Mais qu’est-ce que les bébelleux compulsifs ne comprennent pas?
Leitmotiv : vidons nos portefeuilles et remplissons les dépotoirs!
L’environnement, parent pauvre du temps des Fêtes
Alexandre Shields / Le Devoir 11 décembre 2021
Le temps des Fêtes met en lumière notre propension à la surconsommation matérielle, et ce, même si les Québécois affirment, sondage après sondage, qu’ils se préoccupent de la protection de l’environnement. Il existe néanmoins des avenues pour sortir de la spirale consumériste, pour notre mieux-être et celui d’une planète qui souffre des excès de notre système économique.
Un sondage mené récemment par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) saluait «l’optimisme retrouvé» des consommateurs, malgré le spectre toujours omniprésent de la pandémie. Selon les données recueillies par l’association, les Québécois sont nombreux à avoir profité des soldes du Vendredi fou et à vouloir magasiner au Boxing Day, mais ils prévoient aussi de dépenser plus qu’avant la crise sanitaire durant la période des Fêtes, notamment pour l’achat de cadeaux, de nourriture, de vêtements et d’alcool. Bref, on assiste à un retour à la normale, avec tout ce que cela suppose comme excès de consommation matérielle.
«Le temps des Fêtes est de toute évidence propice à la surconsommation et exacerbe le gaspillage, tant pour les objets qui ne seront pas utilisés que pour les repas et aliments qui prendront le chemin du bac brun ou de la poubelle plutôt que d’être mangés», déplore Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre. «On analyse souvent la crise climatique sous la lorgnette des secteurs comme celui de l’industrie fossile, des transports ou de l’agriculture, mais ceux-ci ont tous quelque chose en commun : ils sont intrinsèquement liés à notre consommation.»
Même son de cloche du côté du titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau. «Comme notre mode de vie n’est globalement pas cohérent avec les objectifs climatiques, nos célébrations du temps des Fêtes ne le sont pas plus. Nos modes de transport sont trop énergivores, nos achats sont encore trop axés sur des biens matériels neufs, et notre alimentation est trop axée sur des produits animaux, soit les viandes et les produits laitiers.»
Les repas en famille, où on retrouve le plus souvent viandes, volailles ou fruits de mer, viennent en effet avec une empreinte environnementale non négligeable. Uniquement en tenant compte de la production, chaque kilogramme (kg) de bœuf génère environ 30 kg de gaz à effet de serre (GES, en équivalent CO2), selon les différentes données disponibles. Pour le porc, le compte s’élève à 12 kg pour chaque kilo produit, contre 10 kg pour la dinde et 7 kg pour le poulet. Quant aux crevettes d’élevage, leur bilan carbone avoisine les 27 kg par kilo, selon des données publiées par un organisme associé à l’Université d’Oxford.
Le bilan carbone de l’alcool est généralement moins élevé, avec une moyenne de 1,1 kg par bouteille de vin pour la France, mais cela, sans compter son transport jusqu’ici. La viticulture nécessite cependant une très grande quantité d’eau.
Déchets
En exacerbant notre consommation matérielle, la période des Fêtes amplifie aussi la production de déchets, dont les Québécois sont déjà de gros producteurs sur une base annuelle : 710 kg par Québécois en 2020, selon les données de Recyc-Québec. Même si les bacs de récupération et de compost font partie de notre quotidien depuis longtemps, il reste encore beaucoup à faire.
«L’achat de cadeaux, mais surtout leur grosseur et leur prix, va donner, aux gens qui les achètent comme aux gens qui les reçoivent, une idée de leur statut social dans la hiérarchie de nos sociétés. Une partie de cela est liée au fait que nous sommes des sociétés très inégalitaires et on cherche à se démarquer. La consommation peut servir en partie à démontrer que nous sommes plus riches que nous ne le sommes véritablement.» Arnaud Theurillat-Cloutier (Pour une écologie du 99 %, Éditions Écosociété)
Article intégral :
Photo : Tree Hugger. La junk non recyclée et/ou non recyclable des Fêtes.Cessons d’acheter des cochonneries!
