Bien avant qu’on commence à se plaindre de la façon de communiquer sur les réseaux sociaux, David Bohm disait «le dialogue n’est pas une joute de ping-pong». Bohm a publié ses réflexions sur le dialogue dans une série d’articles parus entre 1985 et 1991*.
«En dépit de ce réseau universel de liens, en ce moment même, le sentiment général que la communication est en train de disparaître partout, à une échelle sans précédent est omniprésent... Généralement, ce qui paraît dans les médias est au mieux une collection de fragments triviaux presque sans rapport les uns avec les autres, et au pire, une source de confusion et de désinformation réellement nocive.»
«Différents groupes n’arrivent pas à s'écouter les uns les autres. En conséquence, la tentative elle-même d’améliorer la communication mène fréquemment à encore plus de confusion, et le sentiment de frustration qui en résulte pousse les gens à l'agressivité et à la violence plutôt qu’à la compréhension et à la confiance mutuelle.»
«Il est clair que si nous voulons vivre harmonieusement entre nous et avec la nature, nous devons être capables de communiquer librement dans un mouvement créatif où personne ne prétend détenir la vérité absolue ni ne défend ses propres idées.»
Comparant la discussion au dialogue, Bohm disait :
«La discussion est presqu’une joute de ping-pong où les gens sont toqués et se renvoient la balle : le but du jeu étant de gagner ou d'obtenir des points chacun pour soi. Dans un vrai dialogue cependant, personne n'essaie de gagner. Tout le monde gagne si quelqu'un gagne. Il y a une autre sorte d'esprit commun. Dans un dialogue, il n'y a pas de tentative de gagner des points, ou de faire en sorte que votre point de vue l'emporte sur celui des autres. Au contraire, chaque fois qu'on découvre une erreur, tout le monde y gagne. Ce n’est pas un jeu de gain et de perte – si je gagne, tu perds. Le dialogue, c’est une politique de participation où nous ne jouons pas les uns contre les autres, mais les uns avec les autres; ainsi tout le monde gagne.»
«Nos idées sont enracinées dans les hypothèses que nous avons sur divers aspects de la vie – la politique, l’économie et la religion – et ces hypothèses sont nos opinions. Nous utilisons nos opinions comme des boucliers pour masquer nos peurs et notre insécurité, de sorte que nous bloquons notre capacité d’écoute. Le dialogue fertile exige que nous prenions d’abord conscience de nos blocages, puis que nous les surmontions. Nous devons apprendre à réfléchir ensemble afin d’agir intelligemment. Si nous n’y parvenons pas à grande échelle, nous ne pourrons pas mettre un terme aux problèmes insolubles auxquels à la fois les individus et la société en général font face à l’heure actuelle.»
Bonne chance à celles et ceux qui devront «dialoguer» avec Donald Trump et son cabinet!
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* David
Joseph Bohm (né le 20 décembre 1917, mort le 27 octobre 1992) est un physicien
américain qui a réalisé d'importantes contributions en physique quantique,
physique théorique, philosophie et neuropsychologie.
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