14 septembre 2019

Vivre c’est perdre du terrain. ~ Emil Cioran

La force de l'inertie...
Jacques Prévert

La force de l’inertie et la détresse acquise
L’ont guidé jusqu’ici
Déjà demain commence
Mais demain il l’oublie
Comme il oublie hier aujourd’hui et sa vie
Évadé perpétuel de la plus mauvaise chance
Encore une fois il a conduit
Aux abattoirs du rêve et de l’indifférence
Son bétail de souffrance et de petits ennuis.

Les arbres ne sont pas des fleurs!
Diane Gariépy
Le Devoir | 31 août 2019 | Opinions / Lettres

Au printemps dernier, on a reconfiguré la Plaza Saint-Hubert. Résultat : que du béton et du pavé. C’est ahurissant! Plus aucun arbre! On se croirait sur une planète sans vie!

On me dira que bientôt on fera pousser de nouveaux arbres. Ouais... On les mettra dans des pots à fleurs. Des pots en béton. C’est tendance! Ou alors de tout jeunes arbres seront plantés avec seulement un mètre carré de terre pour capter l’eau de pluie. On veut ça «propre»!

Pourtant, nos étés sont devenus torrides. Faut enlever du béton et retrouver le confort d’une large canopée. Pas de bonsaïs dans des pots de béton! Pas de fragiles aménagements horticoles! Les changements climatiques obligent. Ça prend de vrais arbres sur notre Plaza Saint-Hubert.


Arbres en pots


La Plaza Saint-Hubert : un DIX30 en devenir...

Un brin d’histoire en images

Photos : archives de la Ville de Montréal

1937 – La rue Saint-Hubert est plutôt sobre. 

1951 – Ouverture du fameux restaurant St-Hubert BBQ.

1963 – Le rush commercial à l’américaine, avec son délire d'enseignes hideuses.

1984 – Installation des marquises.

1990 – On s’interroge sur la conservation des marquises.

2012 – Après consultation la grande majorité des commerçants souhaitent les conserver.

2019 – Démolir pour reconstruire...

2022 (?) – Style architectural «bunker classique», «jeunes arbres chétifs plantés dans un mètre carré de terre» entouré de béton!

Le Service rapide par bus 

À cause du chantier SRB Pie-IX, un propriétaire perdra l’immense et magnifique arbre qui orne le devant de sa propriété. Après les travaux la Ville le remplacera par un ginkgo biloba, un arbre qui ne fait pas partie des espèces indigènes du Québec ni même des espèces introduites. Pourquoi pas un érable, un chêne blanc, un orme d’Amérique, un bouleau jaune, un marronnier? Bizarre.

Crédit photo : Jimmy Hamelin 

MONTRÉAL 11 juin 2019 – Le propriétaire d’un immeuble situé sur le boulevard Pie-IX refuse que l’arbre devant sa bâtisse soit coupé pour permettre l’élargissement du trottoir, dans le cadre des travaux d’installation du Service rapide par bus (SRB).


Quelque 172 arbres, dont plusieurs matures et imposants, devront être abattus dans le cadre du chantier. C’est moins que les quelque 400 spécimens qui devaient être coupés selon les plans préliminaires, mais l’affaire reste choquante pour le Montréalais Serge Fournier, dont l’immeuble est ombragé par un bel arbre massif.
   «Si tu enlèves ces arbres-là, Pie-IX, ce n’est plus pareil. Il y a déjà du trafic, de la poussière, du bruit... Ce n’est pas ma rue favorite [de Montréal], mais quand j’ai acheté l’immeuble, je trouvais qu’avec l’arbre il y avait un bon compromis», lance M. Fournier, qui a acheté il y a six ans un immeuble locatif près de l’intersection avec la rue Bélanger.
   Comme l’arbre est sur une portion de terrain qui appartient à la ville, M. Fournier n’a su qu’il serait coupé que lorsqu’il a vu un employé marquer l’arbre à la peinture il y a quelques semaines. Il a alors entamé des démarches pour tenter de le préserver, sans succès.
   Lundi, quand deux arbres ont été abattus sur son tronçon de rue, il est sorti de l’immeuble. «J’ai dit à l’émondeur : si tu es pour couper l’arbre, je me mets devant.»
   Mardi, l’arbre était encore intact, mais une ligne rouge semblait toujours le destiner à la coupe. «Les travaux d'abattage d'arbres ne peuvent être annulés», pouvait-on lire dans un courriel que M. Fournier a reçu de la part de l’arrondissement de Rosemont-La Petite Patrie.

446 plantations
La Société de transport de Montréal (STM), qui gère le chantier, assure que le bilan sera «nettement positif» après les travaux, puisque 446 nouveaux arbres seront plan.»  
   «Différentes raisons liées aux travaux nous obligent à abattre certains arbres, dont le réalignement de trottoirs. Parfois, l’arbre peut être en conflit avec le développement du projet», a expliqué Amélie Régis, porte-parole pour la STM.
   C’est le cas de l’arbre de M. Fournier, qui se retrouverait au milieu du futur trottoir, selon les informations que l’arrondissement lui a transmises. Un ginkgo biloba sera planté devant chez lui après les travaux.
   «Ils disent qu’ils vont en planter un autre, mais il ne sera pas comme [celui-là], ça n’a aucun sens», a déploré M. Fournier.

Pourquoi pas un beau marronnier mature au lieu d’un ginkgo biloba? (Le ginkgo est une espèce qui fut naturalisée, il y a très longtemps, dans le sud-est de la Chine; ensuite, elle fut importée en Europe puis aux États-Unis. La plupart des ginkgos plantés en ville sont des mâles obtenus par bouturage pour s'assurer qu'il n'y aura pas de production d'ovules nauséabonds. Pauvre M. Fournier... j'espère qu'ils ne se tromperont pas.) 

Pas d’arbres centenaires
Les arbres qui seront abattus ont un diamètre entre 7 et 69 cm. Aucun d’entre eux ne serait donc centenaire, puisqu’un arbre de cet âge aurait un diamètre d’environ 100 cm, selon la STM.
   Les autobus qui rouleront sur Pie-IX une fois le projet de SRB mis en place circuleront sur deux voies réservées au centre de la rue, de l’avenue Pierre-de-Coubertin jusqu’au boulevard Saint-Martin à Laval. Les passagers attendront l’autobus à des arrêts mis en place au centre de la rue, en bordure de ces voies réservées.
   Les travaux pour la mise en place du SRB Pie-IX s’étaleront sur quatre ans, et celui-ci devrait être mis en service en 2022.


Pour les arbres, vivre c'est perdre du terrain 

En effet, ils en perdent à une vitesse foudroyante. J’ai vu un documentaire horrifiant – un article de fond sera bientôt publié sur Situation planétaire.

«Les arbres sont indispensables pour le maintien de la vie sur terre. Si l’on ne fait rien pour sauver les arbres, nous sommes cuits; c’est la priorité, n’importe quelle autre tentative est vaine. Nos forêts valent tellement plus quand elles sont debout que quand elles sont brûlées pour de l'électricité», déclare un militant dans le documentaire.
   Dans les états du sud des États-Unis on rase des forêts entières pour fabriquer des pastilles de bois expédiées en Europe et utilisées en remplacement du charbon pour produire de l’électricité soi-disant verte. Un carburant propre qui pollue autant que le charbon! Les gens qui vivent à proximité ont de graves problèmes de santé, notamment respiratoires. Voilà ce qu’est l’industrie de la biomasse faussement verte; elle n’a de vert que les billets de banque qu’elle accumule.
   Destruction durable, pourrait-on dire car la psychose industrielle verte n’est pas mieux que la psychose industrielle brune (énergies fossiles); beaucoup d’argent est investi par les mêmes multinationales pour développer de nouvelles industries extrêmement nuisibles en dépit de leurs appellations durables, vertes, bio, carboneutres.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire