30 mars 2017

La notion de civilisation

Le point de vue de Henning Mankell

   Déjà, c’était une notion floue. Les textes étaient imprécis. Tantôt on parlait de «culture», tantôt de «tradition», sans nuance, comme s’il s’agissait de termes interchangeables. Je commençais à me demander si ce n’était pas la notion même de «civilisation» qui posait problème. En général, dans les définitions et les analyses que j’avais lues, on l’utilisait par opposition à la notion de barbarie. L’être civilisé était celui qui avait laissé derrière lui l’être primitif. 
   Mais était-ce bien vrai? La Grèce antique était esclavagiste. Que ce soit à Sparte ou à Athènes, la liberté de penser et d’agir était réservée à une petite élite qui remplissait les critères définissant la qualité de citoyen. De grandes pensées, de grandes actions ont distingué des sociétés qui étaient tout sauf civilisées. Partout, toujours, c’était une autre personne qui préparait la nourriture, gardait les enfants, nettoyait le sol. Le plus souvent, ces êtres-là étaient maltraités. Pas seulement méprisés et considérés comme des êtres inférieurs, mais soumis à un régime de terreur physique et psychique. 
   De plus, on ne pouvait pas dire que cela relevait d’un chapitre clos de l’histoire. Aujourd’hui encore, une armée invisible, dépourvue de nom et de visage, est contrainte de servir dans l’humiliation et la peur. Le phénomène se retrouve sur tous les continents sans exception.


Source : Free Walk 2013

   Quand on voyage par exemple dans les pays arabes, on devine les ombres asservies derrière la blancheur des façades. Le temps de les entrevoir, elles ont déjà disparu. Toutes ces personnes sont originaires de pays pauvres d’Afrique ou d’Asie. Elles travaillent sans relâche. Souvent très jeunes, elles sont privées de contact avec leur famille et exemptes de droits. La moindre protestation, le moindre relâchement dans le labeur quotidien et c’est le renvoi. Le retour à la misère.

   Comment définir le concept de civilisation? Qu’est-ce qu’un être civilisé? Les réponses ont beaucoup varié au cours de l’histoire. Elles sont toujours fondées sur le présupposé que la civilisation est le fruit d’un apprentissage, voire d’un dressage, auquel les non-civilisés – par infériorité naturelle ou par manque d’opportunité – n’ont pas le bonheur de prétendre.

   La notion de civilisation a souvent servi de paravent à l’exploitation pure et simple. Au XIXe siècle, quand le pillage des richesses de l’Afrique a vraiment commencé, cette notion s’est révélée extraordinairement utile. Les pays européens qui participaient à la ruée vers le continent noir avaient à leur disposition trois armes prêtes à l’emploi qui commencent toutes par la lettre «c».

   La première arme, c’était le canon – la puissance armée. Toujours présent, au moins à l’état latent de menace et promptement utilisé en cas de besoin de façon souvent arbitraire. Parmi les droits de l’être civilisé figurait celui d’exterminer les individus qui s’opposaient à leur propre bien tel que défini par lui. Entre la civilisation et la barbarie, il n’y avait que la mort. Rien d’autre.

   La deuxième arme était la croix. Au cours de la colonisation de l’Afrique, on a enfoncé un casque sur la tête de Jésus et on lui a glissé un sabre dans la main. Toute tentative pour élever les Noirs, ces sauvages, jusqu’aux hauteurs de la civilisation passait nécessairement par la juste foi. Les dieux et les enseignements animistes que la majeure partie des Africains suivaient depuis des siècles devaient être éradiqués ni plus ni moins. Les missionnaires se voyaient comme les soldats de Dieu. Ils étaient des guerriers coiffés de casques de safari, armés de bibles au lieu de canons mais prêts à en faire le même usage, sans discrimination.

   La troisième arme était la compatibilité. Impossible d’atteindre à la noble civilisation sans se soumettre aux lois de l’économie occidentale et à la brutalité inscrite au cœur du marché capitaliste.

   Quant à l’arme cachée du colonialisme, c’était le mensonge. Celui-ci n’a jamais été pratiqué de façon aussi inventive et aussi systématique que lors de l’annexion de l’Afrique par les puissances européennes au XIXe siècle. Certes beaucoup d’Européens étaient sincèrement convaincus de la justesse de chaque mot du discours civilisateur. Mais ceux qui menaient sur le terrain une oppression cynique sans merci voulaient en premier lieu se faciliter la tâche. Ils souhaitaient seulement que le calme règne pendant qu’ils dépouillaient le continent de ses matières premières de la même manière qu’on l’avait précédemment vidé d’une partie de ses habitants afin de les vendre.

Source : Réseau DIAL 2014. Chaque jour 36 000 esclaves de plus dans le monde.

   ... Est-il possible de créer une civilisation digne de se nom tant que l’exploitation et la privation de liberté dirigent le monde? Une véritable civilisation sans esclaves ni autres formes masquées d’asservissement peut-elle fonctionner si elle n’existe que dans une petite partie du monde? 
   Est-ce un rêve outrancier que d’imaginer une civilisation à l’échelle mondiale qui ne soit pas fondée sur l’oppression? Outrancier ou non, c’est un rêve nécessaire. Il est clair que la prochaine génération ne sera sans doute pas beaucoup plus avancée que la nôtre. Mais il est possible que ceux qui viendront plus tard soient moins stupides que nous.

   Dans les mers nagent des baleines, toujours désorientées par les ondes radio et les impulsions électriques émises par les humains. Sur terre circulent des milliards d’êtres qui osent à peine croire qu’il puisse exister quelque part une autre vie plus digne que celle qu’ils sont contraints de mener.

   Je me souviens de cet hiver en Crète. Une période de lecture intense. Et une grande solitude que rien n’est venu déranger.

Chapitre Un hiver à Héraklion (p. 283)

SABLE MOUVANT
Fragments de ma vie
Henning Mankell
Traduit du suédois par Anna Gibson
Éditions du Seuil, septembre 2015  

26 mars 2017

Hier, aujourd’hui, demain

«Seul celui qui a connu le «présent» sait vraiment ce qu'est l'enfer.»
~ Jacob Wassermann

Pas faux... Les prisonniers, réfugiés, bombardés, persécutés, esclaves contemporains, pauvres... doivent avoir l’impression que leur enfer «présent» ne finira jamais – aujourd’hui comme hier, et demain comme aujourd’hui. Si nous n’avions pas de reporters de la trempe d’Albert Londres (1) nous ne saurions pas grand-chose de ce qui se passe en coulisses. Ses reportages sur les bagnes a contribué à leur fermeture. Il pourrait arriver la même chose avec Guantanamo et les prisons privées fédérales américaines. Bien qu’avec la nouvelle administration...  


