@Twittakine – Chateaubriand avait un sens de l’humour particulier. Je trouve cette lettre vraiment drôle; ça change du chocolat rose de la Saint-Valentin.
Chateaubriand (1768 -1848) vit un dernier amour en
1828-1829 avec une jeune femme de 26 ans... Ils se rencontrent uniquement en
août 1829 dans la station thermale de Cauterets dans les Hautes-Pyrénées. Cette
rencontre, platonique ou non, Chateaubriand l'évoque dans un chapitre des Mémoires d'outre-tombe avec l'expression
«la jeune amie de mes vieux ans».
«Je partirai avec tous mes rhumatismes pour vous
étrangler.»
Lettre de Chateaubriand à Léontine de Villeneuve
En 1828, à l’âge de soixante ans, l’écrivain
François-René de Chateaubriand, est une gloire vivante. Il a écrit les
références de la génération romantique que sont René et Atala. Il a aussi été plusieurs fois ministre. C’est alors
qu’une jeune femme, Léontine de Villeneuve, de trente-cinq ans sa cadette lui
écrit des lettres enflammées. L’une des rares descriptions connues de cette
femme est dressée par un certain Monsieur de La Martinière, qui rencontre la
belle dans un des salons de la Marquise de Pins, sa meilleure amie, à Toulouse
: «C’est une femme capricieuse et attirante au regard prompt, la bouche dédaigneuse
et le sourire spirituel». Dans une lettre insolite, Chateaubriand, pourtant chrétien
invétéré et auteur du Génie du christianisme, face aux interrogations de sa
douce, s’érige contre le mariage.
11 novembre 1828
Allons, je suis fort content de Léontine; elle me
traite en voyageur; elle m’envoie un petit journal du 25 septembre au 13
octobre. Il est vrai qu’elle a eu bien de la peine à remplir quatre pages dans
dix-huit jours; mais qu’importe! Elle me fait de grandes déclarations qui
m’enchantent. Si on lit ses lettres à la poste, comme on ne devinera pas qu’une
jeune femme fait toutes ces coquetteries à un vieux bonhomme qu’elle n’a jamais
vu, cela me donnera un certain air de conquête auprès des estimables
décacheteurs des cabinets noirs.
Je veux
maintenant rassurer ma jeune inconnue sur le grand malheur qu’elle a eu
d’inspirer une vraie passion, avec ses yeux que je tiens pour être les plus
beaux du monde. D’abord, cette passion est-elle vraie? Si elle est vraie, je
plains celui que Léontine n’aurait pas voulu écouter. Sur ce point Léontine me
semble trop prude; mais faut-il faire un mariage d’inclination? Je ne le pense
pas, puisque tous les mariages de cette nature finissent mal. Voilà pourquoi :
– Si on
épousait une femme jeune et charmante après une longue épreuve, une
connaissance approfondie de son caractère et une tendresse jamais démentie, les
mariages d’inclination de cette sorte seraient les seuls bons mariages, les
mariages heureux. Mais qu’est-ce qu’un mariage d’inclination comme on l’entend?
Un jeune homme voit une jeune femme et il en devient sur-le-champ amoureux; la
jeune femme se monte la tête. Vite, à l’autel! Ils ne peuvent vivre l’un sans
l’autre. Puis, quelques mois ne se sont pas écoulés que l’enchantement
disparaît; et l’on est lié pour toujours.
Supposons
que le jeune homme amoureux d’inclination puisse obtenir de la jeune femme tout
ce qu’il désire, quand il la voit, sans avoir recours au mariage. N’est-il pas plus
clair qu’il le préférerait? Il ne s’est donc marié que pour obtenir un bonheur
qu’il n’a pu obtenir autrement; et quand les défauts, les antipathies de
caractère viennent à se montrer, il se trouve que le jeune homme a pour femme
et la jeune femme pour mari celle et celui qui auraient à peine pu porter l’un
avec l’autre des liens d’un jour de durée.
Voilà,
Léontine, un grand commentaire sur votre apitoiement et les mariages
d’inclination. J’aurais bien de la peine à vous pardonner, en enrageant, un
mariage raisonnable. Mais si vous vous avisez d’aimer quelqu’un et de
l’épouser, ma tête grise se présentera à vous la nuit, comme la tête de Méduse,
et je partirai avec tous mes rhumatismes pour vous étrangler.
Source : http://www.deslettres.fr/
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HAÏKUS
Qu’il est beau
le corbeau d’ordinaire haïssable
ce matin de neige!
~ Matsuo Bashô (trad. R. Munier )
Une femme enceinte
Cherche sa monnaie dans la neige
L'autobus patiente
~ Eddy Garnier (haïku québécois)
Cherche sa monnaie dans la neige
L'autobus patiente
~ Eddy Garnier (haïku québécois)
TANKAS
Parce qu'en pensant à lui
Je m'étais endormie
Sans doute il m'apparut.
Si j'avais su que c'était un rêve
Je ne me serais certes pas réveillée.
~ Ono no Komachi
Je m'étais endormie
Sans doute il m'apparut.
Si j'avais su que c'était un rêve
Je ne me serais certes pas réveillée.
~ Ono no Komachi
Sergey Kononov, Galerie Lazarew
À quoi comparer
Notre vie en ce monde?
À la barque partie
De bon matin
Et qui ne laisse pas de sillage.
~ Manzei
Notre vie en ce monde?
À la barque partie
De bon matin
Et qui ne laisse pas de sillage.
~ Manzei
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