29 novembre 2017
Grand ménage de diaporamas
22 novembre 2017
Changer de rue ne suffit plus
On vit dans un monde où il est de plus en plus
difficile de choisir ce qu’on veut
regarder. Détournez le regard et vous butez aussitôt sur un autre panneau
publicitaire, puis un autre et un autre. Panneaux géants en bordure des
autoroutes, sur les murs, les abris bus, dans le métro, affichage animé
dynamique, olfactif... pollution visuelle, énergétique, électrique, sonore et
psychologique. Impossible d’y échapper – c’est une «chasse agressive aux
consommateurs de la part des multinationales» (Naomi Klein, No Logo). Et, changer de rue ne règlera
pas mon problème.
La philosophe Simone Weil (1909-1943) y voyait une menace directe contre la liberté
d'opinion et une insulte à l'intelligence. La publicité est principalement
critiquée pour son invasion de l'espace public, de la vie courante (télévision, radio, boîtes aux lettres,
téléphone, journaux, cinéma, Internet, panneaux publicitaires, ainsi que sur
les vêtements) et son emploi de techniques nuisibles et agressives comme le
matraquage (plus de 3 000 messages publicitaires par jour) ou la
manipulation mentale. Une autre sorte de critique affirme que la publicité
prise dans son ensemble diffuse un message politique fort, prônant la société de consommation, incitant au gaspillage et à la
pollution.
Source : Mouvement Antipub https://fr.wikipedia.org/wiki/Antipub
Source : Mouvement Antipub https://fr.wikipedia.org/wiki/Antipub
Photo : (Juin 2009) Un trompe-l’œil pour
surprendre et faire ralentir les cyclistes trop audacieux sur le trottoir de
Regent's Canal à Londres. Une commande de la British Waterways au célèbre tandem Joe Hill et Max Lowry (ce dernier est décédé en 2010).
Autobiographie
en cinq courts chapitres
Par Portia Nelson*
Chapitre 1
Je marche dans la rue.
Il y a un trou profond dans le trottoir.
Je tombe dedans.
Je suis perdue … je suis impuissante.
Ce n’est pas de ma faute.
Ça me prend un temps fou pour en sortir.
Chapitre 2
Je marche dans la même rue.
Il y a un trou profond dans le trottoir.
Je fais semblant de ne pas le voir.
Je tombe encore dedans.
Je n’arrive pas à croire que je suis à la même
place.
Mais, ce n’est pas de ma faute.
Ça me prend encore beaucoup de temps pour en
sortir.
Chapitre 3
Je marche dans la même rue.
Il y a un trou profond dans le trottoir.
Je le vois là.
Je tombe encore dedans … par habitude.
J’ai les yeux ouverts.
Je sais où je suis.
C’est de ma
faute.
J’en sors immédiatement.
Chapitre 4
Je marche dans la même rue.
Il y a un trou profond dans le trottoir.
Je le contourne.
Chapitre 5
Je marche dans une autre rue.
Poème
publié dans :
There’s a Hole in My Sidewalk: The
Romance of Self-Discovery
* Portia Nelson (1920-2001) : chanteuse et actrice
américaine. Elle a joué entre autres dans La Mélodie du bonheur; Le Dortoir des
anges; Mystery of the Chinese Junk;
L'Extravagant docteur Dolittle.
En complément :
The Illusionists
Elena
Rossini 2015 | 53:50
The
Illusionists examines how global advertising firms, mass media, and the beauty,
fashion, and cosmetic-surgery industries have together colonised the way people
all around the world define beauty and see themselves. Taking us from Harvard
to the halls of the Louvre, from a cosmetic surgeon’s office in Beirut to the
heart of Tokyo’s Electric Town, The Illusionists shows how these industries
saturate our lives with narrow, Westernised, consumer-driven images of
so-called beauty that show little to no respect for biological realities or
cultural differences. Featuring voices from prominent sociologists, magazine
editors, scientists, artists, and activists, The Illusionists documents a truly
global phenomenon, with hegemonic results.
Human Resources
Scott
Noble 2010 | 1:59:23 metanoia-films.org
Human
Resources – Social
Engineering in the 20th Century is about the rise of mechanistic philosophy and
the exploitation of human beings under modern hierarchical systems. The film
captures how humans are regarded as a resource by corporations – something to be
exploited for pecuniary gain – by following the history of psychological
experiments in behaviour modification, conditioning and mind control; applying
the outcomes to modern day establishment experiments such as institutionalised
education, military training, and social engineering by way of things like
television…
Non
satisfaits d’avoir fait de la terre un dépotoir, nous faisons la même chose avec
le ciel. La prolifération des débris pourrait éventuellement perturber le trafic
aérien (possibles collisions avec des avions).
Space junk
Nearly
fifty years into mankind's space exploration, we have littered the heavens with
our garbage. There is an incredible amount of debris that is literally stuck in
Earth's gravitational field, with each piece traveling at about 18,000 miles
per hour. Of the estimated 600,000 pieces of old spacecraft parts, spent rocket
stages, satellites that no longer work, fragments from small collisions, solid
rocket fuel slag and even paint flakes from aging satellites or equipment, only
about 20,000 can be tracked. So each time we send new things into space such as
the shuttle or satellites, we have to worry about the possibility for a major
collision with some of that debris.
Adrift
Cath
Le Couteur 2016 | 11:03
Adrift
is a short film that explores the phenomenon of space junk, where human-made
objects launched into space and are now defunct orbit the Earth literally as
garbage. The film makes visible some of the immediate impacts and dangers of
the technological escalation of this culture, where old satellites, spent
rocket stages, and other items orbit the Earth, only to collide with one another
at high velocities, generating smaller fragments that collide with other items,
and so on. The end point is a cascading complex of junk that engulfs the entire
space around the Earth. Adrift aims to make this phenomenon visible, putting a
big question mark against the claims made by many futurists and technologists
that future space colonisation would even be possible, if only it were a
tenable or sensible idea in the first place…
18 novembre 2017
«Comment rétablir le respect entre les individus?»
