Je n'avais
rien d'autre que d'être vivant
j'étais
intact
j'étais
content
et
j'étais triste
mais je
ne faisais jamais semblant
Je
connaissais le geste pour rester vivant
Secouer
la tête pour dire non
secouer
la tête pour ne pas laisser entrer les idées des gens.
~ Jacques
Prévert
~~~
Et en
effet, le bon sens vient aisément prouver
Et les
faits confirmer sans conteste que les hommes
Ne sont
pas tous menteurs; il en est qui sont morts.
Déluge :
Premier essai remarqué de baptême collectif, qui lessiva tous les péchés (et
les pécheurs) de la création.
~ Ambrose
Bierce (Le dictionnaire du Diable)
~~~
L'EXTINCTION DE L'ESPÈCE HUMAINE
Le blog d’André
Boyer | 22 mars 2017
http://andreboyer.over-blog.com/
James Lovelock a présenté la planète Terre comme un être vivant, Gaïa, avec des écosystèmes qui constituent les organes de cet être vivant constitué par la biosphère.
James Lovelock a présenté la planète Terre comme un être vivant, Gaïa, avec des écosystèmes qui constituent les organes de cet être vivant constitué par la biosphère.
Les
savanes, les forêts, les déserts, les lacs, les rivières et les océans sont
autant de systèmes vivants qui assurent des fonctions essentielles dont
bénéficie l'espèce humaine. Ils fournissent des services écologiques tels que
le recyclage des déchets organiques, la production de matières vivantes, la
pollinisation, la régulation des climats, la purification de l'eau…
Or le
succès écologique et économique de l'espèce humaine a fait entrer la Terre dans
la sixième crise d'extinction d'espèces. Les cinq précédentes crises furent la
conséquence de catastrophes géologiques telles que des éruptions volcaniques ou
astronomiques comme les chutes de météores, qui furent suivies par des
changements climatiques qui en amplifièrent les conséquences.
La crise
actuelle est une crise anthropique accélérée, au sens où elle résulte des
activités humaines qui tendent à monopoliser l’espace géographique de la Terre
sur une échelle de temps très restreinte, tout en détruisant les fondements
même de la survie de l’espèce humaine.
Elle
trouve son origine dans le succès écologique et technologique de l'homme qui
induit une croissance exponentielle de ses besoins en ressources et en espace.
Cette croissance provoque la destruction des écosystèmes par la pollution, la
déforestation et la fragmentation des habitats naturels, auquel s’est ajouté
une pression mortelle sur les espèces chassées, péchées et récoltées, encore
accrue du fait de la prolifération d’espèces exotiques introduites par l’homme.
On ne
connaît bien que le taux d'extinction des espèces les plus connues, telles que
les vertébrés et les plantes supérieures. Pour les autres groupes, on ne peut
qu'avancer des extrapolations fondées sur la relation entre le nombre d'espèces
et la superficie du milieu concerné.
Pour les
forêts tropicales, qui couvrent sept pour cent de la surface terrestre et
hébergent soixante dix pour cent des espèces vivantes, hors océans, on sait,
par l’expérimentation qui a été conduite en Amazonie, que la réduction de
moitié de la surface de la forêt réduit la biodiversité des oiseaux et des
plantes de dix pour cent.
Une autre
étude, menée sur une longue période à Singapour qui disposait à l’origine d’une
importante forêt tropicale humide, est tout aussi révélatrice. Depuis que les
Britanniques s’y sont installés en 1819, quatre vingt quinze pour cent des 540
kilomètres carrés de végétation primitive ont été totalement défrichés. Selon
les travaux de l'écologue australien Barry W. Brook, il en est résulté la
disparition de 881 espèces animales et végétales sur 3996 espèces recensées.
Plus
globalement, sur la base de données bien étayées pour les plantes, les vertébrés
et quelques groupes d'invertébrés, la majorité des spécialistes estiment que le
taux d'extinction actuel des espèces est mille fois supérieur au taux naturel,
étayant la thèse d’une sixième crise d'extinction imputable au développement de
l’espèce humaine, en effectif et en activités.
Il en est
résulté une prise de conscience de la communauté scientifique qui ne peut en
rien mettre fin à la crise d’extension des espèces, mais seulement ralentir son
évolution inéluctable. Car la sixième crise d’extinction des espèces conduira
inéluctablement à terme à la disparition de l’espèce humaine puisqu’elle est
indispensable au rétablissement postérieur de la biodiversité, comme cela s’est
produit après les cinq crises précédentes.
Cependant
l’espèce humaine garde le choix d’accélérer ou de ralentir ce processus, qui
peut durer quelques centaines d’années au pire ou quelques milliers d’années au
mieux.
On sait
bien que l’appétit individuel des êtres humains, ou leur soif de vivre, fait
obstacle à ce processus de limitation de l’expansion humaine. Pour freiner le
rythme de cette évolution, l’humanité saura-t-elle limiter sa croissance
démographique, sa consommation afin de protéger les écosystèmes ou non?
C’est
toute la question.
On peut
estimer que le suicide de l’humanité est le choix le plus souhaitable, un choix
qui implique tout simplement de laisser la tendance actuelle se poursuivre.
Dans le cas contraire, le défi proposé à l’intelligence collective de l’espèce
humaine est de parvenir à modérer cet appétit individuel pour permettre à
l’humanité de poursuivre son odyssée encore quelques millénaires, au lieu de
quelques siècles…
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