Neige, verglas, soleil, neige, ensuite froid polaire... Winta story. Le dieu des skieurs a répondu à leurs prières.
La neige
Michael Donhauser
Vu de
l'extérieur donc vers l'intérieur, son tourbillon correspond à l'arbitraire des
pensées, qui se vaporisent et se mettent en boule si elles n'ont pas encore
assez de poids pour tomber avec la constance particulière aux mots.
Rien ne
pousse le regard, tant que la neige ne l'a pas accaparé, à supposer déjà à
travers ses gestes estompés une sorte de récit.
Seul le
désespoir, peut-être, vient à sa rencontre et c'est ce qui me fait chercher,
avec son vacillement, un accord.
Mais à
peine dehors, donc dans la neige, tous les détails s'embrouillent et
s'échangent dans le plaisir et la colère qu'elle prend à supprimer les bordures
de pierre, envahir les carrefours, faire de la ville un désert.
En même
temps elle pénètre et se fait conteuse, elle se pose sur la corniche des
façades, tourbillonne autour du tram, étouffe le silence des unes, le
vrombissement de l'autre, dans une ville devenue alors étrangère.
À cette
irruption soudaine fait suite, lentement, le calme d'un accord et bientôt je
marche, tel un peut-être Russe, sur ses chemins étroits, contournant les
amoncellements le long des voies enneigées [...]
Finalement
elle embourbe les rues et j'entends l'obsession qui n'est plus la sienne, le
hurlement des moteurs et des pneus qui tournent à vide, dérapent.
In
«Action poétique, n°166, Poètes autrichiens d'aujourd'hui», p.14, traduction de
Florence Hetzel, Siegfried Schopper, Michelle Grangaud.
***
Lorsque le
sol est recouvert d’une couche de neige, et surtout lorsqu’il neige fortement,
c'est comme du silence qui tombe. Ne s’agit-il que d’une illusion, ou y a-t-il
vraiment moins de bruit? Non, il ne s’agit pas d’une illusion. En effet, il
y a moins de bruit car la neige ne réfléchit pratiquement pas le son. Par
contre elle l’absorbe fortement.
Le bruit produit par une source sonore
atteint nos oreilles sur deux chemins différents. Primo il nous parvient en
ligne directe à travers l’air. Secundo il atteint nos oreilles après avoir subi
de nombreuses réflexions sur les surfaces les plus diverses (routes, murs,
rochers, prés...).
Les différentes surfaces ne réfléchissent
pas les ondes sonores de la même façon. Des surfaces «dures» réfléchissent
particulièrement bien le son. Le contraire vaut pour des surfaces «molles»,
inégales et poreuses, notamment pour un sol couvert de neige. Comme les flocons
sont légers la couche de neige n’est dans un premier temps pas encore compactée
et contient bon nombre de minuscules cavités d’air. Ainsi la surface de contact
entre les cristaux de glace et l’air est énorme, de sorte que les ondes sonores
sont fortement absorbées. La neige amortit tout bruit à la manière d’une mousse
en polystyrène ou d’un tapis épais.
Par temps de neige, il n’y a pratiquement
pas de réflexion d’ondes sonores. Le niveau sonore global est donc
nettement moindre. Quand il neige à plein temps l’amortissement du bruit est
particulièrement important. À l’absorption du son s’ajoute la diffusion du son.
Ce sont surtout les gros flocons qui diffusent les ondes sonores dans toutes
les directions. Le bruit se perd en quelque sorte dans l’espace. Un phénomène
analogue s’observe d’ailleurs par temps de brouillard (minuscules gouttelettes
dans l’air et sur les surfaces). Il s’y ajoute encore un autre effet : de
nombreuses sources sonores typiques sont moins bruyantes. Les autos circulent
plus lentement, le bruit de nos pas est atténué par la neige...
Que se passe-t-il avec les ondes sonores
absorbées par la neige? Comme les ondes sonores transportent de l’énergie
elles mettent les molécules de l’air en mouvement. Et cela d’autant plus que le
bruit est plus fort. Donc, lorsque les ondes frappent la neige les particules
de l’air enfermées dans les cavités de la neige sont mises en mouvement. Comme
ces cavités sont minuscules les particules sont fortement freinées par le
contact avec les parois. Il s’agit du frottement entre l’air et les cristaux de
glace. Or, tout frottement engendre de la chaleur. En d’autres termes,
l’énergie des ondes sonores est transférée à la neige sous forme de chaleur.
Le bruit est-il capable de faire fondre la
neige? Non, pas du tout! L’énergie du bruit est bien trop faible. Il est
même impossible de mesurer la plus petite augmentation de la température. ~ André Mousset, physicien (MNHN) https://www.science.lu/fr
Photos via Météo Média (superbe galerie de photos!) :
Glissant... ouvre tes ailes mon petit, au moins tu en as toi.
Pessoa
Alvaro de Campos
Je
m'éveille la nuit subitement
et ma montre occupe la nuit tout entière.
Je ne sens
pas la Nature au-dehors.
ma chambre est une chose obscure aux murs
vaguement blancs...
Au-dehors
règne une paix comme si rien n'existait.
Seule
cette montre poursuit son petit bruit
et cette petite chose à engrenages qui se trouve
sur ma table
étouffe toute l'existence de la terre et du
ciel...
Je me
perds quasiment à penser ce que cela signifie,
mais je m'arrête net, et dans la nuit je me sens
sourire du coin des lèvres,
parce que la seule chose que ma montre symbolise
ou signifie
en emplissant de sa petitesse la nuit énorme
est la curieuse sensation d'emplir la nuit énorme
avec sa petitesse...
Poésies d'Alvaro de Campos avec gardeur de
troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro in Poésie/Gallimard p. 96
Source des poèmes : http://brisdemots-amaryllis.blogspot.ca/
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