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) reconnaît,
dans un rapport datant de 2014, 1200 cas de femmes et de filles autochtones
disparues et assassinées entre 1980 et 2012. Toutefois, les groupes de femmes
autochtones évoquent plutôt, dans des estimations documentées, un chiffre
supérieur à 4000. Plusieurs facteurs expliquent cette confusion au sujet des
chiffres, notamment un phénomène de sous-déclaration de la violence à l’égard des femmes et des filles
autochtones, l’absence d’une base de données efficace en la matière et
l’incapacité à recenser les cas de ce type en fonction du groupe ethnique
d’origine des victimes.
Beaucoup de gens adhèrent encore, au 21e
siècle, à cette définition (même pas caricaturale) du cynique et lucide Bierce
: «Aborigènes : Personnes de moindre
importance qui encombrent les paysages d'un pays nouvellement découvert. Ils
cessent rapidement d'encombrer; ils fertilisent le sol.» ~ Ambrose Bierce, 1842-1914 (Dictionnaire du Diable)
Quand on ne les tue pas, de vicieux trafiquants d’humains
les vendent à l’encan comme en témoigne une récente vidéo sur CNN.
Le Cri
Laetitia Sioen
Vois-tu ?
Vois-tu ce qui sommeille en moi?
Vois-tu l’eau qui a coulé sous mes pieds?
Vois-tu mes mains qui inspirent?
Vois-tu mes yeux dans les tiens?
Vois-tu ma bouche qui dicte mes mots?
Vois-tu la création dans ma tête?
Vois-tu mon mur d’expression?
Vois-tu les murmures de mes maux?
Vois-tu mes larmes qui coulent en silence?
Vois-tu mon coeur qui bat la mesure de mon âme?
Vois-tu le cri de mon être?
Vois-tu la liberté qui coule dans mes veines?
Vois-tu la femme que je suis?
Source : https://www.poetica.fr/
~~~
Journal d’un
écrivain; Mémoire d’encrier 2013
Dany
Laferrière
199. Le roman de la vie (p. 304/307)
[...] Personne ne peut être certain de
finir ses jours où il est né. Je ne fais pas grand cas de cette notion de terre
qui n’a servi jusqu’à aujourd’hui qu’à provoquer des guerres. Le vertige que
l’on ressent quand le sol se dérobe sous nos pieds devrait remettre en question
pour de bon la notion de terre ferme.
Ce n’est
pas pourtant la seule de nos illusions : la race n’a de sens que si on y
croit. Quand des gens de même couleur (enfin, je dis couleur faute de mieux) se
regroupent massivement sur un même espace, ils finissent par fonder leur
identité sur une fausseté. La notion de race n’existe pas quand on fait face à quelqu’un
d’une autre race. Alors, on échafaude mille théories, les unes plus fumeuses
que les autres, dans l’unique but de faire croire à l’autre qu’on lui est
supérieur (personne n’a jamais cherché à démontrer son infériorité). Mais
profondément, on n’y croit pas soi-même. Et cette haute idée de soi ne suffit
pas toujours à nous rassurer. Il suffit de rejoindre notre tribu pour que
l’argument de la race se dissipe. Les vieilles angoisses reviennent et on
reprend sa place dans la société selon des critères économiques moins flous que
ceux de la race.
Après la
race arrive la question de classe. Quand on observe bien une classe sociale, on
voit qu’elle fonctionne comme une secte. Des gens qui achètent les mêmes choses
aux mêmes endroits, habitent le même espace délimité, partagent les mêmes
loisirs et se nourrissent souvent des mêmes idées politiques. Ils le font pour
se garder au chaud, car ils croient que cette communauté d’intérêts pourra les
apaiser. La quête d’identité est donc une tentative pour répondre à cette
panique enfouie dans notre chair. Si on arrive à planter notre tente, on n’est
pas pour autant exempt de vertige face à ce vaste espace étoilé qui semble
vouloir nous aspirer.
C’est ici
que la religion se propose de faire le lien entre les individus. C’est aussi la
définition du mot religion – de religare, qui veut dire «relier». On
cherche depuis toujours à ne pas rompre ce lien qui nous permet de ne pas
perdre le groupe dans «la forêt obscure». C’est ainsi qu’on nous propose des
prières afin de distiller en nous une angoisse que seule la foi pourra calmer –
c’est connu, on crée le désir du produit qu’on voudrait vendre. Si on reste
ensemble, on aura moins peur, espère-t-on. On comprend aussi qu’il ne doit
exister qu’un seul chemin et qu’une seule foi. Et quand la foi est aveugle, la
route lumineuse se change alors en un fleuve de sang. Le sang, le sang, voilà
le prix de cette interminable nuit. Pourquoi les chemins qui s’offrent
successivement à nous deviennent-ils des fleuves de sang? L’histoire, la
religion, la race ou la classe.
Il ne
reste que ce chemin secret que l’on emprunte déjà, sans discours, et qu’on
n’aperçoit que quand la vie court un grave danger. Notre instinct de survie est
tissé d’une incroyable énergie qui possède sa propre intelligence, et que
l’esprit humain ne parvient pas à embrigader. Cette énergie circule de corps à
corps ou de cœur à cœur, selon la situation, évitant l’air pollué d’idéologies.
Cette énergie évite de distinguer, avant de passer d’un corps à un corps, ou
parfois d’un cœur à un cœur, la race comme la classe des individus en présence.
Cette énergie ne sait pas raisonner. Elle n’obéit à aucun ordre, elle ne sait
que bondir. Et depuis que les nouvelles technologies permettent d’accélérer le
mouvement, nous pouvons à peine imaginer ce qui se passe en ce moment sur une
planète où la distance se résume à un clic. Nos vieilles habitudes, qui
exigeaient toujours un chemin bien balisé pour sortir de la nuit, sont-elles
aujourd’hui à ranger dans un placard? Car ce sont des milliards de chemins qui
se présentent à nous. Et qui vont dans toutes les directions. Jusqu’à ce que
l’on comprenne que la peur ne vient pas du fait qu’on ne trouve pas son chemin,
mais plutôt du fait qu’il n’y a qu’un seul chemin. Ce qui est excitant, c’est
qu’on n’a même pas à le chercher. On le trouve d’instinct. C’est la simple vie
qui se fait roman.
~~~
Le
harcèlement moral, la violence perverse au quotidien; Pocket 1998
Marie-France
Hirigoyen
Conclusion (p. 241/242)
[...] L’imagination humaine est sans
limites quand il s’agit de tuer chez l’autre la bonne image qu’il a de
lui-même; on masque ainsi ses propres faiblesses et on se met en position de
supériorité. C’est la société tout entière qui est concernée dès qu’il est question
de pouvoir. De tout temps, il y a eu des êtres dépourvus de scrupules,
calculateurs, manipulateurs pour qui la fin justifiait les moyens, mais la
multiplication actuelle des actes de perversité dans les familles et dans les
entreprises est un indicateur de l’individualisme qui domine dans notre
société. Dans un système qui fonctionne sur la loi du plus fort, du plus malin,
les pervers sont rois. Quand la réussite est la principale valeur, l’honnêteté
paraît faiblesse et la perversité prend un air de débrouillardise.
Sous
prétexte de tolérance, les sociétés occidentales renoncent peu à peu à leurs
propres interdits. Mais, à trop accepter, comme le font les victimes des
pervers narcissiques, elles laissent se développer en leur sein des
fonctionnements pervers. De nombreux
dirigeants ou hommes politiques, qui sont pourtant en position de modèles pour
les jeunes, ne s’embarrassent pas de morale pour liquider un rival ou se
maintenir au pouvoir. Certains abusent de leurs prorogatives, usent de pressions
psychologiques, de la raison d’État ou du «secret défense» pour protéger leur
vie privée. D’autres s’enrichissent grâce à une délinquance astucieuse faite
d’abus de biens sociaux, d’escroqueries ou de fraude fiscale. La corruption est
devenue monnaie courante. Or, il suffit d’un ou de plusieurs individus
pervers dans un groupe, dans une entreprise ou dans un gouvernement pour que le
système tout entier devienne pervers. Si
cette perversion n’est pas dénoncée, elle se répand de façon souterraine par
l’intimidation, la peur, la manipulation. En effet, pour ligoter
psychologiquement quelqu’un, il suffit de l’entraîner dans des mensonges ou des
compromissions qui le rendront complice du processus pervers. C’est la base
elle-même du fonctionnement de la mafia ou des régimes totalitaires. Que ce
soit dans les familles, les entreprises ou les États, les personnes
narcissiques s’arrangent pour porter au crédit des autres le désastre qu’ils
déclenchent, afin de se poser en sauveurs et de prendre ainsi le pouvoir. Il
leur suffit ensuite de ne pas s’embarrasser de scrupules pour s’y maintenir.
L’histoire nous a montré de ces hommes qui refusent de reconnaître leurs
erreurs, n’assument pas leurs responsabilités, manient la falsification et
manipulent la réalité afin de gommer les traces de leurs méfaits.
Au-delà
de la question individuelle du harcèlement moral, ce sont des questions plus
générales qui se posent à nous. Comment rétablir le respect entre les
individus? Quelles sont les limites à mettre à notre tolérance? Si les
individus ne stoppent pas seuls ces processus destructeurs, ce sera à la
société d’intervenir en légiférant. Récemment un projet de loi a été déposé, se
proposant d’instituer un délit de bizutage, réprimant tout acte dégradant et
humiliant en milieu scolaire et socio-éducatif. Si nous ne voulons pas que nos
relations humaines soient complètement réglementées par des lois, il est
essentiel de faire acte de prévention auprès des enfants.
10 novembre 2017
L’oiseau sur le fil
Mon article porte sur les
oiseaux, mais avant, quelques mots à propos de Cohen que nous continuons de célébrer.
Bird on the Wire (Album: Songs from a Room, 1969)
Vautour pris en vol au Népal, dans la vallée du
Khumbu (Himalaya). Très grande envergure. Il a longtemps plané au-dessus de
nous avant de s'en aller...
Évoluer simultanément et cohabiter n’est pas
synonyme de sécurité...
L’autruche est le plus grand oiseau du monde
Les oisillons sont nidifuges ou nidicoles
Pluvier kildir. Photo : birdatlas.bc.ca
Flamants roses. Photo : provence7.com
Certains oiseaux sont vénéneux
Pitohui. Photo : Markus Lilje
Source de l'article : Zoe Blarowski; Care2
La plus grande centrale solaire du monde est une construction formidable... sauf pour les oiseaux qui ont la mauvaise idée de la survoler et qui prennent littéralement feu en plein air. Et il y en a beaucoup, rapporte l'agence de presse américaine Associated Press dans un long article consacré au sujet.
Une vingtaine de cacatoès, une espèce de perroquet menacée d’extinction, ont été secourus par la police après avoir été retrouvés à l’intérieur de plusieurs bouteilles d’eau à destination du commerce illégal. Les contrebandiers avaient entassé les cacatoès à crête jaune dans des bouteilles vides afin qu’ils puissent passer les douanes au port de Tanjung Perak, Aldy Sulaiman.
Tout d’abord on
peut dire un immense merci à Adam Cohen et à tous les artistes qui ont participé
au concert en hommage à son père. Extrêmement émouvant. Je suppose qu’un
coffret souvenir sera éventuellement offert au public...
Ensuite, il y a l’exposition
Leonard Cohen : Une brèche en toute chose / A
Crack in Everything présentée par CBC/Radio-Canada au Musée d’art
contemporain. Elle s’inscrit dans la programmation officielle des activités du
375e anniversaire de Montréal. Inspirée de l’univers, des grands thèmes de la
vie et de l’œuvre de Leonard Cohen, elle est la première exposition à être
entièrement consacrée à l’imaginaire et à l’héritage de cette icône planétaire
montréalaise, grand auteur-compositeur et homme de lettres.
Six salles sont consacrées à la célébration
critique, à l’hommage affectueux et, un an après son décès, à la commémoration
paisible d’une grande réussite artistique et d’une vie inspirante.
