9 juin 2018

Manifs, polices, «dîners de têtes»

Justin Trudeau aurait dû organiser la rencontre du G7 à Fort McMurray (Alberta). L’endroit est idéal pour causer environnement. Tout autour, il a de belles grandes piscines. Bon, l’eau est brunâtre et pue, mais un peu de solvant aurait réglé l’affaire.


Manifs et polices au Sommet

Dans la Déclaration du G7 de 2018 sur la non-prolifération et le désarmement, on déclare que les États membres sont déterminés à mettre en place les conditions propices à un monde plus sécuritaire, plus stable et plus sûr.

Le secret? Plus de policiers armés que de manifestants : de 8000 à 9000 policiers ont été déployés entre La Malbaie et Québec pour le G7.

Photo : Radio-Canada/Daniel Coulombe. Les manifestations se déroulent sous forte présence policière.

Quatre policiers pour arrêter une femme... égalité des genres.   

Photo : Radio-Canada / Maxime Corneau. Une dame arrêtée dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, centre-ville de Québec.

En passant : on apprend que le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) souhaite accroître le nombre d'armes à impulsion électrique (AIE), communément appelées pistolets Taser, pour ses patrouilleurs. On prétend que ça peut sauver des vies; néanmoins si le policier vise mal, ça peut tuer...

La rencontre de deux jours à La Malbaie, dans Charlevoix, se déroule à environ 120 kilomètres des manifestations dans la ville de Québec. Jusqu’à présent, trois personnes ont été arrêtées jeudi et sept vendredi. (La Presse canadienne)

La Presse | 9 juin 2018, 07h08 
Gabriel Béland | http://www.lapresse.ca/actualites/

(LA MALBAIE) Le gouvernement a déployé des milliers de policiers à La Malbaie, érigé une clôture de deux kilomètres et construit un centre de détention en prévision d'éventuels débordements. Mais hier (jeudi), dans la petite ville au bord du fleuve, une quinzaine de manifestants seulement ont osé se montrer le bout du nez.

Photo : Robert Skinner, La Presse. Le manifestant Guillaume Lespérance, venu dénoncer une dépense de fonds publics «scandaleuse».  

La «zone de libre expression», ce stationnement ceinturé de 70 clôtures, legs de la Formule E, transportées expressément de Montréal, était vide vers 15 h (vendredi). Vide, à part un manifestant, Guillaume Lespérance, qui brandissait sa pancarte.
   «La zone n'est pas invitante, elle est traumatisante. Tu viens ici, on dirait que tu étouffes», a déploré l’enseignant de 30 ans qui habite La Malbaie. Il est venu à vélo, a traversé le barrage de police pour se rendre à la zone et il a eu la mauvaise surprise de la trouver pratiquement vide. «On est loin de 2012... Je me doutais qu'on ne serait pas beaucoup, mais je ne pensais pas être seul.»

Oxfam presse les pays du G7 à protéger l’environnement

Charles D'Amboise (ICI Radio-Canada info, le 9 juin à 10 h 12)

Photo : Radio-Canada / Camille Simard. Une mise en scène médiatique avec les sept leaders du G7.

La scène a de quoi faire sourire : sept mascottes des leaders du G7 qui arborent des chemises à carreaux et s'adonnent à une joyeuse partie de pêche. Cette mise en scène médiatique, signée par Oxfam-Québec, vise à rappeler aux dirigeants du G7 l'importance de s'attaquer à la crise climatique.
   Dans cette scène comique, présentée samedi matin au parc de la Francophonie, on pouvait voir les dirigeants du G7 «qui font du camping et on voit derrière eux la Terre qui est en train de prendre feu», décrit la directrice générale de l’organisme, Denise Byrnes.
   «On voit aussi qu’il y a un membre du G7 qui met du bois sur le feu pour l’augmenter alors, on voit que c’est urgent, le climat», poursuit-elle, en faisant référence à Donald Trump.
   L’organisme de charité, qui mène des opérations humanitaires à travers le monde, soutient que les changements climatiques touchent directement les populations plus vulnérables. «Nous, on voit un impact sur les gens pauvres. On est sur le front sur les pays du Sud. On voit que les femmes sont durement touchées par ça, parce qu’elles doivent aller plus loin pour chercher l’eau, parfois jusqu’à 10 kilomètres. Des fois, avec la sécheresse à répétition, il n’y a pas assez à manger pour leurs enfants et leurs familles.»
   «On veut leur rappeler qu’ils ont une responsabilité face à l'environnement. Qu’ils ont un pouvoir de décision et d’influence.» ~ Denise Byrnes

Une dépense de fonds publics totalement injustifiable. Ça me rappelle la «description d’un dîner de têtes» de Jacques Prévert, dont voici un extrait.

