Las de tous ceux qui viennent avec des mots Des mots, mais pas de langage, Je partis pour l'île recouverte de neige. L'indomptable n'a pas de mots! Ses pages blanches s'étalent dans tous les sens. Je tombe sur les traces de pas d'un cerf dans la
neige Pas des mots, mais un langage.
Mon plus grand rêve serait d’avoir un moyen de me
téléporter en disant simplement «Scotty, beam me up!» (Star Trek IV: The Journey Home). Économie de temps et d’énergie,
aucun carburant fossile ou véhicule ou gadget. Fantastique, que de problèmes éliminés!
«Que les gens disparaissent est au fond moins
surprenant que de les voir apparaître soudain devant nous, proposés à notre
coeur et à notre intelligence. Ces apparitions sont d'autant plus précieuses
qu'elles sont infiniment rares. La plupart des gens sont aujourd'hui si
parfaitement adaptés au monde qu'ils en deviennent inexistants.» ~
Christian Bobin (Ressusciter)
Photo : film Au-delà de nos rêves
Le voilier
Je suis debout au bord de la plage. Un voilier passe dans la brise du matin et part
vers l’océan. Il est la beauté, il est la vie. Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à
l’horizon. Quelqu’un à mon côté dit : «Il est parti!» Parti? Vers où? Parti de mon regard. C’est tout... Son mât est toujours aussi haut, sa coque a toujours la force de porter sa charge
humaine. Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en
lui. Et juste au moment où quelqu’un près de moi dit :
«il est parti!» Il en est d’autres qui, le voyant poindre à
l’horizon et venir vers eux, s’exclament avec joie : «Le voilà!»... C’est cela la mort.
~ William
Blake
«Nous vivons dans le vide ouvert par un événement,
nous allons d'un événement à l'autre et il faut parfois des années pour qu'un
événement succède à un autre. Entre les deux, le vide. Enfin, pas tout à fait :
survient parfois la belle lumière d'un visage, d'une parole, d'un geste.» ~
Christian Bobin (La plus que vive)
---
Nous nous sommes rencontrés pour une raison Tu es soit une bénédiction, soit une leçon
En mode veille,
le temps de réexaminer mes motivations.
«Ma base de données est dans le cyberespace, donc
je suis interactive, je suis hyperactive, et de temps en temps, je suis
radioactive.» (Emprunté
à George Carlin)
C’est un fait que les gens étaient plus avenants et respectueux, et beaucoup moins grossiers à l'époque.
Ce cliché m’a donné envie de retransmettre
les précieux conseils de Ryôkan. On parle ici de communication en face à face,
bien sûr. Ces préceptes sont encore plus difficiles à appliquer sur internet. Que de malentendus et de mésinterprétations...
Les
préceptes de Ryôkan (1)
Un ensemble de conseils offerts par Ryôkan à ses
contemporains. Toujours bien connus au Japon, parfois on trouve encore ces
préceptes affichés dans la demeure des gens.
Ne pas trop parler. Ne pas parler vite. Ne pas parler fort. Ne pas donner son avis quand il n’est pas
sollicité. Ne pas couper la parole… Ne pas dire le contraire de ce que l’on pense. Ne pas prendre la parole avant que l’autre ait
terminé sa phrase. Adapter les propos à la situation. Ne pas parler de raison à quelqu’un qui est ivre. Ne pas parler de raison quand soi-même, on est
ivre. Ne pas parler de raison à un homme en colère. Ne parler de raison quand on est soi-même en
colère. Ne pas insister sur les détails. Ne pas parler en exigeant. Ne pas dévoiler ce qu’un autre veut cacher. Ne pas faire de demi-plaisanteries. Ne pas taquiner à la légère. Ne pas surestimer quelqu’un. Ne pas répondre à quelqu’un sans bien comprendre
ce qu’il veut dire. Ne pas aborder des sujets de querelles. Ne pas parler de sujets politiques. Ne pas tromper un enfant. Ne pas faire de leçons savantes à un enfant. Ne pas parler longtemps sans raison. Ne pas prendre plaisir à utiliser un mot dont on
n’a pas complètement compris le sens. Ne pas parler avec mystère. Ne pas tenir des propos inutiles. Ne pas dire de mal d’autrui. S’abstenir de propos pas vraiment utiles. Il est difficile d’écouter avec attention la
réponse d’autrui. Il est difficile d’exprimer quelque chose dans sa
totalité. Il faut savoir extraire les aspects nécessaires et
faire un résumé. Ne pas revenir sans cesse sur quelque chose que
l’on a irrémédiablement perdu. Ne pas parler de ses exploits. Ne pas se glorifier de ses succès. Ne pas développer des choses sans importance en
sachant qu’elles sont sans importance. Ne pas dire à quelqu’un quelque chose qu’il lui
est insupportable d’entendre. Ne pas lui dire des choses qu’il n’aime pas
entendre. Ne pas dire quelque chose sans tenir compte de
l’état émotionnel de l’autre. Ne pas parler à haute voix auprès de quelqu’un qui
dort. Ne pas faire semblant de tout savoir. Ne pas forcer quelqu’un à écouter son propre avis.
Ne parler pas de sujets religieux impunément. Ne pas abuser de paroles pour demander un service
à quelqu’un mais dire juste ce qui est nécessaire. Ne pas tenir tête. Ne pas user de flatteries. Ne pas faire de reproches avant d’avoir fait le
tour de la question. Ne pas faire facilement des promesses car l’on
risque de manquer à sa parole. Ne pas tenir de propos licencieux. Ne pas aborder un nouveau sujet alors que l’on n’a
pas fini de traiter le premier. Ne pas dire à l’un ce que l’on veut dire à
l’autre. Parler sous le couvert de la gentillesse peut se
transformer en rancune. Ne pas médire dans le dos de quelqu’un mais lui
dire en face, ce que l’on pense. Ne pas parler de quelqu’un d’un sujet qu’il ne
connait pas. Sous le couvert du savoir, dire des choses que
l’on ne sait pas. Dire tous les mots qui expriment le regret est
regrettable. Ne pas revenir sur des paroles déjà dites. Ne pas se confondre en amabilités. Ne pas dire à quelqu’un ce qui n’est pas
convenable pour lui.
~ Daigu Ryôkan (1758-1831)
---
(1) Contes Zen Ryôkan Le
moine au cœur d’enfant Traduction du japonais et composition par Claire
S. Fontaine Le Courrier du livre; 2001
Ryôkan n’a pas laissé de notes précises sur les
évènements de sa vie mais a légué, à travers des textes poétiques et son
admirable calligraphie, un trésor de sagesse infinie. Sur le ton du conte, le lecteur trouvera dans ces
pages des anecdotes qui lui permettront de rencontrer ce personnage d’exception
inscrit dans la mémoire du peuple japonais comme «le moine qui jouait à la
balle avec les enfants».
Extrait de l’avant-propos : Ryôkan n’a pas choisi la solitude, ni la pauvreté
comme un renoncement aux choses du monde. Ryôkan n’a renoncé à rien, il s’est
mis en position d’accueillir et de recueillir la totalité de l’univers. (…)
Peut-être ce moine «pauvre et solitaire» fut l’être le plus riche et le plus
entouré qui soit. Riche et entouré des myriades de cellules vivantes de toutes
les galaxies… Et tous ceux qu’il rencontrait, ses amis, les paysans, les
villageois, les enfants, étaient comme contaminés par cet espace infini que
Ryôkan portait en lui et qui rayonnait sous forme de douceur. ~ Claire S.
Fontaine
«Il avait
dépassé de beaucoup l'âge normal de mourir pour un chien, mais il était sur le
chemin de la mort depuis si longtemps qu'il s'y était perdu. C'est ce qui
arrive à bon nombre de vieilles personnes dans ce pays. Elles deviennent si
vieilles et vivent si longtemps avec la mort qu'elles finissent par se perdre
quand vient l'heure de mourir vraiment.» ~ Richard Brautigan (La vengeance de la pelouse)
Si vous n’avez
pas connu des personnes atteintes de démence (sénilité ou maladie d’Alzheimer),
cet article pourrait vous préparer – car il semble que la maladie se développe
au rythme d’une personne à toutes les 67 secondes aux États-Unis! Nous allons
probablement tous passer dans la moulinette...
Cette
maladie déstabilise tout le monde – si le malade ne vous reconnaît pas... eh
bien, vous ne le reconnaissez pas non plus! La personne allumée, intelligente
et éveillée que vous avez connue est déjà partie.