The Aftermath / La ville détruite, 1968. Jean-Paul Lemieux (1904-1990)

Le peintre [Jean-Paul Lemieux] est fasciné par l’espace urbain, mais sa fascination ne repose plus sur la beauté et le charme que représentait à une autre époque la ville de Québec, dont la transformation cause son désenchantement : «L’affreuse uniformité de l’âge de la machine s’étend et anéantit tout ce qui conférait à Québec son caractère unique parmi les villes d’Amérique.»
     La ville contemporaine est la cause, selon Lemieux, d’une perte d’humanité : «Je me suis toujours méfié de la technique, des scientistes. Un jour, grâce à toutes leurs inventions, ils feront sauter la Terre!» La détresse du peintre s’incarne, à la fin des années 1960, dans des visions apocalyptiques où la ville n’est plus seulement un décor accueillant ou l’un des personnages de la scène, mais dans lesquelles elle tient le premier rôle. Ainsi, dans Aftermath / La ville détruite, le centre-ville est dévasté par une attaque nucléaire et laissé à l’abandon. La rue principale est envahie de champignons atomiques menant le regard vers un horizon de tours grises qui s’élèvent dans l’atmosphère pollué des suites de la catastrophe. (Jean Paul Lemieux Sa vie et son œuvre par Michèle Grandbois)

