16 juillet 2019

La complexité du monde végétal

Le règne végétal est particulièrement résistant. Mais l’espèce humaine, réputée pour sa grande intelligence, gère la Nature au bulldozer, pesticides, engrais et autres poisons toxiques avec les conséquences que nous connaissons. 

La mer des sargasses en est un triste exemple. Les stratégies de croissance économique du président du Brésil Jair Bolsonaro, devraient aggraver la situation, car cette économie est essentiellement basée sur les énergies fossiles, la monoculture du soya et l'élevage industriel de bovins. Les deux-tiers des terres agricoles dans le monde servent à nourrir le bétail. Y'a un os. 

À cela s’ajoutent les déchets de plastique accumulés dans les gyres océaniques ou qui dérivent et échouent sur les plages. L’archipel des Îles-de-la-Madeleine (golfe Saint-Laurent) est l’un des «bacs bleus» de la déchetterie maritime québécoise. L’eau n’a pas de frontière. Ni le vent. Je vois encore des sacs de plastique valser dans les airs et s’accrocher aux branches d'arbres, en ville et à la campagne, ou des conducteurs qui jettent leurs gobelets de café par la fenêtre. L’autre jour j’ai vu une femme lancer son mégot de cigarette non éteint par la fenêtre à un feu de circulation (elle ne voulait pas salir son cendrier?), alors que le gazon et les herbes autour étaient à sec. Je me suis demandé si elle avait une once d’intelligence dans la caboche. Les humains sont mauditement butés.

Des sacs remplis de déchets pour la Mission 100 tonnes aux Îles-de-la-Madeleine

ICI Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine 13 juillet 2019

Une quarantaine de bénévoles ont ramassé samedi matin 655 livres de déchets sur la plage de la Martinique lors de la tournée de la Mission 100 tonnes aux Îles-de-la-Madeleine. La Mission 100 tonnes a pour objectif de retirer 100 tonnes de déchets des cours d’eau de la planète, en commençant par le fleuve Saint-Laurent.
   Pour Lyne Morissette, chef scientifique du projet, «la Mission 100 tonnes, c'est la mission de tout le monde.» Déjà, 45 tonnes de déchets ont été recueillis à la grandeur du Québec. «[Ce sont] les déchets de tout le Québec qui drainent vers les Îles-de-la-Madeleine.»



LA MER DES SARGASSES

Photo : David Himbert Une plage sur la Riviera Maya dans la région de Tulum, au Mexique    

«Cette prolifération d’algues sargasses trouve ses origines dans le golfe de l’Amazone, où le deuxième fleuve du monde déverse dans l’océan près de 20 % de l’eau douce mondiale. C’est surtout vers l’activité humaine autour du fleuve Amazone qu’il faut se tourner pour comprendre le phénomène. Chaque jour, des quantités incalculables d’eaux polluées sont déversées dans le fleuve. Une pollution provoquée par le mauvais traitement des eaux usées, et surtout par le déversement de métaux lourds, dont le mercure, par les orpailleurs clandestins qui les utilisent pour amalgamer l’or. De plus, l’agriculture et les coupes intensives, également à l’origine de l’afflux de nutriments (phosphates, nitrates), seraient des facteurs déterminants dans la croissance des algues. On retrouve aussi ces nutriments dans les eaux du fleuve Congo, où l’on a également observé ce phénomène d’échouage sur les côtes africaines. C’est un phénomène qui ne cesse de s’accentuer depuis son apparition en 2011, et il faudra plus que de la bonne volonté et des brouettes pour l’endiguer.» 
~ David Himbert | Le Devoir 31 mars 2018  


La plus grande mer d’algues sargasses du monde mesure 8.850 kilomètres

Céline Deluzarche | Futura Planète 9 juillet 2019

Les scientifiques l'ont surnommée la Grande ceinture des sargasses de l'Atlantique. Cette énorme masse d'algues brunâtres s'étend chaque année un peu plus, et couvre désormais une surface allant de l'Afrique aux Caraïbes.

Elle pèse 20 millions de tonnes, diffuse une odeur pestilentielle d'œuf pourri et s'étend du golfe du Mexique à la côte Ouest de l'Afrique. La Grande ceinture des sargasses de l'Atlantique, une immense étendue d'algues brunes, couvre désormais 8.850 kilomètres et forme la plus grande masse d'algues du monde, rapporte une étude de l'université de Floride du Sud parue le 5 juillet dans la revue Science. Les chercheurs ont analysé des images satellites de l'Atlantique depuis l'an 2000 pour retracer l'origine de cette efflorescence massive.

Un déversement massif d’engrais dans l’Atlantique

Le phénomène était relativement limité jusque dans les années 2010, mais il s'est depuis subitement aggravé, devenant récurrent et s'accroissant d'année en année. En 2011, seules quelques nappes éparses de sargasses flottaient dans le golfe du Mexique et la mer des Sargasses. Aujourd'hui, c'est une bande continue de 8.850 kilomètres qui recouvre presque totalement la surface et qui va jusqu'à l'Afrique.

© Université de Floride du Sud.  L’étendue de la Grande ceinture des sargasses de l’Atlantique s’accroît d’année en année depuis 2011

Selon les chercheurs, cette prolifération serait notamment due à l’utilisation massive d’engrais (phosphore et azote) et à la déforestation au Brésil, qui entraînent des rejets massifs de nutriments dans l'océan et empêchent la retenue des eaux. La consommation d'engrais a ainsi augmenté de 67 % dans le pays entre 2011 et 2018, remarquent les chercheurs. Les courants marins favorisent ensuite leur dispersion dans tout l'océan Atlantique. D'autres phénomènes naturels favorisent l'efflorescence des algues, comme l'augmentation de la température des eaux de surface, une réduction de la salinité liée à de fortes précipitations ou la remontée d'eaux froides riches en nutriments au large des côtes d'Afrique de l'Ouest.

Les sargasses, un fléau pour l’environnement et l’économie

En petite quantité, les sargasses contribuent à la biodiversité en constituant un refuge pour les tortues, crabes et poissons. Mais lorsqu'elles sont trop abondantes, elles empêchent la lumière de pénétrer et entraînent la mort des coraux et des herbiers. La perte d’oxygène causée par l'eutrophisation asphyxie aussi les poissons et perturbent la ponte des tortues en recouvrant le sable. Quand elles s'échouent sur la côte, les sargasses se décomposent en émettant du sulfure d’hydrogène, un gaz potentiellement toxique et qui émane une odeur d'œuf pourri.

© floriusquimbert, Flickr En Martinique, la décomposition des sargasses sur les plages émane du sulfure d’hydrogène et entraîne des dommages économiques  

En Guadeloupe et en Martinique, le phénomène empoisonne depuis plusieurs années la vie des habitants et menace le tourisme et la pêche. Certains ports de pêche sont ainsi complètement paralysés certains jours, les algues se coinçant dans les hélices des bateaux. En 2018, plusieurs plages ont dû être interdites en raison des émanations toxiques et des écoles ont même été fermées. Depuis l'an dernier, un «plan sargasses» de lutte et de prévention a été mis en place, prévoyant notamment une surveillance accrue et un ramassage à terre et en mer à l'aide de bateaux spécialisés. Mais les moyens semblent dérisoires face à la marée brune qui grandit inexorablement.


LE ROYAUME DES PLANTES 

Le 15 juillet 2019 marquait le 75e anniversaire du décès de Marie-Victorin qui a perdu la vie dans un accident de voiture en 1944.
   J’ai eu envie de rouvrir mon exemplaire de l’édition de 1964. Des 700 000 spécimens de plantes répertoriés en 1935, il ne doit pas rester grand-chose. S’il voyait le paysage actuel du Québec, ravagé par la déforestation, les monocultures au Roundup, l’étalement urbain, les parcs de condos-bunkers, les immenses cabanes-lego de faux-riches, les nombreuses autoroutes, les centres commerciaux démesurés, etc., je crois qu’il pleurerait à chaudes larmes.


