7 août 2019

Brésil : objectif zéro arbre, zéro autochtone

Le criminel environnemental Jair Bolsonaro qualifiait la forêt amazonienne de «territoire improductif et désertique [sic] qui gagnerait grandement à être intégré au système économique national; les Indiens y vivent dans des conditions préhistoriques et entravent la croissance économique du pays».

Pour répondre aux objectifs du clan conservateur (la Bancada BBB Bible, Bœuf, Balle dont il est la marionnette) qui regroupe des parlementaires liés aux intérêts de la police militaire, des églises évangélistes et de l’agro-industrie, Bolsonaro doit construire une autoroute traversant la forêt amazonienne, répondre au lobby agroalimentaire en ouvrant des droits à la culture du soja et à l'élevage bovin, ouvrir les territoires des communautés indigènes aux entreprises minières, assouplir les lois relatives à la protection de l'environnement et interdire les ONG écologistes. C’est donc le ministère de l’Agriculture qui gère désormais les délimitations des terres indigènes.

Photo : Apu Gomes / AFP. Un indigène Wayapi près du village de Manilha, dans la région de l’Amapa au Brésil, en octobre 2017  

Le Monde, 28 juillet 2019 – Au Brésil, des orpailleurs suspectés du meurtre violent d’un indigène dans une réserve protégée. L'indifférence du président Jair Bolsonaro à l'égard de la mort du cacique Wayapi, tué le 23 juillet, illustre son mépris envers les indigènes. Ils ont parlé d’une cinquantaine d’orpailleurs clandestins, armés de fusils automatiques, prêts à les massacrer au nom d’une fortune aussi éphémère qu’illusoire, relatant la capture, la torture et la mort d’un des leurs. (1)

“Cut, burn, dig, drill & kill” ~ God  
Vous trouverez dans cet article des citations de Bolsonaro qui révèlent sa vision dictatoriale et meurtrière de la gouvernance :

Chutes d’Iguazu. Au cœur de la forêt amazonienne, entre la province de Misiones en Argentine et l’État de Parana au Brésil, 275 cascades se déversent dans le Rio Iguazu, un affluent du fleuve Parana.

Ocelot. Presque totalement décimé dans les années 1970 – on vendait 200 000 peaux par année pour vêtir les poules de luxe des riches. Quelle bande de décérébrés...

Photo : Anne-Marie Kalus. Un Jaguarondi dans les copeaux. Il est menacé par la déforestation et les trappeurs.

Photo : Ricardo Funari / Brazil Photos / Getty. Au Brésil c’est un peu plus de 984 000 hectares qui disparaissent chaque année malgré un recul de 16 % de la déforestation entre juillet 2016 et août 2017.  

Cratères et déchets miniers, monoculture de soja, immenses parcs à bestiaux, main-d’œuvre d’esclaves empoisonnés, voilà ce qui remplacera le paysage de l’ancienne forêt amazonienne. Il n’existe pas de mots pour qualifier ces crimes contre les humains et la nature.

Brésil : la déforestation multipliée par quatre
Agence France-Presse à Sao Paulo 7 août 2019

Photo: Raphael Alves / AFP. Cette photo prise en octobre 2014 montre une zone déforestée; une exploitation de bois illégale au milieu de la jungle amazonienne.

La déforestation au Brésil en juillet a été quasiment quatre fois supérieure au même mois de 2018, selon des chiffres officiels publiés mardi, confirmant un état des lieux préoccupant, mais mis en cause de façon régulière par le président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
   L’Institut national de recherche spatiale (INPE) brésilien, l’organisme public chargé de mesurer la déforestation en Amazonie, a fait état de 2.254 kilomètres carrés de zones déforestées dans le pays le mois passé, contre 596,6 kilomètres carrés en juillet 2018, soit une augmentation de 278% sur un an.
   Les dernières données de l’INPE faisaient état d’une augmentation de 88% de la déforestation au Brésil en juin par rapport à ce qui avait été recensé pour le même mois l’année dernière. Les zones déforestées atteignent 6.833 kilomètres carrés sur les 12 mois écoulés, en augmentation de 40%, selon le même organisme.
   Le gouvernement Bolsonaro a limogé récemment le directeur de l’INPE, Ricardo Galvao, accusé de fournir des chiffres «mensongers» pour «faire le jeu des ONG».
   Pour le chef de l’État, climatosceptique notoire, les données montrant une augmentation récente de la déforestation «ne correspondent pas à la réalité» et «portent préjudice à l’image du Brésil».


France Culture, 9 février 2019 – La forêt amazonienne qui occupe 4 millions de km2 sur sa partie brésilienne, soit la moitié de la surface du pays, n’a jamais été vraiment considérée par les Brésiliens. Sans autre intérêt à leurs yeux que d’abriter des indigènes n’ayant pas pris le train de la modernité, cet espace représentant huit fois la France est devenu un terrain à exploiter dès la deuxième moitié du XXe siècle.
   Comme la forêt du bassin du Congo ou celles d’Asie du Sud-est, l’Amazonie, est un immense «piège à CO2». Ou plutôt «était». Car selon des études scientifiques, la destruction ou la dégradation déjà entamées des grandes forêts tropicales du globe font qu'aujourd'hui elles rejettent plus de dioxyde de carbone qu'elles n'en absorbent.
   La catastrophe du barrage minier de Brumandinho (Sud est) le 25 janvier dernier, causant la mort de plus de 100 personnes et la disparition de 200 autres a réveillé le souvenir récent du drame de Mariana et rappelé qu'aujourd'hui encore la société Vale, propriétaire des mines, n'a toujours pas payé pour ce «Fukushima brésilien». Le 5 novembre 2015, la rupture de deux barrages dans la région du Minas Gerais tuait une vingtaine de personnes et, déversant 60 millions de tonnes de boues issues de mines de fer, provoquait la plus grande catastrophe écologique du Brésil. «Ces ruptures ont tué biologiquement le Rio Doce, explique Florent Kohler. Plus de trois ans après, l'entreprise Vale (propriétaire également des mines de Brumandinho) n'a toujours pas payé l'amende de plusieurs milliards de dollars ni dédommagé les habitants.»