Les grands parcs récréotouristiques ou à condos, à Montréal, en banlieue et région, se répandent telle une hideuse gangrène. L’autre jour, au centre-ville de Montréal, la chaussée s’est écroulée laissant un trou béant devant des tours à condos achevées depuis peu. Montréal est une île... et l’on empile les buildings au lieu de préserver les espaces verts et de planter des arbres qui assurent la cohésion du sol, absorbent la pollution atmosphérique, etc.
La machine verte géante à gober le CO2 :
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2017/03/la-machine-verte-geante-gober-le-co2.html  

~~~

(1) Que d’argent, de temps et d’énergie gaspillés à ratiociner sur les propos mensongers (faits alternatifs) des deux relationnistes de la Maison Blanche. La stratégie de diversion a fonctionné : journalistes et internautes ont donné dans le panneau.

Albert Londres n’en reviendrait pas :
«Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. J'ai voulu descendre dans les fosses où la société se débarrasse de ce qui la menace ou de ce qu'elle ne peut nourrir. Regarder ce que personne ne veut plus regarder. Juger la chose jugée... Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. Un vrai reporter doit savoir d'abord écouter et regarder. Celui qui sait seulement écrire ne sera jamais qu'un littérateur...» http://www.prixalbertlondres.com/


Au-delà du mythe, Albert Londres (1884-1932) est le symbole du grand reporter, celui qui fait du «reportage au long cours». Pendant 18 ans, l’homme a parcouru la planète pour rendre compte de la marche du monde, de la jeune URSS en passant par les bordels argentins, le bagne de Cayenne ou la Chine en plein chaos.
[...]
Passé d’Estonie en Finlande, Albert Londres arrive à Petrograd après 52 jours de périple. Le voici à pied d’œuvre. Ce qu’il voit le révolte et ses comptes rendus sont dénués de toute nuance : l’ancienne capitale des Tzars n’est plus «qu’une sinistre cour des miracles» peuplée de mendiants affamés, le régime bolchevique est une «monarchie absolue. Seulement, le monarque, au lieu de s’appeler Louis XIV ou Nicolas II, se nomme Prolétariat Ier», Lénine est dépeint comme «un expérimentateur», une sorte de savant fou «vêtu d’une blouse de chercheur et une éprouvette (rouge, bien entendu) entre les mains» qui n’a que faire du peuple. «Les cobayes de Lénine, ce sont des hommes. Il en a tué déjà des centaines de mille».
[...]
Le 53e périple du journaliste doit le conduire en Chine. Le sujet de cette nouvelle enquête est à sa mesure. Depuis l’agression japonaise de 1931, la Chine est en guerre. Et ce qu’il découvre à Hong-Kong et à Shanghaï est terrifiant : trafic d’armes et d’opium, tyrans locaux, pillages, exactions en tous genres perpétrées par les communistes chinois…  «La Chine : chaos, éclat de rire devant les droits de l’homme, mises à sac, rançons, viols. Un mobile : l’argent. Un but : l’or. Une adoration : la richesse. Le peuple est une punaise que les hommes en armes écrasent dès qu’il ose sortir des plinthes. [...] Si vous désirez rajeunir, soyez satisfaits : nous retournons sept siècles en arrière.»

http://geopolis.francetvinfo.fr/albert-londres-reporter-au-long-cours-14987

Bibliosurf : Albert Londres, Oeuvres complètes, présenté par Pierre Assouline, Arléa 2007


Critique du livre d’Albert Londres : Dante n’avait rien vu. Biribi (1924)
Par Leila Marchand, 12 décembre 2010


[Extraits] 

Biribi, c’est les pénitenciers militaires d’Afrique du Nord. C’est «une grande honte pour la France».

Après le succès de son enquête sur le bagne de Cayenne en 1923, c’est dans cette faille cachée de la démocratie, Biribi, qu’Albert Londres va enquêter au nom des droits humains et de la justice.

Privation de liberté, travail forcé, invasion des puces, chaleur torride en été, froid glacial en hiver, les pègres ne sont pas au bout de leur peine. Ils sont en plus livrés à la folie furieuse de sergents qui n’ont de compte à rendre à personne. Couchés sur les éribas, des branches épineuses, attachés à la queue d’un mulet, gardés en plein soleil dans la fosse d’aisance, enserrés dans des fers qui relient pieds et mains dans un système à vis et «qui donnent l’apparence du crapaud», attaqués par les mouches après qu’on leur ait sucré la peau, coup de fouet ou «nerf de bœuf», coup de baïonnette, brûlure, chaux vive sur les plaies, soupe trop salée... Pour eux, les officiers mettent en œuvre des tortures aussi ingénieuses qu’inhumaines. À cela s’ajoutent les tortures psychologiques, faites d’humiliation et surtout de la logique très personnelle des officiers. C’est là le pire. Les sentences sont non seulement dures mais arbitraires. Autant celles des sergents que du Conseil de guerre.

Les détenus sont désemparés. Ils sont souvent jeunes, condamnés pour de petits délits. Certains sont même là par hasard, par faute d’homonymie. Comme ce pégriot qui répète inlassablement «Je ne suis pas Ivan Vassili». Les punitions des sergents débouchent souvent à la mort.

Dante n’avait rien vu est avant tout un récit d’investigation utile, actif. Albert Londres a pour objectif de faire réformer ou supprimer ce dont il a été témoin. Le rôle du récit est de capter l’attention du lectorat pour le sensibiliser à sa cause et faire pression sur le ministère de la Guerre. La lettre jointe à la fin du texte le confirme. Albert Londres ne se contente pas de rapporter les faits ou même de critiquer. Il argumente son point de vue et propose une solution en six points dans une lettre officielle. Ses efforts ne seront pas vains, Biribi n’est plus.

https://leilamarchand.wordpress.com/2010/12/12/critique-du-livre-dalbert-londres-dante-navait-rien-vu/

25 mars 2017

Le différend entre Camus et Sartre

Comparer Camus à Sartre est aussi étrange que comparer une mangue à un citron; ou un penseur ancré dans la réalité à un verbomoteur déconnecté de la réalité. Sartre se sentait-il menacé par la stature à la fois philosophique, littéraire et humaniste de Camus? Possible. En outre, il est difficile de comprendre pourquoi Beauvoir est restée dans cette relation patriarcale / machiste avec Sartre, bien qu'elle ait fourni plusieurs justifications plus ou moins rationnelles. Nelson Algren semblait tellement plus agréable à vivre et séduisant que Sartre. Peut-être souffrait-elle de ce qu’on appelle aujourd’hui le syndrome de Stockholm (1)?

La querelle entre Sartre et Camus

Aujourd’hui l’histoire, ICI Radio-Canada Première, 17 mars 2017  

Être Sartre ou Camus? Telle deviendra la question des intellectuels français de gauche à l’époque.

Albert Camus et Jean-Paul Sartre en 1957 Photo : Getty Images / AFP 

L'amitié entre les auteurs Jean-Paul Sartre et Albert Camus a tourné au vinaigre en raison de leurs différentes conceptions de la révolte. Le point de rupture est survenu à la suite de la publication de L'homme révolté par Camus, en 1951. Pour lui, cette dispute a été une blessure profonde qu'il a portée jusqu'à sa mort.

La naissance d’une amitié

Sartre et Camus se connaissent d’abord par leurs œuvres avant de se rencontrer à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1943, Camus s’installe dans la capitale française au moment où il connaît un grand succès avec son roman L’étranger. Il se présente à l’auteur de La nausée lors de la première de la pièce de théâtre Les mouches. Dès le départ, une amitié se développe entre les deux hommes, qui passent de nombreuses soirées dans les cafés de Saint-Germain-des-Prés.

Pour Albert Camus, dont la notoriété est toute récente, c’est une forme de reconnaissance que d’être accepté dans le cercle d’amis du couple formé par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Celle-ci éprouve à la fois méfiance et enthousiasme envers Camus. D’un point de vue idéologique, elle sent chez cet auteur une liberté par rapport à l’orthodoxie existentialiste de Jean-Paul Sartre.

Première divergence

Une première mésentente entre Sartre et Camus apparaît vers 1947 quant à l’attitude à adopter envers le régime bolchevik. Camus croit qu’on doit condamner les goulags comme ont été dénoncés les camps nazis. De son côté, Sartre prend plutôt le parti de l’Union soviétique, afin de ne pas nuire à la gauche française.

L’opposition philosophique à l’origine de la rupture

Une critique portant sur l’idéalisme de L’homme révolté, écrite par Francis Jeanson dans Les temps modernes, la revue de Jean-Paul Sartre, pousse Albert Camus à écrire à son ami. Dans une lettre de 20 pages, il dit, entre autres, qu’il est las de se faire donner des leçons d’efficacité par des censeurs. L’auteur n’a pas envie de se faire dire quoi écrire par des intellectuels qui défendent certaines idées révolutionnaires tout en vivant dans le velours. Selon lui, lorsqu’il y a des injustices, il faut se révolter, même si on le fait dans l’incertitude.

Sartre donne une réponse assassine à la lettre de Camus, où il critique le fait que les objections au sujet de L’homme révolté sont interprétées comme un sacrilège. En plus de mettre en doute ses compétences de philosophe, Sartre lui dit qu’il refuse de faire la distinction entre les oppresseurs et les opprimés, qu’il brime la possibilité de penser la révolution qui permettra la libération des peuples.

Tout l’échange épistolaire entre les deux grandes figures est publié dans Les temps modernes. À court terme, Sartre gagne cette bataille d’idées. Plusieurs Français soupçonnent Camus d’être naïf et de s’être rapproché de la droite. Avec le recul, on réalise toutefois le dogmatisme et l’aveuglement de Sartre et de ses disciples par rapport aux horreurs du stalinisme.

AUDIOFIL : Le professeur de philosophie Jocelyn Maclure raconte les hauts et les bas de la relation entre les deux écrivains :
http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/aujourd-hui-l-histoire/segments/entrevue/18643/histo-sartre-camus-ecrivain-dispute-jocelyn-maclure

