Apprends
de l’abeille, du papillon, de l’oiseau, de tout ce qui a des ailes, bois le
miel et le lait, danse sous l’arche, écoute la partition des étoiles dans la
nuit, l’infini du ciel qui bruit en toi, porte l’énigme du monde et de ta
présence, laisse les vents te changer en aigle, la terre en serpent, lave tes
yeux de leur passé et va, dans cette mémoire neuve, va vers toi-même, touche la
terre de tes dix doigts, étreins ses ombres comme ses beautés, sans peur, fais
de chaque instant l’expérience même d’être humain, ne va nulle part, ne cherche
pas, éprouve le récif, agenouille-toi devant l’arbre et l’océan, secoue les
draps de ton âme et aime, aime comme si jamais la vague, comme si jamais le
rocher, épouse la falaise qui t’appelle, pose tes mains sur le sable et sens le
temps qui s’égoutte en toi, retrouve l’infini dont tu es le porteur, deviens
l’arbre et l’océan, sois l’argile et l’or, embrasse ce que tu ne peux
déchiffrer, vis, intensément et toujours, jette l’ancre pour la nuit qui
approche puis, au matin, largue les amarres et déploie les voiles de ta vie.
Hélène Dorion (Recommencements)
Résumé :
Durant
cet après-midi de profonde intimité où je suis allée conduire ma mère vers sa
mort, j'ai touché au plus grand dénuement, à ce très peu auquel nous tenons
véritablement, lorsqu'un fil casse. Il ne restait que l'amour. Que cet
ineffable mystère qu’on appelle Amour? Avec un grand A pour dire combien il
nous dépasse? Et qui ne se trouve nulle part ailleurs qu'en soi. Comment nous
abandonner aux vagues (rupture, deuil, maladie?) qui surgissent parfois dans
nos vies et nous renversent, pour ensuite aller vers les recommencements
auxquels nous sommes conviés? L’écrivaine s’interroge, retourne sur ses pas,
refait le trajet jusqu'à l’enfance. Elle retrouve au passage l’île où les
grands vents de la vie avaient soufflé sur la sienne. Ainsi est-on amené à
danser avec ce qui nous éprouve avant de devenir cette maison que l'on est pour
soi-même.
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