Parmi les choses difficiles à gérer : le comportement social inadapté (aucun
filtre), la nécessité de rassurer constamment et de tout répéter ad nauseam. À
un certain moment, j’ai pensé enregistrer les questions et les réponses pour écoute
à volonté... Mais le plus triste dans tout ça, c’est que peu à peu la
communication à deux sens est carrément impossible.
La
période où la personne est témoin de sa dégringolade dans la démence doit être
ce qu’il y a de plus horrible. Je comprends Gillian Bennett : une femme de
Colombie Britannique qui a choisi de se suicider parce qu’elle ne voulait pas
subir l’indignité de la démence (avec l’entière approbation de sa famille – des
gens sensibles, compatissants et intelligents). Elle a créé un site pour
expliquer son parcours et son choix. Info : http://situationplanetaire.blogspot.ca/2014/08/morte-midi.html
Quand je
vois nos médecins rétrogrades (des tortionnaires drapés de soi-disant éthique)
encore essayer de mettre des bâtons dans les roues au droit de mourir dans la
dignité malgré une loi votée en bonne et due forme, je n’en reviens juste pas.
Des compléments :
1. Le film
Still Alice à défaut du roman de Lisa
Genova (L’envol du papillon pour la
traduction française, 2009). Résumé : Titulaire d'une chaire de
neuropsychologie à Harvard, Alice, à 50 ans, attribue ses amnésies au stress et
à la ménopause. Jusqu'au jour où elle se retrouve désorientée. À l'issue de
tests médicaux, le diagnostic tombe : elle est atteinte d'une forme précoce de la
maladie d'Alzheimer. Elle, ses deux filles et son mari John, vont entamer une
descente dans l'enfer de la maladie.
2. Le
film Jusqu’au bout (Still Mine) basé
sur une histoire vécue. Le développement insidieux et irréversible de la
maladie, la transformation de la personnalité, l’insécurité et la panique
accompagnant la perte des repères, l’agressivité... C’est aussi une vibrante
histoire d’amour, jouée à la perfection par Geneviève Bujold (Irene) et James Cromwell
(Craig)... Commentaires
de Geneviève Bujold : http://artdanstout.blogspot.ca/2014/02/notes-de-cine.html Si vous
avez accès à la zone vous pouvez le voir en ce moment : http://ici.tou.tv/jusqu-au-bout
Le
meilleur ami de Craig décède; il pleure à chaudes larmes aux funérailles en
entendant cette chanson qui, au fond, parle des insécurités qu’on éprouve
devant la mort, mais devinant que ni l'esprit ni le coeur ne pourrissent en terre.
After the
Storm; Mumford & Sons; album, “Sigh No More”
Rick
Phelps est atteint d’Alzheimer et publie des chroniques pour sensibiliser le
public. Lui-même médecin aux urgences, il avait noté des oublis depuis un
certain temps : des noms de rues, la signification de certains codes, des
raccourcis qui pouvaient sauver de précieuses secondes en cas d’urgence. Il en
avait parlé à son médecin, mais celui-ci attribuait cela à la
dépression (déclenchée par le décès de sa fille) et au stress. Mais les
antidépresseurs et les anxiolytiques n’y changeaient rien. Il décida de
consulter un neurologue. Le verdict : démence précoce probablement due à
la maladie d’Alzheimer. Il a quitté le cabinet du médecin avec un patch
d’Exelon...
Un
article publié sur AgingCare.com (traduction/adaptation maison) :
Ce qu’on ressent réellement quand on souffre
d'Alzheimer
Selon l’Alzheimer’s
Association, aux États-Unis une personne développe la maladie d'Alzheimer à
toutes les 67 secondes. Le point de vue des patients est essentiel pour
favoriser la sensibilisation, créer un dialogue utile autour de la maladie, et
élaborer des méthodes pour y faire face ou éventuellement la traiter. La perte
de la mémoire cognitive peut dévaster les familles, et elle intrigue les
médecins et les chercheurs depuis des années. Il est impossible de comprendre
véritablement ce qu'un patient éprouve à mesure que son état s'aggrave. Cependant
nous devons à nos proches d’essayer de comprendre ce qu’ils ressentent et de les
guider à travers ce processus effrayant.