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Pas trouvé sur le web la lettre de 20 pages que Camus a adressée à Sartre.

Mais voici celle de Sartre à Camus – peut-être sa réponse.

Août 1952

Mon cher Camus,

Notre amitié n’était pas facile mais je la regretterai. Si vous la rompez aujourd’hui, c’est sans doute qu’elle devait se rompre. Beaucoup de choses nous rapprochaient, peu nous séparaient. Mais ce peu était encore trop : l’amitié, elle aussi, tend à devenir totalitaire; il faut l’accord en tout ou la brouille, et les sans-parti eux-mêmes se comportent en militants de partis imaginaires. […]

Un mélange de suffisance sombre et de vulnérabilité a toujours découragé de vous dire des vérités entières. Mais dites-moi, Camus, par quel mystère ne peut-on discuter vos œuvres sans ôter des raisons de vivre à l’humanité? Mon Dieu, Camus, comme vous êtes sérieux, et, pour employer un de vos mots, comme vous êtes frivole! Et si vous vous étiez trompé? Et si votre livre témoignait simplement de votre incompétence philosophique? S’il était fait de connaissances ramassées à la hâte de seconde main? Avez-vous si peur de la contestation? Je n’ose vous conseiller de vous reporter à la lecture de L’Être et le Néant, la lecture vous en paraîtrait inutilement ardue. Vous détestez les difficultés de pensée. […]

Il se peut que vous ayez été pauvre, mais vous ne l’êtes plus. Vous êtes un bourgeois comme Jeanson et comme moi. […] Votre morale s’est d’abord changée en moralisme, aujourd’hui elle n’est plus que littérature, demain elle sera peut-être immoralité.

Source : http://www.deslettres.fr/

Commentaire d’un internaute; Le Devoir, 27 novembre 2014   
Leur point commun... Je crois que ces deux-là s'entendaient au moins sur un point : l'amour des femmes! Pour le reste, Sartre a été assez vite oublié, mais Camus demeure toujours actuel. Ce que le temps fait : il élague! ~ Michel Lebel

Les pendules à l’heure : Michel Onfray à propos d'Albert Camus
https://www.youtube.com/watch?v=SeA2RQFPSKs

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(1) Le paradoxe du syndrome de Stockholm – Le syndrome de Stockholm décrit une situation, fondamentalement paradoxale, où les agressés vont développer des sentiments de sympathie, d'affection, voire d'amour, de fraternité, de grande compréhension vis-à-vis de leurs agresseurs. Il y a souvent adhésion à la cause des agresseurs.

23 mars 2017

Gare aux encres de tatouage

Au départ, je ne raffole pas des tatouages, même si certains sont des œuvres d’art. Par ailleurs, il y en a beaucoup qui sont repoussants.  


Je trouve que c’est payer cher pour des sessions de torture cutanée... Imaginez seulement un corps complètement tatoué – qu’arrive-t-il si jamais la personne prend rapidement beaucoup de poids et le perd ensuite? Hum... En outre, le vieillissement de la peau les déforme.
https://artdanstout.blogspot.ca/2013/07/quand-le-tatouage-prend-de-lage.html

Évidemment, plus la surface du tatouage est grande, plus les dangers pour la santé augmentent. Mais, il n’y a pas de limite à la folie. Une tendance populaire chez les jeunes aujourd'hui consiste à se faire tatouer le blanc de l’œil. Horrifiant. Un rappeur connu a failli perdre la vue après un tatouage du globe oculaire.

Exposition universelle du tatouage du Venezuela.
Photo : Federico Parra / Getty Images

Plusieurs encres de tatouage ont été bannies. Or si c’est comme le Fentanyl, le marché noir doit se péter les bretelles. Si les gens connaissaient mieux le rôle vital de la peau, peut-être résisteraient-ils à l’envie de se faire tatouer. Voici ce que dit le chirurgien et anthropologue Jean-Pierre Willem à propos de ce merveilleux organe.

LE RÔLE DE LA PEAU 

Le corps humain est constitué de milliards de cellules. Chacune de ces unités microscopiques possède un rôle précis et essentiel dans le maintien de l’équilibre. La santé se joue avant tout à l’échelon cellulaire. 
     La recherche médicale s’est ainsi armée de microscopes pour mieux explorer et comprendre la cellule. Il est rapidement paru évident que le noyau, les organites cellulaires, ne peuvent travailler, transmettre, fabriquer, recevoir que parce qu’ils sont entourés par une structure unique : la membrane cellulaire. 
     La peau elle-même est un ensemble de cellules qui jouent un rôle spécifique. 
     La peau est bien plus qu’une simple membrane imperméable recouvrant la surface du corps. C’est un organe essentiel à la vie, une merveille anatomique remplissant de nombreuses fonctions vitales : elle doit son rôle particulier à sa perméabilité. 
     La perméabilité existe au niveau de trois couches : la couche cornée, le derme et l’hypoderme.

Au niveau de la couche cornée 
La présence de sébum, de cholestérol et de triglycérides au niveau de la couche cornée facilite la passage des huiles essentielles qui sont liposolubles alors que les substances hydrophiles traversent plus difficilement la barrière cutanée.

Au niveau du derme et de l’hypoderme
Les diverses molécules aromatiques [huiles essentielles] vont se répartir dans les différentes structures anatomiques en fonction de leurs affinités. Les nombreux capillaires qui irriguent l’hypoderme facilitent leur transport vers les organes voisins et l’organisme entier. 
     Les molécules aromatiques de gros poids moléculaires vont avoir tendance à pénétrer dans l’épiderme alors que les molécules les plus légères, donc plus volatiles, vont plutôt se diffuser dans l’atmosphère et être inhalées par le patient, jouant plusieurs rôles, y compris un rôle psycho-affectif par leur action sur le système sensoriel olfactif.

LES DIFFÉRENTES FONCTIONS DE LA PEAU

Un rôle de protection 
La peau est beaucoup plus qu’une simple enveloppe tissulaire. Elle est un organe aussi vital que le foie, les intestins, la vésicule biliaire ou les sinus. 
     Cette barrière cutanée n’est toutefois pas entièrement étanche. En fait, la peau est un organe semi-perméable. Et grâce à cette propriété, elle permet des échanges constants entre l’intérieur et l’extérieur. 
     Elle protège contre les agressions extérieures : blessures, froid, chaleur. 
     Elle joue un rôle de protection face aux agressions représentées par les agents chimiques et infectieux, la pollution atmosphérique, les cosmétiques chimiques, les effets des lessives.
     Grâce à la transpiration, elle joue un rôle capital dans la régulation de la température du corps. En cas de fièvre, c’est à travers la peau que le surplus de chaleur s’échappe, en même temps que les toxines. 
     Elle prévient également les pertes excessives de certains éléments vitaux tels les messagers (médiateurs chimiques), les ions (sodium, potassium), les hormones, les médicaments, les anticorps, les prostaglandines. 
     La peau maintient également une bonne hydratation du corps. Ainsi, les grands brûlés qui ont perdu un pourcentage important de leur derme et de leur épiderme, sont souvent victimes de sérieuses déshydratations.

Un rôle d’émonctoire 
La peau participe à l’élimination des déchets résultant du métabolisme par la saturation et par la sudation. Elle assure l’élimination du CO2 et la régulation du pH de l’organisme. 
     On sait que la peau a un pH acide et, selon la théorie du physicien Louis Vincent, un terrain acide s’oppose au développement des germes et des virus; les savons alcalins seraient cancérigènes [les savons qui «décapent»].

Un rôle respiratoire 
C’est au niveau de cette barrière cutanée et de la membrane de chaque cellule qui la compose que se règlent tous les échanges entre les cellules. C’est elle qui contrôle l’équilibre entre l’intérieur et l’extérieur. La respiration, la réception, l’élimination se font, non seulement à travers elle, mais surtout grâce à elle. Elle est la « peau de la vie ».

Un rôle nutritionnel 
En plus d’être un organe d’élimination majeur, la peau est aussi un organe d’absorption. Pour s’en convaincre, il suffit de frotter la plante des pieds avec une gousse d’ail. Quelques heures plus tard, on constate que l’haleine a pris une odeur d’ail. C’est dire à quel point la peau se nourrit des substances avec lesquelles elle entre en contact. 
     Ainsi, il est conseillé d’accorder une attention particulière aux produits qu’on applique, que ce soit sous forme de crèmes, d’huiles à massage. Il faut donc privilégier des produits sains et nutritifs. 
     À cet égard, les huiles essentielles constituent une «nourriture» incomparable. Non seulement elles sont riches en éléments des plus bénéfiques pour le corps mais elles possèdent par ailleurs un grand pouvoir de pénétration. Elles agissent rapidement, en profondeur et contribuent ainsi au bon équilibre et à la santé générale du corps. [...]

Un rôle d’information 
La peau est aussi révélatrice du milieu intérieur. C’est un miroir qui est du reste utilisé en Chine comme méthode de diagnostic. C’est le miroir de nos émotions quand la peau rougit dans certains contextes émotionnels, c’est un miroir du terrain, de la vitalité et de l’état de pureté de tout notre corps. 
     Les médecins qui appliquent une médecine de terrain par une approche globale étudient la couleur, la texture et les particularités de la peau. On peut diagnostiquer un début d’hépatite, l’anémie et tous les troubles métaboliques. 
     Comment alors expliquer l’action du massage aromatique? 
     Les fibres nerveuses, issues des organites sensoriels du toucher, transmettent l’information à la racine dorsale du nerf rachidien, laquelle, par l’intermédiaire des «neurones de connexion», arrive à l’encéphale, siège de la conscience. La stimulation des chaînes sympathiques situées de part et d’autres de la colonne vertébrale a une répercussion sur l’ensemble des organes et fonctions organiques. 