Le reportage de Radio-Canada inclut des audio de Marie-Victorin (rrroulant ses r à l’espagnole, une caractéristique du clergé de l’époque qui perrrlait bien, c'est drôle) et des vidéos.

Le frère Marie-Victorin, de son vrai nom Conrad Kirouac, naît en 1885 dans la municipalité de Kingsey Falls, au Québec. Il consacrera sa vie à l’étude de la botanique et à la vulgarisation de la science.
   Profondément nationaliste, le frère Marie-Victorin exprime ainsi son désir d’indépendance et son combat pour l’éducation et le savoir :
«Nous ne serons une véritable nation que lorsque nous cesserons d’être à la merci des capitaux étrangers, des experts étrangers, des intellectuels étrangers. Qu’à l’heure où nous serons maîtres par la connaissance d’abord, par la possession physique ensuite, des ressources de notre sol, de sa faune et de sa flore.»

[Nous avons fait tout le contraire...]


En complément

Kingdom of Plant
David Attenborough 2012

Kingdom of Plants reveals a whole new dimension in the lives of plants, from the most bizarre to the most beautiful. Using time-lapse and pioneering techniques in macro photography, naturalist David Attenborough traces plants from their beginnings on land to their vital place in nature today. We also move from our time scale to theirs, revealing the true nature of plants as creatures that are every bit as dynamic as animals. Attenborough discovers a microscopic world that’s invisible to the naked eye, where insects feed and breed, where flowers fluoresce and where plants communicate with each other and with animals using scent and sound. 

Series

Part 1 — Life in the Wet Zone

Part one begins inside the magnificent Palm House — a unique rainforest in London. We see extraordinary plants that are so well adapted to wet and humid environments and also the intimate relationships between wet zone plants and the animals that depend on them. Watching a kaleidoscope of breath-taking time-lapses of flowers swelling and blooming in 3D, we are able to piece together the very first evolutionary steps that plants took to employ a wealth of insects to carry their precious pollen for the first time. David discovers clues to answer a question that even had Charles Darwin stumped: How did flowering plants evolve so fast to go on to colonise the entire planet so successfully? Also marvelled at are orchids — the largest family of flowering plants. Many of these captivating flowers evolved to be pollinated by a single insect species and in doing so developed such complicated contraptions of pollination it’s hard to imagine anything more beautiful. One orchid even looks like a bee.

Part 2 — Solving the Secrets

Part two invokes the use of specialist equipment to explore a world beyond the confines of human senses. We begin with the secret world of plant movement, illustrated by sinister carnivorous plants that show just how active plants can be. Bladderwort utricularia is a pond-dweller that is among the fastest known, its traps snapping shut in less than a millisecond. And as the seasons change, Attenborough demonstrates how plants operate on a different time scale to us; how they modify their lives according to the time of year. We discover insects’ hidden links with plants, both as pests and pollinators. UV-sensitive cameras reveal the invisible character of plants and their flowers’ mesmerising patterns; a parallel-dimension of strange colours and stunning patterns through which plants communicate with them. With the aid of visual effects, Attenborough steps among the swirling vortices of plant scent; communication signals with which plants are inextricably plugged in to the natural world.

Part 3 — Survival

Attenborough discovers the plants that have evolved to shed their dependency on water enabling them to survive in the driest environments. The story begins at midnight in midsummer at the Princess of Wales Conservatory to witness the extraordinary nocturnal blooming of a cactus. The queen of the night, with its giant flowers, is the centre piece of a stunning symphony of cacti blooms that burst open in the desert at night. In slow motion, we discover the extraordinary connections between cacti and their natural pollinators — bats. As the sun rises, we meet other amazing plants. Species like the century plant, the Agave franzosini, which grows steadily for over 50 years, only to then flower itself to death with one mighty telegraph pole sized bloom which literally bursts out of the roof of a greenhouse. We also see a project to store seeds from the vast majority of remaining species of plant on the planet, in an attempt to save plants from extinction by dominant culture.

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