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Félix Leclerc
La perte de
forêts tropicales, comme un pays de moins chaque année
Agence France-Presse / 25 avril 2019
[...]
Selon les données compilées par Global Forest
Watch (GFW), un projet soutenu par le World Resources Institute (WRI) et qui se
base notamment sur des données satellitaires, «les régions tropicales ont perdu
12 millions d'hectares de couverture arborée en 2018». [...]
Ces
forêts «constituent un écosystème forestier extrêmement important, contenant
des arbres pouvant atteindre des centaines, voire des milliers d'années»,
rappelle GFW. «Elles stockent plus de carbone que les autres forêts et sont
irremplaçables pour préserver la biodiversité.»
La
destruction de forêt tropicale primaire se concentre dans cinq pays : le
Brésil, avec la forêt amazonienne, la République démocratique du Congo,
l'Indonésie, où la forêt tropicale primaire laisse la place à des cultures
d'huile de palme ou de bois, la Colombie et la Bolivie, deux pays qui
comprennent aussi une partie de la forêt amazonienne.
En 2002,
le Brésil et l'Indonésie concentraient 71 % des pertes de forêts
tropicales primaires, contre 46 % en 2018.
Au
Brésil, la perte de forêt primaire reste élevée, s'inquiète GFW. «Une partie de
la perte de 2018 peut être attribuée aux feux de forêt, mais elle semble être
due en grande partie à des coupes à blanc en Amazonie, mettant en péril la
baisse de la déforestation que le pays a connue au début des années 2000.»
La
situation pourrait encore empirer au Brésil, car selon l'ONG Imazon, la
déforestation en Amazonie brésilienne a augmenté de 54 % en janvier 2019 –
période marquée par l'entrée en fonction du président d'extrême droite Jair
Bolsonaro – par rapport à janvier 2018.
Article intégral :
Wikipédia, CC BY-SA.
Carte : Climate Focus. Les dix pays présentant la perte moyenne de forêt tropicale primaire la plus élevée en chiffres absolus. La forêt tropicale représente de 91 % à 94 % de toute la déforestation. (Novembre 2019)
À vrai dire, les forêts «jouaient» un rôle dans la
régulation du climat, car ce qu’il en reste a atteint un point de saturation d’absorption
du Co2 que nous lâchons dans l’atmosphère en quantité astronomique.
L’ère
industrielle a modifié le métabolisme des arbres
Daniel Blanchette Pelletier
ICI Radio-Canada / 8 février 2019
Ne comptez pas sur les arbres pour absorber
davantage de carbone. Selon une étude québécoise, ils pourraient atteindre un
niveau de saturation même si les émissions de CO2 dans l'atmosphère
continuaient d'augmenter.
«À un
certain niveau, la photosynthèse est à son maximum, avance la biologiste
Claudie Giguère-Croteau. Même s’il y a plus de CO2 dans l'atmosphère, l’arbre
n’est pas en mesure d’en capter plus.»
L’augmentation
rapide et soutenue des émissions de dioxyde de carbone depuis le milieu du
19e siècle a modifié l'interaction entre les arbres et l’atmosphère.
Les
chercheurs québécois ont étudié les plus vieux arbres boréaux d’Amérique du
Nord : des cèdres de la forêt d’enseignement et de recherche du lac Duparquet,
en Abitibi-Témiscamingue.
«On les
regarde et ils ont l’air en fin de vie», souligne Étienne Boucher.
«Ils ont
vécu pendant 600 ans en l’absence de perturbation d'origine anthropique et,
depuis 150 ans, leur métabolisme s’est totalement transformé», poursuit le
chercheur.
Ce
changement s'est fait à un rythme sans précédent, non seulement dans l’histoire
de l'arbre, mais aussi dans la littérature publiée, ajoute-t-il.
Cette
transformation dans les échanges gazeux entre les arbres et l’atmosphère remet
en question leur capacité à en ingérer davantage, préviennent les chercheurs.
«On ne
peut pas compter sur la végétation actuelle pour stocker les tonnes et les tonnes
de carbone qu’on émet avec nos usines», explique Étienne Boucher.
Un appel lancé en janvier 2009, en vain, car la
situation n’a fait qu’empirer depuis...
Nouvel
appel pressant pour sauver les forêts tropicales
La déforestation, la chasse et d'autres activités
humaines menacent gravement les forêts tropicales dont la protection est
essentielle pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver la
biodiversité terrestre.
Aux arbres
Victor Hugo
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!
Au gré des envieux, la foule loue et blâme;
Vous me connaissez, vous! – vous m’avez vu
souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour.
La contemplation m’emplit le coeur d’amour.
Vous m’avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l’esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l’oeil dans l’herbe
profonde,
L’étude d’un atome et l’étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m’avez vu fuir l’homme et chercher
Dieu!
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes
blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et
doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu
s’élance,
Et je suis plein d’oubli comme vous de silence!
La haine sur mon nom répand en vain son fiel;
Toujours, – je vous atteste, ô bois aimés du ciel!
–
J’ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère!
Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des antres
sourds,
Ravins où l’on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives!
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands
bois,
Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui
m’aime!
Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre
mystère,
C’est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m’endormirai.
Juin 1843 (Les
Contemplations)
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