24 juin 2018

Le pédiatre social Gilles Julien est scandalisé de la séparation des familles aux É.-U.

Un jour, Trump va frapper un mur : le sien!  

Point de vue du Dr Gilles Julien 
21/06/2018 

Dr Gilles Julien ... un VRAI BON docteur, lui, soucieux de la santé physique et psychologique des enfants, particulièrement dans les milieux défavorisés.

On assiste à un événement des plus troublants par rapport à la politique de séparation des familles à la frontière des États-Unis. On écoute les protestations qui fusent de toutes parts et les dénonciations de ce scandale inédit dans l’histoire de l’humanité. On a lu le parallèle fait avec les grandes épurations raciales du passé qu’on ne pensait plus possible. On en est estomaqué et scandalisé de cette déchéance sociétale.

Le fait est que des centaines d’enfants en bas âge subissent actuellement des traumatismes de séparation inhumains qui les blessent profondément et qui leur laisseront des séquelles pour toute leur vie. On connaît l’impact de ce genre de polytraumatismes sur la santé physique et mentale à court et à long terme ainsi que leurs effets pervers sur le cerveau et le développement. Ils sont à risque de ne pas s’en remettre à vie!

Le lien des parents et des enfants est primordial à un sain épanouissement des enfants. Ce lien, brisé ou coupé pour différentes raisons, est un acte de violence inouïe. En période de grand stress comme celui d’une migration difficile, on peut manquer de soins, de nourriture ou d’abri mais on ne peut pas se passer de ce lien de sécurité essentiel, la «base de sécurité». Pour tous et particulièrement pour les enfants, c’est la référence unique pour envisager des jours meilleurs et se bercer de l’espoir de la lumière au bout du tunnel.

Un parent qui met ce lien en péril est rapidement signalé à la Protection de la jeunesse pour abus et négligence. Une communauté ou une société qui enlève ce lien essentiel devra être accusé de crime contre l’humanité.

Les États-Unis d’Amérique sont le seul pays qui ne reconnaît pas la Convention internationale relative aux droits de l’enfant. Dans cette triste histoire d’une politique de séparation automatique, ce pays et son président confirme leur insensibilité aux enfants et acceptent ouvertement de bafouer les droits les plus précieux.

Quel désespoir pour l’avenir! L’humanité subit une grande menace.

QUE TOUS SE LÈVENT POUR PROTESTER À LEUR FAÇON.

Gilles Julien, pédiatre social
Président-directeur général Fondation du Dr Julien


Familles séparées à la frontière : des traumatismes à vie   

Magdaline Boutros | Entrevue
La Presse Canadienne Le 23 juin 2018

Se disant interpellé par l'élan de folie qui s'est emparé de nos voisins du Sud, Dr Julien a pris la plume plus tôt cette semaine pour dénoncer cette dérive «troublante».
   Le pédiatre social est sans équivoque : les États-Unis ont fait vivre à ces enfants une torture émotive d'une puissance sans nom. Au nom d'une politique de tolérance zéro à l'endroit de l'immigration illégale, le pays de Donald Trump a érigé en système le pire des traumatismes qu'un enfant peut subir : celui de briser son lien d'attachement avec ses parents.
   Celui qui accompagne depuis 40 ans des enfants ayant subi des traumatismes, rappelle que de rompre ce lien entre un enfant et ses parents est un acte de violence inouïe.

Getty Images 

Des polytraumatismes

Les études sont pourtant là et la littérature scientifique est claire : les enfants qui subissent des blessures émotives brutales à un jeune âge en garderont des séquelles toute leur vie.
   Lorsque ces traumatismes atteignent un certain niveau en matière d'intensité, de durée ou de répétition, le terme «polytraumatismes» est alors utilisé, explique Dr Julien.
   «Tous ces enfants (séparés de leurs parents à la frontière) sont des polytraumatisés, bien que la réaction soit différente d'un enfant à l'autre», glisse-t-il.
   «On sait que plusieurs zones du cerveau sont atteintes dans ces périodes-là. Ça se manifeste ensuite par toutes sortes de symptômes: des blocages, des retards de développement, des troubles de comportement, des troubles adaptatifs et éventuellement des problèmes de santé mentale et de santé physique», détaille-t-il.
   Certains enfants surprennent par la force de leur résilience et parviennent, à la suite de polytraumatismes, à reprendre un parcours de développement presque normal.
   D'autres, toutefois, s'effondrent. Une fois le lien d'attachement brisé, ils tenteront toute leur vie de le ressouder. Une quête inatteignable, puisqu'elle deviendra complètement démesurée.
   «Si cette base de sécurité est rompue, l'enfant aura énormément de difficulté par la suite à faire confiance. Il va toujours chercher une forme de sécurité qu'il ne trouvera jamais. Sa demande devient exagérée et impossible à remplir», explique Dr Julien.
   Une blessure qui s'infuse au niveau du cerveau et qui peut même se transmettre de génération en génération.
   «On pensait avant que les gênes, ça ne changeait pas pendant des décennies. Mais on sait maintenant, avec l'épigénétique, qu'à cause des hormones, il y a des changements qui peuvent s'imprégner dans les gênes et qui peuvent se transmettre», précise Gilles Julien.
   Les séquelles sont ainsi léguées aux générations futures. Les polytraumatisés laissent en héritage une prévalence accrue en termes d'hypertension, de maladies cardiovasculaires, d'obésité et de problèmes psychiatriques, énumère le pédiatre social.
   Des traumatismes qui ont été infligés de manière volontaire à ceux et celles que l'État est censé protéger. Parce que leurs parents ont pris la route pour tendre vers un avenir meilleur. Parce que pour un groupe de décideurs, la fin justifie les moyens. Et parce qu'en détournant le regard, certains parviennent à cautionner le pire.
   «Ça va à l'encontre de toutes formes de soins normaux aux enfants, souligne le pédiatre. Le respect humain est tout simplement en train de foutre le camp.»

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