29 janvier 2020

Extinction du moindre brin de sagesse

L’art de saccager...

La région de Saint-Michel-des-Saints compte parmi les plus beaux sites du Québec. J’ai eu l’occasion d’y séjourner souvent, et je suis renversée par le manque de discernement, ou de simple bon sens, du gouvernement caquiste.  Aïe, un copié de Malartic dans Lanaudière! C’est scandaleux. À quoi bon laisser caqueter les ministres sur la protection de l’environnement alors qu’on sait fort bien que ce sont les industries et les lobbyistes* qui ont le gros bout du bâton? 


Un imposant projet minier en zone touristique
Alexandre Shields | Le Devoir, 28 janvier 2020

L’entreprise Nouveau Monde Graphite compte exploiter la plus grande mine à ciel ouvert du sud du Québec, dans un secteur de Saint-Michel-des-Saints réputé pour la villégiature. Le projet, qui sera soumis à un examen du BAPE et dont le gouvernement du Québec est actionnaire, doit générer au moins 100 millions de tonnes de résidus miniers.

Photo : Nouveau Monde Graphite L’actuel site d’exploration minière de la compagnie Nouveau Monde Graphite, situé près de Saint-Michel-des-Saints, dans le nord de la région de Lanaudière, ferait place à la plus grande mine à ciel ouvert du sud du Québec.

Le projet Matawinie, situé dans le nord de la région de Lanaudière, doit permettre l’exploitation d’un gisement qui devrait produire 100 000 tonnes de graphite par année, pour une période de 26 ans.
   Selon Nouveau Monde Graphite, la moitié de ce minerai serait destiné à une usine qui serait construite à Bécancour, tandis que l’autre moitié serait exportée. Le graphite est utilisé dans différentes industries, dont la fabrication de batteries de voitures électriques.
   Le fait qu’au moins 12 millions de tonnes de résidus pourraient générer de l’«acidité» soulève des inquiétudes chez des citoyens de la région, d’autant plus que le projet sera situé dans le bassin versant du lac Taureau et que «les eaux de ruissellement» et «les eaux usées du site» seront rejetées dans un ruisseau.
   Des citoyens s’inquiètent surtout du développement d’un tel projet dans un secteur reconnu, y compris par la minière, comme une région de «villégiature». En plus des répercussions du camionnage, la «Coalition des opposants à un projet minier en Haute-Matawinie» redoute celles du dynamitage nécessaire pour extraire le minerai brut.
   L’étude d’impact précise une «moyenne» de deux «sautages» par semaine, pour un volume de 50 000 tonnes par opération (cinq millions de tonnes par année).
   Quelque 1650 tonnes d’explosifs seraient utilisées chaque année.
   La porte-parole du regroupement, May Dagher, est d’ailleurs catégorique : «Ce projet n’a pas sa place dans un milieu aussi sensible, réputé pour sa quiétude, ses lacs, ses forêts et comme destination récréotouristique. On demande donc au gouvernement de dire non à ce genre de projet.»
   Le gouvernement du Québec, qui est le deuxième actionnaire en importance de Nouveau Monde Graphite en raison d’un engagement de Ressources Québec, n’a pas voulu se prononcer lundi sur la suite des choses.

* Des lobbyistes pour un «soutien financier gouvernemental»

L’entreprise Nouveau Monde a un total de 11 lobbyistes inscrits au registre officiel, selon les informations disponibles lundi. Parmi ceux-ci, on compte notamment l’ancien président du BAPE (1) de 2007 à 2012, Pierre Renaud, qui siège au conseil d’administration de l’entreprise. Le mandat des 11 lobbyistes comprend des «démarches» entreprises «afin d’obtenir du soutien financier gouvernemental». «Parmi ces démarches, certaines viseront notamment l’octroi de subventions ou autre forme d’aide financière pour la mise en œuvre, par exemple, de programmes de formation de la main-d’œuvre, de programme d’aide à la recherche et l’innovation, et ce, en vertu de programmes existants ou autrement», précisent les informations inscrites au registre des lobbyistes.

Article intégral :

(1) Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) est un organisme du gouvernement du Québec, fondé en 1978, qui donne des avis au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) sur les impacts écologiques, sociaux et économiques de divers projets touchant les citoyens.
   Le BAPE peut se prononcer au sujet de projets de construction de routes, de ponts, d'usines, d'élimination des déchets, de projets énergétiques, etc. Il a comme mandat la diffusion d’information concernant ces projets de même que la consultation du public. Il est le plus souvent sollicité pour tous les projets majeurs d’aménagement près des lieux habités.
   C’est le ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques qui donne les mandats au BAPE, après qu’un avis de projet ait été déposé par les instigateurs des projets.
   Bien que le BAPE soit de plus en plus une institution respectée au Québec, quelques critiques subsistent quant à son fonctionnement. D’un côté, certaines personnes trouvent que, malgré la volonté de laisser davantage de place aux citoyens, le fardeau de la preuve reste toujours entre les mains du promoteur. Les citoyens sont toujours en position de critique et ne peuvent réellement participer à l’élaboration du projet.
   Lorsqu’un projet est analysé par le BAPE, il est déjà très bien ficelé et généralement, il y a peu de possibilités d’y avoir des changements majeurs. (Wikipédia)

Photo : déforestation à Bornéo, Malaisie (© Bigstock)

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