Source de la photo : Reporterre. La rupture de deux barrages en novembre 2015 dans l'état du Minas Gerais avait libéré des boues détruisant la vie biologique de tout un fleuve. La coulée a frayé inexorablement son chemin vers l’océan, provoquant un désastre sur les écosystèmes. Un air de fin du monde...!

(1) Les environnementalistes risquent leur vie pour sauver la planète
Democracy now! 1er août 2019

164 assassinats d'écologistes et de défenseurs de la terre et de l'eau ont eu lieu en 2018, répertoriés dans un nouveau rapport intitulé «Les ennemis de l'État? Comment les gouvernements et les entreprises font taire les défenseurs de l'environnement».  Publié par Global Witness, une organisation internationale à but non lucratif qui œuvre pour la protection des droits de l'homme et de l'environnement en luttant contre la corruption, le rapport note que «le chiffre réel risque d'être beaucoup plus élevé, car les cas ne sont souvent pas enregistrés et très rarement examinés».
   Le rapport est d'envergure mondiale. Parmi les endroits les plus dangereux pour les défenseurs des terres en 2018 se trouvaient les Philippines, le Guatemala et le Brésil. Le rythme de la violence au Brésil ne fait qu'accélérer depuis l'arrivée à la présidence, en janvier dernier, de l'extrémiste de droite Jair Bolsonaro, qui nie l'existence des changements climatiques.
   «Jair Bolsonaro a été élu en promettant une campagne anti-environnementale. Aujourd'hui, il livre, malheureusement», a déclaré Carlos Rittl, secrétaire exécutif de l'Observatoire du climat, un réseau d'organisations de la société civile brésilienne, à l'heure des nouvelles de Démocracy now!. «Le département responsable de la lutte contre la déforestation, le ministère de l'Environnement, a été fermé.»
   Depuis l'arrivée au pouvoir de Bolsonaro, le taux de destruction de la forêt amazonienne a augmenté de près de 40 %. La forêt tropicale joue un rôle vital dans la régulation du climat mondial. En mai, huit anciens ministres brésiliens de l'environnement ont averti : «Nous sommes confrontés au risque d'une déforestation galopante en Amazonie». Comme on l'a dit, le Brésil est en train de devenir un «exterminateur» du futur de la planète.
   Fin juillet, Emyra Wayapi, un chef de la tribu indigène Wayapi en Amazonie, a été assassiné par un groupe de 10 à 15 hommes armés qui participaient à une opération minière illégale. La Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, ancienne présidente du Chili, a qualifié son assassinat de «tragique et condamnable en tant que tel. C'est aussi un symptôme inquiétant du problème croissant de l'empiètement sur les terres autochtones – en particulier les forêts – par les mineurs, les bûcherons et les agriculteurs au Brésil».


~~~

«Quand la nature aura passé, l’homme la suivra.» ~ Roger Heim

«Admirons la sagesse de ceux qui rêvent d’habiter la lune après avoir rendu la terre inhabitable.» ~ Lanza del Vasto

Vivre de peu
Joseph Delteil (1894-1978)  

La civilisation moderne, voilà l’ennemi. C’est l’ère de la caricature, le triomphe de l’artifice. Une tentative pour remplacer l’homme en chair et en os par l’homme robot. Tout est falsifié, pollué, truqué, toute la nature dénaturée. Voyez ces paysages métallurgiques, l’atmosphère des villes corrompue (les poumons couleur Louvres), les airs et leurs oiseaux empestés d’insecticides, les poissons empoisonnés jusqu’au fond des océans par les déchets nucléaires, partout la levée de substances cancérigènes, la vitesse hallucinante, le tintamarre infernal, le grand affolement des nerfs, des cœurs, des âmes, à la chaîne vous dis-je… Telle est la vie industrielle, la vie atomique. Le grand crime de l’homme moderne! Oui, ceci n’est qu’un cri : Au feu! Au fou! À l’assassin! 

Quant à l’alimentation… Le pain, le vrai pain est mort. Vous savez comment on dégerme, énerve, décervelle le brave blé (après quoi il reste il est vrai l’amidon, sans doute pour les lavandières du Portugal). Comment on sophistique toutes choses, à force de bromures, de carbonates de magnésie, de persulfates d’ammonium, etc. Vous consommez le lait conservé à l’aldéhyde formique, les épinards verdis au sulfate de cuivre, le jambon au borax, le vin fuschiné, etc. C’est l’alimentation chimique. 

Ils appellent ça le progrès. Mais entre l’hippopotame dans son marigot, le lézard au soleil et l’Homme au fond de sa mine, où est le progrès? 

Il s’agit de faire front, de retrouver terre, de redevenir sauvages, vierges de sens et d’esprit comme au premier matin… 

Source :
Cent poèmes pour l’écologie
Choisis par René Maltête
Le cherche midi éditeur; 1991

Aucun commentaire:

Publier un commentaire