L’exposition se
terminera le 9 avril 2018 : http://macm.org/expositions/leonard-cohen/
Enfin, une publication qui réconfortera les
inconditionnels :
McClelland
& Stewart publiera un livre posthume de Leonard Cohen
en octobre 2018. Une collection de poèmes inédits, prose, notes et
illustrations qu’il a lui-même préparée et terminée quelques jours avant son
décès.
[The Flame] is an unprecedentedly intimate look inside the life and mind of a
unique artist and thinker.
McClelland
and Stewart publisher Jared Bland said, "It
is a solemn honour to publish this profound book, which is full of Leonard
Cohen's signature combination of grace, humour, wisdom, and heartbreaking
insight into the fragility and beauty of this world we all share. It will
endure as a testament to his humanity and genius, and delight his millions of fans
around the world."
Robert
Kory, Leonard Cohen’s manager and Trustee of the Cohen Estate,
said, “During the final months of his life, Leonard had a singular focus – completing this book taken largely
from his unpublished poems and selections from his notebooks. The flame and how
our culture threatened its extinction was a central concern. Though in
declining health, Leonard died unexpectedly. Those of us who had the rare
privilege of spending time with him during this period recognized that the flame burned bright within him to the
very end. This book, finished only days before his death, reveals to all
the intensity of his inner fire.“
J’ai choisi cette vidéo pour la chronologie de superbes
photos de Leonard.
Publiée en hommage à Cohen le 11 novembre 2016 par
Bine P.
Bird on the Wire (Album: Songs from a Room, 1969)
Like
a bird on the wire,
Like
a drunk in a midnight choir
I
have tried in my way to be free.
Like
a worm on a hook,
Like
a knight from some old fashioned book
I
have saved all my ribbons for thee.
If
I, if I have been unkind,
I
hope that you can just let it go by.
If
I, if I have been untrue
I
hope you know it was never to you.
[...]
Retour aux oiseaux...
On a identifié jusqu’à 10 500 espèces d’oiseaux qu’on
retrouve dans tous les coins du monde. Chaque espèce est unique et capable de
survivre dans de nombreux environnements. Certaines de leurs caractéristiques les
rendent encore plus fascinants. En voici quelques-unes.
Les oiseaux
ont les os creux
Les os creux allègent le poids de l’oiseau pour rendre
son vol plus facile, mais ce n'est pas tout. Une étude de l'Université du
Massachusetts a constaté que les os des oiseaux peuvent peser autant que ceux
d'autres animaux. La différence est que leurs os ont une plus grande densité
osseuse que ceux des mammifères, ce qui les rend plus solides. Souvent ils présentent
également une courbure, ou une torsion, qui donne plus de force à la poussée
pendant le vol.
Le squelette de l'oiseau est adapté pour le
vol (même chez les oiseaux qui ne volent pas) et possède des caractéristiques
reliées au poids. Les os sont très légers mais assez forts pour résister aux
efforts du décollage, du vol et de l'atterrissage.
Certains
oiseaux peuvent voler plus haut que le mont Everest
Le vautour de Rüppell vole plus haut que n'importe
quel oiseau. Il peut atteindre une altitude de 10 900 mètres. Pour mettre le
tout en perspective, la plupart des avions volent entre 9 144 et 12 192 mètres d’altitude.
Et, le mont Everest s’élève à environ 8 850 mètres. Le vautour de Rüppell vole
au-dessus de l'Himalaya lors de ses migrations annuelles et l’on peut en voir à
des hauteurs de plus de 6 400 mètres. L’Oie à tête barrée vient en deuxième
place.
Source photo/commentaire : www.fond-ecran-image.com
Les
crocodiles sont les plus proches parents des oiseaux
Les oiseaux et les crocodiles descendent du même
groupe de reptiles apparu il y a plus de 200 millions d'années. Ces reptiles
sont devenus les dinosaures. Les dinosaures ont été anéantis lors d’une
extinction il y a environ 65 millions d'années; néanmoins les crocodiles et les
oiseaux ont survécu et continué à s'épanouir.
Les oiseaux
ne font pas pipi
Chez les mammifères, uriner élimine les déchets du
sang stockés dans la vessie. Ce phénomène augmenterait considérablement le
poids de l’oiseau, alors, il n’a pas de vessie. Au lieu de stocker l'urine, les
oiseaux produisent une substance blanche pâteuse éliminée par les excréments.
C'est pourquoi on voit souvent des déjections d'oiseaux avec des rayures noires
et blanches.
Les oiseaux
communiquent par les sons et les couleurs
Les perroquets sont connus pour être de bons communicateurs.
Ils utilisent des attitudes corporelles et leurs plumes colorées pour
transmettre de l'information. Leurs cris uniques, et leur capacité d’imiter les
paroles humaines est célèbre. On a démontré que les perroquets ne répètent pas
seulement les mots, ils peuvent les mémoriser et les associer, poser des
questions, reconnaître les objets et demander ce qu'ils veulent avoir.
L’autruche est le plus grand oiseau du monde
Les autruches mâles peuvent mesurer jusqu'à 2,5
mètres de haut et peser jusqu'à 150 kilogrammes. De tous les autres animaux
terrestres c’est l’autruche qui a les plus grands yeux, et elle dotée d’une
vision exceptionnelle. La taille de son cerveau est équivalente à son œil. On prétend
qu’elle est stupide. [On sait
maintenant que la taille du cerveau ne garantit pas l’intelligence...]
Les oisillons sont nidifuges ou nidicoles
Les oisillons nidifuges, ou précoces, peuvent se
lever et courir très rapidement après la naissance. Les poussins du Pluvier
kildir en sont un bon exemple, de même que ceux des canards et des cailles. Les
oisillons nidicoles sont plus courants. Ils naissent aveugles, nus et sans
défense, notamment les merles, les geais bleus et les aigles. Les nouveau-nés
doivent rester dans le nid et dépendent entièrement de leurs parents pour leur alimentation
et leur protection.