     La peau est l’organe majeur du toucher qui permet des échanges d’ordre psyho-affectif : elle reçoit une « nourriture affective » par le contact et les caresses et transmet chaleur et sympathie. 
     Impliquée dans l’équilibre des échanges thermiques, hydriques, respiratoires, nutritifs et affectifs, la peau contribue ainsi au bon équilibre immunitaire.

Chapitre 7 Rôle de la peau (p. 97-101)
Les huiles essentielles, médecine d’avenir, Docteur Jean-Pierre Willem; Éditions du Dauphin – 2007, sixième édition. Il existe une 12e édition, revue et mise à jour, 2010.

Alors, si ces informations ne vous ont pas convaincu d’éviter le tatouage, lisez ce qui suit. Sauvez votre peau!

Les dangers des encres de tatouage

Plus de 20 % des adultes aux États-Unis ont un tatouage et, croyez-le ou non, les femmes battent les hommes dans ce domaine (23 % vs 19 %). Mais combien d’amateurs de tatouage, hommes et femmes, connaissent la vérité sur les encres  de tatouage injectées dans la peau? Savez-vous quelles sont les encres les moins et les plus toxiques? 
     Bien que la Food and Drug Administration (FDA) réglemente les substances que les gens ingèrent et certains ingrédients qu’ils appliquent sur leur peau, l'office n'a pas encore réglementé les encres de tatouage. Cela signifie que vous devez faire confiance au tatoueur en espérant qu’il utilise des encres les plus «sécuritaires» possible. 
     Mais, comment saurez-vous si une encre est sécuritaire? La FDA ne pourra pas vous aider parce que l'agence n'exige pas que les fabricants d’encres indiquent les ingrédients de leurs produits. Les encres de tatouage incluent des pigments qui peuvent inclure un grand nombre de sels métalliques (p. ex., oxydes, sulfures, séléniures), des colorants organiques, ou des plastiques mélangés à des solvants pour faciliter l’application de l'encre.
     La réglementation des encres de tatouage et de maquillage permanent relève des États non pas du gouvernement fédéral; chaque État a sa propre législation. Dans l'ensemble, la FDA a déclaré ce qui suit concernant les encres de tatouage et de maquillage permanent : la FDA considère que les encres utilisées pour les tatouages intradermiques, y compris le maquillage permanent, sont des cosmétiques... Les pigments pour les colorants sont des additifs qui sont soumis à une approbation préalable en vertu de la Federal Food, Drug and Cosmetic Act. Cependant... la FDA n'a pas imposé de réglementation pour les encres de tatouage. Les marques et les couleurs d'encre ont des ingrédients différents, et comme les fabricants ne sont pas tenus de les révéler, en définitive, il appartient à l’acheteur de se renseigner sur la dangerosité des produits. 
     Les encres peuvent contenir des sels purs d’aluminium, de l’antimoine, du baryum, cadmium, cobalt, chrome, cuivre, fer, mercure, manganèse, nickel, plomb, strontium, titane vanadium, dioxyde de titane, nickel, des oxydes de fer, des cendres, du charbon d’os, et autres. Les fabricants utilisent aussi la malachite et des ferrocyanures ou ferricyanures ou des phthalocyanines, plus ou moins toxiques. Certains pigments sont d’origine industrielle (on les utilise notamment pour la peinture automobile). Selon un rapport d’Environmental Health News, on retrouve dans les encres noires du benzo-anthracène qui cause le cancer de la peau. On a également noté que les encres de tatouage migrent vers les ganglions lymphatiques et affectent le système immunitaire. 
     Les ingrédients des solvants peuvent contenir des substances dangereuses telles que de l'antigel, du formaldéhyde, du méthanol, de l'alcool dénaturé et d’autres aldéhydes. Les pigments  les plus populaires sont ceux fabriqués à partir de l'acrylonitrile butadiène styrène (ABS), un type de plastique résistant à la chaleur qui est utilisée pour fabriquer différents objets, et qui, une fois désintégré en particules est incorporé aux encres de tatouage. Ces encres sont populaires parce qu'elles produisent des couleurs vives. En fait, si la couleur d’une encre est très vive, vous pouvez être certain qu’elle contient de l’ABS. 
     Le prix à payer pour la magnifique couleur : des réactions allergiques dues au plastique. Mais, les pigments à base de métal peuvent également causer des allergies. Par exemple : le cobalt ou le cuivre dans le bleu, ou le sulfite de cadmium dans le jaune, ou le mercure dans le rouge de cinabre. 
     Autre problème : si vous voulez éliminer un tatouage à l'aide du laser ou de la lumière ultraviolette (les méthodes habituelles), le processus peut répandre les produits chimiques toxiques dans tout le corps, surtout si le tatouage contient le pigment jaune # 7.
     Saviez-vous que vous pouvez obtenir un tatouage qui brille dans l'obscurité ou qui répond à la lumière ultraviolette noire? Les encres de ces tatouages sont dangereuses, car les ingrédients peuvent se concentrer à seul endroit de la peau. Les solvants qui contiennent de l'alcool entraînent une augmentation de la perméabilité de la peau, ce qui signifie que le pigment et l'ensemble des produits chimiques circulent plus facilement dans le sang. L'alcool est aussi réputé pour augmenter l'activité des substances qui causent le cancer.

Qu'en est-il du tatouage au henné?
Le tatouage au henné est-il moins nocif? Pas vraiment. Si vous voulez choisir un tatouage au henné, vous devriez vous renseigner sur les ingrédients. Ceux qui contiennent de la paraphénylediamine (PPD) ainsi que d'autres produits chimiques toxiques trouvés dans les colorants, peuvent provoquer des réactions allergiques tardives, de l'hypo-pigmentation, des cicatrices et de la nécrose cutanée. En outre, l'utilisation de henné peut rendre définitivement intolérant aux sulfamides, aux écrans solaires qui contiennent du PABA, à la benzocaïne, et aux colorants capillaires.

Ce que vous devriez faire
Puisque les entreprises ne sont pas tenues de révéler les ingrédients de leurs encres de tatouage, et que vous n'êtes pas protégé contre les tatoueurs non qualifiés, vous devez prendre des précautions et voir à votre propre sécurité si vous tenez absolument à vous faire tatouer. 
     Par conséquent : 
     Consultez les données de sécurité (MSDS) pour chacun des pigments et des solvants qui seront utilisés par votre tatoueur. Ces informations de base vous aideront à mieux choisir.  
     Passez des tests cutanés pour chacune des encres qui sera être utilisée, même si votre tatoueur affirme qu’elles sont sans danger.
     Insistez pour obtenir des encres reconnues pour leur sécurité. Recherchez des solvants qui incluent de la glycérine, de l'éthanol et de l'eau purifiés plutôt que des produits chimiques plus toxiques.

La meilleure recommandation au sujet du tatouage? Ne vous faites pas tatouer. Sinon, faites vos devoirs et choisissez les encres les moins nocives et payez-vous les services d'un tatoueur professionnel.

Deborah Mitchell, Naturally Savvy http://naturallysavvy.com/ (February 2017) 

21 mars 2017

Qui commande?

La police néerlandaise dresse des aigles pour intercepter les drones malveillants (mars 2016). Image : Koen van Weel


L’aumônier militaire de la base d’entraînement Creech au Nevada, aurait dit à un pilote de drone qui se faisait des scrupules : «Si jamais vous tuez des gens avec un drone, c’est probablement parce que Dieu voulait qu’ils meurent.»

De la même manière, beaucoup de gens conçoivent erronément la réincarnation comme un système fataliste de rétribution et/ou de vengeance : «Je crois au karma. Ce qui signifie que je peux faire de mauvaises choses aux gens toute la journée en présumant qu’ils les méritent.»

Ouch!

QUI COMMANDE?

Les intelligences éminentes
Nous perçoivent-elles
Comme une misérable horde
De zombis en déréliction?

Substrats de particules
Scellées en créatures fragiles
Qui le temps d’une vie
Déshonorent ou ennoblissent

Est-ce la matière
Qui corrompt l’esprit?
Est-ce l’esprit
Qui corrompt la matière?

Qui commande aux atomes
D’haïr à ce point
Que la main
Soit fusils et bombes?

Qui commande aux atomes
D’aimer à ce point
Que la main
Soit fleurs et baumes?

Qui commande aux atomes
D’haïr à ce point 
Que le pied
Soit char d’assaut?

Qui commande aux atomes
D’aimer à ce point
Que le pied
Soit sans empreinte?

Qui commande aux atomes
D’haïr à ce point 
Que la langue
Soit venin de vipère?

Qui commande
D’aimer à ce point
Que la langue
Soit élixir d’hydromel?

Qui commande aux atomes
D’haïr à ce point 
Que le regard
Soit d’acier et furibond? 

Qui commande aux atomes
D’aimer à ce point
Que le regard
Soit de velours et affable?

Qui commande aux atomes
D’haïr à ce point
Que le cœur
Se mure de barbelés?

Qui commande aux atomes
D’aimer à ce point
Que le cœur
S’envoile de lumière?

Qui commande?
Qui?

Boudabla (Mestengo) © 2011

P.-S. : Si vous voulez une idée de ce qui se fabrique en matière de drones et autres bidules du genre, visitez https://twitter.com/echiva
N'étant pas une fan de gadgets électroniques, j'ai été renversée.

19 mars 2017

Se loger à Mumbai

Vivre à 9 dans 9 mètres carrés

La métropole indienne Mumbai est incapable de subvenir aux besoins de logement d'une population toujours plus nombreuse. La moyenne des loyers dépasse maintenant celle de Montréal et de Toronto. Portrait d'une crise sans précédent, du plus grand bidonville jusqu'à la maison la plus chère du monde.

Un reportage de Thomas Gerbet, correspondant en Inde pour ICI Radio-Canada  
Publié le samedi 18 mars 2017



http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1023063/vivre-a-9-dans-9-metres-carres-inde-mumbai-crise-logement-loyer-cher

16 mars 2017

Sans titre

La vie secrète des mouches mortes, Magnus Muhr

La mouche

Dans mon armoire à pharmacie,
La mouche d’hiver
Est morte de vieillesse.

~ Jack Kerouac

