5 octobre 2019

Carnage «sportif» saisonnier

La cohorte de nemrods a dû largement augmenter cette année. L’actuel ministre des Forêts et de la faune du Québec, Pierre Dufour, celui qui déclare «sans rire» que la déforestation contribuera à diminuer les émissions de GES, a modifié la loi voulant que les non résidents chassent obligatoirement l’orignal sur une zec, dans une réserve faunique ou une pourvoirie. Désormais ils ont le droit de chasser en territoire non structuré. L’ancienne loi avait généré une baisse des ventes de permis de chasse de 36 %.
   Quel dommage, un «sport» si noble, motivé par les meilleures intentions du monde. En effet, les chasseurs sont les gestionnaires de l’équilibre des populations animales.
   Selon Maxime Lavoie, le biologiste responsable du dossier «chasse» au ministère des Forêts et de la faune : «Nous nous devons de suivre les populations afin d’équilibrer les différents milieux en termes de nombre de bêtes par rapport à l’habitat. Cet automne, nous sommes dans une année permissive, ce qui signifie que la chasse de la femelle peut se faire dans la majorité des zones. Nous devrions connaître une récolte qui va tourner autour des 27 000 individus. Les chances de récolte pour les chasseurs augmentent considérablement lorsque la femelle adulte peut être récoltée.»

Les nemrods se lâchent lousses... 

La période de chasse sportive à l'arbalète, à l'arc et à la carabine peut s’étaler entre le 1er septembre et le 24 décembre selon les zones et les espèces de cervidés. Cette année, il est permis de chasser le mâle, la femelle et le veau. Pour toutes ces raisons le carnage devrait être hors du commun en 2019. Et puis, il y a aussi la chasse au petit gibier – bécassine, canard, oie blanche, bernache, etc.
   D’ici à ce que la saison se termine, évitez les promenades en forêt pour admirer les couleurs d’automne, si vous ne voulez pas être victime d’une balle perdue ou carrément pris pour du gibier. Car les chasseurs tirent sur tout ce qui bouge.

Cohn et Linzey (Le lien, chapitre 26) citent des conseils dispensés dans un guide destiné aux chasseurs de cervidés : «Un coup de fusil dans les pattes arrière paralyse l'animal et permet de tirer plus facilement un autre coup; si la balle a traversé les deux poumons, le cerf ne pourra généralement pas parcourir plus de 70 mètres; si elle n'a atteint qu'un poumon, le cerf peut parcourir au moins 500 mètres; touché aux intestins, le cerf meurt le plus souvent pas moins de quinze à seize heures après avoir été atteint.» Des tirs occasionnant une mort instantanée sont déconseillés : «Éviter de viser la tête […]. Entre les yeux, c'est bien sûr le moyen de toucher le cerveau et de terrasser le cerf rapidement, mais aussi, par la mauvaise balle, de ruiner le trophée tout aussi rapidement.» Autrement dit, soyez cruel, ce sont des objets, des biens-meubles, dépourvus de sensibilité, incapables de souffrir. 

«Les Navajos traditionnalistes chassaient uniquement pour la nourriture, pas pour le plaisir. Il se souvenait de son oncle maternel lui expliquant que pour rétablir l’égalité il faudrait donner des armes à feu aux animaux et leur enseigner à retourner le tir.» (Tony Hillerman, Le chagrin entre les fils, p. 92)

Peut-être qu’un jour les animaux bénéficieront d’un deuxième amendement qui leur permettra de tirer à vue sur leurs agresseurs pour se défendre.

Ce faon n’est pas une fantaisie imaginée par Walt Disney, c’est une réalité. Qu’a fait le chasseur du faon? L’a-t-il tué? C'est souhaitable, un petit geste de compassion... 


«La chasse est la pratique la plus cruelle. Par ailleurs, c’est une expression de domination humaine évidente car le plaisir de la chasse ne réside pas dans la course ou la mise à mort de l’animal mais dans le fait que l’on tient la vie d’un autre être entre ses mains.» ~ Henry Stephens Salt, penseur et militant en faveur des droits des animaux  

Les gens peuvent parler autant qu’ils le veulent de leur religion, mais si elle ne leur apprend pas à être bons et bienveillants envers les hommes et les bêtes, c’est une imposture. 
~ Anna Sewell

Les bonnes raisons
Pierre Ferran (1930-1989)  

On commence par tuer les oiseaux
parce qu’il y en a trop
les couleuvres
parce que si on les laisse faire…
les hérissons trottant comme de petits porcs
parce que ça serait-y pas des fois nuisible
puis on tire sur les biches tremblantes
parce que c’est fait pour ça
sur les ânes sauvages qui broutent
dont le dos frissonne sous les mouches
parce que ça sert à quoi voulez-vous me le dire
et puis ils puent de plus ils bouffent tout les salauds

enfin un beau jour on s’en va
lâcher des bombes sur les viets
parce que ce bétail-là
croyez-moi
c’est pas catholique.