Depuis
qu’il a été diagnostiqué en juin 2010, à l'âge de 57 ans, Rick Phelps milite pour
sensibiliser les gens au développement précoce de la maladie d’Alzheimer. Il a été
contraint de prendre une retraite anticipée et a initié un groupe de
soutien en ligne, Memory People, pour les personnes touchées par une altération
de la mémoire et la démence; plus de 7 000 membres bénéficient de cette aide.
À quoi
ressemble la vie quand la dégénérescence causée par la maladie d'Alzheimer progresse?
«Nous nous posons tous ces questions : quand la folie finira-t-elle, les
choses peuvent-elles s’améliorer? Tout le monde veut des réponses. Et nous trouvons
des réponses d’experts. Mais, est-ce
vraiment ce que le patient éprouve? Ce qu’on nous dit est-il représentatif de
ce qu’est la vie avec cette horrible maladie? Se trompent-ils? La vérité est
que cette démence ne finira jamais. Elle peut parfois s’apaiser. Vous reconnaîtrez
vos proches de temps en temps. Mais y a-t-il une fin? Pas vraiment. C’est la
seule maladie connue qui n'a pas de remède. Il n'y a pas moyen d’inverser le
processus, sa progression ne ralentit jamais... et il n'y a pas de survivants.»
Voici mon
point de vue, celui du patient.
La dure vérité
J'avais
lu que parfois les messages du forum AgingCare.com Caregiver étaient difficiles
à accepter. Permettez-moi de vous dire ce qui est dur à accepter : amener votre
petite-fille à l'école, écouter ses histoires, et savoir qu'un jour vous ne la reconnaîtrez
même plus. Vous ne la verrez probablement pas graduer ni se marier, et vous ne
connaîtrez pas ses enfants. La démence s’empare de votre vie et la détermine.
Au début,
elle ne prend que certains éléments de votre mémoire à court terme. Puis,
lentement mais sûrement, elle les prend tous. Avec le temps, elle commence à s’emparer
de vos vieux souvenirs aussi. Et finalement, la maladie les prendra tous.
Pendant
tout ce temps, vous réalisez ce qui se passe, et vous ne pouvez absolument rien
y faire. Je me questionne souvent sur l'avenir. Que se passera-t-il quand je ne
me souviendrai plus qui je suis ni qui sont les gens autour de moi? Quelle sera
ma situation? Aurai-je peur? Plus peur que maintenant en certaines occasions?
Est-ce même possible?
À quoi ressemble la maladie d'Alzheimer?
On m’a
souvent questionné sur la progression de l'Alzheimer précoce. Voici ce que je
peux en dire.
Il existe
un médicament appelé Versed. On l’utilise pour les petites interventions
chirurgicales, dentaires, etc. Nous l’utilisions beaucoup aux urgences. Il
efface votre mémoire. Votre mémoire à court terme, pour être exact. Son effet
est relativement court, il ne dure que dix ou quinze minutes, mais l'effet est
stupéfiant. Vous donnez ce médicament à quelqu'un et il n'aura aucun souvenir
de tout ce qui s'est passé durant les dernières minutes, et en certains cas, durant
les dernières heures. Il efface complètement la mémoire à court terme.
Donnez ce
médicament à quelqu'un, puis, amenez-le dans un building étrange qu'il n'a
jamais visité. Entourez-le d’objets qu'il n’a jamais vus – des choses que vous
êtes sûr qu'il ne connaît pas. Laissez-le complètement seul dans la pièce environ
cinq minutes, puis, faites entrer de parfaits étrangers, un par un, qui
s’adresseront à lui comme s’ils le connaissaient depuis toujours.
Voilà,
vous y êtes. Ils racontent des choses dont vous n’avez jamais entendu parler. Ils
se présentent soit comme l’un de vos enfants, votre conjoint ou votre pasteur. Ils
se disent extrêmement désolés de ce qui vous arrive. Pendant tout ce temps-là, vous
vous demandez ce qui se passe. Ils disent qu’à cause du diagnostic, ce sont eux
qui devront vous nourrir et vous faire boire. Ils disent que tout va bien, et que
tout se qui se passera ensuite est correct. Ils disent qu’ils reviendront plus
tard et qu’ils vont prier pour vous... puis, ils vous laissent seul. Complètement
seul.
Cela donne
une infime idée de ce qu’éprouve un patient atteint de démence. Mais, croyez-moi,
c’est beaucoup plus près de la réalité qu’un tour virtuel sur la maladie
d’Alzheimer. Pourquoi? Parce que je suis un patient. Non pas quelqu'un
qui parle de la démence sans en être atteint, mais quelqu'un qui vit avec
cette maladie au jour le jour.
«Quand
cela finira-t-il?» Cela ne finira jamais. La paix viendra uniquement lorsque
nous rendrons notre dernier souffle. Chose étrange : quand moi je ferai la
paix avec cette maladie, mon entourage devra pleurer. C'est ça la démence. Et
c'est quelque chose que nous vivons en tant que patients. Les aidants naturels meurent
aussi avec le patient, un peu à chaque jour. C'est la chose la plus
dévastatrice que vous aurez l’occasion de vivre.
En tant
que patient, ou en tant qu'aidant. C'est tout simplement...
--- Vous
trouverez les chroniques de Rick Phelps, et celles d’autres patients atteints
d’Alzheimer précoce, à cette adresse : http://www.fadetoblank.org/#/?part=cause-for-concern- Fade to Blank, Life Inside Alzheimer,
créé par Anne-Marie Botek.
Blogue personnel de Rick Phelps : While I still can... This blog has been
designed to support and bring awareness to anyone touched by dementia or memory
impairment. Knowledge and understanding brings power and a connection to others
who are on this journey also. Bringing awareness, one person at a time... http://phelps2645.blogspot.ca/
À l’émission C’est
fou... la paresse (2e partie), Serge Bouchard et Jean-Philippe
Pleau recevaient Mark Fortier pour parler de paresse intellectuelle (1).
Mark Fortier : «On craint la paresse
intellectuelle, la bêtise. Mais la bêtise qu’il faut craindre c’est simplement
ne pas utiliser son intelligence. La bêtise qui serait intellectuellement
active. Être bête est une activité intellectuelle intense – on dit que les cons
ne se reposent jamais. On saute sur des raccourcis. ... La véritable paresse
intellectuelle est une intelligence hyperactive qui tourne à vide à une vitesse
frénétique.»
Serge Bouchard : «Autrement dit, l’intelligence
qui est bête pourrait se mettre à parler, parler, et puis avec beaucoup d’info
et même des éléments culturels, mais ça finit là, le bruit s’estompe.»
Mark Fortier : «C’est époustouflant, mais
voilà, on a l’impression d’avoir mangé de l’Aspartam.»
J.-P. Pleau : «Beaucoup d’info sans être
capable de la ‘processer’.»
Serge Bouchard : «Montaigne disait «ça ne sert
à rien d’ouvrir le crâne d’un enfant puis de lui déverser de l’info; il faut
lui montrer à penser et à traiter cette information.»
Via L’Internaute
Article corrélé à l'interview :
Paresse :
En quoi est-il important de vaincre la paresse intellectuelle?
Par Mark Fortier, sociologue et éditeur chez Lux
(2) Le 29/01/2015
(...) Nous
sommes des êtres de culture. C’est pourquoi la paresse intellectuelle est pour
le genre humain un grave problème, voire une menace existentielle.
L’idiotie
ne figure donc pas parmi les droits de l’homme et du citoyen, et tout le monde
est en principe disposé à la combattre. Même les imbéciles. C’est bien là le
problème. On sait, au moins depuis Bouvard et Pécuchet, que la sottise
s’investit facilement dans la science et le progrès. À l’université, par
exemple, «l’excellence» est l’idéal de ces médiocres qui confondent la
connaissance avec des indicateurs de performances : taux de diplomation, nombre
d’articles publiés, nombre de victoires de l’équipe de football, quantité de
subventions, qualité des logements étudiants et de la bouffe de la cafétéria.
Comme
le remarquait Robert Musil dans les années 1930, «si la bêtise ne ressemblait
pas à s’y méprendre au progrès, au talent, à l’espoir ou au perfectionnement,
personne ne voudrait être bête» (De la
bêtise, Allia). Il existe ainsi une bêtise intelligente. Celle-ci, précise
Musil, n’est pas un défaut d’intelligence, elle est l’intelligence tournée
contre l’esprit, c’est-à-dire tournée contre les formes de solidarités humaines
nécessaires à l’autonomie de la pensée et de l’action. On peut perdre l’esprit
et manifester une impressionnante vigueur intellectuelle.