Les pires déchets sont les décorations et les jouets fabriqués en Chine – en plus d’être non sécuritaires, ils sont TOXIQUES. La ville de Yiwu (province chinoise de Zhejiang) est en un marché colossal d’objets non durables, un véritable monument érigé à la surconsommation globale, à la pollution et à l’esclavage. Les ouvriers y travaillent 10 heures par jour, 7/7. Ce marché fournit 60 % de toutes les décorations de Noël vendues en Europe, aux États-Unis (on peut inclure le Canada) et en Amérique du sud. La chaine de fabrication requiert quantité de matières toxiques – à la fois pour la main-d’oeuvre et les acheteurs – plastique (PVC), polystyrène, métal, aluminium, colorants et peintures, ignifugeants, etc. Les manufactures fabriquent les mêmes babioles inutiles année après année pour répondre à la demande des grands fournisseurs, comme Wal-Mart par exemple. Source :
https://www.1millionwomen.com.au/blog/chinas-yiwu-village-produces-around-60
La meilleure façon de se libérer du stress des fêtes est d’apprendre à dire «non». Non à la pollution, à la surconsommation, aux réceptions où l’on ne veut pas aller, aux fausses obligations, etc. Cela dit, je me réjouis pour ceux qui adorent la période des fêtes. Si les récompenses valent les efforts, pourquoi se priver?
Toutefois je compatis avec ceux qui détestent, non pas les congés, mais l’odieuse machine à fric, les déplacements dans les bouchons de circulation, les files d’attente, les partys «obligés», le magasinage, et toutes les formes possibles de pollution – visuelle (partout), sonore (dans les rues, les boutiques et les épiceries) et olfactive (parfums synthétiques et chandelles potpourri). L’orgie donne la migraine, la nausée. Même si, par choix, on ne participe pas, on subit la dictature de l’industrie. La fête des rebuts commence au début de novembre et s’étend jusqu’à la mi-janvier. Les fêtes créent des millions de tonnes de déchets qui prendront le chemin de la poubelle donc du dépotoir parce qu’ils ne sont pas recyclables.
Une saison des Fêtes minable?
C’est certain que la présence du variant «Omicron» rendra la Fêtes semblables à l’an dernier – le comité caquiste responsable de gérer la situation a cessé de jouer au yo-yo. Il était temps! Impossible qu’il n’ait pas vu arriver ce variant au grand galop. Or ils ont laissé les entreprises, les restaurants, les hôtels et les individus commander des fournitures et des denrées pour des réceptions. C’est cruel car après le point de presse de jeudi, les gens ont commencé à annuler leurs réservations. Qui paiera les factures?! Au plan individuel, consolez-vous, 10 invités coûtent moins cher que 25 quand on n’est pas millionnaire comme François Legault. Et puis dans certaines familles, les réunions des Fêtes ressemblent souvent à des affrontements désagréables, alors dans ces cas-là, s’en passer n’est pas une punition. Enfin, beaucoup d’entreprises ont annulé leurs horribles partys de bureau; qui s’en plaindra? Bénéfice : quand même un peu moins de pollution! Bref, voyons le bon côté des choses.
Des Fêtes merdiques
Dr Kelly Flanagan, psychologue
Durant une saison des Fêtes merdique qui, selon la pub devrait être quand même joyeuse, le psychologue n’oublie pas que la souffrance ne prend pas de vacances. En fait, elle est souvent plus intense.
Que se passerait-il si, au lieu d'essayer d'avoir l’air heureux, nous acceptions de révéler et d’avouer les luttes ordinaires de nos vies humaines? C'est plus facile à dire qu'à faire, quand on s’est fait dire toute sa vie comment on devrait être, se sentir et agir.
Besoin de permissions pour être différent? En voici huit pour être un «vrai» humain (ordinaire), c’est-à-dire vous-même, pendant la saison des Fêtes.
Photo : Bored Panda. Aujourd’hui / hier, «La vendeuse épuisée à la veille de Noël, par Norman Rockwell, 1947».1. Les émotions vont et viennent. Personne ne peut être constamment joyeux pendant quatre semaines consécutives. Mais, durant cette période de l'année, nous nous fouettons si nous ne nous amusons pas tout le temps. Les émotions sont comme des montagnes russes. Si nous essayons de nous accrocher à l'une d’elle, nous allons être très déçus. Vous avez la permission de vous sentir comme des montagnes russes, de vivre de nombreux bas, et d'être surpris par des moments de joie.
2. Nous nous sentons comme des enfants. Mais pas dans le bon sens du terme. Si vous vous croyez capable de passer par-dessus vos blessures d’enfance, testez-vous en passant quelques jours en famille. Pendant les fêtes, nous revoyons la famille et, en dépit de nos meilleures intentions, nous avons souvent le sentiment d’être toujours à la case de départ. Ce n’est pas le cas. Nous réapprenons simplement à pardonner. Ce n'est pas un événement unique. Il se produira encore et encore. Vous avez la permission d'être un être en progression, de vous pardonner encore une fois, et de vous sentir un peu plus libre d'aller de l'avant.
