11 octobre 2017

«Dieu» approuve la guerre contre la Nature

L’administration Trump prétend être guidée par la main de Dieu, ce qui signifie qu’une force divine influence leurs décisions et fait en sorte que l’ordre social est géré par un pouvoir surnaturel. Oh boy!
   Toutefois, les décisions de la main invisible en matière d’environnement portent à croire que Dieu déteste les Américains au point de les exterminer tous. Si le rejet du Clean Power Act Plan ne concernait que les Américains, on se dirait «bah, s’ils veulent se suicider collectivement, c’est leur choix», mais, c’est la planète en entier qui va en pâtir, à commencer par leurs voisins immédiats.

«Dieu est le seul être qui pour régner n’ait même pas besoin d’exister.»
~ Baudelaire

«Le monde a commencé sans l’homme et il s’achèvera sans lui.»
~ Claude Lévi-Strauss


Cette délicate boule de plumes VIVANTE, l’hirondelle bicolore, pèse environ 20 grammes et mesure environ 15 centimètres. Elle n’a ni valeur ni poids dans la balance des exterminateurs Monsanto, les humains non plus d’ailleurs. Tapez Monsanto Papers dans votre moteur de recherche – l’un des composants du Roundup, le glyphosate, un cancérigène avéré, est tout partout, comme Dieu.

Au Canada, en 2012, il y avait plus d'espèces en diminution que d'espèces en progression. On estimait à 44 % le nombre d'espèces qui déclinaient au pays, tandis que 33 % étaient en augmentation. Parmi les oiseaux les plus touchés par une baisse de population, on retrouvait les oiseaux des prairies, les oiseaux de rivage migrateurs et les insectivores aériens. Tous ces groupes avaient diminué de 40 % en moyenne, et certaines espèces avaient vu leur population chuter de 90 %. Les insectivores aériens, ces oiseaux qui se nourrissent d'insectes en plein vol, sont en diminution constante depuis 1970. Leur déclin est plus important que chez toutes les autres espèces d'oiseaux. Les hirondelles et les moucherolles ont été sérieusement touchés par ce déclin dont les causes sont méconnues. Pour corriger cette situation de déclin, le Canada ne doit pas agir seul. La conservation des oiseaux est une responsabilité internationale. Les Canadiens doivent agir à l'échelle internationale pour obtenir du succès en matière de conservation, et être conscients du fait que nous partageons "nos" oiseaux avec de nombreux autres pays. Seulement 22 % des espèces d'oiseaux du Canada sont résidants à l'année. La plupart des autres espèces migrent à destination des États-Unis (33 %), de l'Amérique centrale, du Mexique et des Caraïbes (23 %) ou de l'Amérique du Sud (15 %). Certaines se dirigent vers l'Europe ou l'Asie ou séjournent pendant de longues périodes en mer (7 %).»

La Nature à l’Homme
Louise Ackermann  

Dans tout l’enivrement d’un orgueil sans mesure,
Ébloui des lueurs de ton esprit borné,
Homme, tu m’as crié : «Repose-toi, Nature!
Ton œuvre est close : je suis né!»

Quoi! lorsqu’elle a l’espace et le temps devant elle,
Quand la matière est là sous son doigt créateur,
Elle s’arrêterait, l’ouvrière immortelle,
Dans l’ivresse de son labeur?

Et c’est toi qui serais mes limites dernières?
L’atome humain pourrait entraver mon essor?
C’est à cet abrégé de toutes les misères
Qu’aurait tendu mon long effort?

Non, tu n’es pas mon but, non, tu n’es pas ma borne
A te franchir déjà je songe en te créant;
Je ne viens pas du fond de l’éternité morne.
Pour n’aboutir qu’à ton néant.

Ne me vois-tu donc pas, sans fatigue et sans trêve,
Remplir l’immensité des œuvres de mes mains?
Vers un terme inconnu, mon espoir et mon rêve,
M’élancer par mille chemins,

Appelant, tour à tour patiente ou pressée,
Et jusqu’en mes écarts poursuivant mon dessein,
A la forme, à la vie et même à la pensée
La matière éparse en mon sein?

J’aspire ! C’est mon cri, fatal, irrésistible.
Pour créer l’univers je n’eus qu’à le jeter;
L’atome s’en émut dans sa sphère invisible,
L’astre se mit à graviter.

L’éternel mouvement n’est que l’élan des choses
Vers l’idéal sacré qu’entrevoit mon désir;
Dans le cours ascendant de mes métamorphoses
Je le poursuis sans le saisir;

Je le demande aux cieux, à l’onde, à l’air fluide,
Aux éléments confus, aux soleils éclatants;
S’il m’échappe ou résiste à mon étreinte avide,
Je le prendrai des mains du Temps.

Quand j’entasse à la fois naissances, funérailles,
Quand je crée ou détruis avec acharnement,
Que fais-je donc, sinon préparer mes entrailles
Pour ce suprême enfantement?

Point d’arrêt à mes pas, point de trêve à ma tâche!
Toujours recommencer et toujours repartir.
Mais je n’engendre pas sans fin et sans relâche
Pour le plaisir d’anéantir.

J’ai déjà trop longtemps fait œuvre de marâtre,
J’ai trop enseveli, j’ai trop exterminé,
Moi qui ne suis au fond que la mère idolâtre
D’un seul enfant qui n’est pas né.

Quand donc pourrai-je enfin, émue et palpitante,
Après tant de travaux et tant d’essais ingrats,
A ce fils de mes vœux et de ma longue attente
Ouvrir éperdument les bras?

De toute éternité, certitude sublime!
Il est conçu ; mes flancs l’ont senti s’agiter.
L’amour qui couve en moi, l’amour que je comprime
N’attend que Lui pour éclater.

Qu’il apparaisse au jour, et, nourrice en délire,
Je laisse dans mon sein ses regards pénétrer.
– Mais un voile te cache. – Eh bien! je le déchire :
Me découvrir c’est me livrer.

Surprise dans ses jeux, la Force est asservie.
Il met les Lois au joug. À sa voix, à son gré,
Découvertes enfin, les sources de la Vie
Vont épancher leur flot sacré.

Dans son élan superbe Il t’échappe, ô Matière!
Fatalité, sa main rompt tes anneaux d’airain!
Et je verrai planer dans sa propre lumière
Un être libre et souverain.

Où serez-vous alors, vous qui venez de naître,
Ou qui naîtrez encore, ô multitude, essaim,
Qui, saisis tout à coup du vertige de l’être,
Sortiez en foule de mon sein?

Dans la mort, dans l’oubli. Sous leurs vagues obscures
Les âges vous auront confondus et roulés,
Ayant fait un berceau pour les races futures
De vos limons accumulés.

Toi-même qui te crois la couronne et le faîte
Du monument divin qui n’est point achevé,
Homme, qui n’es au fond que l’ébauche imparfaite
Du chef-d’œuvre que j’ai rêvé,

A ton tour, à ton heure, if faut que tu périsses.
Ah! ton orgueil a beau s’indigner et souffrir,
Tu ne seras jamais dans mes mains créatrices
Que de l’argile à repétrir.

Nice, novembre 1867 (Poésies Philosophiques)


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