~~~

«Les frontières, ça veut dire «ferme les yeux». Quelqu’un t’a fermé les yeux, a essayé de fermer ton cœur, a essayé de fermer tes sentiments à ce qui t’entoure. C’est cela que signifie la frontière pour moi. ... Lorsque vous vous sentez encerlé, que vous êtes plus ou moins dans une prison, c'est comme si quelqu'un vous avait bandé les yeux.» Témoignage, documentaire Closing your eyes de Robin Hunzinger  https://vimeo.com/12183005

Le problème c'est que nous sommes des animaux encore grégaires et territoriaux...
Il faudrait évoluer un peu.  


Vingt ans après la chute du mur de Berlin, la question de Robert Frost demeure entière : «les bonnes barrières font-elles les bons voisins?». Dans les années récentes, les murs frontaliers ont proliféré autant le long de la frontière mexicano-américaine, en Israël ou en Inde ou la barrière de délimitation avec le Bangladesh vient d’être terminée. Pour autant, la question de la capacité de ces nouveaux murs à redéfinir des relations internationales pacifiques demeure entière. Quel rôle le Mur joue-t-il dans le développement de la sécurité/insécurité? Quel type de sécurité est associé aux murs frontaliers?

Barrières, murs et frontières  
Compte rendu : https://dandurand.uqam.ca/wp-content/uploads/sites/3/2016/04/Compte_rendu_Murs2011.pdf

Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques
Accueil https://dandurand.uqam.ca/ 

«Le Mexique songe à installer le long du mur de Trump le plus long trempoline au monde.» Le clin d'oeil de Stéphane Laporte (La Presse, 18 mars 2017)    

12 mars 2017

J’appuie Victor

Les Misérables d’aujourd’hui (frontière Mexique/États-Unis) 

Victor Hugo (26 février 1802 - 22 mai 1885), monstre sacré de la littérature française et mondiale, symbole de la modernité dans la littérature du XIXe siècle, esprit visionnaire et écrivain engagé, est l’auteur, entre autres, des Misérables. Cette fresque historique, sociale et philosophique, teintée des idéaux romantiques et des exigences du socialisme, est une œuvre totale. Maintes fois adaptée au cinéma, l’histoire de Jean Valjean, de Javert et de Cosette est entrée dans la mythologie universelle. Dans cette missive envoyée de Guernesey à son ami Alphonse de Lamartine, qui est lui aussi poète et républicain, Victor Hugo prône haut et fort l’origine radicale de cette oeuvre, à la mesure des rêves de la nature humaine. Une lettre-coup de poing de l’un des pères de la littérature française! 
http://www.deslettres.fr/

Guernesey, 24 juin 1862

Mon illustre ami,

Si le radical, c’est l’idéal, oui, je suis radical. Oui, à tous les points de vue, je comprends, je veux et j’appelle le mieux; le mieux, quoique dénoncé par le proverbe, n’est pas ennemi du bien, car cela reviendrait à dire : le mieux est l’ami du mal. Oui, une société qui admet la misère, oui, une religion qui admet l’enfer, oui, une humanité qui admet la guerre, me semblent une société, une religion et une humanité inférieures, et c’est vers la société d’en haut, vers l’humanité d’en haut et vers la religion d’en haut que je tends : société sans roi, humanité sans frontières, religion sans livre. Oui, je combats le prêtre qui vend le mensonge et le juge qui rend l’injustice. Universaliser la propriété (ce qui est le contraire de l’abolir) en supprimant le parasitisme, c’est-à-dire arriver à ce but : tout homme propriétaire et aucun homme maître, voilà pour moi la véritable économie sociale et politique. Le but est éloigné. Est-ce une raison pour n’y pas marcher? J’abrège et je me résume. Oui, autant qu’il est permis à l’homme de vouloir, je veux détruire la fatalité humaine; je condamne l’esclavage, je chasse la misère, j’enseigne l’ignorance, je traite la maladie, j’éclaire la nuit, je hais la haine.

Voilà ce que je suis, et voilà pourquoi j’ai fait Les Misérables.
Dans ma pensée, Les Misérables ne sont autre chose qu’un livre ayant la fraternité pour base et le progrès pour cime.

Maintenant jugez-moi.

Les contestations littéraires entre lettrés sont ridicules, mais le débat politique et social entre poètes, c’est-à-dire entre philosophes, est grave et fécond. Vous voulez évidemment, en grande partie du moins, ce que je veux; seulement peut-être souhaitez-vous la pente encore plus adoucie. Quant à moi, les violences et les représailles sévèrement écartées, j’avoue que, voyant tant de souffrances, j’opterais pour le plus court chemin.

Cher Lamartine, il y a longtemps, en 1820, mon premier bégaiement de poète adolescent fut un cri d’enthousiasme devant votre aube éblouissant se levant sur le monde. Cette page est dans mes œuvres, et je l’aime ; elle est là avec beaucoup d’autres qui glorifient votre splendeur et votre génie. Aujourd’hui vous pensez que votre tour est venu de parler de moi; j’en suis fier. Nous nous aimons depuis quarante ans, et nous ne sommes pas morts; vous ne voudrez gâter ni ce passé ni cet avenir, j’en suis sûr. Faites de mon livre et de moi ce que vous voudrez. Il ne peut sortir de vos mains que de la lumière.

