20 décembre 2017

Le stress des fêtes

La meilleure façon de se libérer du stress des fêtes est d’apprendre à dire «non». Non à la pollution, à la surconsommation, aux réceptions où l’on ne veut pas aller, aux fausses obligations, etc.
Vous aimerez peut-être : L’art de refuser

Cela dit, je me réjouis pour ceux qui adorent la période des fêtes. Si les récompenses valent les efforts, pourquoi se priver?  

Toutefois je compatis avec ceux qui détestent, non pas les congés, mais l’odieuse machine à fric, les déplacements dans les bouchons de circulation, les files d’attente dans les épiceries, les partys de famille et de bureau «obligés», le magasinage, et toutes les formes possibles de pollution – visuelle (partout), sonore (dans les rues, les boutiques et les épiceries) et olfactive (parfums synthétiques et chandelles potpourri). L’orgie donne la migraine, la nausée. Même si, par choix, on ne participe pas, on subit la dictature de l’industrie.
    La fête du plastique commence au début de novembre et s’étend jusqu’à la mi-janvier. Les fêtes créent des millions de tonnes de déchets qui prendront le chemin de la poubelle ou du bac de recyclage : arbres de Noël, décorations, babioles, emballages, guirlandes en aluminium, jeux de lumières, cadeaux, jouets défectueux ou toxiques, jeux électroniques obsolètes, etc.
    Create memories, not garbage. (Metro Vancouver)
    C’est aussi la saison du gaspillage alimentaire. L’abattage de porcs, de dindes et de poulets prend des proportions hors du commun. Que dire de la quantité de bouteilles de vin et d’alcool souvent non recyclées?
    C’est vraiment fou.


Le défouloir londonien


Le Rudolph's Christmas Rage Room proposait un exercice de défoulement consistant à fracasser des accessoires et des décorations de Noël à l’aide d’une batte de baseball dans une pièce réservée à cette fin; les participants pouvaient choisir une irritante chanson-velcro de Noël pour accompagner la session.  L’organisatrice disait : «Nous savons tous que Noël peut être une période stressante pour beaucoup de gens. C'est pourquoi nous avons voulu leur donner un moyen imaginatif de libérer leurs tensions avant les fêtes. C’est l’ultime expérience de catharsis pour gérer le stress causé par les vacances de Noël.» Certains experts craignaient que cela normalise la violence et l'agressivité. À mon avis, c’est plutôt une alternative au passage à l’acte dans les rues ou chez un voisin comme dans les cas de road rage...
    J’aurais aimé aplatir une grosse face en plastique embossé de Santa Coca, fracasser quelques hideuses boules de Noël et plusieurs CD du «Minuit Chrétien». Mais bon, puisque l’expérience mène à plus de déchets dans les dépotoirs, il vaut mieux s’abstenir.

Santa Coca

La ville de Yiwu (province chinoise de Zhejiang) est en réalité un marché colossal d’objets non durables, un véritable monument érigé à la surconsommation globale, à la pollution et à l’esclavage.


Les ouvriers travaillent 10 heures par jour, 7/7; c’est Noël 12 mois par année. Ce marché fournit 60 % de toutes les décorations de Noël vendues en Europe, aux États-Unis et en Amérique du sud. La chaine de fabrication requiert quantité de matières toxiques à la fois pour la main-d’oeuvre et les acheteurs : plastique (PVC), polystyrène, métal, aluminium, colorants et peintures, ignifugeants, etc. Les manufactures fabriquent les mêmes babioles inutiles année après année pour répondre à la demande des grands fournisseurs, comme Wal-Mart par exemple.  
Source :

~~~

Hors piste

J’entre en hibernation en excellente compagnie. Ce qui me donnera du temps pour m’adonner à un plaisir coupable : lire Correspondance 1944-1959, Albert Camus et Maria Casarès (Gallimard, 2017). Je dis coupable en pensant au sentiment d’intrusion éprouvé en lisant les lettres d’amour de mes parents. Je suppose que c’est naturel, mais l’intérêt l’emporte car les échanges épistolaires révèlent tant de choses sur les personnalités, ainsi que les sentiments profonds, les émotions, les espoirs et les déceptions liées aux relations intimes.

Avant internet, pour écrire il fallait s’asseoir, réfléchir et prendre le temps de choisir les mots qui traduiraient le mieux ce qu’on ressentait. La lettre était toujours adressée au bon destinataire, et puis, on attendait avec impatience une réponse par la poste. Il aurait été impensable d’établir une correspondance amoureuse authentique avec une douzaine de personnes (et plus) simultanément, comme on le fait par courriel de nos jours.

À notre époque, les gens s’écrivent à la mitrailleuse, sans penser ni peser leurs mots. Clic, et c’est parti – si vous vous êtes trompé de destinataire, eh bien, tant pis. À l’heure du flirt électronique, les amours arobase naissent et meurent à haute vitesse. Plusieurs internautes voient ces interactions comme un jeu de séduction pouvant ajouter du piquant au quotidien. Néanmoins, il est préférable d’être conscient, de part et d’autre, qu’il s’agit d’un jeu.

Dans son avant-propos, Catherine Camus a écrit :

[...]
Cette correspondance, ininterrompue pendant douze ans, montre bien le caractère d’évidence irrésistible de leur amour :

    ‘Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes reconnus, nous nous sommes abandonnés l’un à l’autre, nous avons réussi un amour brûlant de cristal pur, te rends-tu compte de notre bonheur et de ce qui nous a été donné?’
         Maria Casarès, 4 juin 1950.

    ‘Également lucides, également avertis, capables de tout comprendre donc de tout surmonter, assez forts pour vivre sans illusions, et liés l’un à l’autre, par les liens de la terre, ceux de l’intelligence, du cœur et de la chair, rien ne peut, je le sais, nous surprendre, ni nous séparer.’
          Albert Camus, 23 février 1950.

En janvier 1960, la mort les sépare, mais ils auront vécu douze ans « transparents l’un pour l’autre », solidaires, passionnés, éloignés très souvent, vivant pleinement, ensemble, chaque jour, chaque heure dans une vérité que peu d’êtres auraient la force de supporter.
[...]

Merci à eux. Leurs lettres font que la terre est plus vaste, l’espace plus lumineux, l’air plus léger simplement parce qu’ils ont existé.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire