Dôgen-zenji commença à s’intéresser au bouddhisme alors
qu’adolescent il regardait la fumée d’un bâton d’encens allumé près du corps de
sa mère morte, et ressentit l’évanescence de la vie. Ce sentiment grandit en
lui, et aboutit finalement à son illumination et au développement de sa
profonde philosophie. Quand il vit la fumée s’élever du bâton d’encens et
ressentit l’évanescence de la vie, il se sentit très seul. Mais ce sentiment de
solitude devint de plus en plus fort, puis s’épanouit en illumination quand
Dôgen eut vingt-huit ans. Et il s’écria au moment de l’illumination : «Il
n’y a pas de corps et pas d’esprit!»
Quand il dit «Il n’y a pas de corps et pas d’esprit», tout
son être devint alors un éclair dans le vaste monde phénoménal, un éclair qui
embrassait tout, qui couvrait tout, et qui était d’une qualité immense; tout le
monde phénoménal se trouvait embrassé en ce phénomène indépendant absolu. Telle
fut son illumination. Partant du sentiment de solitude devant l’évanescence de
la vie, il réalisa la puissante expérience de la qualité de son être. Il
dit : «J’ai lâché corps et esprit.» C’est parce que vous pensez que vous
avez un corps ou un esprit que vous éprouvez des sentiments de solitude, mais,
quand vous réalisez que tout n’est qu’un éclair dans le vaste univers, vous
devenez très fort, et votre existence devient pleine de sens. Ce fut
l’illumination de Dôgen, et c’est notre pratique.
~ Shunryu Suzuki
Esprit zen, esprit
neuf
Éditions du Seuil, 1977
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