La plupart
des espèces d'oiseaux sont monogames
Pour les oiseaux, la monogamie peut signifier rester
avec un partenaire pour une seule saison de reproduction, puis emprunter des chemins
différents et trouver d’autres partenaires l'année suivante. Mais certains
oiseaux s'engagent pour la vie. Par exemple, un couple de Flamants peut rester
ensemble plus de 50 ans.
Certains oiseaux
peuvent dormir en vol
La Sterne fuligineuse s’endort plusieurs fois pendant
une à deux secondes en cours de vol. Cela lui permet de rester dans les airs
pendant de très longues périodes. Elle vit dans les eaux tropicales et se
nourrit de poissons et de crustacés, mais elle ne peut pas atterrir sur l'eau
parce que ses plumes ne sont pas hydrofuges. Les Sternes fuligineuses passent
la majorité de leur vie dans les airs; elles ne s’arrêtent que pour nicher et
élever leurs petits.
Sterne fuligineuse. Photo : Kevin Schafer
Les
colibris sont les seuls oiseaux à voler comme un hélicoptère
La plupart des oiseaux volent en battant les ailes
de haut en bas. Cependant, la structure osseuse des ailes du Colibri lui
confère une flexibilité qui lui permet de battre des ailes dans toutes les
directions, d’avancer et de reculer, et de réaliser des acrobaties inégalées. Les
œufs des Colibris sont les plus petits du règne aviaire. Même si l'ovule est de
la taille d'un minuscule pois, l’oeuf peut peser jusqu'à 10% du poids de la
mère lors de la ponte.
Certains oiseaux sont vénéneux
Le Pitohui est un type d'oiseau répandu, notamment
en Nouvelle Guinée. Au moins trois espèces de Pitohui (bicolore, huppé et noir)
sont vénéneuses. Les chercheurs croient que les oiseaux ne produisent pas
eux-mêmes le poison contenu dans les plumes et la peau; leur régime alimentaire
en serait la cause. Le poison,
un dérivé de la batrachotoxine, est l'un
des plus violents; on le retrouve entre autres chez les coléoptères et les batraciens.
Source de l'article : Zoe Blarowski; Care2
~~~
La plus
grande centrale d'énergie solaire du monde grille les oiseaux en plein air
Grégoire Fleurot | 19.08.2014
La plus grande centrale solaire du monde est une construction formidable... sauf pour les oiseaux qui ont la mauvaise idée de la survoler et qui prennent littéralement feu en plein air. Et il y en a beaucoup, rapporte l'agence de presse américaine Associated Press dans un long article consacré au sujet.
Selon les
enquêteurs environnementaux fédéraux qui ont visité la gigantesque centrale
solaire d'Ivanpah, au sud-ouest de Las Vegas dans le désert de Mojave en
Californie, un oiseau y est victime des reflets des rayons du soleil toutes les
deux minutes.
Article intégral :
Certains
humains sont d’indécrottables égoïstes qui n’hésitent pas à recourir au pillage
et au braconnage pour se procurer des espèces rares en voie d’extinction. C’est
lamentable. Qui peut payer 885€
pour un perroquet? Les wézos des paradis fiscaux?
La
souffrance est la matière première de tout ce que nous consommons.
Un contrebandier inhumain avait placé des
perroquets rares dans des bouteilles plastiques
Newsly |
La rédaction | 9 mai 2015
Arrêté par la douane indonésienne, un passager
avait fourré des cacatoès dans des bouteilles en plastique.
Faut vraiment être malade mental pour faire ça! Répugnant.
Une vingtaine de cacatoès, une espèce de perroquet menacée d’extinction, ont été secourus par la police après avoir été retrouvés à l’intérieur de plusieurs bouteilles d’eau à destination du commerce illégal. Les contrebandiers avaient entassé les cacatoès à crête jaune dans des bouteilles vides afin qu’ils puissent passer les douanes au port de Tanjung Perak, Aldy Sulaiman.
Mais la
police indonésienne a découvert les pauvres oiseaux, qui peuvent se vendre à
près de 885€ chacun sur le marché parallèle, et les a libéré de leur cage de
plastique afin qu’ils puissent recevoir des soins médicaux. Le cacatoès à crête
jaune a été répertorié comme une espèce gravement menacée d’extinction par
l’Union internationale pour la conservation de la nature en 2007.
Article intégral :
Le point
de vue de Victor Hugo :
De quel
droit mettez-vous des oiseaux dans des cages?
De quel
droit ôtez-vous ces chanteurs aux bocages,
Aux
sources, à l'aurore, à la nuée, aux vents?
De quel
droit volez-vous la vie à des vivants?
Homme,
crois-tu que Dieu, ce père, fasse naître
L'aile
pour l'accrocher au clou de ta fenêtre?
Ne
peux-tu vivre heureux et content sans cela?
Qu'est-ce
qu'ils ont donc fait tous ces innocents-là
Pour être
au bagne avec leur nid et leur femelle?
Qui sait
comment leur sort à notre sort se mêle?
Qui sait
si le verdier qu'on dérobe aux rameaux,
Qui sait
si le malheur qu'on fait aux animaux
Et si la
servitude inutile des bêtes
Ne se
résolvent pas en Nérons sur nos têtes?
Qui sait
si le carcan ne sort pas des licous?
Oh! de
nos actions qui sait les contre-coups,
Et quels
noirs croisements ont au fond du mystère
Tant de
choses qu'on fait en riant sur la terre?
Quand
vous cadenassez sous un réseau de fer
Tous ces
buveurs d'azur faits pour s'enivrer d'air,
Tous ces
nageurs charmants de la lumière bleue,
Chardonneret,
pinson, moineau franc, hochequeue,
Croyez-vous
que le bec sanglant des passereaux
Ne touche
pas à l'homme en heurtant ces barreaux?
Prenez
garde à la sombre équité. Prenez garde!
/...
À tous
ces enfermés donnez la clef des champs!
Aux
champs les rossignols, aux champs les hirondelles!
/...
Respect
aux doux passants des airs, des prés, des eaux!
Toute la
liberté qu'on prend à des oiseaux
Le destin
juste et dur la reprend à des hommes.
Nous
avons des tyrans parce que nous en sommes.
La Légende des siècles
5 novembre 2017
Leonard Cohen honoré à Montréal
Quand on s’ennuie de lui, on peut au moins plonger
dans le virtuel...
«Mon père, qui a été lucide jusqu'à la fin, m'a
donné des instructions très précises. Il était au lit, je le regardais dans les
yeux, et il me décrivait la boîte en pin dans laquelle il voulait être enterré
à Montréal et la cérémonie privée qui aurait lieu à Los Angeles avec des amis
et la famille. Et il m'a dit que si on
voulait organiser un événement public, il fallait que ça se fasse à Montréal.
Lui-même a toujours cherché des excuses pour ne pas assister à ce genre
d'événement au cours duquel on lui rendait hommage, et je pense qu'il a trouvé
la meilleure excuse cette fois. » ~
Adam Cohen
Les
recettes de la soirée seront versées au Conseil des arts du Canada, au Conseil
des arts et des lettres du Québec et au Conseil des arts de Montréal. «Ce sont
les conseils des arts qui ont aidé mon père à ses débuts», explique Adam.
Ce
spectacle unique s'ajoute à d'autres hommages qui auront lieu la même semaine :
l'expo Leonard Cohen – Une brèche en toute chose/A Crack in
Everything du Musée d'art contemporain, du 9 novembre au 1er avril, et la
projection silencieuse de l'artiste américaine Jenny Holzer qui illuminera le
Silo no 5, dans le Vieux-Port, avec des extraits de poèmes, chansons et autres
écrits de Leonard Cohen, en français et en anglais, du 7 au 11 novembre.
Tower of
Song : écoutez le spectacle hommage à Leonard Cohen sur ICI Musique
Elvis
Costello, Lana Del Ray, Philip Glass, Feist, Sting, Patrick Watson, Damien
Rice, Cœur de pirate, Ron Sexmith, k.d. lang, Courtney Love… La liste
des artistes invités au spectacle Tower of Song : hommage à Leonard Cohen est à
l’image du grand poète montréalais : extraordinaire et monumentale.
L’événement, dont Montréal se souviendra longtemps, sera présenté au Centre
Bell le 6 novembre, puis diffusé à la
radio d’ICI Musique le 7 novembre à 20 h (HE).
Sur ICI Radio-Canada Première Plus :
Leonard
Cohen, le poète légendaire
Leonard Cohen a marqué des générations
d'admirateurs et d'artistes par ses mots, ses mélodies et sa voix. Voici une
liste d'écoute incluant quelques morceaux
d'archives choisis pour raconter sa vie et son oeuvre, incluant une rare
entrevue de lui en français ainsi que des témoignages de son fils et de ses
pairs. L'auteur-compositeur-interprète montréalais s'est éteint le 7 novembre
2016.
Photo
from Adam Cohen Facebook Page. Originally
posted January 11, 2014 at DrHGuy.com, a predecessor of Cohencentric
“We are very large beings wheeling
through existence, who aren’t even shaped the way we appear. You catch the lint
of another’s being on your wheel. And she does the same, and you get tangled up
inextricably. The tangle is like a cocoon, out of which another being emerges.
My feeling is that until you have children, until you really get stuck, it’s
like dating for the junior prom. I believe that in a certain way, having
children is the only activity that connects you to mankind and makes a serious
assault on the ego.”
~ Leonard
Cohen
Le site le mieux documenté sur Leonard Cohen (à ma connaissance) :
Phil et Leonard, bière et V8 : «À la tienne!» Photo via http://cohencentric.com
En novembre 2016, les voisins du quartier où
résidait Leonard durant ses séjours à Montréal, et les gens qui fréquentaient
le café du coin et le Parc du Portugal (aussi appelé Leonard’s Park), ont tous dit à quel point il était simple,
chaleureux, amical et respectueux. Aucun «complexe de vedette». Aucun
garde du corps dans sa vie ordinaire ni de forteresse autour de ses maisons –
rarissime chez les gens aussi célèbres que lui. La grandeur d’un individu est directement proportionnelle à sa simplicité et à son humilité.
Plusieurs personnes se rappelaient de sa relation d’amitié
avec Philip Tétrault, un homme atteint de schizophrénie paranoïde. Le
documentaire This Beggar’s Description,
réalisé pas son frère Pierre, raconte les hauts et les bas de la vie de Phil.
Produit par l’Office National du Film du Canada, il a remporté en 2006 le prix C.B.C. Newsworld Award for Best Documentary
in the Independent Film and Video Festival.
Vous aimerez peut-être voir ou revoir ce
sympathique extrait du documentaire intitulé Picnic in the Park with Leonard
Cohen, où les deux amis causent tout bonnement. L’affection mutuelle et l’humour sont au
rendez-vous. Très touchant d’entendre Leonard lire un des poèmes de Phil (aussi
flutiste et peintre).
4 novembre 2017
L’art de la «neutralité pédagogique»
Certains états ont mieux réussi que d’autres à
séparer la religion de l’état. Cependant, on note une résurgence d’association entre
pouvoirs politiques/corporatifs et pouvoir religieux. Les religions offrent aux classes dirigeantes un contrefort
au socialisme; le cabinet Trump en est une parfaite démonstration.
Le «cher petit» de l’instituteur Louis Germain. (Via
"The Hindu")
Albert Camus et Michel Gallimard, tous deux décédés
lors du fâcheux accident.
En ce moment, je lis avec délectation le manuscrit du roman Le premier homme d’Albert Camus, Éditions
Gallimard (1). Il s’agit de l’œuvre à
laquelle il travaillait au moment de sa mort. Le manuscrit a été trouvé dans sa
sacoche, le 4 janvier 1960; 144 pages tracées au fil de la plume, parfois sans
points ni virgules, d’une écriture rapide, difficile à déchiffrer, jamais
retravaillée (note de l’éditeur, 1994).
Camus
étant ce qu’il est, son écriture est «parfaite» même avant retouche – toujours
vivante, colorée, poignante. Il était vraiment doué pour éveiller nos sens, on est dans le film... il atteint son but : «ressusciter les personnages dans leur chair et dans leur
durée».
Les éditeurs ont annexé deux lettres à l’ouvrage
: une que Camus envoya à son instituteur, Louis Germain, au lendemain du prix
Nobel, et la dernière lettre que Louis Germain lui adressa.
J’aimerais attirer l’attention sur les passages
que j’ai marqués en gras dans la lettre du professeur. Un exemple de neutralité pédagogique à suivre.
19 novembre 1957
Cher
Monsieur Germain,
J’ai
laissé s’éteindre un peu le bruit qui m’a entouré tous ces jours-ci avant de venir
vous parler de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur,
que je n’ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j’ai appris la nouvelle, ma
première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main
affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre
enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me
fais pas un monde de cette sorte d’honneur. Mais celui-là est du moins une
occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et
pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y
mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge,
n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève. Je vous embrasse de toutes mes
forces.
Albert
Camus
~~~
Alger, ce 30 avril 1959
Mon cher
petit,
Adressé
de ta main, j’ai bien reçu le livre Camus
qu’a bien voulu me dédicacer son auteur Monsieur J.-Cl. Brisville.
Je ne
sais t’exprimer la joie que tu m’as faite par ton geste gracieux ni la manière
de te remercier. Si c’était possible, je serrerais bien fort le grand garçon
que tu es devenu et qui restera toujours pour moi «mon petit Camus».
Je n’ai
pas encore lu cet ouvrage, sinon les premières pages. Qui est Camus? J’ai
l’impression que ceux qui essayent de percer ta personnalité n’y arrivent pas
tout à fait. Tu as toujours montré une pudeur instinctive à déceler ta nature,
tes sentiments. Tu y arrives d’autant mieux que tu es simple, direct. Et bon
par-dessus le marché! Ces impressions, tu me les a données en classe. Le
pédagogue qui veut faire consciencieusement son métier ne néglige aucune
occasion de connaître ses élèves, ses enfants, et il s’en présente sans cesse.
Une réponse, un geste, une attitude sont amplement révélateurs. Je crois donc
bien connaître le gentil bonhomme que tu étais, et l’enfant, bien souvent,
contient en germe l’homme qu’il deviendra. Ton plaisir d’être en classe
éclatait de toutes parts. Ton visage manifestait l’optimisme. Et à t’étudier,
je n’ai jamais soupçonné la vraie situation de ta famille. Je n’en ai eu qu’un
aperçu au moment où ta maman est venue me voir au sujet de ton inscription sur
la liste des candidats aux Bourses. D’ailleurs, cela se passait au moment où tu
allais me quitter. Mais jusque-là tu me paraissais dans la même situation que
tes camarades. Tu avais toujours ce qu’il te fallait. Comme ton frère, tu étais
gentiment habillé. Je crois que je ne puis faire un plus bel éloge de ta maman.
Pour en
revenir au livre de monsieur Brisville, il porte une abondante iconographie. Et
j’ai eu l’émotion très grande de connaître, par son image, ton pauvre Papa que
j’ai toujours considéré comme « mon camarade ». Monsieur Brisville a
bien voulu me citer : je vais l’en remercier.
J’ai lu la liste sans cesse grandissante des
ouvrages qui te sont consacrés ou qui parlent de toi. Et c’est une satisfaction
très grande pour moi de constater que ta célébrité (c’est l’exacte vérité) ne
t’avait pas tourné la tête. Tu es resté Camus : bravo.
J’ai
suivi avec intérêt les péripéties multiples de la pièce que tu as adaptée et
aussi montée : Les Possédés. Je t’aime trop pour ne pas te
souhaiter la plus grande réussite : celle que tu mérites. Malraux veut,
aussi, te donner un théâtre. Je sais que c’est une passion chez toi. Mais...
vas-tu arriver à mener à bien et de front toutes ces activités? Je crains pour
toi que tu n’abuses de tes forces. Et, permets à ton vieil ami de le remarquer,
tu as une gentille épouse et deux enfants qui ont besoin de leur mari et papa.
À ce sujet, je vais te raconter ce que nous disait parfois notre directeur
d’École normale. Il était très, très dur pour nous, ce qui nous empêchait de
voir, de sentir, qu’il nous aimait réellement.
«La nature tient un grand livre où elle inscrit minutieusement tous les excès
que vous commettez.» J’avoue que ce sage avis m’a souventes fois retenu au
moment où j’allais l’oublier. Alors dis, essaye de garder blanche la page qui
t’est réservée sur le Grand Livre de la nature.
Andrée me
rappelle que nous t’avons vu et entendu à une émission littéraire de la
télévision, émission concernant Les Possédés. C’était émouvant de te voir
répondre aux questions posées. Et, malgré moi, je faisais la malicieuse
remarque que tu ne doutais pas que, finalement, je te verrai et t’entendrai.
Cela a compensé un peu ton absence d’Alger. Nous ne t’avons pas vu depuis pas
mal de temps...
Avant de
terminer, je veux te dire le mal que
j’éprouve en tant qu’instituteur laïc, devant les projets menaçants ourdis
contre notre école. Je crois, durant toute ma carrière, avoir respecté ce qu’il
y a de plus sacré dans l’enfant : le droit de chercher la vérité. Je vous
ai tous aimés et crois avoir fait tout mon possible pour ne pas manifester mes idées
et peser sur votre jeune intelligence. Lorsqu’il est question de Dieu (c’est
dans le programme), je disais que certains y croyaient, d’autres non. Et que
dans la plénitude de ses droits, chacun faisait ce qu’il voulait. De même, pour
le chapitre des religions, je me bornais à indiquer celles qui existaient,
auxquelles appartenaient ceux à qui cela plaisait. Pour être vrai, j’ajoutais
qu’il y avait des personnes ne pratiquant aucune religion. Je sais bien que
cela ne plaît pas à ceux qui voudraient faire des instituteurs des commis
voyageurs en religion et, pour être précis, en religion catholique. À l’École normale d’Alger (installée alors au parc
de Galland), mon père, comme ses camarades, était obligé d’aller à la messe et de communier chaque dimanche. Un jour,
excédé par cette contrainte, il a mis l’hostie «consacrée» dans un livre de
messe qu’il a fermé! Le directeur de l’École a été informé de ce fait et n’a
pas hésité à exclure mon père de l’école.
Voilà ce que veulent les partisans de «l’École libre» (libre... de penser
comme eux). Avec la composition de la
Chambre des députés actuelle, je crains que le mauvais coup n’aboutisse. Le
Canard enchaîné a signalé que, dans un département, une centaine de
classes de l’École laïque fonctionnent sous le crucifix accroché au mur. Je
vois là un abominable attentat contre la conscience des enfants. Que
sera-ce peut-être, dans quelque temps? Ces pensées m’attristent profondément.
Mon cher
petit, j’arrive au bout de ma 4e page : c’est abuser de ton
temps et te prie de m’excuser. Ici, tout va bien. Christian, mon beau-fils, va
commencer son 27e mois de service demain!
Sache
que, même lorsque je ne t’écris pas, je pense souvent à vous tous.
Madame
Germain et moi vous embrassons tous quatre bien fort. Affectueusement à vous.
Germain
Louis
(1) Résumé
de l’éditeur
Le premier
homme
Collection Cahiers Albert Camus (n° 7), Gallimard
Parution : 13-04-1994
«En somme, je vais parler de ceux que j'aimais»,
écrit Albert Camus dans une note pour Le
premier homme. Le projet de ce roman auquel il travaillait au moment de sa
mort était ambitieux. Il avait dit un jour que les écrivains «gardent l'espoir
de retrouver les secrets d'un art universel qui, à force d'humilité et de
maîtrise, ressusciterait enfin les personnages dans leur chair et dans leur
durée».
Il avait jeté les bases de ce qui serait le récit
de l'enfance de son «premier homme». Cette rédaction initiale a un caractère
autobiographique qui aurait sûrement disparu dans la version définitive du
roman. Mais c'est justement ce côté autobiographique qui est précieux
aujourd'hui.
Après avoir lu ces pages, on voit apparaître les
racines de ce qui fera la personnalité de Camus, sa sensibilité, la genèse de
sa pensée, les raisons de son engagement. Pourquoi, toute sa vie, il aura voulu
parler au nom de ceux à qui la parole est refusée.
2 novembre 2017
Beauté et utilité environnementale
Tandis que les projets gaziers/pétroliers se
multiplient, de jeunes chercheurs essaient de trouver des solutions à la
pollution galopante.
Prise de vue aérienne par drone d’un champ de
saules à Saint-Roch-de-l’Achigan. Au centre de l’image, les zones irriguées par
des eaux usées se démarquent du reste de la plantation par la coloration plus
foncée du feuillage des saules. Photo : Simon Amiot IRBV/Université de
Montréal/Polytechnique de Montréal
«Cette année on va probablement produire le double
de biomasse dans les zones irriguées par les eaux usées.» ~ Xavier Lachapelle-Trouillard
Car, tel qu’on l’apprenait récemment, à l'échelle
planétaire, la pollution tue plus que la malaria, le virus du sida et la
tuberculose réunis (rapport 2017 de la Commission du Lancet sur la pollution et
la santé). La pollution de l’air, de l’eau et des milieux de travail entraîne 9
millions de décès prématurés par année.
Le fait
de brûler des combustibles est
responsable de 85% de la pollution sous forme de poussière en suspension
dans l’air et de presque toute la pollution causée par les oxydes de soufre et
d’azote. «Le charbon est le combustible
fossile le plus sale du monde et sa combustion est une cause importante à la
fois de pollution et de changements climatiques.»
Des saules
pour recycler les eaux usées
Un texte de Chantal Srivastava, aux Années lumière
Le dimanche 22 octobre 2017
Exit les usines de traitement des eaux usées.
Désormais, les StaRRE – pour Stations de récupération des ressources de l'eau –
volent la vedette. Car quoi qu'on en pense, les eaux usées sont remplies de
ressources.
Depuis 2016, à Saint-Roch-de-l’Achigan, dans
Lanaudière, les eaux usées irriguent une plantation de saules à croissance
rapide dans le cadre du projet PhytovalP, une initiative de l’Institut de
recherche en biologie végétale (IRBV) de l’Université de Montréal et de
Polytechnique Montréal.
L’azote et le phosphore qui contaminent les eaux
usées sont utilisés comme nutriments.
Dans le cadre de sa maîtrise, Xavier
Lachapelle-Trouillard a constaté que la méthode est efficace pour les trois
principaux contaminants organiques : l’azote, le phosphore et la matière
organique.
«On voit vraiment une application économique
viable pour les petites municipalités au Québec.» ~ Xavier Lachapelle-Trouillard
Faire d’une
pierre deux coups
Selon Xavier Lachapelle-Trouillard, le tiers des
municipalités québécoises ont tout intérêt à utiliser cette méthode de
traitement des eaux usées qui convient tout à fait aux besoins des villes de
300 à 800 habitants. Au Québec, cette catégorie compte 242 municipalités.
Dans le projet en démonstration à
Saint-Roch-de-l’Achigan, les eaux usées sont acheminées vers la plantation de
saules à croissance rapide. L’azote, le phosphore et les matières organiques
stimulent la croissance des saules. Une portion de l’eau est évacuée dans
l’atmosphère par évapotranspiration. Le reste percole dans le sol. Le choix du
saule se justifie par le fait que c’est une espèce qui pousse très vite sous
nos latitudes et qu'elle n'est pas envahissante.
Il faut certes construire des canalisations pour
acheminer les eaux usées et un bassin de rétention pour stocker les eaux usées
durant l’hiver. Mais une fois l’été venu, les résultats sont au rendez-vous.
Car en décontaminant ainsi les eaux usées, on fait d’une pierre deux coups.
Les troncs des arbres qui ont été irrigués avec
les eaux usées sont plus massifs. Les arbres ont davantage de tiges. Ces
avantages ne sont pas négligeables, car une fois récoltés, ces saules ont une
valeur économique.
On les utilise entre autres pour fabriquer des
murs antibruit qu’on installe à proximité des autoroutes.
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