Je suggère aux nord-américains qui se plaignent du confinement alors qu’ils ont un toit et des réserves de nourriture pour trois mois d'avance de regarder ce documentaire.
Cette fillette
en train de fouiller la montagne de déchets dit au reporter : «La grippe ne me fait
pas peur. Nous allons mourir de faim avant de mourir de la grippe.» Le
gouvernement ne fournit pas d’aide alimentaire aux gens désormais sans travail,
pas de riz ni farine. Un homme prépare et offre des repas gratuits, sa camionnette
lui sert un peu de foodtruck. Plusieurs personnes attendent en file. La police arrive
et oblige l’homme à quitter les lieux, même s’il reste plusieurs personnes qui n’ont
pas été servies. La police du confinement est d’une cruauté inouïe, n’hésitant
pas à frapper les gens à coups de bâton s’ils ne respectent pas les politiques
de restriction.
Envoyé Spécial - En Inde, l'impossible confinement
France TV New
Delhi 10 avril 2020
Pendant 1
semaine nous sommes allés à la rencontre des plus démunis de New Dehli. Les
habitants des bidonvilles, les sans-abris, les orphelins. Comment vivent-ils le
confinement? Comment se préparent-ils à faire face au Covid-19?
La faim dans l’œil de
Victor Hugo
Chose vue un jour de printemps
Avril 1840
Entendant des
sanglots, je poussai cette porte.
Les quatre
enfants pleuraient et la mère était morte.
Tout dans ce
lieu lugubre effrayait le regard.
Sur le grabat
gisait le cadavre hagard;
C'était déjà
la tombe et déjà le fantôme.
Pas de feu;
le plafond laissait passer le chaume.
Les quatre
enfants songeaient comme quatre vieillards.
On voyait,
comme une aube à travers des brouillards,
Aux lèvres de
la morte un sinistre sourire;
Et l'aîné, qui
n'avait que six ans, semblait dire :
«Regardez
donc cette ombre où le sort nous a mis!»
Un crime en
cette chambre avait été commis.
Ce crime, le
voici : – Sous le ciel qui rayonne,
Une femme est
candide, intelligente, bonne;
Dieu, qui la
suit d'en haut d'un regard attendri,
La fit pour
être heureuse. Humble, elle a pour mari
Un ouvrier;
tous deux, sans aigreur, sans envie,
Tirent d'un
pas égal le licou de la vie.
Le choléra
lui prend son mari; la voilà
Veuve avec la
misère et quatre enfants qu'elle a.
Alors, elle
se met au labeur comme un homme.
Elle est active,
propre, attentive, économe;
Pas de drap à
son lit, pas d'âtre à son foyer;
Elle ne se
plaint pas, sert qui veut l'employer,
Ravaude de
vieux bas, fait des nattes de paille,
Tricote,
file, coud, passe les nuits, travaille
Pour nourrir
ses enfants; elle est honnête enfin.
Un jour, on
va chez elle, elle est morte de faim.
Oui, les
buissons étaient remplis de rouges-gorges,
Les lourds
marteaux sonnaient dans la lueur des forges,
Les masques
abondaient dans les bals, et partout
Les baisers soulevaient
la dentelle du loup;
Tout vivait ;
les marchands comptaient de grosses sommes;
On entendait
rouler les chars, rire les hommes;
Les wagons
ébranlaient les plaines, le steamer
Secouait son
panache au-dessus de la mer;
Et, dans
cette rumeur de joie et de lumière,
Cette femme
étant seule au fond de sa chaumière,
La faim,
goule effarée aux hurlements plaintifs,
Maigre et
féroce, était entrée à pas furtifs,
Sans bruits,
et l'avait prise à la gorge, et tuée.
La faim,
c'est le regard de la prostituée,
C'est le
bâton ferré du bandit, c'est la main
Du pâle
enfant volant un pain sur le chemin,
C'est la
fièvre du pauvre oublié, c'est le râle
Du grabat
naufragé dans l'ombre sépulcrale.
Ô Dieu! la
sève abonde, et, dans ses flancs troublés,
La terre est
pleine d'herbe et de fruits et de blés,
Dès que l'arbre
a fini, le sillon recommence;
Et, pendant
que tout vit, ô Dieu, dans ta clémence,
Que la mouche
connaît la feuille du sureau,
Pendant que
l'étang donne à boire au passereau,
Pendant que
le tombeau nourrit les vautours chauves,
Pendant que
la nature, en ses profondeurs fauves,
Fait manger
le chacal, l'once et le basilic,
L'homme
expire! – Oh! la faim, c'est le crime public;
C'est
l'immense assassin qui sort de nos ténèbres.
Dieu!
pourquoi l'orphelin, dans ses langes funèbres,
Dit-il :
«J'ai faim!» L'enfant, n'est-ce pas un oiseau?
Pourquoi le
nid a-t-il ce qui manque au berceau?
Victor Hugo
(1802-1885)
Recueil :
Les contemplations (1856)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire