2 novembre 2017

Beauté et utilité environnementale

Tandis que les projets gaziers/pétroliers se multiplient, de jeunes chercheurs essaient de trouver des solutions à la pollution galopante.

Car, tel qu’on l’apprenait récemment, à l'échelle planétaire, la pollution tue plus que la malaria, le virus du sida et la tuberculose réunis (rapport 2017 de la Commission du Lancet sur la pollution et la santé). La pollution de l’air, de l’eau et des milieux de travail entraîne 9 millions de décès prématurés par année.
   Le fait de brûler des combustibles est responsable de 85% de la pollution sous forme de poussière en suspension dans l’air et de presque toute la pollution causée par les oxydes de soufre et d’azote. «Le charbon est le combustible fossile le plus sale du monde et sa combustion est une cause importante à la fois de pollution et de changements climatiques

Des saules pour recycler les eaux usées

Un texte de Chantal Srivastava, aux Années lumière
Le dimanche 22 octobre 2017

Prise de vue aérienne par drone d’un champ de saules à Saint-Roch-de-l’Achigan. Au centre de l’image, les zones irriguées par des eaux usées se démarquent du reste de la plantation par la coloration plus foncée du feuillage des saules. Photo : Simon Amiot IRBV/Université de Montréal/Polytechnique de Montréal

Exit les usines de traitement des eaux usées. Désormais, les StaRRE – pour Stations de récupération des ressources de l'eau – volent la vedette. Car quoi qu'on en pense, les eaux usées sont remplies de ressources.

Depuis 2016, à Saint-Roch-de-l’Achigan, dans Lanaudière, les eaux usées irriguent une plantation de saules à croissance rapide dans le cadre du projet PhytovalP, une initiative de l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) de l’Université de Montréal et de Polytechnique Montréal.

L’azote et le phosphore qui contaminent les eaux usées sont utilisés comme nutriments.

Xavier Lachapelle-Trouillard montre les feuilles d’un saule irrigué avec des eaux usées. Photo : Radio-Canada/Chantal Srivastava

Dans le cadre de sa maîtrise, Xavier Lachapelle-Trouillard a constaté que la méthode est efficace pour les trois principaux contaminants organiques : l’azote, le phosphore et la matière organique.

«On voit vraiment une application économique viable pour les petites municipalités au Québec.» ~ Xavier Lachapelle-Trouillard

Faire d’une pierre deux coups

Selon Xavier Lachapelle-Trouillard, le tiers des municipalités québécoises ont tout intérêt à utiliser cette méthode de traitement des eaux usées qui convient tout à fait aux besoins des villes de 300 à 800 habitants. Au Québec, cette catégorie compte 242 municipalités.

Dans le projet en démonstration à Saint-Roch-de-l’Achigan, les eaux usées sont acheminées vers la plantation de saules à croissance rapide. L’azote, le phosphore et les matières organiques stimulent la croissance des saules. Une portion de l’eau est évacuée dans l’atmosphère par évapotranspiration. Le reste percole dans le sol. Le choix du saule se justifie par le fait que c’est une espèce qui pousse très vite sous nos latitudes et qu'elle n'est pas envahissante.

Il faut certes construire des canalisations pour acheminer les eaux usées et un bassin de rétention pour stocker les eaux usées durant l’hiver. Mais une fois l’été venu, les résultats sont au rendez-vous. Car en décontaminant ainsi les eaux usées, on fait d’une pierre deux coups.

«Cette année on va probablement produire le double de biomasse dans les zones irriguées par les eaux usées.» ~ Xavier Lachapelle-Trouillard

Les troncs des arbres qui ont été irrigués avec les eaux usées sont plus massifs. Les arbres ont davantage de tiges. Ces avantages ne sont pas négligeables, car une fois récoltés, ces saules ont une valeur économique.

On les utilise entre autres pour fabriquer des murs antibruit qu’on installe à proximité des autoroutes.

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