Tentative de description d'un dîner de têtes à Paris-France

Jacques Prévert

Ceux qui pieusement...
Ceux qui copieusement...
Ceux qui tricolorent
Ceux qui inaugurent
Ceux qui croient
Ceux qui croient croire
Ceux qui croa-croa
Ceux qui ont des plumes
Ceux qui grignotent
Ceux qui andromaquent
Ceux qui dreadnoughtent
Ceux qui majusculent
Ceux qui chantent en mesure
Ceux qui brossent à reluire
Ceux qui ont du ventre
Ceux qui baissent les yeux
Ceux qui savent découper le poulet
Ceux qui sont chauves à l'intérieur de la tête
Ceux qui bénissent les meutes
Ceux qui font les honneurs du pied
Ceux qui debout les morts
Ceux qui baïonnette... on
Ceux qui donnent des canons aux enfants
Ceux qui donnent des enfants aux canons
Ceux qui flottent et ne sombrent pas
Ceux qui ne prennent pas Le Pirée pour un homme
Ceux que leurs ailes de géant empêchent de voler
Ceux qui plantent en rêve des tessons de bouteille sur la grande muraille de Chine
Ceux qui mettent un loup sur leur visage quand ils mangent du mouton
Ceux qui volent des oeufs et qui n'osent pas les faire cuire
Ceux qui ont quatre mille huit cent dix mètres de Mont-Blanc, trois cents de Tour Eiffel, vingt-cinq de tour de poitrine et qui en sont fiers
Ceux qui mamellent de la France
Ceux qui courent, volent et nous vengent, tous ceux-là, et beaucoup d'autres, entraient fièrement à l'Élysée en faisant craquer les graviers, tous ceux-là se bousculaient, se dépêchaient, car il y avait un grand dîner de têtes et chacun s'était fait celle qu'il voulait.

L'un une tête de pipe en terre, l'autre une tête d'amiral anglais; il y en avait avec des têtes de boule puante, des têtes de Galliffet, des têtes d'animaux malades de la tête, des têtes d'Auguste Comte, des têtes de Rouget de Lisle, des têtes de sainte Thérèse, des têtes de fromage de tête, des têtes de pied, des têtes de monseigneur et des têtes de crèmier.

[...]

Et puis ils parlent de leurs petites affaires, de leurs enfants, de leurs bronches; le jour se lève, on tire les rideaux chez le Président.

Dehors, c'est le printemps, les animaux, les fleurs, dans les bois de Clamart on entend les clameurs des enfants qui se marrent, c'est le printemps, l'aiguille s'affole dans sa boussole, le binocard entre au bocard et la grande dolichocéphale sur son sofa s'affale et fait la folle.

Il fait chaud. Amoureuses, les allumettes-tisons se vautrent sur leur trottoir, c'est le printemps, l'acné des collégiens, et voilà la fille du sultan et le dompteur de mandragores, voilà les pélicans, les fleurs sur les balcons, voilà les arrosoirs, c'est la belle saison.

Le soleil brille pour tout le monde, il ne brille pas dans les prisons, il ne brille pas pour ceux qui travaillent dans la mine,
ceux qui écaillent le poisson
ceux qui mangent de la mauvaise viande
ceux qui fabriquent des épingles à cheveux
ceux qui soufflent vides les bouteilles que d'autres boiront pleines
ceux qui coupent le pain avec leur couteau
ceux qui passent leurs vacances dans les usines
ceux qui ne savent pas ce qu'il faut dire
ceux qui traient les vaches et ne boivent pas le lait
ceux qu'on n'endort pas chez le dentiste
ceux qui crachent leurs poumons dans le métro
ceux qui fabriquent dans les caves les stylos avec lesquels d'autres écriront en plein air que tout va pour le mieux
ceux qui en ont trop à dire pour pouvoir le dire
ceux qui ont du travail
ceux qui n'en ont pas
ceux qui en cherchent
ceux qui n'en cherchent pas
ceux qui donnent à boire aux chevaux
ceux qui regardent leur chien mourir
ceux qui ont le pain quotidien relativement hebdomadaire
ceux qui l'hiver se chauffent dans les églises
ceux que le suisse envoie se chauffer dehors
ceux qui croupissent
ceux qui voudraient manger pour vivre
ceux qui voyagent sous les roues
ceux qui regardent la Seine couler
ceux qu'on engage, qu'on remercie, qu'on augmente, qu'on diminue, qu'on manipule, 
qu'on fouille qu'on assomme
ceux dont on prend les empreintes
ceux qu'on fait sortir des rangs au hasard et qu'on fusille
ceux qu'on fait défiler devant l'Arc
ceux qui ne savent pas se tenir dans le monde entier
ceux qui n'ont jamais vu la mer
ceux qui sentent le lin parce qu'ils travaillent le lin
ceux qui n'ont pas l'eau courante
ceux qui sont voués au bleu horizon
ceux qui jettent le sel sur la neige moyennant un salaire absolument dérisoire
ceux qui vieillissent plus vite que les autres
ceux qui ne se sont pas baissés pour ramasser l'épingle
ceux qui crèvent d'ennui le dimanche après-midi parce qu'ils voient venir le lundi
et le mardi, et le mercredi, et le jeudi, et le vendredi
et le samedi
et le dimanche après-midi.

Version intégrale :

Génie de la nature : séchage high-tech sans émission de carbone. On sèche le linge en utilisant les toutes dernières technologies – une combinaison d'énergie solaire et éolienne : 


Génie ultra-capitaliste : bouteilles d’eau diète :


Génie humain : morale, ne mangez pas au-dessus de votre clavier :

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