clé, la pulpe vierge, représente 23 % des exportations de produits forestiers canadiens. Les Américains sont particulièrement à blâmer. Ils représentent 4 % de la population mondiale, mais ils consomment 20 % de la production de papier de toilette.»

Parmi les pires grandes compagnies : Charmin Ultra Soft, Kirkland Signature et Angel Soft.  

https://www.theguardian.com/world/2019/mar/01/canada-boreal-forest-toilet-paper-us-climate-change-impact-report


«Voulons-nous vraiment transmettre aux générations à venir le désastre d’un «progrès» dicté par un égoïsme insoutenable aux dépens des autres règnes et de la planète tout entière? Du haut des échelles de notre vision perverse actuelle du progrès, il serait sage de bien peser notre prochain pas en avant.» (Daniel Laguitton, été 2018)

Le koala : un vrai ‘tree hugger’ selon les scientifiques.


Ce que j’ai appris des arbres
Hermann Hesse

«Rien de plus sacré, rien de plus exemplaire qu’un arbre beau et vigoureux. Quand on abat un arbre et que sa plaie mortelle s’ouvre béante au soleil, on peut lire toute son histoire sur le disque lumineux de son fût : dans les cercles qu’y ont gravés les saisons sont fidèlement inscrits ses combats, ses blessures, ses peines, ses maladies, ses bonheurs et sa plénitude, ses années maigres et ses années grasses, les attaques qu’il a refoulées et les tempêtes qu’il a essuyées. Tout enfant des campagnes sait que le bois le plus dur et le plus noble cache sous son écorce les cercles de croissance annuelle les plus serrés, que c’est dans les montagnes et dans le péril perpétuel que croissent les arbres les plus indestructibles, les plus robustes et les plus exemplaires. [...]


Les arbres sont des sanctuaires. Celui qui sait leur parler et les écouter accédera à la vérité. Ils ne prêchent ni doctrines ni préceptes mais, indifférents aux circonstances individuelles, ils prêchent la loi antique de la vie. [...]  

Les arbres bruissent donc le soir quand le doute qu’engendrent nos pensées puériles nous étreint. Les arbres ont des pensées longues, des pensées au souffle lent et reposantes, tout comme ils ont des vies plus longues que les nôtres. Ils sont plus sages que nous tant que nous n’avons pas appris à les écouter. Mais dès que nous avons appris à écouter les arbres, la brièveté, la rapidité et la précipitation enfantine de nos pensées fait jaillir en nous une joie incomparable. Quiconque sait écouter les arbres n’a plus envie d’être un arbre. Il ne veut pas être autre chose que ce qu’il est. C’est cela, être chez soi. C’est cela, le bonheur.»

Texte original en allemand : Hermann Hesse, Bäume, une compilation de Volker Michels, Insel-Bücherei No 1393
Traduction : Daniel Laguitton, Sutton, QC

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