Ah les plateaux de télé avec leurs shows d’hystérie
collective... Les meneurs de foule commandent et le public répond – applaudissements,
rires, cris, pleurs, etc. Et c’est ainsi que les animateurs deviennent
milliardaires – tels Donald Trump ou Oprah Winfrey, avec la possibilité d’obtenir
la présidence des États-Unis. Complètement dingue! Si les gens n'avaient plus besoin d'idoles, de vedettes, de sauveurs, de gourous et d'influenceurs de tous ordres, ils penseraient par eux-mêmes, et le monde tournerait peut-être mieux...
"If
Trump can be president of the United States, surely so can Oprah.
Heck, after four years of Trump in the White House, she might even be the perfect antidote.
Heck, after four years of Trump in the White House, she might even be the perfect antidote.
At her inauguration, she can have us all hold hands, have a good cry, and then start a new diet together. I’m ready now, especially for the diet.
This is the new reality of American politics, where any successful person with the ability to sell themselves to the public can get elected, even to the highest office in the land. Government experience, once considered a prerequisite, is now an impediment, so hungry are American voters for something different."
~ Mark Brown, Chicago Sun Times; Chicago News 03/01/2017
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Le bonheur
à la télévision
Jean-Louis
Fournier
Pourquoi à la télévision, les images du bonheur,
ce sont souvent des gens qui ont gagné, ou qui vont gagner, beaucoup d’argent?
Un footballeur qui vient de marquer un but, une miss France qui vient d’être
élue, ou des gens qui viennent de gagner à un jeu télévisé.
Ils
poussent des cris, ils hurlent de joie, ils trépignent, ils dansent, ils
pleurent, ils s’embrassent, ils se roulent par terre, ils étreignent l’animateur.
N’y
a-t-il pas sur Terre d’autres raisons d’être heureux? D’autres images du
bonheur?
Pourquoi
vous ne montrez pas de gens heureux à cause de rien? Heureux simplement d’être
là et de vivre?
Heureux
chaque matin parce que le jour se lève. Heureux parce que c’est le printemps,
qu’il y a des bourgeons dans les arbres. Heureux parce que c’est l’été, qu’il
fait chaud, que l’eau de la source est fraîche.
Heureux
parce que c’est l’automne, que les forêts ont la couleur du feu.
Heureux parce
que c’est l’hiver, qu’il fait froid dehors et chaud à l’intérieur.
Heureux
parce qu’ils lisent un beau livre, heureux parce qu’ils adorent le bruit du
vent, heureux parce qu’ils parlent et qu’ils écoutent les autres.
Heureux
parce qu’ils entendent de la musique, heureux parce qu’ils ont fait un beau
dessin ou réussi un bon plat, heureux parce que leur parquet brille et leur
voiture aussi, heureux parce que leur enfant a eu une bonne note à sa
rédaction.
Heureux
parce qu’ils ont écrit une belle phrase. Heureux parce que la douleur s’éloigne.
On dit «bêtement
heureux».
C’est pas
si bête d’être heureux.
Source : Ça
m’agace! Éditions Anne Carrière; 2012
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L’injonction
du bonheur – Dans l’ère de la séduction obligatoire, ce qui fait exister,
c’est aussi le regard de l’autre. [...] Que ce soit pour chercher un emploi ou
pour chercher l’âme sœur, il faut veiller à son image. Il faut être beau, en
forme, souriant, détendu, heureux... Ou, à défaut d’être heureux, il faut en
donner l’apparence, sous peine de passer pour un médiocre et un
laissé-pour-compte. Le bonheur est devenu une injonction de notre époque, comme
si ne pas être heureux était l’indice d’une maladie suspecte, et que le
malheur, quelle qu’en soit l’origine, correspondait à un échec personnel. Les
injonctions de notre époque – soyez beaux, riches et performants – ont rendu
insupportable l’échec et la privation. [...]
Dans un monde d’apparence, ce qui
importe, ce n’est pas ce que l’on est, mais ce qu’on donne à voir, ce ne sont
pas les conséquences lointaines de nos actes, mais les résultats immédiats et
apparents. C’est la raison majeure qui explique la banalisation de la
perversion : dans tous les domaines s’affirme la tendance à traiter l’autre
comme un objet dont on se sert tant qu’il est utile, et que l’on jette dès
qu’il ne convient plus.
De fait,
nous assistons actuellement à une nette augmentation des pathologies
narcissiques, car ce type de personnalité est hyperadapté au monde moderne. Ces
changements de l’individu moyen sont le reflet des mutations induites par la
vie des entreprises et la guerre économique : conditionné par le mythe de l’Homo oeconomicus engagé dans la «lutte
pour la vie» contre les autres, il tend à être compulsif, toujours dans l’agir;
il manque d’intériorité et reste dans des relations ludiques, superficielles. Le
fait de douter et de se remettre en question, qui devrait être le signe d’une
bonne santé psychique, est de moins en moins considéré comme une valeur
positive.
C’est la
fin de l’épaisseur, de la profondeur des sentiments. Tout est superficiel, à
fleur de peau. La moindre remarque entraîne des réactions épidermiques.
L’importance donnée à sa propre image entraîne une fragilité narcissique qui
amène certains à s’écrouler à la moindre critique d’un supérieur hiérarchique
ou d’un ami.
Selon
certains spécialistes, ce mode de fonctionnement serait la conséquence
d’expériences traumatiques, fruit non pas d’événements graves, mais plutôt de
traumas dans l’infraordinaire, le banal, le quotidien.
Y
contribuent sans doute les frustrations éprouvées par celles et ceux qui
avaient cru aux promesses des politiques, des médias ou de la publicité,
donnant à croire qu’ils pourraient satisfaire l’ensemble de leurs désirs. Ces
frustré(e)s qui n’ont pas compris que, pour grandir et devenir autonome, il
fallait renoncer à la satisfaction de tous leurs désirs, se poseront ensuite en
victimes, et certain(e)s réclameront même en justice des compensations
financières pour réparation du dommage de n’avoir pas été comblé.
Marie-France
Hirigoyen
Les
nouvelles solitudes. Le paradoxe de la communication moderne
Poche Marabout, 2007
Marie-France Hirigoyen est psychiatre,
psychanalyste et victimologue. Elle s’est spécialisée dans l’étude de toutes
les formes de violence : familiale, perverse et sexuelle. Elle est l’auteur du
best-seller Le Harcèlement moral. La
violence perverse au quotidien (1998), de Malaise dans le travail. Harcèlement moral, démêler le vrai du faux
(2001), et de Femmes sous emprise. Les
ressorts de la violence dans le couple (2005).
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