Votre Vieil ami Victor Hugo

~~~

«Les Misérables sont un sublime talent, une honnête intention et un livre très dangereux de deux manières : non seulement parce qu'il fait trop craindre aux heureux, mais parce qu'il fait trop espérer aux malheureux», commenta Alphonse de Lamartine.


Einstein / Chaplin :
   – Ce que j'admire le plus dans votre art, dit Albert Einstein, c'est son universalité. Vous ne dites pas un mot, et pourtant, le monde entier vous comprend.

   – C'est vrai, réplique Chaplin. Mais votre gloire est plus grande encore : le monde entier vous admire, alors que personne ne vous comprend! 

Une coche au-dessus : 
   «Personne ne me lit, personne ne me comprend, personne ne me connait, personne ne m’admire/cite, mais, tout l’avenir m’appartient parce que beaucoup de gens plagient mes travaux!» ~ Nikola Tesla

9 mars 2017

Vieillir a ses avantages

Photo: film The Best Exotic Hotel (2011)

J’ai regardé au hasard quelques épisodes de Downton Abbey, afin de comprendre l’engouement général. Il faut aimer le romantisme édouardien, le mode de vie artificiel, protocolaire et passablement trivial, sinon ça peut taper royalement sur les nerfs. En tout cas, le but des producteurs était clair : redorer le blason des aristocrates... de si bonnes personnes. En réalité, cette famille fictive est une exception (1). 

Mon personnage préféré était la douairière Violet Crawley (joué à la perfection par Maggie Smith), notamment pour ses répliques.
   «Maggie a cette capacité d’imprégner les répliques d’un esprit et d’une dimension que parfois elles ne méritent pas. Pour un écrivain c'est un don exceptionnel chez un acteur. Elle a également un sens de la comédie basé sur une vision quelque peu ironique de la vie réelle, rendant celle-ci à la fois plus drôle et plus triste.»
~ Julian Fellowes, créateur de Downton Abbey

Maggie Smith a admis avoir écrit la plupart des répliques de Violet Crawley. Elle admet aussi qu'elle aime utiliser le f-word et s’irriter parce que ses standards sont élevés : «C'est vrai, je ne tolère pas les imbéciles, mais ils ne me tolèrent pas non plus, alors je suis chatouilleuse. C'est peut-être pour ça que je suis assez bonne dans les rôles de dames âgées.»

«À mon âge, je ne planifie pas longtemps d’avance. Je n'achète même pas de bananes vertes.»

«Les gens disent que les choses s’améliorent, mais ce n'est pas le cas. Les choses deviennent différentes, c'est tout.»

Maggie Smith a survécu à un cancer du sein : 
   «Je me sentais un peu bizarre. Je ne pensais pas que c'était grave parce qu'il y a quelques années, j’avais eu une tumeur bénigne. J'ai supposé que c’était pareil. Ça vous coupe le vent dans les voiles. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, si avenir il y a.»
   «La chimiothérapie est très étrange, ça vous rend plus malade que le cancer lui-même; une chose horrible. J’allais au traitement toute seule, mais presque tout le monde était accompagné. Je n'aurais pas aimé ça. Pourquoi voudriez-vous faire asseoir quelqu’un dans pareil endroit?» 
   «Certaines personnes disent que vous devez lutter contre le cancer. Mais le cancer luttait contre moi. La cure a été pire que la maladie, et elle m'a laissée complètement épuisée et déprimée. Je me cachais simplement dans l’appartement de ma belle-fille.»


«Toute la vie est une série de problèmes qu’on essaie de résoudre, le premier, et puis un autre, et puis un autre, jusqu’à ce qu’enfin on meurt.» (Violet Crawley)

«Je ne suis pas romantique, mais même moi, je concède que le cœur n’existe pas uniquement dans le but de pomper le sang.» (Violet Crawley)

~~~
(1) Portrait sociopolitique :
Le déclin politique de l’aristocratie britannique, par Clarisse Berthezène
https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2008-3-page-65.htm

Glamour et mondanités

Dans ce monde superficiel de l’aristocratie, l’important est de s’élever et de rester au-dessus de la masse en suivant des codes complexes de démarcation allant de l’habillement à la posture, à l’étiquette (façon de converser, de manger, de traiter les domestiques) jusqu’à la manière de gérer les fréquents écarts de conduite. Les aristocrates copient les comportements de la royauté à échelle réduite. Ils héritent de la fortune familiale, ne travaillent pas, profitent du travail de leurs métayers, sous-payés ou simplement nourris/logés, et récoltent les revenus de l’exploitation.

«Le mode de vie nobiliaire reste le mode de vie dominant pour les parvenus et les enrichis. L'aristocratie garde des signes distinctifs d'identité sociale : un train de vie mondain, la double résidence (dans l'idéal un hôtel particulier en ville et un château à la campagne), des loisirs coûteux en temps et en espace (chasse, tourisme).»  http://www.philisto.fr/

Les bonnes œuvres ne compensent pas les privilèges que s’accordent ceux qui se prétendent supérieurs – «la brutalité sous un vernis de luxe, la vantardise de comédien, par quoi le riche fait étalage de ses jouissances, évoquent, chez le pauvre, l'idée que l'argent seul importe, tandis qu'en réalité, si l'argent importe quelque peu, l'esprit importe bien davantage.» (Nietzsche)

8 mars 2017

Florilège 8 mars 2017

Tristement vrai...
Photoquote :
http://ldh-paysderedon.blogspot.ca/2016/03/appel-un-8-mars-de-lutte-pour-legalite.html

Love + rage to all the women striking, marching, dancing, rallying, shouting, dreaming, strategizing - and forced to work. ~ Naomi Klein‏
https://twitter.com/NaomiAKlein

 
 


Le 8 mars 1917, à l'occasion de la Journée des femmes, des travailleurs défilent paisiblement à Petrograd  

La manifestation se dégrade très vite. Elle entraîne en quelques jours l'effondrement du régime tsariste. Une semaine plus tard, Nicolas II abdique et laisse la place à une République démocratique. Celle-ci s'effondrera à son tour neuf mois plus tard, laissant le pouvoir aux bolcheviques...
Source : https://www.herodote.net/8_mars_1917-evenement-19170308.php

 

7 mars 2017

La mère qui veille

Photo : Mama Zhor, vers une évolution du modèle de mère SOS
http://www.sos-maroc.org/

La seule

Quand je vivais dans le gris
tu te penchais sur mon berceau
présence qui n’a pas de prix
et me suivra jusqu’au tombeau
Un jour mes yeux ont reconnu
ton visage
ce monde de tendresse nue
cet unique paysage
qui muet nous dit
ce que nous sommes
des êtres maudits
ou la grandeur de l’Homme
Ici ou ailleurs
dans un monde dit meilleur
tu veilles toujours sur tes enfants
innocents ou assoiffés de sang
toi qui accueilles le Bien et le Mal
Amour qui jamais
ne se dément
maman qui trouve normal
que l’on soit sages ou déments
tu n’as point ton égale
dans le chaos du monde
toi, cette mer étale
dans le tohu-bohu immonde

Kamal Zerdoumi (poète originaire du Maroc)

http://www.poetica.fr/a-propos/

3 mars 2017

Cours 101 pour créationnistes : ethnies et génétique

Quelle magnifique tête! Ce regard si intelligent me donne le frisson... pas vous?

Connaissez-vous la race de ce chien? Heinz 57 (mélange classique de plusieurs espèces canines)

Ethnie
Patrimoine génétique de l'humanité

Source : Dinosoria – visitez la page, les photos sont splendides (1)

Aujourd’hui, grâce aux progrès en génétique, nous savons que nous ne pouvons découper la population mondiale en races distinctes, mais simplement en ethnies.
     L’ethnie est un groupement humain qui possède une structure familiale, économique et sociale homogène, et dont l’unité repose sur une communauté de langue, de culture et de conscience de groupe.
     La hiérarchisation des groupes humains en races est une aberration scientifique. On ne peut en aucun cas subdiviser l’espèce humaine en Jaunes, Noirs et Blancs selon le critère apparent de la couleur de la peau.
     Quelle que soit notre couleur de peau ou notre origine géographique, nous possédons tous les mêmes gènes.

L’unité de l’espèce humaine

Nous sommes nés dans la savane africaine. Les premiers chasseurs-cueilleurs ont quitté le berceau africain pour coloniser la planète.
   Les hommes se sont alors diversifiés, les couleurs de peau se sont modifiées et les langages se sont multipliés. 
   À partir d’une base commune, les populations inventent de grandes diversités de mode de vie et de comportements.
   Mais quelles que soient les différences de traditions, chaque être humain porte les mêmes types de gènes.
   Les hommes modernes sont apparus au Proche-Orient. On ne connaît pas leurs caractéristiques physiques externes, ni la couleur de leur peau.
   Dans la mesure où le climat y est chaud, on peut penser qu’ils étaient plutôt basanés. Une chose est sûre, ils sont à l’origine de la diversité de toutes les populations humaines d’aujourd’hui.

L’espèce humaine a bien failli disparaître

D’après les recherches génétiques qui ont été effectuées, l’homogénéité des gènes au niveau mondial découle d’une seule raison : nos ancêtres étaient très peu nombreux.
   C’est d’ailleurs ce qui explique que les fossiles du Paléolithique sont si rares. On estime qu’ils n’étaient pas plus de 30 000 ans concentrés dans quelques parties du monde. 
   Notre espèce a donc frôlé l’extinction. Il aurait suffi d’un changement climatique ou d’une épidémie pour que nous disparaissions.

Les différentes ethnies

La grande colonisation humaine s’est déroulée en quelques dizaines de milliers d’années à partir d’environ 100 000 ans.
   Bien longtemps après Homo erectus, Homo sapiens part à la conquête des continents : Asie, Australie, Europe occidentale, recolonisation de l’Afrique et l’Amérique.
   Même après la colonisation de la planète, la population mondiale reste restreinte. Le taux de mortalité infantile devait être énorme ainsi que celui des femmes pendant l’accouchement.

Des ethnies différentes, mais un même patrimoine génétique. By Pardeshi

Les différents groupes emportent avec eux des gènes qui ne sont pas exactement semblables à ceux de la population d’origine.
   La raison en est simple. Chaque individu possède un patrimoine génétique commun, mais il est unique.
   Sa combinaison génétique spécifique lui vient de son père et de sa mère.
   Au fil des générations, certains gènes peuvent disparaître et d’autres subsister. 
   Plus les siècles passent et plus notre patrimoine génétique s’éloigne de celui de nos ancêtres.
   Les gènes n’expliquent pas tout quant aux différences physiques externes. L’environnement et le climat ont joué un rôle essentiel. 
   Un individu blond à la peau blanche est plus sujet au cancer de la peau par fort ensoleillement qu’un individu à peau noire.
   À l’inverse, une personne à peau noire synthétise moins la vitamine D qui est indispensable pour fixer le calcium dans les os qu’une personne à peau claire.
   Notre organisme en fabrique naturellement sous l’influence des rayons ultraviolets du Soleil. Cela signifie qu’une personne à peau noire qui vit dans une zone peu ensoleillée est plus exposée au rachitisme.
   À partir des recherches génétiques, on peut faire quelques suppositions et penser que lors de la colonisation de la planète, une « sélection » s’est opérée, car certaines vulnérabilités provoquaient une plus grande mortalité.
   Ce n’est bien sûr qu’une hypothèse. 
   Ce dont nous sommes certains c’est que les changements de couleur se sont opérés assez rapidement, pas plus de quelques milliers de générations.
   Ce qui est intéressant c’est que deux ethnies proches physiquement peuvent avoir un patrimoine génétique assez éloigné.
   C’est le cas des Papous en Océanie et des Bantous en Afrique.
   Ils se ressemblent physiquement : petits, peau très foncée, cheveux crépus. 
   Pourtant, les Papous sont génétiquement proches des Vietnamiens et des Chinois tandis que les Bantous sont proches des autres Africains.
   Mais, leur point commun est l’environnement et le climat : les deux populations vivent dans la forêt équatoriale.

Jeunes Bantous réfugiés. By Barefoot in Florida

Depuis la naissance des premiers Hommes modernes, ce qui a changé c’est l’aspect extérieur, les couleurs, les cultures et les religions, mais peu les gènes.

Le mélange des ethnies

On pourrait penser qu’avec la mondialisation, notre espèce tend vers l’uniformisation. Cependant, les migrations ne concernent qu’une toute petite partie de la population, environ 10 %.
   Notre espèce est grégaire et ne migre que contraint et forcé. 
   Par contre, il existe une plus grande diversité d’ethnies dans les métropoles. 
   Les préjugés pourraient nous faire penser que ce mélange va aboutir à un métissage de notre espèce. Mais, c’est faux. La génétique est là pour le prouver.
   Par exemple, le mélange du noir et du blanc ne donnera pas au fil des générations des métis à la peau café-au-lait.
   C’est généralement le cas pour la première génération, mais pas pour les suivantes qui reconstituent les types des grands-parents : soit noir, soit blanc. 
   C’est aussi ce qui explique que des jumeaux peuvent avoir une couleur de peau différente. En juillet 2008, des jumeaux de couleur de peau différente sont nés en Allemagne.
   La mère, à la peau noire, était originaire du Ghana et le père, à la peau blanche, était de souche allemande.
   Ce type de naissance est assez rare, mais pas exceptionnel.
   Le Brésil est un bon exemple. Les Brésiliens possèdent un patrimoine génétique qui combine les gènes amérindiens, africains et européens. 
   C’est pour cette raison que les individus sont si différents physiquement.

Portraits du Brésil. By Babasteve

Certains Brésiliens sont blonds aux yeux clairs, d’autres ont la peau noire et les cheveux crépus ou d’autres encore ont la peau légèrement basanée. 
   Le métissage n’uniformise pas et les types originaux ne disparaissent pas. Au contraire, le métissage augmente la diversité, car les gènes s’associent au lieu de se diluer.
   Ceux qui pensent encore que notre patrimoine génétique est en danger peuvent donc être rassurés.
   Inutile de préciser que toutes les théories fumeuses sur les races dont certaines seraient supérieures à d’autres peuvent être qualifiées de tout sauf de scientifiques.

Évolution d'Homo sapiens

Physiquement, nous évoluons très lentement. Il faudra compter en millions d’années pour que ces changements soient visibles.
   L’homme reste soumis aux lois de la biologie et nous sommes sujets à des adaptations. 
   Le brassage actuel permanent des gènes rend impossible l’apparition par dérive génétique des caractères récessifs.
   Nous savons que l’Homme ne pourra pas rester sur Terre plus de 4 milliards d’années. Si nous sommes toujours là, il nous faudra trouver de nouvelles terres à coloniser. L’espace sera alors la seule solution pour préserver notre espèce.
   Nous savons encore peu de choses sur les conséquences de la vie dans l’espace. Nous savons seulement que les modifications physiques sont importantes en apesanteur.
   Il est probable qu’après plusieurs millions d’années passées sur d’autres planètes, nos descendants auront un aspect physique différent.

Une note d'humour avec cet alien qui a bien du mal à téléphoner. By Looking Glass

Peut-être alors pourrons-nous parler de nouvelles races si des mutations génétiques importantes s’effectuent.

Je conclus ce dossier avec cette très belle phrase d’Hubert Reeves, astrophysicien à la renommée internationale :
«L’intelligence est-elle un cadeau empoisonné? Se pose maintenant à nous cette question cruciale : sommes-nous en mesure de coexister avec notre propre puissance? Si la réponse est non, l’évolution continuera sans nous.»

V. Battaglia (04.03.2009)

Références et Crédit photographique :  
Hubert Reeves; Patience dans l’azur. Seuil 1988
Yves Coppens; Le Singe, l’Afrique et l’Homme. Fayard 1998
André Langaney; Le Sexe et l’Innovation. Seuil 1987
Jean-Pierre Henry et Pierre-Henri Gouyon; Précis de génétique des populations. Sciences Sup 2008

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(1) http://www.dinosoria.com/ethnie.html

Dossier religion : http://www.dinosoria.com/religion.htm