Christian Rioux nous met en garde contre les amalgames inappropriés, par exemple comparer Poutine à Hitler :
Le nouvel Hitler?
L’histoire permet souvent d’éclairer le présent. On ne saurait s’en passer. Mais, elle peut aussi être un piège et ce lit douillet dans lequel on se love pour éviter de réfléchir. Puisque tout a été pensé avant moi, pourquoi ne pas reprendre les analyses d’hier et les plaquer à la réalité d’aujourd’hui? Ce sera toujours plus simple que d’essayer de comprendre, avec des instruments certes toujours imparfaits, un monde en plein bouleversement.
Ainsi en va-t-il de ces comparaisons boiteuses de Poutine avec Hitler, du conflit ukrainien avec la Seconde Guerre mondiale et de l’héroïque résistance ukrainienne avec la guerre d’Espagne. On peut peut-être excuser Volodymyr Zelensky d’avoir, dans un élan de lyrisme néanmoins déplacé, évoqué la «solution finale» devant le Parlement israélien. Mais le microcosme médiatique n’a pas cette excuse.
Article intégral / Le Devoir, 26 mars 2022:
https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/690999/le-nouvel-hitler
Commentaire d'un lecteur
L'histoire... Mais il faut la connaître un peu avant de faire des grosses pleurniches... Serge Pelletier / Abonné 25 mars 2022
En février 1942, la RAF (ça se sont les Britanniques) a bombardé la ville de Dresde (Allemagne) avec toutes sortes de bombes. La première nuit ce fut 2,413 tonnes de bombes à fragmentations, et 1,475 tonnes de bombes incendiaires, et dès la nuit suivante un autre bombardement du même type comprenant un total de 3,000 tonnes. Le résultat : même l'asphalte bouillait et s'évaporait, tout brûlait, la chaleur était telle que même les pierres de taille des édifices explosaient. Cette ville ne possédait pas de garnison militaire, n'était pas un centre industriel. Non, c'était une ville dite «hôpital» (nombre d'hôpitaux + campements/baraques de soins). Et en plus, c'était un refuge où les réfugiés se massaient. Résultat : toute la ville fut rasée, et plus d'un minimum 3,500 morts (civils et réfugiés).
En 1944, la Ville du Havre (France) fut détruite à plus de 82%, et plus de 2,000 civils y furent tués par les 9,615 tonnes de «bombes classiques et à fragmentation», et les 175 tonnes de «bombes incendiaires». Ça c'était encore par les Britanniques. Mais le plus beau ne concerne pas les «mauvais allemands» qui ne voulaient pas se rendre sans combat... Mais le colonel britannique qui a refusé une trêve de 48 heures pour faire évacuer les civils comme le demandait le général allemand. Non, Monsieur l'allemand, on commence immédiatement le bombardement... Résultat : en plus des morts civils, aucune des installations militaires ne fut touchée... Par contre, toutes les maisons des civils «ordinaires» furent détruites.
Et que dire de Varsovie que la Luftwaffe a détruit à plus de 85% en 1944 et où plus de 7,000 civils y sont morts sous les bombes (une seule journée)... C'était en représailles. Et les soviétiques en arrivant ont terminé la «job».
Passons sur le massacre des civils (environ 100,000) par les troupes impériales japonaises à Nankin.
Ceci n'est pas pour prendre la part de la Patate Poutine, mais uniquement pour «relativiser» ce qui se passe actuellement en Ukraine.
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Cela dit, il n'en reste pas moins que nous assistons au génocide d'un peuple en direct. Les amalgames ne m'empêchent pas de penser que les membres de l'OTAN sont des pissous incapables de se tenir droit dans leurs bottes. Ils évoquent des raisons fallacieuses comme un possible conflit nucléaire. Ça fait sûrement l'affaire de Poutine de passer pour fou parce que les gens croient qu'il peut appuyer sur le bouton nucléaire. En réalité, le perfide et rusé manipulateur peut ainsi faire chanter le monde entier par la peur. Fou n'est pas synonyme d'inintelligent, Poutine sait très bien que s'il appuie sur le bouton, Moscou sera détruite deux minutes après et qu'il pourra dire adieu à empire. Franchement…
Et puis, Volodymyr Zelensky ne demande pas aux pays membres d’envoyer leurs troupes de soldats, non, il demande des armes en quantité adéquate pour empêcher Poutine de les exterminer. Quoiqu'il en soit des comparaisons boiteuses, je le répète, laisser faire Hitler n'a pas empêché la Seconde Guerre mondiale.
Les allégations d’usage de munitions au phosphore blanc se multiplient
Zacharie Goudreault / Le Devoir 24 mars 2022
Photo : munitions au phosphore blanc / Twitter Inna Sovsun 22 mars 2022
Des allégations et des images évoquant un usage potentiel de munitions au phosphore blanc en Ukraine ont été relayées par plusieurs élus du pays en guerre, qui craignent que ces attaques ne visent des populations civiles, ce qui violerait le droit international.
À Irpin, à Popasna et à Kramatorsk, des élus ukrainiens ont rapporté l’utilisation de munitions au phosphore blanc par l’armée russe, des allégations qui n’ont toutefois pas été confirmées par des sources indépendantes.
L’armée russe aurait notamment utilisé mardi soir ce type d’arme incendiaire dans la banlieue nord-ouest de Kiev, près de Hostomel et de la ville d’Irpin, a affirmé le maire de cette dernière, Oleksandr Markouchine, dans une publication sur son compte Telegram. Sur des photos publiées par l’élu, on pouvait apercevoir un ciel noir parsemé de lignes blanches étincelantes, comme celles que produit le phosphore blanc au moment de sa combustion.
«L’utilisation de telles armes par les troupes ennemies contre des civils est un crime contre l’humanité», a ajouté le maire d’Irpin.
«C’est un crime contre l’humanité» et le président russe, Vladimir Poutine, doit en «payer» le prix, a par ailleurs déclaré mercredi la députée ukrainienne Inna Sovsun sur Twitter.
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Une arme «cruelle»
Le gouverneur de l’oblast de Louhansk, Serhiy Haidai, a d’ailleurs lui aussi fait état mercredi de l’usage de munitions au phosphore dans la ville ukrainienne de Popasna, dans l’est du pays.
«Ils se foutent des victimes et des destructions; plus il y en a pour eux, mieux c’est, parce que ce sont des meurtriers», a écrit l’élu sur sa page Facebook au sujet de l’armée russe.
Selon l’organisme Human Rights Watch, les armes incendiaires figurent «parmi les armes les plus cruelles utilisées dans les conflits armés d’aujourd’hui». La Russie en a notamment fait usage entre 1994 et 1996 en Tchétchénie, tandis que les États-Unis ont eu recours au phosphore blanc au début des années 2000 en Irak. Des bombes au phosphore auraient aussi été utilisées en 2015 et en 2018 en Syrie et par Israël sur la bande de Gaza en 2008.
Or, lorsque des civils sont ciblés par ces armes incendiaires, les conséquences peuvent être dramatiques. Après sa combustion, le phosphore blanc peut en effet provoquer «de graves brûlures thermiques et chimiques qui pénètrent souvent jusqu’aux os, qui sont lentes à guérir et qui sont susceptibles de provoquer des infections», indique Human Rights Watch dans un document explicatif publié en 2018. Même les personnes ayant un contact moins direct avec le phosphore blanc pourront en subir les effets, notamment au niveau respiratoire.
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