Nous mourrons tous des mêmes mots

Source : Cent poèmes pour l’écologie, Choisis par René Maltête; Le cherche midi éditeur; 1991

Prêcher le végétarisme aux esquimaux de la banquise qui n’ont d’autre choix que de tuer des animaux pour vivre est totalement insensé. Mais, dans notre civilisation de production excessive de viande et de gaspillage, c’est une autre histoire. Les chasseurs ne tuent pas pour se nourrir, mais pour le plaisir...

«Il faut "limiter la prolifération des espèces", comme disent les gens qui ne songent jamais à limiter la leur. Jusqu’à un certain point, nous sommes tous d’accord, mais je songe aux millions de pigeons migrateurs (passenger pigeons) qui couvraient de leur vol le ciel des États-Unis : c’est une espèce aujourd’hui éteinte, dont il ne subsiste qu’un misérable spécimen empaillé, dans un musée de la Nouvelle-Angleterre, le reste s’étant changé en fricassées et en plumes de chapeaux.
   Je me dis souvent que si nous n’avions pas accepté, depuis des générations, de voir étouffer les animaux dans des wagons à bestiaux, ou s’y briser les pattes comme il arrive à tant de vaches ou de chevaux, envoyés à l’abattoir dans des conditions absolument inhumaines, personne, pas même les soldats chargés de les convoyer, n’auraient supporté les wagons plombés des années 1940-1945. Si nous étions capables d’entendre le hurlement des bêtes prises à la trappe (toujours pour leurs fourrures) et se rongeant les pattes pour essayer d’échapper, nous ferions sans doute plus attention à l’immense et dérisoire détresse des prisonniers de droit commun [...] Et sous les splendides couleurs de l’automne, quand je vois sortir de sa voiture, à la lisière d’un bois pour s’épargner la peine de marcher, un individu chaudement enveloppé dans un vêtement imperméable avec une «pint» de whisky dans la poche du pantalon et une carabine à lunette pour mieux épier les animaux dont il rapportera le soir la dépouille sanglante, attachée sur son capot, je me dis que ce brave homme, peut-être bon mari, bon père ou bon fils, se prépare sans le savoir aux «Mylaï» [village vietnamien dont la population fut massacrée par un détachement américain]. En tout cas, ce n’est plus un «homo sapiens».
   Ce qui me paraît importer, c’est de posséder le sens d’une vie enfermée dans une forme différente. C’est déjà un gain immense de s’apercevoir que la vie n’est pas incluse seulement dans la forme en laquelle nous sommes accoutumés à vivre, qu’on peut avoir des ailes au lieu de bras, des yeux optiquement mieux organisés que les nôtres, au lieu de poumons des branchies. Ensuite il y a le mystère des migrations et des communications animales, le génie de certaines espèces [...] Et puis, il y a toujours pour moi cet aspect bouleversant de l’animal qui ne possède rien, sauf la vie, que si souvent nous lui prenons.»
   «La viande, le sang, les entrailles, tout ce qui a palpité et vécu lui répugnait à cette époque de son existence, car la bête meurt à douleur comme l’homme, et il lui déplaisait de digérer des agonies. » (L’Œuvre au noir)  
~ Marguerite Yourcenar (source de la citation Les Cahiers antispécistes)

Élevage de faisans et de perdrix pour la chasse sportive...

Des camps de la mort. Lorsqu'on les sort, c'est pour leur tirer dessus à la carabine.

Cages minuscules, entassement dans des hangars obscurs, stress et mort... de tristes conditions d’élevage pour 19 millions de faisans et perdrix élevés chaque année pour la chasse en France. Signez pour la fin des élevages pour la chasse :


France, juillet 2019
Depuis la fin des années 1950, on élève en France des animaux destinés à la chasse. Faisans et perdrix en sont les principales victimes. Rendus fous par la captivité, ils font d'incessants allers-retours. Se jeter contre le grillage ne sert à rien, mais c’est leur principale activité. En attendant d'être lâchés vers la mort ici ou ailleurs. #LaChasseUnProblèmeMortel 

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