La
bêtise savante est très difficile à combattre, car elle se présente toujours comme
un savoir désirable, une solide vérité, une avancée de l’humanité. Ainsi, de
nos jours, on prête de l’intelligence à toutes choses, les villes, les
téléphones, les maisons et les voitures, tous les points du globe sont reliés,
et pourtant les liens qui nous unissent deviennent chaque jour plus opaques,
sinon relâchés.
Cette
prolifération des formes artificielles de l’intelligence est un fait social
prodigieux. Elle permet l’accumulation à l’infini de l’information, elle
témoigne de l’ingéniosité humaine, mais elle laisse aussi entrevoir un monde où
les individus mèneraient une vie fragmentée, atomisée, ceux-ci ayant confié aux
systèmes cybernétiques branchés les uns sur les autres le soin d’organiser
l’unité de leur existence. Cette constellation de machines intelligentes
propose déjà de réaliser le vieux rêve des philosophes d’une réconciliation de
l’individu avec le monde en adaptant l’information aux intérêts singuliers de
chaque personne. Mais qui voudrait d’un monde qui ne renverrait plus aux individus
que l’image de leurs propres désirs, de leurs propres choix, où la liberté
serait une mise en abîme?
La
lutte à la paresse intellectuelle désignera son adversaire en répondant à cette
question. Qui, aujourd’hui, donc, braque l’intelligence contre l’esprit? Qui
menace notre compréhension de ce qui tient le monde ensemble? D’où vient la
bêtise intelligente?
Il faut
se rendre à l’évidence. La bêtise tombe aujourd’hui de haut. Ce sont les élites
économiques et politiques qui désormais imposent l’ignorance. Ce sont elles qui
musèlent les scientifiques lorsqu’ils s’inquiètent des dérèglements
écologiques, elles qui soumettent l’éducation à la loi de l’argent, encore
elles qui déconstruisent toutes les institutions sociales qui garantissent aux
personnes une certaine indépendance face aux puissances économiques : les
syndicats, les retraites, les garderies, la santé publique, etc.
(2) Lux Éditeur a notamment publié le collectif
BRUT La ruée vers l’or noir au sujet
de Fort McMurray, ville-champignon au milieu d’un enfer écologique du nord de l’Alberta.
L’or convoité : les gisements de sables bitumineux, le pétrole le plus
sale qui existe, paroxysme du délire extractiviste. http://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/05/voulez-vous-savoir.html
Ah, la communication... Des fois on a réellement envie
de puncher un interlocuteurbouché, arrogant, injuste, crétin, méchant, ou
qui ment effrontément. Une pulsion normale et légitime à mon avis. Par exemple,
si je devais interviewer Donald Trump, j’aurais probablement envie de lui crêper
le chignon – ou le toupet – à la moindre remarque grossière de sa part.
Comme la vie en société requiert un minimum de
retenue, la plupart du temps on ne dit rien pour ne pas faire de vagues. On
compacte. Peut-être par crainte de perdre quelque chose – un(e) partenaire, l’estime
des autres, un emploi, de l’argent, des contrats, etc. Si le sentiment d’impuissance
est intense et récurrent, notre santé psychologique pourrait en pâtir.
Stoïque ce chat!
Conversation :
Foire où chacun propose ses petits articles mentaux, chaque exposant étant trop
préoccupé par l'arrangement de ses propres marchandises pour s'intéresser à
celles de ses voisins. ~ Ambrose
Bierce (1842-1914); Le dictionnaire
du Diable
Il existe cependant des moyens de communiquer ses
sentiments et ses opinions sans blesser personne ni se sentir lésé, mais cela exige
un minimum de bonne volonté et de pratique.
Cinq règles
de base pour s'entendre avec n’importe qui, n’importe où Susan
Krauss, Ph.D., professeur de psychologie à l’université de Massachusetts
Amherst
Il y a des situations dans la vie où nous
aimerions fustiger quelqu'un qui nous rend la vie misérable. Vous êtes
peut-être mécontent d’une situation liée au travail, ou votre partenaire est peut-être
mesquin. Vous vous sentez attaqué, indigné et incompris. Le pire, c’est quand
vous avez l’impression d’avoir frappé un mur parce que vous n'êtes ni écouté ni
pris au sérieux.
Tout le monde connaît ce type d’échanges désagréables.
La psychologue italienne Francesca D'Errico et la philosophe Isabella Poggi utilisent
le terme «communication acide» pour décrire ce qui se passe quand les gens se
sentent irrités et maltraités mais n’expriment pas ce qu’ils ressentent vraiment.
«La personne qui se livre à la communication acide est en colère parce qu’elle
éprouve un sentiment d'injustice. Elle voudrait exprimer sa colère et dénoncer
l’injustice, mais y renonce pour éviter de possibles conséquences négatives si
elle s’exprime» (p. 663). On peut appeler ça de l’agressivité passive; vous voulez dire quelque chose de négatif mais
vous avez l’impression que vous ne pouvez pas (quelle que soit la raison), alors
vous évacuez votre colère de manière indirecte.
Selon D’Errico et Poggi, le «communicateur acide»
utilise l'ironie, le sarcasme, l’insinuation et la critique indirecte avec des
mots et un ton de voix qui «projettent l'image d'une personne brillante et
intelligente» (p. 664). Il peut aussi utiliser le langage corporel pour
atteindre les mêmes buts : gestes, expressions faciales, mouvements de la
tête et du corps. Nous avons tous agi ainsi à un moment ou un autre. Vous vous
sentez attaqué et vous ne voulez pas parler, alors vous pincez les lèvres ou croisez
les bras, et peut-être levez-vous les yeux au ciel.
Lors d’une recherche, D'Errico et Poggi ont remis un
questionnaire à 80 jeunes adultes italiens. Elles ont noté chez les
communicateurs acides des émotions «proactives» – jalousie, envie, désir de
vengeance, haine et mépris – et des émotions «passives» – sentiment
d'impuissance, amertume et ressentiment. Les participants ont déclaré qu'ils basculaient
dans la communication acide quand ils trouvaient que la personne impliquée dans
l’interaction se comportait de la même manière, c’est-à-dire qu’elle était
envieuse, cherchait à les culpabiliser ou se sentait elle-même incomprise. Les
participants disaient qu’ils se sentaient nerveux, en colère et craignaient d’exprimer
leurs réels sentiments ou une vraie réponse.
De son côté, le communicateur acide n’est pas très
bien accueilli par les autres. Les participants utilisaient des adjectifs comme
irritables, grognons, arrogants, rébarbatifs, grossiers, pas serviables et hargneux
pour décrire ces individus.
En résumé, la communication acide ne mène nulle
part. Pire encore, elle peut affecter votre estime de soi. Les conséquences de la
communication acide incluent le sentiment de culpabilité parallèlement à une
foule d'autres émotions négatives concernant votre propre rôle dans
l'interaction.
La meilleure façon d'éviter le piège est de vous
exprimer directement, de rester ouvert et réceptif. Ironiquement, vous craindrez
peut-être qu’on vous trouve trop critique ou raisonneur. Pour sortir de l’impasse,
nous devons trouver un moyen d’initier des dialogues
fructueux. Taleb Khairallah, Roger Worthington et Ali Mattu, des étudiants
diplômés de l'American Psychological
Association (APAGS), ont récemment publié des règles élémentaires de
comportement pour les «dialogues difficiles». Avec leur permission, j'ai adapté
cinq de ces règles.
1. Ne dominez
pas le dialogue : le «dialogue» n'est pas un monologue. Si vous êtes en
train de converser avec quelqu'un, laissez suffisamment d’espace pour donner et
recevoir. - Soyez
patient et donnez aux autres une chance de s'exprimer : certaines personnes
sont plus lentes à se joindre à une conversation. Que vous soyez avec une
personne ou avec 50, insérez une pause entre vos phrases pour permettre aux
autres de rassembler leurs idées et de les formuler.
-
N’interrompez pas : voilà le moyen le plus sûr de contrarier vos interlocuteurs.
Même si certaines personnes font des pauses embarrassantes dans leurs discours,
et prennent trop de temps, vous devez toujours trouver un moyen de permettre à la
conversation de se poursuivre. Évitez les discours : tout comme vous ne devez
pas interrompre, vous ne devez pas empêcher les gens de commenter ce que vous
dites. Pensez à une conversation comme à un journal écrit; si vos commentaires
occupent une page complète, alors vous devez ajouter un espace entre les
paragraphes.
- Formulez
vos commentaires de façon à permettre l'interaction : posez occasionnellement
des questions («qu'en pensez-vous?» «est-ce logique?») et parlez au «je». Ainsi
vos interlocuteurs se sentiront invités à prendre la parole, et conséquemment
moins portés à se fâcher.
2. Respectez
les opinions : montrez que tous les points de vue sont importants.
- Écoutez
respectueusement et ayez l’esprit ouvert : montrez que vous appréciez ce
que les autres ont à dire au lieu de froncer les sourcils ou de vous impatienter
si quelqu'un est en désaccord avec vous. Un visage ouvert signifie esprit
ouvert.
-
Reconnaissez la validité du désaccord : personne n’est obligé d’être
d’accord avec votre opinion, et en acceptant les divergences de vues, vous
permettez à votre interlocuteur de s'exprimer.
- Valoriseztous les points de vue : dites
explicitement que vous valorisez les perspectives différentes et agissez en
conséquence; ainsi les risques de paraître «acide» diminueront.
3. Chacun
est encouragé à participer : cela vous inclut.
- Ne vous
empêchez pas d’exprimer vos pensées et vos opinions : vous voulez
encourager les autres à exprimer leur point de vue, mais n’ayez pas l’impression
que devez vous restreindre. Si vous réprimez vos opinions, tôt ou tard elles
fuiront de façon improductive.
- C’est
correct de changer de sujet : vous pouvez trouver qu'un sujet important a
été négligé au beau milieu d'un débat ou d’un dialogue. Expliquez clairement
pourquoi vous voulez ramener le sujet. Ainsi, les autres n’auront pas
l’impression que vous tenez le dialogue à votre merci.
4. Les
modérateurs sont des animateurs, pas des participants
- Facilitez l’interaction
au lieu de dominer la scène : si vous êtes choisi pour animer un groupe de
discussion, ne profitez pas de la situation en gérant tout le spectacle. Soyez
attentif au déroulement des sujets chez les participants et choisissez les
interlocuteurs de manière équitable et selon ce qui a été convenu.
- Utilisez
votre expertise si on vous le demande : vous menez peut-être un groupe pour
veiller à ce que l’échange se déroule harmonieusement. Si quelqu'un vous
demande votre avis ou votre aide, faites-le en évitant que les participants se
sentent ignorants.
5. Parfois
nos meilleures idées émergent après une réflexion : la réflexion ferme psychologiquement
le dialogue. Après une conversation ou un dialogue prenez le temps de réfléchir
et de répondre à ces questions : - Votre perception de la situation a-t-elle changé?
- Votre perception de l’opinion des autres a-t-elle
changé?
Le dialogue diffère un peu de la conversation. Le vrai
dialogue permet aux gens de se sentir valorisés, écoutés et respectés; il fait
progresser les dialogueurs plus rapidement, tout en procurant à chacun un
sentiment d'accomplissement.
Référence : D’Errico, F., & Poggi, I.
(2014). Acidity. The hidden face of conflictual and
stressful situations.
Cognitive Computation.
Il y a tellement de rebus électroniques jetés annuellement qu'en seulement 4 ans on pourrait remplir des camions de 40 tonnes couvrant 15000 miles (24150 km).
Beaucoup de gens peuvent se passer d'un tas de
choses [...] mais ils ne renonceront jamais à en acheter de nouvelles. ~
Alan Bennett (La mise à nu des époux
Ransome)
Le bonheur n'est ni dans la fortune, ni dans
l'agitation, ni dans le repos, ni dans les honneurs, ni dans les plaisirs,
etc.; et toutes ces choses cependant peuvent être des éléments de félicité :
car le bonheur n'est autre que la possibilité de vivre selon ses goûts. Voilà
pourquoi ceux qui ont des goûts simples sont d'ordinaire les plus heureux. ~ Édouard
Bricon (Pensées, maximes et réflexions,
1856)
Après une visite à la plage, il est difficile de
croire que nous vivons dans un monde matériel. ~ Pam Shaw
La vraie mesure de la richesse : combien vaudriez-vous
si vous perdiez tout votre argent? (Auteur inconnu)
Inflation : taxation sans législation. ~ Milton Friedman
---
Intaxication: Euphoria at getting a refund from
the IRS, which lasts until you realize it was your money to start with. (Washington Post word contest)
Life
shouldn't be printed on dollar bills. ~ Clifford Odets
We
may see the small value God has for riches, by the people he gives them to. ~
Alexander Pope (Thoughts on Various
Subjects, 1727)