30 août 2021

Apprendre à vivre avec «ça»

«C’était une agitation bien inutile, n’est-ce pas?» (Le roi se meurt / Eugène Ionesco) 

Extrait de Nos bouddhas, Jean-François Nadeau / Le Devoir 30 août 2021 :

En cette fin d’été, je viens de lire le magnifique Il se fait tard, de Gilles Archambault. C’est lui, à vrai dire, qui m’a gentiment prévenu de cette parution, tout en me signalant en douce qu’il y parlait un peu de moi. Ce qu’il dit de lui, en tout cas, m’apparaît autrement plus intéressant. «Je me suis résigné, je ne cherche plus de sens à la bouffonnerie de vivre», écrit-il. Au crépuscule de sa vie, Archambault n’est pas de ceux qui sont à quêter leur postérité. Lucide, il regarde son existence comme on marche avec passion au bord d’un précipice, tout en observant la beauté du paysage. Il refuse, entre autres choses, de s’acheminer vers le néant de la mort escorté des flonflons de religions. Et c’est en cela aussi que, dans ce livre court, cet écrivain m’apparaît grand, une fois de plus. Certains, bien sûr, le trouveront déprimant. Ce le sera toujours moins, en tout cas, que de voir le Bloc québécois, tout comme les conservateurs, soutenir l’invraisemblable projet d’un troisième lien à Québec, au nom de leurs sacro-saintes élections.

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/628311/nos-bouddhas


Avec son style pur et économe, Gilles Archambault relate sa carrière d’écrivain avec franchise et sans le moindre sentimentalisme. À travers l’auteur transparaît le père, l’amoureux, l’homme. Une réflexion habile sans joliesse inutile ni souci décoratif.

À l’instant de ma mort, je souhaite être seul. Tant mieux si je suis dans un transat, face à la mer. On imagine que von Aschenbach revoit sa vie en un instant, qu’il songe à la beauté qu’il a imparfaitement évoquée dans ses œuvres. Moi qui ne serais au mieux qu’un honnête artisan des mots, je souhaiterais au moment de mon entrée dans le néant revoir en un éclair des gestes de femme, les tiens, Lise, et entendre des voix d’enfants. Ce serait pour moi une mort presque convenable. Mais je serais seul. Ne pas me donner en spectacle. ~ G. A.

Gilles Archambault est né à Montréal en 1933. Réalisateur mais aussi animateur d’émissions sur le jazz et la littérature, il a travaillé à Radio-Canada de 1963 à 1992. Son émission Jazz soliloque fait aujourd’hui figure de référence dans le domaine. Il a aussi collaboré à différentes émissions de télévision ainsi qu’à deux longs métrages, dont l’un était l’adaptation de son roman La Fleur aux dents. Il a créé avec Jacques Brault et François Ricard les Éditions du Sentier qui ont existé de 1978 à 1986.

Auteur de plus de quarante livres, il a reçu en 1981 le plus grand prix littéraire du Québec, le prix Athanase-David, pour l’ensemble de son œuvre. En 1986, il a été lauréat du Prix littéraire du Gouverneur général du Canada pour son recueil de nouvelles L'Obsédante Obèse et autres agressions.

https://www.editionsboreal.qc.ca/

Tous les ouvrages de l’auteur

https://dusoleil.leslibraires.ca/ecrit-par/?ia=3088368&tri=plus-populaires&view=details

Citations du jour :

N’assumez rien. Remettez tout en question. Et commencez à réfléchir.

Dieu soit loué – meublé ou non meublé!  

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