Un sujet
très important quand on parle des femmes : la confiance en soi; on est
encore très nombreuses à dire que c’est pas quelque chose qui nous habite de
façon spectaculaire... «La confiance ne fait pas partie de notre ADN. Depuis le
début de l’humanité, je pense que c’est ainsi. Le propre de la gente féminine c’est
d’attendre d’exister dans le regard d’autrui, c’est pour ça qu’on a un genre, qu’on
a été mises au monde... pour avoir cette permission-là d’exister dans le regard
d’autrui. Alors, le premier regard c’est tes parents, pis après ça, ben c’est
ton petit chum. Pis après ça, c’est ton employeur, pis après c’est toujours par le
regard des autres que t’existes.» ~ Sophie Lorain (comédienne, réalisatrice et
productrice)
Source : Plus on est de fous, plus on lit : des conseils pour survivre à l’adolescence.
Segment :
La série L’Académie, entrevue avec Sarah-Maude Beauchesne
Vient un
moment où l’on cesse de s’identifier à des symboles de beauté, de succès, de
richesse, d’intelligence ou autres. Se détacher des choses qui nous tiennent en
laisse est extrêmement libérateur, et ça peut arriver à n’importe quel âge; c’est
souvent la sagesse acquise par l’expérience qui nous y conduit (1).
Elle est peut-être la personne la plus âgée
du monde, mais à 117 ans elle est trop occupée pour s'en soucier
Photo :
Juan Karita / AP. Julia Flores Colque, 117 ans, regarde la caméra alors qu'elle
est assise devant chez elle à Sacaba, en Bolivie, le 23 août. Sa carte
d'identité nationale, vérifiée par le gouvernement, dit qu'elle est née le 26
octobre 1900 dans un camp minier des montagnes boliviennes.
Au cours
de sa longue vie, elle a été témoin de deux guerres mondiales, de révolutions
dans sa Bolivie natale, et de la transformation de sa ville rurale Sacaba qui,
en cinq décennies, est passée de 3000 habitants à 175 000. (...)
Ces jours-ci, elle apprécie la compagnie de
ses chiens et chats, et de son coq. Elle est lucide et pleine de vie. Elle aime
les bons gâteaux et les chants folkloriques en quechua, qu’elle chante à
quiconque vient la visiter à sa maison qu'elle partage avec sa petite-nièce de
65 ans. (...)
«Elle a toujours été active, facile à vivre
et amusante», dit la petite-nièce, Agustina Berna.
Seattle Time, August 29, 2018
Ma vie
Mireille Bergès
J’ai eu
vingt ans et bientôt trente,
les
quarante ont suivi et aussi les cinquante,
avec
quelques unités pour perturber les comptes.
J’ai lu
des magazines qui parlaient de mes rides,
de
bouchers qui taillaient dans les bides
et remontaient
des seins à la file
comme
dans les usines pour les automobiles.
Rester
jeune, peu importe le prix!
Info, intox,
il paraît même que le botox...
Alors,
là, moi, j’dis stop.
Remonter
le temps? Avoir encore vingt ans?
Ça va
pas, non? Tu sais quoi? J’ai pas le temps.
Demain,
dans un mois, dans un an,
j’irai me
balader pas très loin sur la plage
et je
ramasserai des galets arrondis
que je
colorierai aux couleurs du bonheur.
Je lirai
des légendes, écouterai des contes
et puis
les offrirai à qui voudra entendre.
Je me
ferai des amis, au hasard
sur la
toile, dans la rue ou au bar;
on
discutera jusqu’au bout de la nuit
de la
vie, de l’amour et de la mort aussi.
Demain,
dans un mois, dans un an,
j’aurai
les bras câlins de mes petits enfants
à mon cou
enroulés pour mieux me protéger.
Mes
enfants seront là et nous nous sourirons,
heureux
d’avoir su traverser sans sombrer
les
tempêtes, les naufrages et puis quelques orages.
Il
m’arrivera encore de chanter, de danser
et de me
régaler de gâteaux, de bonbons,
de p’tits
plats mijotés
sans
penser aux kilos ou bien à ma santé.
Demain,
dans un mois, dans un an,
je
sortirai la nuit avec tous les hiboux
et verrai
le soleil sur la mer se lever.
Je
marcherai longtemps en goûtant le silence
j’aimerai
les odeurs de la mousse en automne
et du
foin en été
et le
chant des cigales et le soleil brûlant.
J’écouterai
toujours le malheur qui se plaint.
J’éprouverai
encore les bouffées de colère
face à la
bêtise et la haine étalées.
Jamais ni
l’injustice ni l’infamie je n’accepterai
et
lèverai en l’air, mon poing avec rage.
Demain,
dans un mois, dans un an...
Et si la
mort survient,
car elle
survient toujours, la garce,
elle me
trouvera debout, occupée et ridée.
Une auteure à suivre :
(1) Pour se laisser duper, il faut d’abord se
duper soi-même. «[Chacun]
s’impose sa propre illusion : nul ne peut faire cela pour lui, c’est lui seul
qui le fait. Nous créons notre illusion et en devenons esclaves. Le facteur
fondamental de ce processus est notre constant désir d’être quelque chose. Nous
en connaissons l’effet dans ce monde : c’est une confusion totale où chacun de
nous est en lutte avec les autres, où l’on se détruit au nom de la paix. Vous
connaissez les ruses de ce jeu. C’est une extraordinaire façon de nous mentir à
nous-mêmes.
Nous commençons à tricher dès que nous avons
cette soif d’être, de devenir, de nous accomplir, d’acquérir l’estime
des autres, une situation, du prestige, du pouvoir. Ce désir d’être socialement
reconnu, n’est-il pas la raison même pour laquelle nous nous dupons? C’est un des problèmes fondamentaux de
notre existence. Est-il possible de vivre en ce monde et de n’être rien? Alors seulement serions-nous
affranchis de toute illusion.
La vérité
n’est pas quelque chose qui peut s’acquérir. L’amour ne peut pas venir à ceux
qui ont le désir de le posséder ou qui voudraient s’identifier à lui. Mais il
peut se produire lorsque l’esprit ne cherche pas, lorsqu’il est complètement
tranquille, lorsqu’il ne crée plus des mouvements et des croyances sur
lesquelles il puisse s’appuyer ou dont il tire une certaine énergie, symptôme
de ses illusions. Et l’esprit ne peut être ainsi immobile que lorsqu’il
comprend le processus du désir. Lorsqu’il n’est plus en mouvement pour être ou
pour ne pas être, il rend possible l’existence d’un état dépouillé de toute
duperie.»
~ Krishnamurti,
1895-1986 (La première et la dernière
liberté)