7 décembre 2017

Copycat de Dalí

Le chat Hamilton, adopté dans un refuge, fait le bonheur de son propriétaire. Le moustachu a déjà été tourné dans un film et est en train de devenir aussi célèbre que Dali.


On dirait Salvador Dalí en négatif...


Salvador Dalí avait un chat ocelot colombien nommé Babou, véritable extension de la propre personnalité égocentrique de l’artiste. Les deux étaient inséparables; Dali a même emmené Babou avec lui en croisière, à des dîners chics, et à une balade sur la tour Eiffel. En cherchant des photos du peintre avec son chat je suis tombée sur l’article ci-après qui s'intéresse à l'intolérance croissante vis-à-vis de la violence. Il est vrai que le «processus civilisateur» sensibilise. Les coutumes barbares du moyen-âge nous scandalisent, sauf en certaines cultures où on les pratique encore. L’évolution est un processus extrêmement lent, et tous les terriens ne sont pas au même niveau. C’est pourquoi la cohabitation avec des populations qui observent des rituels datant de Mathusalem est si difficile. Heureusement, aujourd’hui, on peut se permettre d’éprouver de la compassion tant envers les Syriens que les animaux; l’un n’empêche pas l’autre, au contraire.

Les 28 jets de chats pour Dali
Guy Duplat ǀ Publié le lundi 05 novembre 2012

L’affaire de chats lancés en l’air (et rattrapés) pour un film sur Jan Fabre a démarré sur un fait mineur à écouter l’artiste : «Les scènes n’ont duré que deux minutes et les chats sont retombés sur quatre tapis de yoga. Aucun n’a été blessé». Mais par un mouvement typique de la société de l’Internet, l’affaire a entraîné des torrents de textes. Dans ‘De Morgen’, Jan Desmet, écrivain spécialisé sur les relations hommes-animaux, trouve, comme d’autres, tout «cela totalement disproportionné et extrêmement hypocrite», «au même moment, on tue en Syrie» sans réactions.

Vinciane Despret, philosophe à l’université de Liège et auteur de nombreux ouvrages importants sur les liens entre les hommes et les animaux, réagit pour nous à ce débat. Elle pointe d’abord l’évolution de nos perceptions à l’égard des animaux : «Le sociologue allemand Norbert Elias, dit-elle, avait montré dans son livre La Civilisation des mœurs, que le processus de régulation des mœurs, processus de civilité qui régule les pulsions d’une société, montrait ses effets lorsqu’on comparait les réactions de dégoût ou d’horreur que peut susciter un spectacle qui autrefois était communément admis, sinon prisé. Un des exemples les plus marquants et qui revient souvent lorsqu’on évoque son travail est le succès que connut autrefois, au XVIe siècle, le lancer de chats dans des bûchers, lors des fêtes de la Saint-Jean : les chats se consumaient dans des souffrances qu’il n’est pas difficile d’imaginer, au grand plaisir du public venu nombreux pour ces spectacles. On ne peut s’empêcher de penser que les réactions des personnes indignées, suite à la vision des images sur Jan Fabre, traduisent bien, en effet, les changements : serions-nous plus ‘civilisés’ au sens d’Elias? Sans doute, si sous ce terme on désigne le fait que la violence nous choque, et surtout, précisons-le, qu’elle tend à ‘s’invisibiliser’, à ne plus se montrer».


Elle s’intéresse ensuite à la photo historique de 1948 qui a explicitement inspiré Jan Fabre : Dali Atomicus. Après la guerre qui nous a fait entrer dans l’ère atomique, le photographe Philippe Halsman et Salvador Dali étaient impressionnés par la physique nouvelle. Leur imaginaire était excité par les nouvelles hypothèses scientifiques : on parlait d’antigravitation, d’antimatière. Ils ont alors essayé de visualiser ces folles perspectives : tout doit être en suspension, comme dans un atome! Ils travaillèrent ensemble à l’élaboration de divers scénarios avec des objets en suspension. Ils pensèrent d’abord réaliser leur image en utilisant du lait (en souvenir de la photo d’Harold Edgerton avec du lait en suspension). Mais ils choisirent de le faire avec de l’eau. Leurs assistants lancèrent trois chats en l’air avec un seau d’eau. Dali sautait en l’air et Halsman déclenchait. Pendant que tout le monde nettoyait le sol et consolait les chats, le photographe développait le film pour voir le résultat. Au bout de 6 heures et 28 essais, la photo fut bonne! Très vite, elle parut sur une double page de Life et fit sensation. «C’est bien intéressant, car à l’origine, ce n’était donc pas de l’eau qui devait gicler et se disperser en l’air mais du lait. Halsman et Dali sont eux-mêmes influencés, à cet égard, par la photo de Harold Edgerton, qui montrait des gouttes de lait en suspension. Mais, et je trouve cela intéressant, ils vont opter pour de l’eau car ils ne veulent pas choquer un public qui, on est en 1948, sort d’une très longue période de privations. Je suis, à cet égard, héritière de la philosophie de Leibniz, et si je crois sincèrement que c’est souvent une bonne chose que les artistes, les philosophes, les écrivains, soient ailleurs que là où on les attend, je suis très sensible au fait qu’on prête attention, de manière conséquente et responsable, à ceux que l’on pourrait offenser. Et je suis bien sensible à l’attention, au souci qu’ont manifesté Dali et Halsman. Ce qui montre en même temps que ce qui offense peut bien changer; en 1948, ce n’est pas ce que devaient subir les chats qui inquiétait, mais bien ce qu’allaient ressentir les gens devant le gaspillage de nourriture après une période très difficile.»

Vinciane Despret constate encore que «ce ‘processus civilisateur’ nous rend plus sensibles. On remarquera que sur les blogs et dans les commentaires des personnes suite aux articles, certains ne manquent de noter la contradiction entre cette réaction d’indignation et le sort invisible des animaux, en particulier d’élevage. À la lecture de ces commentaires, on voit également à quel point cet événement s’articule presque immédiatement avec quantité de questions politiques, en ce compris avec les questions de nos conflits très belges (même les goûts du Palais en matière d’art, et le fait de privilégier un artiste flamand y sont discutés!). L’écologue Karim Labb m’avait dit un jour que si l’on introduit la question de l’animal dans l’espace urbain, elle a immédiatement des effets très subversifs. Cette histoire l’atteste».  

Quant à la performance de Fabre, elle estime que son acte traduit «un des effets du processus régulateur de la violence, qui prend la forme d’une pratique de l’insoumission, et qui passe par l’incivilité et la provocation. Mais Fabre n’avait pas du tout prévu cette réaction, il a agi avec une certaine inconséquence (Dali avait tenu compte de l’émoi possible de l’opinion). Je ne peux m’empêcher de penser, à propos de cette pratique de l’insoumission et de la provocation qui guide le travail de l’artiste, qu’elle a pris l’allure d’une routine un peu aveugle, mécanique, une routine qui ne convoque plus vraiment de processus de pensée, qui ne s’interroge pas sur les effets possibles, et qui me semble perdre son sens quand elle devient provocation pour elle-même, et non pas pour déstabiliser d’autres routines, des rapports de pouvoirs, des usages sclérosés, et pour faire hésiter».


Le peintre Henri Matisse aimait les chats et il en a eu tout au long de sa vie (on ne l'imagine pas faire des lancers de chats pour faire parler de lui!). Il les incluait parfois dans ses tableaux.


La jeune fille et le chat

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