1 janvier 2017

Nigel Kennedy : un vibrant hommage à Menuhin

Kennedy déplore les méthodes de «fabrication» des interprètes. Je suis entièrement d’accord avec ce qu’il en dit. On produit des robots à la chaîne, capable de jouer parfaitement, certes, mais parfois, c’est si rigide et mécanique que ça manque d’âme. Il y a lieu en effet d’accorder une juste part à l’interprétation créative même en musique classique.

Source de la photo : http://activeforlife.com/fr/author/jim/

Extraits d’un article du Guardian :

«La manufacture classique» tue la joie chez Beethoven et Brahms. Les tuteurs paresseux créent des clones en mettant trop d’emphase sur la technique.»
~ Nigel Kennedy 

Le 23 décembre dernier, Nigel Kennedy lançait un album de compositions personnelles inspirées par ses mentors : «je voulais simplement remercier tous les gens, encore sur la planète ou non, qui m’ont influencé et aidé», dit-il.

L'album My World inclut un hommage au violoniste Yehudi Menuhin, qui a payé les frais de scolarité du jeune Kennedy à la Menuhin School (Surrey). Il n'a jamais oublié son aide : «J'étais d'une famille monoparentale. Ma mère était professeur de piano, et ce n’était pas très payant.» Sans Menuhin, «je ne jouerais probablement pas de musique classique du tout», écrit-il dans les notes de la pochette. Il décrit Menuhin comme un musicien charismatique qui encourageait l'expression de soi et l'individualité chez ses élèves : «Il n’essayait pas de faire des clones de nous tous.»

Tandis que d'autres professeurs sourcillaient de l’intérêt de Kennedy pour le jazz, Menuhin l’encourageait, leur disant : «c’est formidable que le jeune soit capable de penser par lui-même». Kennedy a ensuite étudié à la Juilliard School of Music (New York), où, malgré un excellent professeur, il se sentait restreint : «Notamment parce que ça ressemblait à un lieu de réseautage pour jeunes étudiants ambitieux. J'ai appris beaucoup plus dans Greenwich Village. Il y avait des clubs de jazz partout.»

Kennedy déplore la formation au «broyeur» de ce genre d’école de musique : «Très souvent, j'entends des musiciens qui jouent incroyablement bien quand ils sont adolescents; puis, ils perdent toute originalité une fois dans la vingtaine. Comment ce talent s’est-il effrité?»

Quand on lui demande ce que les collèges devraient faire, il répond : «Les professeurs devraient être moins paresseux. Au lieu d'imposer un système identique pour tous, ils devraient être l'écoute de l'individu et lui enseigner d'une manière qui lui convient, avec une liberté d’expression. Le grand maître se lie à la personne et, bien sûr, lui prodigue des conseils techniques. Mais, quand vous atteignez 18 ans, si vous voulez vraiment faire ce métier, vous devriez savoir ce que vous faites sur le plan technique.»

Article intégral :
https://www.theguardian.com/music/2016/nov/20/nigel-kennedy-slams-colleges-for-stifling-musical-talent 

Alors, après une veille de Jour de l’an peut-être passée avec nos excellents «violoneux» québécois, je vous propose cette sublime pièce. C’est comme une pilule magique pour «lendemain de veille»...

Solitude (for Yehudi Menuhin)
Par Nigel Kennedy
Avec Deutsches Kammerorchester Berlin



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