3. Les repères. Les rituels et les traditions nous ramènent ensembles d'une saison à l'autre, mais ils fournissent également un repère distinctif propice à nous demander : «Comment était la vie à pareille date l'an dernier?» En vérité, depuis l'année dernière, plusieurs personnes ont perdu quelque chose de précieux. Un être cher. La santé. Un travail. Une maison. La foi. Les fêtes sont l'occasion de célébrations et de souffrances. C'est correct. Les célébrations finissent souvent par une gueule de bois, mais la souffrance se termine dans l'acceptation et un sens inné de la paix. Vous avez la permission de souffrir et de ressentir la perte à votre façon pour en définitive atteindre une paix durable.
4. Vendredi noir. Donner et recevoir des cadeaux est une belle chose, mais c'est le mois où nous allons tous nous endetter davantage en essayant de faire quelque chose de bien, mais les dettes nous asservissent et nous dépriment. Pourquoi faisons-nous cela? Parce que nous avons peur de décevoir. Que se passerait-il si, cette année, nous donnions du temps aux gens qui désirent notre présence et non pas des présents? Et si nous restions dans le noir et reprenions notre liberté? Vous avez la permission d'être frugal en cette saison, d’être une présence au lieu d'un présent, et de profiter de choses qui sont totalement gratuites.
5. Parlant de cadeaux. Quand arrive le dixième catalogue par courrier électronique, nos enfants se déchaînent et se croient autorisés à recevoir tout ce qu’ils veulent. Alors, on commence à se demander ce que nous avons fait de travers en tant que parents. Mais notre seule faute est d’avoir oublié. Nous sommes de grands enfants maintenant, avec des emplois et des chèques de paye, et si nous voulons quelque chose, nous pouvons habituellement trouver une façon de l'obtenir. Les enfants doivent attendre. Vous avez la permission de laisser vos enfants être des enfants. Vous avez la permission d'être un adulte qui a oublié ce que c'était, de vous rappeler que l'attente était souvent aussi amusante que le cadeau, et d'attendre les bonnes- choses-pas-encore-présentes avec anticipation au lieu de désespoir.
6. La nourriture. Soyons honnêtes, dans toute l'histoire de l'humanité, il n’y a jamais eu personne qui s’est réveillé en se disant : «mon but est de trop manger à répétition, constamment, pendant un mois». Nous valorisons la santé et la modération, mais pas la surconsommation. Pourtant, durant la période des fêtes, nous y succombons. Nous ne connaissons pas la paix, parce que ce sentiment de plénitude émerge quand ce que nous faisons est conforme à ce que nous pensons. Vous avez la permission de vivre selon les désirs de votre cœur – non pas de votre estomac – mais vous avez aussi la permission de tout gâcher parce que le chocolat a un goût de paradis, et puis de tout recommencer à chaque fois que le choix se présente.
7. Partys. C’est une saison pour se rassembler, être à son meilleur, et partir du bon pied. Mais, si nous sommes un peu fissurés sous la joyeuse façade, la foule heureuse peut devenir un lieu d'isolement. Vous avez la permission d'être honnête à propos de vos fissures jusqu'à ce que quelqu'un vous réponde : «Moi, aussi», puis de trouver un coin où jaser avec cette personne et ignorer tout le monde.
Photo : Bored Panda. Aujourd’hui / hier, «La vie américaine, par Norman Rockwell».8. L'énergie est contagieuse. Avez-vous déjà été dans un centre commercial durant les dernières heures de shopping de la saison des achats, ou attendu dans une longue file avec des enfant fatigués et affamés pour voir Santa, ou attendu au comptoir de bouffe rapide pour vous faire dire qu’il n’y avait plus ce que les enfants veulent? L'énergie négative est un malaise qui se propage rapidement. Il y a quelques anges parmi nous qui peuvent transformer cette énergie négative en amour. Vous avez la permission de ne pas en être un. Vous avez la permission d'en être un, la permission de sourire au regard sombre d’un inconnu, d’acheter un café à l’impatient derrière vous, de vous rappeler que la commis du magasin travaille en temps supplémentaire pour des peanuts, et de lui donner un cadeau, même si c’est aussi petit que l’appeler par son nom.
Vous avez la permission d'être le meilleur et le pire de l'humanité, de vous sentir minable, et de vous sentir heureux parce que vous être vous-même. Tous.
Joyeuse
saison merdique! de la part d’un psychologue de bureau